La semaine dernière, dans un trop court billet consacré au livre de Trinh Xuan Thuan, La Mélodie secrète, je faisais une allusion rapide à ceux que j'appelais les darwiniens intégristes, c'est-à-dire les descendants des savants qui, au XIXe siècle et dans la première moitié du XXe, ont transformé la théorie de l'évolution des espèces en dogme intangible, proclamé blasphématoire toute remise en cause de leur bible, et surtout accompli le tour de force de faire passer auprès des journalistes et des professeurs du secondaire tout savant un tant soit peu critique pour un illuminé créationniste, victime de son obscurantisme religieux.
Or il semble bien que de plus en plus de biochimistes, généticiens, paléontologues, zoologistes, etc., et non des moindres, n'hésitent plus à contester la pertinence des thèses darwiniennes, au moins en ce qui concerne la macro-évolution, en particulier parce que, malgré le fantastique essor de la paléontologie tout au long du XXe siècle, personne n'a été capable de découvrir les fossiles de tous ces fameux “chaînons manquants”, ou espèces intermédiaires, absolument nécessaires à la théorie de Charles Darwin, ainsi que ce dernier l'affirmait lui-même. À son époque, il lui fut encore assez facile de se débarrasser de ses contradicteurs – lesquels, déjà, n'étaient pas tous guidés, fort loin de là, par leurs présupposés religieux – en affirmant que la recherche de fossiles n'en était qu'à ses balbutiements et que, par conséquent, ceux des espèces intermédiaires restaient à découvrir, et le seraient immanquablement. Il n'en a rien été.
Les “hérétiques” d'aujourd'hui ont encore bien d'autres arguments à faire valoir pour s'attaquer à la forteresse, ou en tout cas beaucoup de doutes à émettre, que je ne me ressens pas de développer ici et maintenant – d'abord parce que c'est assez compliqué à rendre simple, ensuite parce qu'on est tout de même en week-end. Enfin et surtout parce qu'il existe un auteur, Michael Denton, biochimiste et généticien de son état, qui brosse fort bien le panorama, dans un livre très accessible et peu onéreux : Évolution, une théorie en crise, auquel on se reportera si l'on s'intéresse à ces questions.
Le piquant de l'affaire est que, sous des formes évidemment très différentes, à un autre tour de la spirale du sens, de plus en plus de savants actuels en viennent à se rapprocher des positions qui étaient celles des typologistes pré-darwiniens, le grand Cuvier en tête. Pour terminer, un petit extrait du livre de Denton (p. 160) :
« Il est vrai que la ressemblance homologue* authentique – lorsque le phénomène a une base génétique et embryologique établie sans ambiguïté –, tout comme la structure hiérarchique des relations de classe, suggèrent une certaine théorie de la descendance. Mais elle ne nous indiquent rien sur la manière dont ont pu se dérouler la descendance ou l'évolution, à savoir : le processus a-t-il été graduel ou soudain ; ou encore : le mécanisme causal a-t-il été darwinien, lamarckien, vitaliste ou même créationniste. Une telle théorie de la descendance est donc dépourvue de toute signification profonde et compatible avec n'importe quelle philosophie de la nature.. En dernière analyse, les faits de l'anatomie comparée n'apportent aucune preuve en faveur de l'évolution dans le sens où Darwin la concevait. »
* Les ressemblances dites homologues concernent les organes ou les structures semblables qui ont été modifiées pour servir à des fins totalement dissemblables. L'exemple le plus parlant de ressemblance homologue est la similitude de l'anatomie des membres antérieurs des vertébrés terrestres : celui d'un homme, d'un dauphin ou d'un oiseau présentent des structures semblables, alors que l'un sert à marcher, le deuxième à nager et le troisième à voler.
