lundi 22 janvier 2024

Au royaume des aveugles, les Argentins sont rois

Ernesto Sábato, 24 juin 1911 — 30 avril 2011.

 Inutile, dans le cadre de ce blog (on en dira un peu plus dans le journal), d'expliquer pourquoi il m'a semblé évident de faire suivre la relecture de Don Quichotte par celle de la trilogie romanesque d'Ernesto Sábato : c'est ainsi. Déjà, nous sommes en présence d'un écrivain qui a su faire preuve d'une non-prolixité digne des éloges les plus vifs : en cent ans moins sept semaines d'existence, il a eu la sagesse de n'écrire que trois romans, ce qui est laisser beaucoup de temps libre à ses lecteurs survivants.

(En réalité, je ne sais trop comment remplir ce billet, qui n'existe que par ma lassitude à contempler le MeTooToo en laisse illustrant ma précédente intervention ici et qu'il était temps de remplacer en “tête de gondole” par un portrait d'homme nettement plus digne.) 

Je pourrais simplement — c'est sans doute ce que je vais faire — me contenter de justifier mon titre. Il existe un livre de Sábato qui, en espagnol, s'intitule Diálogos, en français Conversations à Buenos Aires, et qui est, comme on le subodore, un livre d'entretiens. Avec Jorge Luis Borges, autre grand écrivain argentin. Or, tous les deux, Ernesto et Jorge Luis, ont fini leur vie parfaitement aveugles.

Sábato pressentait-il sa future cécité lorsque, à l'orée des années soixante, il écrivait l'extraordinaire troisième partie de Héros et Tombes, le panneau central de sa trilogie, partie qui s'intitule : Rapport sur les aveugles ? Ou alors ce serait le dieu particulier des personnes-en-situation-de-non-voyance qui aurait ainsi exercé sa vengeance sur l'auteur du flamboyant Rapport sus-évoqué ? On ne s'engagera pas dans cette voie des correspondances mystérieuses, des explications sentant un peu trop leur Post hoc, ergo propter hoc, comme disaient nos amis latins qui, eux, n'avaient généralement pas les yeux dans leurs poches.

De toute façon, j'ai suffisamment écrit pour que disparaisse dans les tréfonds l'homme-de-demain qui trottine un peu plus bas. Et il est temps d'aller retrouver les Héros et les Tombes.



2 commentaires:

  1. Tant qu'à faire des billets pour changer de photo, vous pourriez nous coller des bonnes femmes à poil (au prétexte, par exemple, de simuler une agression #mitou).

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    1. Je vois ce que vous voulez dire : remplacer MeToo par MeNoo…

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.