lundi 20 janvier 2025

Une gloire inattendue

 


Dans les années 1430, Maître Guillaume était un très ordinaire répétiteur de droit, à Paris : personne n'a jamais jugé bon de laisser le moindre témoignage de ce qu'a pu être son enseignement. Comme de juste, il logeait dans le quartier des écoles ; plus précisément à la collégiale Saint-Benoît-le-Bétourné dont il était l'un des modestes chapelains. L'église était ainsi qualifiée car son chœur était orienté à l'ouest et non à l'est comme il est d'usage. Elle était située rue Saint-Jacques, à droite quand on vient de la Seine, entre le boulevard Saint-Germain et la rue des Écoles.

Ce n'est pas non plus son nom de baptême qui risquait de distinguer notre clerc obscur : en ces temps de fin de guerre de Cent Ans, un Parisien sur cinq se prénommait Guillaume. D'où la forge de divers diminutifs pour les différencier, dont nous avons gardé les traces : Guillemin, Guillaumin, Guillermot, Guillot, etc. À l'instar de 99% d'entre nous, Maître Guillaume aurait donc dû s'évanouir sans laisser la moindre trace de son bref passage sublunaire.

Or il advint que, vers 1435 ou 36, il prit en charge un tout jeune enfant, François de Montcorbier, dont il était peut-être vaguement parent, mais rien n'est moins certain. Qu'on ne songe pas à une adoption au sens moderne du mot : il s'agissait plus d'avoir à sa disposition un petit domestique gratuit, chargé d'allumer le feu dans l'âtre les matins frisquets et qu'on envoyait faire les courses à la supérette du coin. En échange, Maître Guillaume entreprit de pourvoir à l'éducation du petit François.

Ce fut à la fois un succès, un échec et un triomphe. 

Un succès car François de Montcorbier devint, au début des années cinquante de son siècle, bachelier puis maître ès-arts, c'est-à-dire licencié ; un échec parce qu'il tourna plus ou moins caillera, au point d'être, à l'orée de la décennie suivante, condamné à la pendaison, peine qui fut commuée en un bannissement de dix années hors de Paris.

Ce fut aussi un triomphe, mais posthume. Car François de Montcorbier, entre ses études et sa condamnation terminale, s'était mis à écrire des vers, encore des vers ; des ballades surtout. Et, quand il fut question de les signer, afin de rendre hommage à celui qu'il appelait son “plus que père”, François décida qu'il quitterait son nom de Montcorbier au profit du sien.

C'est ainsi que le nom de Maître Guillaume de Villon commença à monter au firmament glorieux. À la date où nous sommes, il n'en est toujours pas redescendu.

46 commentaires:

  1. je dirais seulement : mais ou sont les neiges d'antan ?

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  2. « il s'agissait plus d'avoir à sa disposition un petit domestique gratuit ». Vouvoulez nous faire bander ou quoi ?

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  3. "C’est un beau roman c’est une belle histoire ..."
    Mais bof pour ses poèmes.
    Pas assez ou trop quelque-chose, mais j’y suis imperméable.
    Hélène

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  4. A propos de cette église, Jean Favier dans son « François Villon » (passionnante biographie et surtout une riche histoire du Paris et de la France de l’époque) nous précise qu’elle fut à l’origine dédiée au « Benoit Dieu » (gentil Dieu) et non au saint du même bois.
    C’est dans son cloitre (devenu annexe de la Sorbonne toute proche) que peu de temps après la disparition de Villon (1463), fut installée une des premières imprimeries (une révolution à Paris et donc en France) et imprimés les premiers incunables (1470).
    Par ailleurs, François, sa mère (la domestique et plus ou moins compagne de son tuteur — mais ça ne nous regarde plus) et ce dernier ne vivaient pas dans les communs de cette église, mais dans une maison dite « la Porte Rouge » située un peu plus loin, rue Saint-Jacques.
    Guillaume (pas Villon — de banlieue)

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    1. Du reste — ce n'est pas un reproche —, dans cette biographie villonesque, Favier a largement "recyclé” l'un de ses précédents (et fort copieux) ouvrages : "Paris au XVe siècle", qui doit bien encore se trouver quelque part dans ma modeste librairie...

      En revanche, je me demande d'où vous tirez le fait que la mère de François aurait été "à la colle" avec Maître Guillaume...