Je ne suis pas sûr de comprendre... S'agit il d'une critique du Darwinisme orthodoxe (gradualisme, évolution sur la longue période, mutations aléatoires faisant l'objet de la sélection naturelle) ? Dans ce cas, même si les découvertes biologiques récentes peuvent contribuer à cette démarche critique, il n'y a vraiment rien de nouveau sous le soleil. Cela fait 50 ans que Stephen Jay Gould (pour rester dans la science populaire et accessible) a critiqué la conception de l'évolution défendue par les darwiniens orthodoxes. Ou s'agit-il d'une remise en cause du principe même de l'évolution (créationnisme, génération spontanée, intervention des extraterrestres )?
RépondreSupprimerJe n'en suis qu'à la moitié du livre ! Mais enfin, il s'agit d'une sorte de "point" sur la question, où l'auteur s'efforce d'examiner aussi bien les points forts que les points faible de la théorie de l'évolution (mais avec un assez net penchant pour les points faibles, me semble-t-il…)
RépondreSupprimerGould, à ce que je sais, reste néanmoins un darwinien, mais "saltationniste", c'est-à-dire qu'il admet que l'évolution puisse faire des sauts, d'une espèce à l'autre, ce que Darwin refusait. Toujours si je comprends bien ce que je lis, ce qui n'est pas assuré…
Non, non c'est bien cela. Il pensait qu'il pouvait y avoir des évolutions très rapides suivies par de longues périodes de stagnation. Cela peut être qualifié de "saut" , tout dépend de l'échelle utilisée. Il pensait aussi que les mutations n'étaient pas nécessairement aléatoires et que certaines mutations étaient la conséquence de contraintes structurelles comme l'existence de pendentifs est la conséquence nécessaire de l'installation d'un plan circulaire sur un plan carré. Il pensait même qua dans certaines espèces quelques mécanismes lamât liens pouvaient se mêler aux mécanismes darwiniens. On pourrait également imaginer une mutation brutale provoquée par un virus sur une cellule reproductive. Mais cela ne justifie pas pour autant l'intervention du vieux barbu ou des petits hommes verts...
RépondreSupprimerLamarckiens pardon , pas lamât liens ... Ma machine écrit à ma place...
RépondreSupprimerLe chainon manquant il est connu: c'est Nicolas.
RépondreSupprimerVous le trouverez dans un rade du Krémlin Bicètre.
Sujet intéressant. Certains astrophysiciens observent des coïncidences cosmiques et leurs attribuent des vertues causales, les appelant 'principes anthropiques'. Alors que d'autres astrophysiciens n'y voient aucune causalité et continuent de les traiter en simples coïncidences.
RépondreSupprimerIl apparaît que les biologistes font exactement la même chose. Les darwiniens purs observent une suite de mutations, qui pour eux ne sont rien d'autres que des coïncidences conséquentes au chaos moleculaire, filtrées par la sélection naturelle sans doutes, mais hazard néanmoins.
Et les biologistes opposants, disons les tenants de la 'complexite irreductible' que l'on appelait avant 'Finalistes', voient dans ces coincidences le résultat d'un principe causal sous-jacent invisible.
Il m'apparait qu'il n'y a pas de différence de nature entre le principe anthropique des physiciens et la 'coincidence créatrice' du biologiste finaliste. Les coincidences anthropiques de l'astrophysique sont peut être au nombre d'une vingtaine (valeurs des constantes comme gravitation, vitesse de la lumière, etc) alors que celles des biologistes finalistes sont des centaines de milliers. Chaque mutation de la longue suite évolutive qui conduit du coacervat prébiotique à l'homme EST une coïncidence anthropique du point de vue Finaliste. Il faut plutôt voir là un continuum de coïncidences anthropiques, qui a commencé il y a 15 miliards d'années, qui s'est accéléré avec l'évolution biologique vers 4 milliards d'années et qui s' accélére encore maintenant si on considére que chaque nouvelle idée peut être également une coïncidence de l'esprit. Le problème est que le principe causal qui est postulé comme sous-jacent à ces coïncidences est invisible.
