On me demandait, hier, en commentaire du billet précédant celui-ci, de préciser les raisons pour lesquelles Toulouse est une ville qui ne me plaît qu'à demi. Je vais tenter de m'exécuter, après cette seconde visite qui n'a fait que confirmer les impressions de la première, effectuée il y a deux ans. En réalité, il serait sans doute plus juste de dire que Toulouse est une ville qui me plaît, mais où il ne me conviendrait pas de vivre.
Elle me séduit pour ce qu'on sent qu'elle a été, et demeure par maint côté. Monuments, églises, placettes triangulaires, ruelles, musées, lacis médiévaux, opulence des hôtels particuliers, grande beauté des façades, etc. : elle m'attire par ses vestiges, principalement. Toulouse est une ville que l'on a envie d'avoir connue.
Dans ce cas, pourquoi ne pas vouloir y vivre ? Pourquoi cette satisfaction de la quitter et la quasi-certitude que l'on n'y reviendra plus ? Parce que, à l'instar des petits villages de Brassens, Toulouse a un point faible, et c'est d'être habitée. Pour dire les choses rondement, cette ville est trop jeune pour moi, à chaque tournant de rue elle me fait savoir mon incongruité, brandit l'arrêté d'expulsion. Je n'ai bien entendu consulté aucune statistique, mais je parierais volontiers pour une moyenne d'âge inférieure à 35 ans. Il s'ensuit des conséquences lourdes.
Les artères - celles du centre - prennent un aspect grouillant, bruyant, dépenaillé et, paradoxalement si l'on se réfère aux individus composant cette foule qui avance sans cesse, unicolore. Du coup, la rue ancienne, encore discernable par endroits, se transforme en décor pour ce théâtre de rue perpétuel : les cybercafés détrônent les bistrots, les boutiques de fringues les magasins de vêtements, les kebabs les restaurants, les échoppes à paninis les boulangeries, les officines de piercing les salons de coiffure, etc. Ne venez pas me dire que je généralise : je le sais parfaitement. Je voulais juste exprimer une impression assez vague mais tenace, essayer de décrire ce léger glissement vers le factice qui m'a frappé et, au bout du compte, gêné puis déplu.
L'une des conséquences de cela est que Toulouse m'a fait l'effet d'être assez putassière à force d'être ouverte, quand j'aime qu'une ville soit a priori un peu austère ; sinon fermée, du moins légèrement dédaigneuse envers le voyageur. Cela pourrait sembler former un paradoxe avec ce que je disais plus haut, concernant mon impression de rejet ; ce ne l'est pas : une prostituée fait toujours très bon accueil à l'hypothétique client, le racole puis le renvoie au néant de sa condition avec la même facilité. En quoi elle n'a d'ailleurs pas forcément tort, mais c'est un autre sujet.
Coupons court : la prochaine fois, on ira à Bordeaux, qui a l'air d'une ville moins «sympa», moins cool, moins fun que sa rivale régionale. Et nous ne reviendrons pas à Toulouse, n'en déplaise à l'âme de Juan Benet.
Elle me séduit pour ce qu'on sent qu'elle a été, et demeure par maint côté. Monuments, églises, placettes triangulaires, ruelles, musées, lacis médiévaux, opulence des hôtels particuliers, grande beauté des façades, etc. : elle m'attire par ses vestiges, principalement. Toulouse est une ville que l'on a envie d'avoir connue.
Dans ce cas, pourquoi ne pas vouloir y vivre ? Pourquoi cette satisfaction de la quitter et la quasi-certitude que l'on n'y reviendra plus ? Parce que, à l'instar des petits villages de Brassens, Toulouse a un point faible, et c'est d'être habitée. Pour dire les choses rondement, cette ville est trop jeune pour moi, à chaque tournant de rue elle me fait savoir mon incongruité, brandit l'arrêté d'expulsion. Je n'ai bien entendu consulté aucune statistique, mais je parierais volontiers pour une moyenne d'âge inférieure à 35 ans. Il s'ensuit des conséquences lourdes.
Les artères - celles du centre - prennent un aspect grouillant, bruyant, dépenaillé et, paradoxalement si l'on se réfère aux individus composant cette foule qui avance sans cesse, unicolore. Du coup, la rue ancienne, encore discernable par endroits, se transforme en décor pour ce théâtre de rue perpétuel : les cybercafés détrônent les bistrots, les boutiques de fringues les magasins de vêtements, les kebabs les restaurants, les échoppes à paninis les boulangeries, les officines de piercing les salons de coiffure, etc. Ne venez pas me dire que je généralise : je le sais parfaitement. Je voulais juste exprimer une impression assez vague mais tenace, essayer de décrire ce léger glissement vers le factice qui m'a frappé et, au bout du compte, gêné puis déplu.
