De Jim Harrison, dans son Journal gastronomique américain* :
« Les grandes cuisines, la française et la chinoise arrivant largement en tête, émergent dans des économies de pénurie où la rareté des ingrédients garantit le maximum d'ingéniosité. À l'inverse, le panier américain est tellement rempli que le fond vient de céder et que nous mangeons d'ordinaire la bouillie ramassée par terre. Pas toujours, mais très souvent. »
Jim Harrison place donc en tête de son palmarès gustatif les cuisines française et chinoise : tout chauvinisme ou sinophilie excessive mis à part, on ne peut que lui donner raison. Lorsqu'il se sent d'humeur à garnir la troisième place de son podium, il cite toujours la gastronomie italienne : c'est là que nous divergeons. Bien que trouvant la tambouille transalpine pleine de charme, sa réputation me semble un tantinet surfaite. Et je crois que malgré mon islamophobie rabique et hautement blâmable, je ferais passer devant elle la cuisine marocaine.
Mais enfin, chacun mange bien ce qu'il aime et veut : je suis, sur ce chapitre, d'une tolérance qui confine au laxisme le plus débridé.
* Ce journal, assez bref, se trouve dans le volume édité en 2002 par Christian Bourgois et intitulé Aventures d'un gourmand vagabond : le cuit et le cru. Voilà. Vous ne pourrez pas venir vous plaindre qu'on vous laisse dans l'ignorance… ni sur votre faim.
j
Française en un , japonaise en deux, en trois marocaine, voire libanaise ou sénégalaise.
RépondreSupprimerEt un poulet mafé , un 😉
Je vous accorde la cuisine japonaise… mais je vous abandonne la sénégalaise.
SupprimerLa référence à la cuisine Japonaise (que je n'ai pas pratiquée depuis un moment) m'a incité a chercher des recettes et j'ai trouvé un site que me semble raisonnablement sérieux, avis aux amateurs. (je n'y ai pas de commission :-) ).
SupprimerMoi je trouve que Harrisson exagère, je trouve que ses compatriotes sont plutôt bien portants.
RépondreSupprimerÊtre "bien portant" ne semble pas avoir été l'ambition première de Harrison…
SupprimerComme s'il n'y avait pas de cuisine allemande... Les palmarès, en cette matière, me semblent souffrir d'un grave défaut : on se veut ouvert sur la diversité mondiale, ne pas négliger le lointain, et en fin de compte on oublie le prochain. Affaire classique. La cuisine italienne est certes très surévaluée, mais la chinoise également, et l'allemande les vaut bien. En réalité, s'il faut dire les choses sérieusement, il n'y a qu'une seule gastronomie au monde, et c'est la française, qui par sa richesse incroyable rend toutes les autres ridicules, à égalité.
RépondreSupprimerJe précise que, bien entendu, je tiendrais exactement le même discours si je n'avais pas la chance d'être français.
Je suppose que votre péan à la gloire de la cuisine allemande (que je connais un peu…) relève de la plaisanterie : pourquoi pas la cuisine hollandaise, pendant qu'on y est ?
SupprimerEn ce qui concerne la chinoise, il faut nuancer : la plupart des Occidentaux n'en connaissent que ce qui leur est servi dans leurs restaurants de quartier. C'est comme si un étranger se faisait une idée de la gastronomie française en fréquentant uniquement les cantines scolaires et les restaurants d'entreprise.
Bof...
SupprimerJ'ai même trouvé de l'EXCELLENTE cuisine anglaise (si, si...) au restaurant "The Hungry Horse" à Londres.
Mais c'était dans les années 80...
J'ignore tout de la cuisine anglaise, je ne puis donc pas y ajouter mon grain de sel…
SupprimerA chaque fois que je regarde un reportage sur la cuisine italienne, ou des chefs italiens faire les malins, c'est pour nous parler des pâtes. Pas de crème dans la carbonara, paraît-il... C'est infantile. Qu'y a-t-il de moins gastronomique que les pâtes? C'est comme si la cuisine française se résumait au jambon-beurre. Il y aurait les puristes : pas de fromage dans le jambon-beurre ! Et les inventifs qui ajouteraient des tomates, du chou mariné, etc. La cuisine italienne, c'est un peu une blague. les Allemands sont beaucoup plus riches en la matière, je le maintiens. Seulement on n'est pas au courant, et voilà tout. Ils ont aussi de bons vins, figurez-vous (il est vrai que l'Italie se défend pas mal en ce domaine).
SupprimerZut, je crois que j'ai oublié de "signer".
SupprimerLes pâtes italiennes sont sans doute surévaluées… mais sont un délice par rapport aux fades Spätzle allemandes ! Et je préfère ne rien dire de leurs viandes toutes cuites à l'identique et noyées sous la sempiternelle sauce brune…
SupprimerCela dit, il est sans doute normal, quand on s'est envoyé plusieurs volumes de philosophie allemande, sans même y être contraint par décision de justice, de trouver, par simple comparaison, leur cuisine délicieuse, voire aérienne…
Ah, je n'avais pas vu les choses sous cet angle. Vous avez peut-être raison. Kant, Hegel et Fichte ont pu déformer mon palais…
SupprimerNormal qu'il y ait des"ponts" entre l'Hegel et la gueule...