'Invisible' parce qu'il n'y a rien à voir, dirait Darwin ou le féroce Dawkins. Et en ça, on ne peut guère les contredire. L'explication la plus économe en probabilité veut que si l'on ne voit rien, c'est parce qu'il n'y a rien. En plus, la 'complexité irréductible' ne tient plus. J'y ai cru un peu, je n'y crois plus du tout et il n'y a rien en biologie qui ne puisse venir de quelque chose de plus simple. Donc à mon avis, ce n'est pas dans les mystères de l'évolution biologique ou de la cosmologie que l'on trouvera, ou prouvera, un nouveau principe causal caché jusqu'à maintenant.
On oublie donc la complexité irréductible, il reste que le malaise persiste parceque, pour beaucoup, le Darwinisme n'est qu'une tautologie. Le Darwinisme c'est: "survival of the survivaliest".
C'est un tenant de la complexité irreductible qui a donné cette définition amusante mais parfaite.
"C'est comme ça, parce que c'est comme ça!" on ne vous a jamais dit ça quand vous étiez petit?
De toute façon cette histoire (dont vous parliez déjà il y a plus d'un an), la nôtre pauvres humains, n'est pas aussi simple que les fabulateurs créationnistes ou les savants darwiniens aimeraient nous le faire croire. Les réponses d'aujourd'hui ne demandent qu'à être démenties demain.
RépondreSupprimerLucy a du plomb dans l'aile depuis la découverte d'un ancêtre asiatique.
Le chaînon manquant entre les bridés, les noirs de peau et nous au milieu, risque de le demeurer longtemps.
Et avec le singe n'en parlons pas...
RépondreSupprimerImaginez que jusqu'à un passé récent, il était couramment admis que Néandertal avait regardé navré s'éteindre sa descendance devant l'envahisseur homo-sapiens.
RépondreSupprimerNéandertal, ce barbare incrédule, aurait cédé le pas à l'homme moderne en se grattant le nez devant le vent de l'histoire.
Mais il y a une autre hypothèse.
Et combien d'autres à venir ?
Alors le chaînon manquant...
Le chaînon manquant c'est un peu le trésor des Templiers: gloire éternelle à celui qui le trouvera.
RépondreSupprimerScoop !!
RépondreSupprimerFredi, l'homme des missions impossibles, a retrouvé le chaînon manquant.
L'archéologie hérétique
RépondreSupprimerhttp://verslarevolution.hautetfort.com/archive/2010/12/06/l-archeologie-heretique.html
J'ai relevé ce petit paragraphe de wikipédia que je trouve relativement brillant : pour ? / ou / contre ?
RépondreSupprimer<< Les Darwin eurent dix enfants : deux moururent en bas âge et la disparition d'Annie, alors qu'elle n'avait que dix ans, fut une catastrophe pour ses parents. Charles était un père dévoué et exceptionnellement attentif envers ses enfants. Chaque fois qu'ils tombaient malades il craignait que ce soit dû à la consanguinité puisqu'il avait épousé sa cousine, Emma Wedgwood. Il se pencha sur cette question dans ses écrits, mettant en opposition les avantages des croisements chez beaucoup d'organismes. Malgré ses craintes, la plupart des enfants qui survécurent firent des carrières remarquables, se distinguant même à l'intérieur de la famille Darwin-Wedgwood qui était déjà composée d'esprits fort brillants.
Parmi eux, George, Francis et Horace devinrent membres de la Royal Society, se signalant respectivement comme astronome, botaniste et ingénieur civil. Son fils Leonard fut militaire, politicien, économiste. Partisan de l'eugénisme, il eut comme disciple Sir Ronald Aylmer Fisher (1890-1962), statisticien et biologiste de l'évolution. >>
Et alors, ça prouve quoi ?