L'une des conséquences de cela est que Toulouse m'a fait l'effet d'être assez putassière à force d'être ouverte, quand j'aime qu'une ville soit a priori un peu austère ; sinon fermée, du moins légèrement dédaigneuse envers le voyageur. Cela pourrait sembler former un paradoxe avec ce que je disais plus haut, concernant mon impression de rejet ; ce ne l'est pas : une prostituée fait toujours très bon accueil à l'hypothétique client, le racole puis le renvoie au néant de sa condition avec la même facilité. En quoi elle n'a d'ailleurs pas forcément tort, mais c'est un autre sujet.
Coupons court : la prochaine fois, on ira à Bordeaux, qui a l'air d'une ville moins «sympa», moins cool, moins fun que sa rivale régionale. Et nous ne reviendrons pas à Toulouse, n'en déplaise à l'âme de Juan Benet.
Didier, faites attention, il y a aussi des jeunes à Bordeaux!!!
RépondreSupprimerEssayez donc Nice... et si l'idée de ne pas laisser Irrempe se taper tout le voyage au volant, vous pourrez toujours faire étape à Châteauroux qui se trouve à la croisée de tous les chemins.
Ce ne sont pas de petits villages, mais bien tous ces petits vila-ages ;-)
RépondreSupprimerDécidément, il va falloir qu'on papote musique Monsieur Goux! On s'entendrait je pense :-)
L'impression me semble juste, sauf pour le unicolore mais bon, vous aurez ajouté au mécontentement des problèmes de vision ! :-)
RépondreSupprimerJ'aime Toulouse pour ses vestiges aussi dans un sens et son présent me semble une sorte de fin de règne, un dernier sursau avant de se rendormir...
:-)
[Bordeaux est froide, Bordeaux est austère, Bordeaux est chiante à mourir !].
Je case la coche...
RépondreSupprimerC'est la ville rosse, quoi.
RépondreSupprimerMalheureusement, elle devient un modèle de "centre-ville"... et pourtant, après 40 années de changements apocalyptiques, ce n'est que le début...
RépondreSupprimerA Bordeaux, c'est à peu près pareil : la rue Sainte Catherine et les lieux touristiques ont été refaits pour attirer les touristes.
RépondreSupprimerEn fait, c'est pareil pour la plupart des grandes villes (anciennes) de France où un mélange de moderne et d'ancien fait un peu tâche.
En fait, ici, c'est un peu la suite de la conversation que vous aviez avec Poireau sur Guéret sur votre billet précédent...
Bon. Un peu de sérieux.
"Les cybercafés détrônent les bistrots"
J'ai été une seule fois dans ma vie dans un cybercafé.
C'était à... Toulouse (l'été dernier, j'étais allez voir le dit Poireau qui portait alors un autre nom... et j'avais oublié d'emporter son numéro de téléphone : il me fallait un PC en urgence pour regarder mes mails... Vive les cybercafés de Toulouse !).
Tiens, j'ai pas coché.
RépondreSupprimerOlivier : ne faites pas semblant de ne pas comprendre ! Une marée de vieux me gonflerait autant qu'une marée de jeunes.
RépondreSupprimerMademoiselle Ciguë : je sais ! Mais je vois mal, en revanche, le rapport avec la musique...
Monsieur Poireau : le mot "unicolore" demanderait à être précisé. Il ne fait pas référence (ou alors par antithèse) à la "couleur" des gens qui circulent dans les rues en question. Peut-être "univoque" aurait-il été plus juste...
Plusnaïf : un modèle de "centre-ville" : c'est magnifiquement et laconiquement résumé !
Nicolas : je suis très fier de vous avoir arraché un vrai commentaire...
(Smiley, merde !)
Oui, Toulouse semble avoir épousé le jeunisme exacerbé du temps, mais elle vit, et me donne une impression de créativité. Si vous découvriez nos villes et villages morts-vivants de la côte, bonbonnières ou atrocités de néo-béton, entre Toulon et Nice, qui eux, sont à l'âge du repu momifié, (mais vous les connaissez peut-être déjà), je crois que Toulouse vous séduirait davantage.
RépondreSupprimerDidier : je parlais précisément des couleurs de vêtements et pas du tout de la teinte des épidermes (de toute façon, ici il fait soleil alors on est tous des bronzés !!!).
