jeudi 30 décembre 2021

Pour la nouvelle année, rétablissons les privilèges !


 Et si on terminait l'année en compagnie de Bernanos ? Histoire de s'afficher résolument antimoderne ? Pénible, grincheux, empêcheur de covider en rond ? Le paragraphe qu'on va lire se trouve dans La France contre les robots, essai publié à Rio de Janeiro en 1944, c'est-à-dire il y a près de quatre-vingts ans – autant dire hier. Voici donc :

« Loin de penser, comme nous, à faire de l'État son nourricier, son tuteur, son assureur, l'homme d'autrefois n'était pas loin de le considérer comme un adversaire contre lequel n'importe quel moyen de défense est bon, parce qu'il triche toujours. C'est pourquoi les privilèges ne froissaient nullement son sens de la justice ; il les considérait comme autant d'obstacles à la tyrannie, et, si humble que fût le sien, il le tenait – non sans raison d'ailleurs – pour solidaire des plus grands, des plus illustres. Je sais parfaitement que ce point de vue nous est devenu étranger, parce qu'on nous a perfidement dressés à confondre la justice et l'égalité. Ce préjugé est même poussé si loin que nous supporterions volontiers d'être esclaves pourvu que personne ne puisse se vanter de l'être moins que nous. »

Et j'en resterai là pour 2021 : il me semble que souhaiter à qui que ce soit une “bonne et heureuse année 2022” relèverait du cynisme le plus débridé et cruel, l'espérer supportable ressortissant déjà à un risible optimisme. 

15 commentaires:

  1. Déconnez pas : cette parution prochaine est LA SEULE bonne nouvelle que nous ayons !

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  2. Il est irresponsable de souhaiter à tous une bonne année dès à présent, alors que certains mourront avant le 31 décembre à minuit.

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  3. Pas parmi mes lecteurs, mon cher : ce sont des gens qui savent se tenir !

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  4. Bel article. Justement, cette semaine, j'ai parlé de l’État dans mon courrier de contestation adressé à l'urssaf. J'en avais un peu marre qu'on me traite de 'résidant régulier'. Je préfèrerais qu'on dise de moi que je suis français.
    Voici ce que j'ai répondu:
    résidant et résidu ayant la même étymologie, cela fait de ce pays une société argarienne, une société dont l'État mange le Peuple.

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    1. Vous croyez que votre interlocuteur aura compris quelque chose à votre réponse ? Vous surestimez gravement les fonctionnaires, mon cher résidant !

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    2. Résidant régulier des deux sexes et autres !

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    3. Alors, vous aussi, vous ignorez que les salariés de la Sécurité Sociale ( dont l'URSSAF fait partie) ne sont pas des fonctionnaires, celle-ci étant un organisme de droit privé sous tutelle de l'État ?

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    4. Vous savez bien pourtant que l'urssaff signifie URSS À la Française...

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  5. Et qui ne manquent jamais de savoir- vivre ?

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  6. Qu'est ce qu'il écrivait mal Bernanos...

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    1. Non seulement il écrivait fort mal, mais il paraît qu'en plus il était con comme une oui, méchant comme une teigne et qu'il avait une toute petite bite.

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    2. Qu'avez-vous contre les mecs qui ont une toute petite bite ?

      (celle-là, personne n'avait osé la faire !)

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  7. Je suis d'accord avec vous, à la condition essentielle, que les privilèges ne soient pas complétement héréditaires. Par exemple, Édouard VIII n'avait aucune des qualités de son père le roi George V. Les Anglais l'ont envoyé en longues vacances avec une dominatrice.

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  8. Je suis pour l'hérédité totale des privilèges… mais éventuellement corrigés par l'assassinat.

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  9. J'avais noté celle-ci de Bernanos dans mon petit carnet (carnet numérique je précise...) qui complète celle-ci:

    ""Les gouvernements prétendent convaincre les peuples qu'ils sont ingouvernables et, pour les rendre gouvernables, ils ne songent qu'à renforcer la puissance, déjà énorme, de l'État. Mais ce n'est pas l'État qu'ils renforcent, c'est l'administration, qui deviendra bientôt cette équipe de techniciens tout-puissants, incontrôlables, irresponsables, instrument nécessaire de la prochaine, de la très prochaine dictature universelle. Il n'est d'État que dans un pays libre. Un pays libre est un pays qui compte une certaine proportion d'hommes libres. C'est ce nombre plus ou moins grand d'hommes libres qui fait la légitimité, la dignité, l'honneur de l'État. [...] L'État n'est rien s'il n'a son compte d'hommes libres capables non seulement de le servir, mais de le penser, de se faire de lui une idée juste et claire, acceptable par tous. Il faut donc refaire des hommes libres.Français, ô Français, si vous saviez ce que le monde attend de vous !"Georges Bernanos."

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.