SupprimerDG
J'ai une très bonne opinion de la gastronomie italienne car j'avais travaillé à côté d'un restaurant du même métal où nous invitaient souvent des commerciaux. Je ne connais pas la bouffe marocaine et j'ai de très mauvais souvenirs de l'allemande. J'ai, à côté de chez moi, un restaurant turc qui était très bien (le hasard fait que je n'ai pas eu l'occasion d'y aller depuis plusieurs années) pour les entrées et les plats (mais ces derniers étaient toujours servis avec des frites surgelées et les desserts étaient vraiment nuls ce qui fait qu'on sortait toujours avec une mauvaise impression).
RépondreSupprimerLa gastronomie française est très certainement à mettre en tête mais les restaurants milieu de gamme qui décorent les assiettes comme s'ils étaient étoilés ont tendance à me dégouter. Je ne vois pas l'intérêt de mettre un filet de vinaigre balsamique pour faire joli dans une assiette.
Nous sommes entièrement d'accord pour ce qui concerne votre dernier paragraphe. Mais le fait qu'il existe des charlatans, des gâte-sauces pétant plus haut que leurs marmites, ne remet pas en cause la cuisine elle-même. Et heureusement.
SupprimerEt les smørrebrød ? Et les vinerbrød ? Tu mériterais d’être privé de dessert ! Moi
RépondreSupprimerJe conserve d'excellents souvenirs des smørrebrød. Mais comme ils remontent au mois de juillet de l'an de grâce 1963, je ne sais si je puis trop m'y fier…
SupprimerBien évidemment la cuisine française est ce qu’il se fait de mieux, autant dans le très haut de gamme que dans le sandwich, ça tient à la qualité des produits, l’expérience transmise depuis des siècles…et surtout la quintessence, en tirer le goût, c’est une cuisine réfléchie…la cuisine italienne est bonne dans le milieu de gamme, une pizza, une pasta, mais c’est une cuisine bourrative faite pour remplir le ventre, une cuisine de prolos…la française est plutôt aristocratoque…très bien mais dès qu’on monte en gamme, c’est faible. Pas un plat iconique de haute gastronomie chez les Italiens, pour les italiens un peu haut de gamme, c’est toujours trop cher. Leur succès vient de la massive immigration des italiens qui ont amené aux 4 coins du monde leur pizza et leurs pâtes. Rien de tel chez les Français, les Français n’ont pas émigré partout et donc finalement la cuisine française n’est pas connue. Chaque ville dans le monde a sa trattoria, pizzeria, mais pas toutes ont leur bistrot, restaurant français…et si on doit comparer leurs patisseries et les nôtres, alors aucune comparaison possible…pour la cuisine marocaine, que je connais très bien et que j’aime, il y manque un pan essentiel, les accords mets-vins…Cher Didier, quel vin avec une pastilla? Quelle liqueur avec un couscous?? Le même souci s’applique à la cuisine thaïlandaise…pour L’ami Harrison, je crois qu’il bâfrait avec Gérard Oberlé lequel en parle de ses repas avec l’Américain
RépondreSupprimerJe ne suis pas tout à fait d'accord avec vous : la cuisine française est bel et bien, d'abord, à sa base, populaire. Enfin, il me semble…
SupprimerPour ce qui est des accords mets-vins, vous avez raison… mais c'est un aspect de la question qui ne m'a jamais beaucoup préoccupé (sans doute à tort).
Enfin, je viens de lire une petite, toute petite partie de la correspondance entre Harrison et Oberlé : savoureuse ! Pour ce qui est de l'Alsaco-Morvandiau, je suis certain d'avoir lu, il y a quelques années, un livre de lui, mais je n'en conserve aucun souvenir. Et comme le volume a disparu de cette bibliothèque… Pour réparer ce tort que je lui fais, j'ai commandé, avant-hier, deux livres de lui : Nil rouge, un roman, et Itinéraires spiritueux qui se passe d'explication.
Pour ce qui concerne leurs “bâfreries” conjointes, j'ai déjà consacré un billet à la plus pantagruélique d'entre elles :
Supprimerhttps://didiergouxbis.blogspot.com/2020/07/et-comme-lesperance-est-violente.html
Ça donne envie...
SupprimerDG
Didier, je vous ai connu plus rigoureux sur les liens.
SupprimerNJ.
Je me suis aperçu, un peu consterné, que je ne savais plus les faire...
SupprimerDG
Ce n’est pourtant pas compliqué.
SupprimerJe vais vous renvoyer ce mode d’emploi.
J'ai supprimé par maladresse (gros doigts, petit clavier…) un commentaire de Realist. Le voici :
RépondreSupprimer« Vous ne connaissez manifestement pas la cuisine Japonaise qui au point de vue sophistication peut nous donner des leçons.
Elle est difficile à trouver en France et extrêmement chère (ils ne chipotent pas sur la qualité des ingrédients), jusqu'en 2003 il y avait le restaurant Benkay de l'hotel Nikko quai de Seine, mais il a été racheté par Novotel, le restaurant existe toujours mais je ne m'y risquerait pas. »
En ce qui me concerne, il est tout à fait exact que je la connais fort mal…
Supprimerparler bouffe et cuisine ça marche toujours...
RépondreSupprimerÉvidemment !
SupprimerAvez-vous goûter la cuisine italienne sur place ? Elle est très bonne pour une raison simple : les produits sont bons.
RépondreSupprimerOui, bien sûr, plusieurs fois même. Je suis d'accord pour dire qu'elle est bonne… mais de là à parler de gastronomie, il y a un pas que j'hésiterais à franchir.
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