RépondreSupprimerDuga
Bien sûr que la théorie de Darwin prête à contestation. Comme toute théorie d'ailleurs. On dit aussi qu'Einstein s'est trompé. En son temps, certains ont dit aussi que Galilée avait tout faux. Sur des sujets aussi complexes, aucune théorie ne peut exclure la moindre faille. Dire que Darwin s'est trompé sur toute la ligne parce qu'on ne retrouve pas tous les chaînons qui sont enfouis à quelques dizaines, centaines, milliers de mètres de profondeur est un peu "léger". De plus, il s'agit de matière vivante qui, en tant que telle, peut disparaître sous nos pieds, fut-ce à quelques millimètres de profondeur. Surtout après quelques millions d'années, surtout quand on sait à quels bouleversements géologiques, climatiques, chimiques, notre planète a pu être exposée. Ajoutons que les chaînons manquants ne devaient pas être plusieurs milliards comme nous le sommes maintenant, mais un peu moins.
RépondreSupprimerJe ne voudrais pas déplacer le problème car ce serait manquer de respect pour le sujet tel que l'a posé Mr Goux, mais je pense que le vrai sujet se pose de la façon suivante : Comment s'est passée la transition entre la matière inerte et la matière vivante ? La suite, c'est-à-dire l'évolution telle qu'elle s'est passée dans ses moindres détails n'est pas anecdotique, mais presque. A moins que chaque individu sur terre prenne sa petite pelle et fouille dans son jardin jusqu'à 10 000 mètres de profondeur pour voir s'il n'y a pas un chaînon manquant qui traîne la dessous en bon état, on restera éternellement sur la petite querelle sur les détails (dans lesquels se cache le diable, comme chacun sait)
Et, en amont de l'amont, se pose l'éternelle question : la transition matière inerte vers matière vivante est-elle d'origine transcendante ou non ? Même si, posé comme ça, le sujet est complètement déplacé, cela me sert néanmoins à boucler la boucle. Autrement dit, je me pose la question de savoir, si, au travers d'une petite faille de la théorie, les "remetteurs en question" n'en profitent pas pour justifier une théorie alternative qui est tout simplement le créationisme ou l'un de ses avatars ?
Duga
C'est avec un plaisir certain que je répondrai volontiers à la question de Duga ainsi posée " Comment s'est passée la transition entre la matière inerte et la matière vivante ? "
RépondreSupprimerPar l'échauffement !
1/ poser quelques brins d'herbes bien sèches au sol
2/ se munir d'une branche de bois
3/ la frotter très fort entre deux mains humaines au dessus de ce tas d'herbes..
et 4/ vous obtenez du feu de dieu ( lol vive l'homme ! )
Sandec ?
RépondreSupprimerDuga
Duga : le problème est que la théorie de Darwin ne présente pas “quelques petites failles”, mais de véritables béances, lesquelles s'agrandissent et se multiplient à mesure que les découvertes progressent et se multiplient, notamment en biologie moléculaire. quant aux chaînons manquants (dans le domaine de la macro-évolution), le problème n'est pas qu'il en manque quelques-uns mais plutôt qu'il n'y en ai pas du tout.
RépondreSupprimerEn réalité, si la théorie darwinienne reste en vigueur, c'est peut-être parce qu'il n'y en a pas d'autre pour la remplacer. Or les savants ont besoin d'une théorie (ou d'un paradigme, comme ils disent), comme certaines plantes d'un tuteur. Ils n'abandonnent leur vieux tuteur tout tordu que lorsqu'ils peuvent s'accrocher à un autre, plus neuf et leur semblant droit. C'est bien pourquoi la vision ptolémaïque de l'univers a perduré durant des siècles, alors même que les astrologues eux-mêmes, sur la fin, avaient conscience de la parfaire monstruosité à quoi ils étaient arrivés. Seulement, pour l'abandonner, il fallait attendre Copernic…
Mille excuses pour mes horribles fautes !
RépondreSupprimerMerci d'avoir répondu - je n'ai pas vu de fautes, d'ailleurs vous n'en n'êtes pas coutumier.
