mercredi 25 octobre 2023

Le calvaire de Dame Budé

 

J'ai toujours beaucoup aimé cette anecdote – authentique ou controuvée, peu importe – concernant Guillaume Budé, à qui un de ses valets, affolé, vient annoncer que la maison est en feu, et qui, sans lever le nez du livre qu'il est occupé à lire, lui répond tranquillement : « Avertissez ma femme, vous savez que je ne me mêle point du ménage. » 

Je m'en amuse, tout en sachant que je devrais sans doute m'en offusquer plutôt. Car la remarque dénote chez l'ignoble Bill un sexisme parfaitement inacceptable : quel déplorable exemple pour nos chères têtes blondes crépues, que ce refus méprisant d'un généreux partage des tâches ! Et personne pour se demander comment la pauvre Dame Budé s'est tirée de ce mauvais pas...

Sait-on seulement comment elle s'appelait, cette triste victime du patriarcat de style Renaissance ? Gertrude Budé ? Solange Budé ? Guillermine Budé ? Rien, pas un mot à son sujet, même chez Dame Ternette ! Encore une pauvre invisibilisée, sacrifiée sur l'autel d'un mâle probablement cisgenre et arrogamment content de l'être !
 
Bien heureuse encore si, entre deux déchiffrements de grimoires hellènes, son prédateur d'époux ne se soit pas, sur l'agnelle sans défense ni recours, livré à quelque viol conjugal récréatif, selon la triste habitude de ces butors à pourpoint et haut-de-chausse qui pullulaient en cette sombre époque.

6 commentaires:

  1. Vous avez demandé à M. Desgranges ? Ca doit être un spécialiste de ce lascar, donc de sa grosse, si j'ai bien compris (ce qui n'est pas très sûr...).

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    1. Je vous rassure : dès hier, un certain Élie A. s'est empressé de me fournir la réponse... et en double exemplaire !

      DG

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  2. Guillaume => William => Bill, existe-t-il une raison particulière de saxoniser son nom comme un vulgaire Jean que vous surnommeriez Jack? J'avais croisé son nom mais rien de plus, apparemment c'est un humaniste du XVIème, est-il une personnalité comparable à celles de Athanasius Kircher que j'avais découvert dans le roman Là où les tigres sont chez eux de Blas de Roblès ou encore un type comme notre Zénon dans l'oeuvre au noir de l'amie Yourcenar...mais Hadrien est tellement supérieur dans l'oeuvre.

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  3. Je n'ai pas l'heur de connaître votre Athanase... Quant au Zenon de Marguerite, mes souvenirs de lui sont un peu lointains.

    Il faudrait relire, encore et toujours...

    DG

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  4. Si je puis me permettre, Budé épousa en 1503 Roberte Le Lyeur issue d'une ancienne famille de Normandie. Elle était fille de Roger Le Lyeur, seigneur de Boisbesnard et de Malesmains et de Isabeau de Lailly. Elle mourut à Genève le 15 avril 1550.

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  5. Je lis ça, c'est grandiose : Budé se plaignait de sa pauvre santé. Les médecins de l'époque conclurent que sa maladie était occasionnée par des vapeurs, des exhalaisons humides qui s'élevaient jusque dans la région du cerveau. Ils trouvèrent qu'il fallait faire sortir ces fumées aux travers des sutures du crâne ; c'est alors qu'ils imaginèrent de lui brûler toute la peau de la partie supérieure de la tête en y appliquant un fer rouge. Budé supporta courageusement ce traitement mais sans en éprouver aucun soulagement.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.