RépondreSupprimerLa jeunesse me semble s'habiller de manière plus bigarrée que les aînés (comme on dit quand on est poli !).
:-))
Je crois qu'il y a un aspect subjectif dans le regard qu'on porte sur les villes. J'ai pas mal bourlingué en famille à travers la France, et jamais aucune ville ne m'a semblée aussi vivante et colorée que Toulouse. Une seule exception : le quartier latin à Paris. C'est vrai qu'un quartier où il y a une librairie tous les dix mètres est forcément un bon quartier...
RépondreSupprimerBordeaux m'a paru plus austère, c'est vrai, et d'une élégance discrète très éloignée de la vivacité très "peuple" des Toulousaings... mais vous parliez monuments et je suis plus sensible aux atmosphères.
Quant aux aménagements du centre , je peux vous assurer, en tant que piétonne, qu'ils nous rendent en partie la ville et la capacité à y circuler, d'autant que les conducteurs y sont rarement civilisés ! les piétons étouffaient, repoussés et agglutinés sur des trottoirs étroits. Maintenant, on peut y déployer un espace personnel relativement confortable et marcher à nouveau le nez en l'air sans mettre sa vie en danger !
Je vous ai lu, j'ai des choses à répondre, mais je travaille : ce soir ou demain, donc...
RépondreSupprimerPardon Monsieur Didier, j'ai sauté sur un détail et j'ai commenté! Honte sur moi! (En attendant, j’ai cette chanson qui me trotte dans la tête depuis ce matin !)
RépondreSupprimerToulouse donc. Je l'ai découverte il y a peu et j’y suis retournée régulièrement depuis. J'y ai fait des très belles rencontres humaines (et pourtant pas une seule n'est originaire de la ville il me semble... Un lien de cause à effet? Je ne sais pas) Je me suis beaucoup baladée dans les rues et j’ai croisé des gens qui, pour la plupart, avaient ‘une bonne tête’. Pareil pour les commerçants.
Je suis aussi attirée par les vieilleries (oui, les vieilles pierres aussi! ;-) et Toulouse est un réel plaisir à cet égart. Je ne partage pas ceci dit votre ‘extase’ pour le Capitole que je trouve trop… propre ? Sa place trop…vide ? Enfin, suis pas fan. Par contre, les petites rues, les vieilles baptises et les jardins qu’on peut apercevoir en détour d’un portail qui se referme…Mmmm quel plaisir pour les yeux, quels parfums, un délice !
Et puis, il y a les bords de la Garonne que j’ai sillonné des heures durant. J’ai adoré la prairie des Filtres (mais il y avait peu de monde, peu de jeunes, ceci explique peut-être cela). J’ai aussi beaucoup aimé ses berges plus sauvages du coté de l’île du Ramier.
Une chose encore qui est à mes yeux de bruxelloise extraordinaire, c’est les transports en communs ! Quand je vois comment ça fonctionne ici (et je vis dans la capitale quand même !), vous les Français avez un système de transport en commun génial ! (Et je ne parle même pas de Paris. Prendre le métro parisien, pour moi, c’est l’extase !)
Toulouse a pourtant à mes yeux deux points négatifs. Premièrement, elle est vraiment trop loin de chez moi, inaccessible sauf en avion et là, ça coûte une fortune. Deuxièmement, en été, il y fait insoutenable ! Moi qui suis habituée à un petit 25C°, les 40 à 43 C° toulousains m’achèvent !
Didier, je ne comprends pas trop votre message: voulez-vous dire que Toulouse vous fait l'effet de n'être qu'un décor de théâtre où l'on joue une pièce contemporaine? Mais TOUTES les villes anciennes ET universitaires sont ainsi!
RépondreSupprimerTentative de réponse demain. Là : bouboule en rond, papattes croisées...
RépondreSupprimer...et un verre d'eau de source? de Saint Géron, bien sûr! ;-)
RépondreSupprimerBonne soirée de repos!
Moi, je n'ai pas envie d'aller à Bordeaux ! La Bretagne ou Tromsø !