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    2. Pour vous répondre, Il faudrait que je relise Favier, mais dans mes souvenirs, lui et les autres biographes attestent que la mère de Villon était la (seule ?) domestique de Maître Guillaume (le « plus que-père »). Tout n’est que vilaines suppositions par la suite, sachant que « la Porte Rouge » comme nombre de maisons à l’époque devait (selon Favier) se résumer à une salle commune avec cheminée-cuisine au rez-de-chaussée et à l’étage une ou deux pièces, voire une alcôve en plus (pour les gosses) où l’hiver « l’encre gelait dans l’encrier » (sic, notre poète…).
      Du reste, selon divers exégètes certains vers « solitaires » de François (qui semblait bien aimer sa mère comme son tuteur) sont assez ambigus au sujet de leurs rapports… (Mais encore une fois, ouatezefeuke, comme disait Shakespeare)
      Cela étant, si vous voulez, je peux vous en mettre encore plein de tartines sur Villon, personnage double (voire triple, voire réel, a-t-il vraiment existé finalement ?) Un personnage fascinant ayant vécu dans une époque encore un peu foutrement moyenâgeuse, mais très ou trop terriblement « charnière » ; un peu comme maintenant quoi.
      Guillaume

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    3. Pas trace de l'histoire de la mère domestique chez Favier, que je relis en ce moment même. Je ne pense pas que ce soit chez Schwob non plus.

      Cela dit, nul besoin de me titiller avec Villon : voilà 50 ans qu'il me fascine, je suis acquis d'avance !

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  5. j'avais lu de Jean Teulé, Je, François Villon il y a bien plus de 15 ans maintenant. J'en ai très peu de souvenirs si ce n'est une désagréable impression du style de l'écrivain, mais peut-être me trompe-je.

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    1. J'avoue que lire un livre de Teulé est une tentation à laquelle j'ai toujours aisément résisté…

      Si vous voulez effacer cette mauvaise impression, lisez le François Villon de Jean Favier (Fayard) : à mon avis, ça doit se trouver d'occasion pour quelques piécettes.

      (Marcel Schwob aussi a écrit sur François Villon. Mais son esquisse de biographie est fort courte et je ne sais pas si elle se trouve facilement.)

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    2. Cherea : le "Je, François Villon" de Teulé est un roman. Cela étant, il exploite beaucoup d'ambiguïtés (mais pas toutes) de la biographie de Villon.

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  6. Mon expérience de la lecture de Villon est très particulière. J'avais 12 ou 13 ans et à cette époque, autour de 1970, le programme de Français au lycée portait sur le Moyen Age. Ma mère se désespérait car je n'éprouvais aucun intérêt pour maitre Pathelin et le seul livre que j'ouvrais était mon album Panini qui me permettait de collectionner les figurines des footballeurs du mondial de Mexico.
    Ma mère frappa alors un grand coup! Elle décida que l'étagère supérieure de la bibliothèque familiale était interdite aux enfants de moins de 18 ans. Elle entreprit de triller tous ses livres et ne laissa sur les étages inférieurs que les bandes dessinés entrelardées de Frizon Roche, de Paul Guth, Marcel Pagnol, Agatha Christie ou encore de récits d'explorateurs des pôles ou de la jungle d'Indonésie. Elle fit aussi une publicité tout à fait négative des ouvrages de l'étage supérieur qui étaient décrits comme aussi pernicieux, violents et même libidineux qu'inatteignables à l'entendement d'un jeune enfant. Et elle se mit à surveiller cet enfer. Toute trace de doigt sur la poussière de l'étagère était suspecte et je me demandais même comment ma sainte mère avait pu lire tout cela, tant ces lectures interdites étaient supposées être avilissantes pour le corps et dégradantes pour l'esprit.
    Je n'avais donc que moins d'une heure le samedi après midi, lorsque ma mère prenait le café chez la voisine, pour braver l'interdit et tirer un livre avec mille précautions, en lire quelques pages avant de le reposer. Le livre de Villon était mon préféré, à vrai dire ce n'était pas Villon qui m'intéressait et j'ignorais tout de maitre Guillaume jusqu'à ce jour. C'était plutôt la belle gantière ou même Catherine la bouchière que je découvrais et qui m'émouvaient. Ce recueil était relié en cuir d'autruche aussi blanc que le lys de la royne Blanche et d'une douceur que j'imaginais égale à celle du sein de Flora ou de la fesse d'Archipiada.
    Depuis, je n'ai jamais compris pourquoi les professeurs de Français avaient besoin de tout une artillerie pédagogique pour faire lire les jeunes males prépubères et boutonneux. Il me semble qu'il suffit de peu d'astuce et de quelques belles reliures pour faire aimer la littérature.