RépondreSupprimerJe dois maintenant m'absenter
A Lundi
Duga
Cette histoire de chainon manquant est ridicule. Imaginons une espèce appelée 1 supposèe provenir d'une espèce appelée 2. Les adversaires de l'evolution disent : ah, ah, ah, vous êtes grotesques, une espèce 1 ne peut provenir d'une espèce 2 sans élément intermédiaire. D'abord ce n'est pas toujours vrai (saut gouldien) mais imaginons. Un jour on trouve l'espèce 1,5. Cela arrive tout le temps. Là, les adversaires de l'évolution sont pliés de rire: ah, ah, ah. Une espèce 1,5 ne peut provenir d'une espèce 2 sans chainon intermédiaire... Et ainsi de suite. La question du chainon manquant est parfaitement sans intérêt . En revanche, on peut effectivement s'interroger sur les mécanismes de mutation, sur lesquels Darwin n'avait d'ailleurs aucune lumière particulière (puisqu'il ne connaissait pas Mendel...)...
RépondreSupprimerK2R : je vous rappelle que la possibilité de "saut" est niée par Darwin lui-même…
RépondreSupprimerEn fait, cette notion de saut n'est qu'une tentative de replâtrage au secours de la théorie, lorsque vraiment son impossibilité s'avère manifeste.
Sinon, les chaînons manquants existent bel et bien, mais seulement en micro-évolution. L'évolution du cheval, par exemple, jusqu'à sa taille actuelle.
En revanche, on n'a jamais trouvé le moindre fossile, par exemple, pour justifier que les amphibiens et les poissons, ou les oiseaux et les mammifères aient une quelconque origine commune (macro-évolution).
Sur la voie où vous vous situez,après avoir contesté Darwin,il vous reste, pour une explication du monde à votre convenance, Monseigneur Lefebvre, l’Imam Khomeini, Mme Soleil et enfin les signes du zodiaque au bureau de tabac.
RépondreSupprimerEn réalité, si la théorie darwinienne reste en vigueur, c'est peut-être parce qu'il n'y en a pas d'autre pour la remplacer. Or les savants ont besoin d'une théorie (ou d'un paradigme, comme ils disent), comme certaines plantes d'un tuteur. Ils n'abandonnent leur vieux tuteur tout tordu que lorsqu'ils peuvent s'accrocher à un autre, plus neuf et leur semblant droit.
RépondreSupprimerFinalement je n'ai pas dit autre chose hier soir en dépit du trop plein de Bordeaux...
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RépondreSupprimerCher Didier,
RépondreSupprimervous m'étonnez fort : aucun des biologistes moléculaires que je fréquente (et, aussi bizarre que cela puisse sembler, j'en fréquente un paquet) n'a l'ombre d'un début de doute sur le théorie de l'évolution. Bien sûr, les thèses de Darwin n'étaient pas vraies dans le moindre détail, et le tout s'affine presque quotidiennement. En particulier, l'épigénétique actuelle tend à réintroduire un brimborion d'hérédité des caractères acquis ici ou là, mais les grandes lignes sont posées une fois par toutes (et, quoi qu'il en soit, aucunement menacées par une quelconque théorie concurrente qu serait capable d'expliquer ne serait-ce que le dixième de ce que l'évolution explique). Nous sommes dans une situation épistémologique bien connue, la même qui permit à Einstein, juché sur les épaules de Newton, d'élaborer une théorie de la gravitation qui allait plus loin, expliquait plus ("sauvait le phénomène", comme dirait Koyré), sans rien renier de la précédente dans son domaine de validité.
Si vous douter encore, je vous encourage à googler "évolution + Podarcis sicula", pour la preuve la plus récente (parmi des centaines, voire des milliers : la théorie de l'évolution est, contrairement à ce qu'on peut lire un peu partout, l'une des théories scientifiques comportant le plus de preuves matérielles). Quiconque s'attaque à l'évolution doit pouvoir expliquer qu'une espèce de lézard s'est, effectivement, adapté à son environnement en l'espace d'une trentaine de générations sur une île isolée.