RépondreSupprimerToulouse se dégrade au fil des années. Les commerces font place aux bistrots, les pétanqueurs font place aux SDF, le vandalisme défigure les façades et les vitrines,... www.toulousoscopie.com
RépondreSupprimerIl faut bien vivre quelque part... toutes les villes se ressemblent et on peut habiter un endroit sans pendant 10 voire 15 ans et toujours ne pas savoir le nom de la rue à 20 mètres.. Dans un sens la ville n'existe pas, on marche on la traverse, et on l'oublie, vite! que reste t-il de l'espace habitable? le son des cloches, les traces des passages cloutés, quelque fois un sourire, celui de la boulangère sans doute... Toutes les rues se ressemblent pour les arpenteurs.. ah, non, Paris peut-être? peut être..
RépondreSupprimerChère Catherine, permettez moi un pragmatisme forcené, le pinard est quand même meilleur à Bordeaux qu'en Bretagne, quant à celui de Tromsø... troue probablement l'estomac ! Et je n'aborde même pas le cassoulet nordique ;-)
RépondreSupprimerPluton, et son cassoulet.... L'obsession du pétomane !
RépondreSupprimerAnna R.
Le coucou : plus le temps passe et plus j'apprécie les villages et petites villes mortes : plutôt la torpeur, et même l'ennui, que le festival de truc, la fête des machins, la semaine de ci, la quinzaine de ça...
RépondreSupprimerPoireau : moi aussi, je parlais des vêtements, mais pas seulement : une certaine volonté de vouloir être à tout prix «différent», ce qui, immanquablement, rend tout le monde semblable. D'où mon «unicolore».
Mifa : votre position est cohérente, et la mienne tout autant : je DÉTESTE également le Quartier Latin !
Mademoiselle Ciguë : mais oui, nous sommes d'accord quant aux charmes de Toulouse. C'est bien pourquoi je dis qu'il s'agit d'une ville à visiter mais (pour moi) pas à vivre.
Orage : je n'ai pas eu cette même impression à Salamanque, par exemple. Mais il est vrai que j'étais nettement plus jeune et devais donc mieux supporter la jeunesse des autres...
Geargies : pas d'accord avec vous, toutes les villes ne se ressemblent pas. Enfin, je crois.
Pluton et Emma : il vaut mieux être obsédé par le cassoulet que par les jeunes filles prépubères. Surtout si on prétend y goûter.
Je connais aussi bien Toulouse que Bordeaux, j'habite entre les deux, et je suis d'accord avec vous, Didier : Toulouse est un endroit vivant, grouillant de monde, où il se passe toujours quelque chose.
RépondreSupprimerJeune fille, j'adorais m'installer à un coin de rue et regarder ce qui se passait autours de moi : j'ai vu des spectacles de rue, des musiciens et des artistes pour qui le "peuple" de la rue était en même temps spectateur et critique... A Bordeaux, ou je faisais pareil, je m'ennuyais ferme... La seule et unique fois ou j'ai vu un spectacle de rue improvisé, les policiers sont venus l'arrêter au bout de quelques minutes. Bordeaux est magnifique, plus feutrée, plus conventionnelle... en apparence !
Les cafés sont devenus des cyber ? Oh que non, sachez que Toulouse cache des trésors réservés aux initiés... Et je n'y vivrais pas non plus ! J'aime y aller, le temps d'un we, et revenir chez moi ensuite... Pareil pour Bordeaux ! Et d'ailleurs, Bordeaux se démocratise salement ces derniers temps : je suis passée en voiture il y a quelques jours en centre ville, aux alentours de la Place Tourny, berceau de mes étés d'enfance et d'adolescence. Quel choc ! En place et lieu des magnifiques magasins haute-couture du Cours Clemenceau il y a des pressings, des cybers, des sandwicheries, et des conteneurs de recyclage sur les trottoirs...
Euh, Didier, vous...
RépondreSupprimerNon, non, n'est-ce-pas, faites comme chez vous, ouf, ouf.
Bon, j'arrête de parler pour ne rien dire !
Que lisez-vous de beau en ce moment ? (question sérieuse, nonobstant).
Anna R.
Didier, je suis entièrement d'accord avec vous quand vous vous insurgez contre "le festival de truc, la fête des machins" etc...
RépondreSupprimerJe ne pense pas que ce soit une question d'âge mais dépend du caractère de chacun.
Je hais ces animations imposées tous azimuts, y compris au fin fond des zones montagneuses où on pourrait raisonnablement espérer silence et paix!
Anne-Claire : ce que vous me dites du "nouveau" Bordeaux m'attriste grandement ! Mais je suppose qu'il fallait bien s'y attendre...
RépondreSupprimerAnna : depuis quelques semaines, je ne lis pas, je relis : diverses oeuvres de René Girard, en particulier. En ce moment, je suis plongé dans sa très remarquable étude sur Shakespeare : Shakespeare, les feux de l'envie.