    La Dive

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    1. Il y eut donc une époque où les parents éduquaient leurs enfants ? Fichtre ! On a du mal à se représenter la chose...

      Quant à l'artillerie de nos chers pédagogues, si l'on en juge d'après les résultats, elle semble plutôt avoir pour but de défendre les livres contre les éventuelles curiosités prépubères...

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    2. Oui, j'ai été victime de cette barbarie et je ne vois aucun meetoo pour défendre les écoliers à qui on a imposé le latin et l'allemand en première langue et des déjeuners chez une vieille grande tante qui me mettait un journal sous chaque coude pour m'apprendre à me tenir à table sans lever les bras!
      Tiens, en parlant de meetoneries, j'ai lu par hasard un article plutôt gonflé d'une journaliste du journal Elle qui, à l'occasion du décès de Bertrand Blier, nous apprend que les spectateurs de ses films "le taxent de réalisateur misogyne, compte tenu de ses représentations jugées dégradantes des femmes et ses répliques graveleuses. ". Je ne voudrais pas contredire une femme aussi savante qu'une journaliste du journal Elle, mais, aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais rien fait de tel, même après avoir bien ri en regardant Calmos ou les Valseuses. Enfin, je me trompe peut-être puisque c'est écrit ici:
      https://www.msn.com/fr-fr/divertissement/cinema/mort-de-bertrand-blier-une-filmographie-culte-empreint-de-sexisme/ar-AA1xBAsv?ocid=BingNewsSerp


      La Dive

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    3. Oui, depuis ce matin, nos sœurs asilaires sous X piétinent allègrement le cadavre encore tiède de cet immonde chantre de la bouffonne "culture du viol".

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  7. Il est une autre (petite) anecdote sur Villon que vous ignorez sans doute.

    L'un des créateurs du jeu de rôle américain "Vampire, la mascarade" (l'un des jeux de ce type les plus renommés et les plus joués, très en vogue dans les années 90) avait manifestement entendu parler du poète pendant ses études. J'ignore pourquoi Villon l'a frappé, mais dans le jeu, Villon a été "étreint" à la fin de sa vie et est, depuis, le prince des vampires français.

    Certes, ce n'est pas de la haute culture, mais savoir qu'un américain a pu être à ce point marqué par Villon devrait quand même vous réjouir quelque peu.

    K.

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    1. En effet, la "destinée" de Maître François aux Amériques est rejouissante ! De façon plus orthodoxe, il y eut au moins un autre admirateur de Villon, dans le Michigan : Jim Harrison. Je suppose qu'il doit y en avoir quelques autres encore...

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  8. Chacun vient déposer quelques trésors villonesques sur les étagères de Maitre Goux. à mon tour. Stupéfaction de découvrir dans je ne sais quel bouquin que les "neiges d'antan" pourraient être à l'origine ces "bon-hommes" ou des "bonne-femmes" de neige que l'on installait aux carrefours de la ville, et qui représentaient des personnages célèbres de la mythologie ou de l'histoire. Leur disparition au printemps engendrant la nostalgie que l'on sait... "Ubi sunt?". Quand l'érudition alimente les rêveries...
    abbé B.

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    1. Eh bien ! En voilà encore une, d'anecdote, dont j'ignorais tout ! Ce qui, en soi, n'a rien de vraiment surprenant...

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    2. Ne soyez pas modeste, cher maître, votre érudition attire vers ce blog des foules assoifées de savoir et de connaissance...
      abbé B.

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    3. Ils arrivent assoiffés... et repartent déshydratés, j'en ai bien peur !

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    4. Je peux dire à m’sieur le curé que j’arrive assoiffé mais pas de culture. Et je reapars immédiatement : les consommations sont rares dans ce blog.

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    5. Je sais, je sais, c'est un problème : le ravitaillement liquide n'est pas à la hauteur, l'intendance ne suit pas...