Par ailleurs, je vous invite à réfléchir par vous-même sur cette idée de "survie du plus apte" (et non du plus fort), qui est la véritable base de la théorie. Voilà ce que tout adversaire de l'évolution se doit de démonter. Je leur souhaite bien du courage.
Arf, Google m'a tuer, une nouvelle fois. Le commentaire au-dessus aurait dû être signé "tcheni" (bon, je vous accorde qu'on s'en bat l'os).
RépondreSupprimer(Cependant, cette ubiquité fortuite me permet de me dédouaner complètement des terribles fautes d'orthographe qui émaillent le commentaire de ce "benj" que, à la réflexion, je vous assure ne connaître ni d'Eve, ni d'Adam.)
RépondreSupprimerTcheni : bien sûr que la plupart des biologistes restent des partisans de la théorie de l'évolution ! Ne serait-ce que parce qu'il n'y en a pour l'instant pas d'autre pour la remplacer (ou pour "l'englober", comme Einstein a englobé Newton), mais aussi, plus prosaïquement parce que c'est nécessaire si l'on veut pouvoir mener une carrière.
RépondreSupprimerVotre exemple de lézard relève de la micro-évolution et, dans ce domaine, je crois, personne ne conteste la très probable validité des thèses de Darwin. C'est lorsque l'on passe à la macro-évolution que les choses semblent devenir beaucoup plus problématiques.
D'autre part, la manière dont vous parlez de ce lézard qui "s'adapte" à son environnement me paraît beaucoup plus lamarckienne que darwinienne – la théorie de Darwin étant, comme vous le savez, basée sur des mutations totalement aléatoires, sur lesquelles vient se greffer la sélection naturelle.
A ma connaissance du reste (mais mes connaissances sont on ne peut plus faibles et mal assurées d'elles-mêmes), les savants qui remettent l'évolution en cause ne nient pas le concept de survie du plus apte.
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RépondreSupprimerComme je l'ai dit plusieurs fois ici, les commentaires anonymes sont systématiquement supprimés, quels que soient leur contenu et leur intérêt. Trouvez-vous un nom, bon sang, ce n'est pas si compliqué !
RépondreSupprimerCe qui fait de la peine c'est que votre ultra conservatisme vous entraine dans un révisionnisme scientifique, historique, qui vous conduit à prendre pour qualifiées des thèses qui ne sont que des coups éditoriaux.
RépondreSupprimerIl m'étonne que vous abandonniez ici une lucidité qui ne vous fait en général jamais défaut.
A ce train, vous finirez par accepter l'idée qu'aucun avion n'est tombé sur le pentagone et que l'effondrement des tours jumelles est un complot de la CIA.
Le plus risible est que vos suiveurs aveugles, les beni oui de votre blog, vous approuvent dans toutes vos errances.
En fait, je vous trouve bien seul, sur ce sujet, Didier. Ce n'est pas pour cela que vous avez tort, mais quand même. Il me semble que personne ne remet en cause votre critique du darwinisme orthodoxe. D'ailleurs Darwin, qui ne connaissait pas les lois de Mendel, a été obligé de faire des hypothèses sur les mécanismes de mutation, hypothèses qui se sont inévitablement révélées fausses et ont nécessité ce que vous appelez péjorativement un replâtrage mais ce que d'autres peuvent qualifier d'evolution normale de toute théorie scientifique. En fait nous avons entre l'homme et les ancêtres communs que nous avons avec le singe tous les chainons que l'on peut raisonnablement exiger. Et si entre certaines espèces le chainon manque, cela peut s'expliquer soit par la nature du mécanisme de mutation, soit tout simplement parce que vous plaquez sur nature un concept qui n'a rien à y faire. Nous avons avec les plantes un ancêtre commun. Mais cela ne veut pas dire que nous avons besoin d'un chainon manquant entre la plante et nous.