Orage : pour une quantité de plus en plus grande de gens, le silence est devenu synonyme d'ennui. On s'en rend bien compte en ouvrant au hasard n'importe quel volume de cette déjection qui s'appelle Le Guide du rout*rd : quand un café ou un restaurant, ou encore un quartier, y est loué pour son "ambiance", vous pouvez être certaine qu'il y règne un vacarme assourdissant.
Je suis allé une seule fois à Toulouse, et mon sentiment au contact de cette ville fut assez semblable au votre. Ville séduisante et belle, les musés sont gratuits, ce qui étaient alors heureux pour l'étudiant que j'étais.
RépondreSupprimerMais l'atmosphère ne m'a pas vraiment plu. Trop "jeune" sans doute. Non pas la jeunesse noble et créatrice qui aspire aux hauteurs d'un Jean-René Huguenin, ou d'un jeune Nietzsche, mais la jeunesse fière de sa médiocrité, de ses revendications, de son moralisme (une certaine rigidité) qui se croit anti-moral.
Ville séduisante, sans ses habitants, oui.
"plus le temps passe et plus j'apprécie les villages et petites villes mortes"
RépondreSupprimerAlors Didier, je vous recommande vivement un petit séjour dans les Cévennes... A noter quand même que, sauf exception, les villages (contrairement à certains hameaux) ne sont pas "morts", ils sont peu habités... Le village "Le Pompidou" (rien à voir avec l'ancien Président) vaut particulièrement le détour. Le cadre devrait plaire à Catherine (alternance de plateaux, vallons, montagnes boisées, etc.) d'autant plus que l'automne y est presque aussi flamboyant que celui du Québec ! :-)
Jean-Baptiste, votre soutien m'est précieux dans la mesure où, vu votre âge, il est très difficile de vous renvoyer dans le wagon plombé des vieux cons, ce qui est facile avec moi...
RépondreSupprimerMais d'aucuns vont venir insinuer, je suppose, que l'on peut-être vieux à tout âge, puisque, désormais, "vieux" est la pire des insultes. Il est d'ailleurs amusant de constater que ce "racisme anti-vieux" est le seul qui reste parfaitement tolérable et même bien encouragé par nos bons apôtres antiracistes.
Geneviève : depuis une dizaine d'années, nous séjournons au moins une semaine par an à Lussan, près d'Alès. Nous sommes donc plusieurs fois allés dans les Cévennes, région qui, en effet, nous plaît beaucoup. Nous y serons d'ailleurs de nouveau pour le passage à l'année nouvelle.
RépondreSupprimerCe n'est pas drôle de n'avoir qu'une vie, une seule, et de penser qu'on va la quitter bientôt, et que chaque moment qui passe nous approche de ce bientôt. On souffre moins si l'on ne prend plus goût à la douceur des choses et si tout use, tout lasse, le temps glisse. C'est plus facile de quitter la vie quand elle vous semble moins belle. Ce n'est pas ça, vieillir ?
RépondreSupprimerSuzanne
A lire :
RépondreSupprimerhttp://www.celestissima.org/vieillir/
Pas d'accord du tout, Suzanne ! Il faut apprécier la vie pleinement jusqu'au bout - du moins, autant que faire se peut !
RépondreSupprimerOn ne goûte pas aux mêmes choses, de la même façon qu'à vingt ans, c'est sûr. Mais il me semble que ce serait un immense gâchis que de se priver de grands joies dans le seul but de rendre la mort moins difficile... On peut croquer dans la vie avec gourmandise à plus de 90 ans, j'en ai des exemples autour de moi.
Je ne sais plus qui a dit : "l'hiver aussi est une saison qui commence" : je me sens pleinement d'accord avec cette citation.
Geneviève:
RépondreSupprimerCe n’est pas drôle de mourir
Et d’aimer tant de choses :
La nuit bleue et les matins roses,
Les fruits lents à mûrir.
Ni que tourne en fumée
Mainte chose jadis aimée,
Tant de sources tarir...
Ô France, et vous Île de France,
Fleurs de pourpre, fruits d’or,
L’été lorsque tout dort,
Pas légers dans le corridor.
Le Gave où l’on allait nager
Enfants sous l’arche fraîche
Et le verger rose de pêches...