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    6. Je me suis imposé quelques règles pour éviter tout risque de déshydratation lorsque je viens par ici:
      - La lecture des billets de M. Goux doit se faire tard le soir avec un verre d'armagnac. Celle de son journal pouvant prendre un peu de temps, il est bon de préparer un médianoche léger composé d'un peu de gâteau broyé (une spécialité du Poitou) et d'un fruit de saison.
      - La lecture des billets de M. Jégou mérite une atmosphère plus rabelaisienne. Elle se fait en plein jour avec un verre de bière. Si l'on vit seul comme moi, il est même possible de lire ses billets pendant le repas de midi en les accompagnant d'un solide plat de saison. Se méfier dans ce cas de la lecture de ses billets rédigés depuis l'hôpital ... certains détails peuvent avoir raison de votre boudin aux pommes ou de votre plat de tripoux!
      - La lecture des billets parisiens de Fredi Maque peut se faire le matin avec un café. La table de cuisine prend alors l'allure d'un zinc parisien d'où l'on savoure des brèves de comptoir. Les billets écrits depuis sa maison dans le midi peuvent être accompagnés d'un blanc sec ou d'un rosé selon ce que l'on a au frais.
      - Je crois que pour apprécier pleinement, sans se déshydrater, les billets d'Alice, il faudrait être dans l'Open Space d'une StartUp avec une infusion subtile et un "cookie" tout en observant les jeunes pianoter sur les claviers de leurs ordinateurs. C'est un environnement qui m'est difficile de mettre en place ici à la campagne.
      - Je ne me suis pas encore imposé de règle stricte pour la lecture des billets de Cincinnatus. C'est très embêtant car les sujets peuvent être austères et le risque de déshydratation non négligeable. J'ai essayé d'accompagner le dernier (la question sociale est-elle réglée ?) d'une chartreuse pour essayer de prendre de la hauteur. Je ne suis pas encore bien certain de ce choix et je compte essayer un vin d'Alsace pour le prochain. Quelque chose qui propose un peu d'âpreté tout en étant charpenté. Vos conseils pour accompagner les billets de Cincinnatus sans prendre de risque sont les bienvenus.

      Ma lecture de vos billets se fait donc sans trop de risques, mais je n'ai peut-être votre santé, et surtout le foie assez solide, pour entreprendre la lecture de "tweets" par dizaines ou de "posts" instagrammiques par centaines comme vous savez le faire. Il convient de connaitre ses limites!

      La Dive

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    7. Ah ! Ça fait plaisir, d'avoir des lecteurs aussi bien organisés et raisonnables à ce point !

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    8. Cela dit, au vu de votre commentaire, je comprends mieux votre signature : derrière la dive, il faut entendre bouteille...

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  9. Moi je vais vous donner une autre anecdote qui montre plutôt l'effondrement culturel. Lorsque je lisais Je, François Villon donc de Jean Teulé...c'était en 2007, je crois, donc j'avais cette collègue qui me voit lire ce livre lors d'un déplacement et qui me dit '"Ah ah...on s'intéresse à la politique, elle est bien la biographie de François Villon" interloqué, je réponds par "?", ben oui tu lis bien un livre sur le premier ministre français, Francois Villon...."non pas du tout, je lis un roman tiré de la vie du poète François Villon...." elle me répondit "Ah d'accord, connais pas"...j'imagine qu'il pourrait m'arriver la même chose s'il arrivait que je lise une biographie du poète François Coppé que l'on pourrait confondre avec le maire de Meaux...

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    1. Le poète, c'est Coppée... avec un e (et toc !). Ce qui fait de lui, une sorte de maire de Meaux transgenre.

      Et si vous lisez une biographie de Proust, il s'en trouvera bien un, de vos collègues, pour vous demander si vous comptez enchaîner avec celle d'Ayrton Senna...

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    2. Oui c'est Coppée avec un E, d'ailleurs que j'ai connu de prime abord car un café portait ce nom vers Montparnasse...ça a dû être remplacé par Five Guys !
      Je ne vois pas trop l'enchaînement Proust-Senna mais j'ai bien dans mon petit panier Amazon la biographie de Mike Tyson...je n'ai pas encore franchi le pas.

      Puisque vous parlez de Proust, bien naïf, je pensais que sa biographie s'appelait À la recherche du temps perdu...