RépondreSupprimerPourquoi voulez vous un chainon manquant entre les amphibiens et les poissons? Il suffit de leur trouver un ancêtre commun, et pour le moment la communauté d'ADN que nous avons avec les êtres vivants laissent penser (c'est pour le moment la solution la plus économique )que nous avons tous un tel ancêtre. Je n'ai pas Dawkins sous la main, mais il identifie cet ancêtre commun...
Il y aurait pourtant une manière très simple de réfuter l'évolution. Cela serait de trouver un organisme précambrien dans une couche mésozoïque , ou vice-versa. On attend toujours.
Je me demande si vous ne confondez pas la théorie de l'évolution et les usages qui en sont fait par les militants de l'athéisme. Certes, il ne faut pas se voiler la face. De même que les découvertes géologiques, les découvertes biologiques amènent ceux qui pratiquent une lecture littérale de la bible à un certain nombre de révisions déchirantes.
Personnellement, même si j'ai la plus grande admiration pour l'institution catholique (indulgences et Sainte Inquisition comprises), je trouve l'hypothèse de l'existence de Dieu intellectuellement couteuse. Mais je ne voit pas ce qui interdirait d'être évolutionniste et de croire à un principe créateur...
Seul ? Mais enfin, des savants de toutes disciplines qui formulent de grandes réserves sur ce sujet du darwinisme (et principalement à propos de sa version intégriste, dont votre ami Dawkins est le pl;us enragé représentant), il y en a beaucoup, et même de plus en plus !
RépondreSupprimerEt ils n'ont nulle besoin de Dieu ni de la religion pour ça : ils le font sur les seules bases de leurs sciences respectives. Lisez Denton (entre autres), vous verrez bien.
Cher Didier,
RépondreSupprimerVotre exemple de lézard relève de la micro-évolution et, dans ce domaine, je crois, personne ne conteste la très probable validité des thèses de Darwin. C'est lorsque l'on passe à la macro-évolution que les choses semblent devenir beaucoup plus problématiques.
Je conteste : ces lézards, en trente générations, ont développé d'importantes différences morphologiques, parmi lesquelles l'apparition de nouveaux organes pour changer de régime alimentaire. Encore quelques années, et l'on pourra parler de nouvelle espèce pour peu qu'il leur prenne de faire muter leurs gamètes, pas foncièrement plus rétive au changement que les cellules d'intestin (et même moins, en vérité). La différence entre "micro-" et "macro-évolution" n'est ici que de degrés (j'ajoute au passage que cette distinction n'a pas toujours un sens bien précis, en particulier si l'on prend garde au fait que la définition de l'espèce est floue, en biologie : comment décider de l'interfécondité des fossiles ?).
De plus, la théorie des équilibres ponctués, tout ce qu'il y a de plus darwinienne et qui fête ses quarante ans cette année, me paraît répondre aux objections de Denton, en concentrant en particulier les chaînons intermédiaires des espèces dans des périodes de temps très petite à l'échelle géologique (les rendant virtuellement introuvables).
Pour finir, je précise que ces fameux chaînons sont légions pour ce qui est des taxons supérieurs à l'espèce (par exemple entre classes, Reptiles et Mammifères, ou Dinosaures et Oiseaux : nous en avons des tonnes), et que la difficulté se concentre uniquement au niveau de l'espèce, qui est le plus petit taxon. Or, je ne vois pas bien comment une théorie qui marcherait au niveau micro (au sein d'une espèce) comme au niveau macro-macro (inter-classes, par exemple) cesserait brusquement de fonctionner à une échelle bien définie située entre celles-ci. Un peu comme-ci la mécanique classique cessait de s'appliquer aux ballons de foot tout en réglant admirablement les mouvements des planètes et des coléoptères.
Je voulais dire que vous étiez pour une fois un peu seul, ici, sur ce blog. Mais cela ne doit pas être pour vous déplaire. Je ne polémiquerai pas sur le Dawkins de The God Delusion. Personne ne convaincra personne. En revanche, il me parait y avoir dans le Dawkins de The ancestor's tale pas mal de biscuits pour contredire Denton (que je lirai ).
RépondreSupprimerL'absence de transition entre les poissons et les amphibiens retenue comme exemple par Denton est très discutable. Il semble que cet argument est la reprise d'un argument creationniste classique. Pourtant, Eusthenopteron (poisson du dévonien tardif) et Icthyostega (amphibien de la même période) ont de très nombreux points communs tant dans la structure générale que dans le détail. En outre ces points communs ne se trouvent souvent que dans ces deux espèces. Certes, l'un a des membres et l'autre des nageoires. Mais justement, c'est cela qui en fait des candidats pour la thèse de la transition. Je radote, mais si on trouve une structure intermédiaire, les créationnistes réclameront une structure intermédiaire supplémentaire....
Et le caractère intégriste des darwinistes me parait un mantra un peu facile. Ou en tout cas, on a affaire à une bande d'intégristes très bigarrée. La théorie est en outre en mutation constante et franchement, Gould et Dawkins, ce n'est vraiment pas la même chose...
Tcheni et K2R : il va de soi que je n'ai pas épaules pour contrer un à un vos arguments. Ou alors, pour chacun, il me faudrait retrouver, relire, etc., pour tâcher de mettre en ordre ce qui est encore en forme de “soupe primordiale” à l'intérieur de ma pauvre tête !
RépondreSupprimerJe vais commencer par lire Dawkins, tiens…
Et relire Gould.
RépondreSupprimerC'est vraiment moi qui ai écrit "comme-ci" ? (Sans parler de mes accords qui se font la malle : eux, je peux encore les assumer, bien que ça la foute mal, dans ma branche (alors que ce "foutre" au subjonctif...))
RépondreSupprimerApres Dawkins, vous pourrez passer à Dennett et à Hofstadter. Moi, après Denton, il me faudra revenir à Saint Augustin...
RépondreSupprimerEt n'oublions pas L'Imitation de Jésus-Christ…
RépondreSupprimerRe Hofstadter : d'autant plus que, si vous lisez le dernier (qui n'est pas le meilleur), l'édition en a été assuré par votre serviteur.
RépondreSupprimer(Qui n'arrive décidément pas à faire un accord correct. Il doit y avoir un micro-climat sur votre blog.)
RépondreSupprimerVous pouvez avoir précisé plusieurs fois que vous supprimeriez certains messages, comme cela est marqué (je suppose) dans des commentaires au milieu d'articles passés, les nouveaux lecteurs ne l'auront pas forcément lu. (et manque de bol, ce ne sont que les nouveaux lecteurs qui postent en anonyme sans signer)
RépondreSupprimerC'est le genre de remarque qui se met dans une FAQ (Il y en a peut-être une, mais je n'en n'ai pas vue) ou à côté du formulaire d'ajout de commentaire. (Il n'est pas customisable?)
Pour en revenir au sujet, je disais que ce que l'on appelle "l'approche cladistique" avait permis de résoudre le problème du chaînon manquant. (K2R a un peu explicité cette approche dans un de ses commentaires)
Si vous vous intéressez aux théories de l'évolution, il y a aussi les équilibres ponctués, la dérive génétique, la convergence évolutive à voir.
Yis (ça va comme signature?)
Oh, je ne suis pas exigeant sur les signatures, pourvu qu'il y en ait une…
RépondreSupprimerTcheni: si vous parlez de " je suis une boucle étrange" , j'ai été effectivement un peu déçu... On a l'impression qu'il tourne en rond depuis Gödel, Escher, Bach. Mais les articles publiés dans Ma Thémagie ( le titre pourrait être ...meilleur ) me paraissent une excellente introduction avant d'aborder le Grand Oeuvre.
RépondreSupprimerK2R : oui, je parle bien de celui-là, qui ne m'a pas emballé non plus (les ventes sont d'ailleurs très décevantes). Quelques passages sont intéressants, mais tout a été dit dans le GEB.
RépondreSupprimerMa Thémagie n'est malheureusement plus disponible. Il faut le trouver d'occasion.