      Sinon j'en suis à la Prisonnière et au moment de sa rupture avec Albertine, si je comprends bien il lui reproche d'être gouine, de lui mentir... alors que lui-même est homo, ce qui est assez clair entre les lignes, même si pas encore explicité.. surtout que ce passage arrive après un long moment sur la sociologie des homos et que ça devrait être un objet d'étude...puisque j'en suis là, je n'ai pas saisi le fond de la rupture entre Charlus et Morel, bien fomentée par les Verdurin, si vous pouviez m'expliquer rapidement (je n'ai pas le courage de relire les pages).

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    3. Proust/Prost...

      Bon, sinon, où avez- vous pris que le narrateur était homosexuel ? Vous le confondez avec l'auteur !

      Si Mme Verdurin pousse Morel à rompre avec Charlus, c'est pour se venger du baron qui, lors d'une réception organisée par lui chez les Verdurin pour ses amis aristocrates (afin de leur faire admirer les talents de violoniste de Morel...), l'a traitée à peine mieux qu'une domestique. Et les autres "nobles" se sont conduits avec encore plus de stupide grossièreté envers la mère Verdurin. D'où sa soif de vengeance...

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  10. Merci!
    J'ai dû lire en mode automatique les pages de la réception chez les Verdurin organisée par Charlus...ou alors j'ai repris la lecture après ce moment suite à une pause de lecture.
    Oui, je fais probablement une confusion auteur/narrateur d'autant plus que j'avais le contexte de la vie de Proust avant même de le lire...
    Toute l'antipathie qu'on peut avoir pour les Verdurin est légèrement tempérée par leur acte de charité discrète envers Saniette en lui laissant une rente...

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    1. Et il y a la scène ultime de cette réception, quand Charlus, misérable amoureux publiquement éconduit et bafoué, est "sauvé" et emmené par la reine de Naples, revenu sur ses pas.

      Quant à Mme Verdurin... certes elle est souvent ridicule, certes elle est parfois odieuse... Mais est-elle plus ridicule que le duc de Guermantes ? Plus odieuse que la duchesse du même nom ?

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    2. Mme Verdurin est comme le bourgeois gentilhomme. Elle donne une impression différente à chaque relecture..
      La Dive

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    3. Du reste, le rapprochement entre ces deux personnages n'est point sot... même si je n'avais jamais pensé à le faire !

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  11. Comme c’est la 1ère fois que j’arrive si loin dans l’oeuvre, mon opinion 1ère est de trouver le clan Verdurin plus ridicule, pour plusieurs raisons: la dernière impression étant la plus vivace d’abord, j’ai passé bcp de temps avec les Verdurin à la Raspeliere et maintenant également alors que cela fait lgtps que je n’ai pas passé un long moment avec le Guermantes, autre point, les Verdurin font très nouveaux riches et on ne sait d’où vient la fortune, les Guermantes sont vieille France, modèle assez courant et habituel par chez nous et puis les coups bas des Verdurin me paraissent plus méprisables.

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    1. Il n'empêche qu'Oriane de Guermantes, sous ses dehors "grande dame" , est un monstre d'égoïsme, de vanité et aussi, finalement, d'ignorance. Bref : une salope d'anthologie.

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    2. Qui est la plus salope, certes, la question se pose...mais disons qu'on ne croise plus des nobles très vieille france façon Guermantes avec une certaine tenue, alors que des Verdurin nouveaux riches égoïstes et vaniteux, on en croise encore tous les jours, alors disons que j'ai moins d'antipathie pour le modèle qui a définitivement disparu...

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    3. Bien sur que Mme Verdurin est l'archétype de la bourgeoise parisienne aussi vaniteuse que sotte, mais elle ne peut pas être réduite à cette caricature. Elle se différencie des sottes actuelles par une envie d'ascension culturelle par exemple. Contre toute attente, elle a un goût artistique différent du goût aristocratique mais assez solide tout de même. Lorsqu'elle s'entiche des ballets russes par exemple, n'a t on pas vu dans son caractère et son goût le reflet de la comtesse de Greffulhe qui, par ailleurs, a beaucoup inspiré le personnage de la duchesse de Guermantes ?
      Bref, deux salopes d'anthologie, mais que l'on regrette quand même. Même les salopes d'anthologie étaient mieux avant!

      La Dive

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    4. Nous sommes d'accord sur l'essentiel. Je ne rectifierais qu'une petite chose : Mme Verdurin possède un vrai goût artistique (même s'il s'exprime ridiculement), qui ne peut pas être "différent" de celui des aristocrates... puisque ceux-ci n'en ont aucun (à part Charlus) !

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