P.J Toulet
Vous parlez de saisons (mes automnes ont comme des parfums, tout moro tout moro tout moroses chante Rezvani, on dit l'automne de la vie, et puis l'hiver... mais c'est du flan, tout ça. C'est une façon de se laisser croire que tout recommence, alors qu'on vit un jour après l'autre et qu'on marche sur une ligne, sur une route. Ce serait bien cruel de quitter la vie avec les appétits et la vigueur de ses vingt ans. Je maintiens qu'il n'est pas drôle de vieillir, que tout le monde le sait, que c'est une édidence et que le racisme antivieux dont parle Didier est d'autant plus cruel qu'il force à paraître s'en accommoder le mieux du monde, dans la sérénité et la sagesse.
Suzanne
(IPidiBlue, reviens, t'as vu comme on est triste ?)
Suzanne : ce racisme-là, parce qu'il est admis par tout le monde, et très "tendance", conduit les "vieux" eux-mêmes à l'accepter, à en rire, même à le devancer (notamment sur les plateaux de télévision, où la violence qui leur est faite s'étale avec une satisfaction ignoble). Un peu comme, à l'époque coloniale, les Africains s'empressaient de parler "petit nègre" pour se conformer à l'image d'eux-mêmes qui plaisait à leurs maîtres.
RépondreSupprimer...et merci pour Toulet !
RépondreSupprimerSuzanne,
RépondreSupprimerLe poème de Toulet est superbe, bien que trop nostalgique à mon goût.
Vieillir n'est certes pas aisé, mais je pense que ce n'est pas une bonne idée de se pencher continuellement sur le passé - qui ne reviendra évidemment plus - : cela ne facilite pas les choses.
Pourquoi ne pas apprécier, ici et maintenant, ce qui nous est proposé ? Et cela n'oblige pas le moins du monde à singer les petits jeunes.
Cela étant, oui, je crois personnellement que la vie "recommence", ou plutôt qu'elle continue au-delà de la mort.
Ceci explique peut-être cela !
Je rentre de Strasbourg. La réunion où j'étais me faisait profondément chier, à un point incroyable. J'ai donc dit à mon collègue : "il faut qu'on y aille, sinon, s'il y a des bouchons, on va louper le train".
RépondreSupprimerIl ne me connait pas... On est arrivé avec une heure d'avance et on est allé boire un coup à la "brasserie Leffe" en face de la gare (je sais, boire de la Leffe à Strasbourg, il faut être con, j'ai merdé).
En sortant, nous étions donc en face de la gare, j'ai vu une espèce d'immonde bulle de verre masquant un bâtiment probablement magnifique : ces cons ont refait la gare à l'occasion de l'arrivée du TGV...
Finalement, je crois que Strasbourg est encore pire que Toulouse...
@Suzanne : vous pensez que c'est plus facile de quitter la vie quand on la trouve moins belle... pour moi je comprends mieux et j'apprécie plus la vie (abstraitement) à présent, mais les douleurs du dérouillage matinal par exemple, me font craindre que tous ces petits tourments ne s'aggravent sérieusement, où ce sera le moment de tirer ma révérence. C'est R.C. qui vous a fait découvrir Toulet ?
RépondreSupprimer@Didier : René Girard sur Shakespeare, j'ai noté la référence ; inch'allah je le lirai (quand ? à la cin-glin-glin, je suis très en retard sur mon programme de lecture... très flou et trop extensible) : la perte de temps à s'occuper de choses secondaires est effrayante.
Merci d'avoir remis à l'honneur mon vrai prénom !
Anna R.
Monsieur Poireau: merci pour le lien
RépondreSupprimerEmma: comment j'ai découvert Toulet? En CM1. J'avais une maîtresse qui nous faisait apprendre des poésies de saison.
Dans le silencieux automne
D’un jour mol et joyeux,
Je t’écoute en fermant les yeux,
Voisine monotone.
Il fallait illustrer, et quarante petites filles dessinaient le jour mol au crayon de couleur, une enfant qui jouait du piano, le pommier dehors avec ses pommes rouges, mais sans appuyer sur la mine,pas de contour noir, léger le crayon, pour rendre le mol du jour.
Merci Suzanne pour cette évocation de votre enfance.
RépondreSupprimerAnna R.
Je ne suis pas sûre de savoir dire les choses et, s'il vous plaît, ne m'opposez pas cette phrase : "ce qui se concoit bien s'énonce clairement etc...."
RépondreSupprimerImpossible d'ajouter quelque chose à ce texte de monsieur Goux qui résume, en partie, ce que l'on peut ressentir dans une ville avec une superbe architecture à laquelle s'oppose un modernisme un peu trop jeune et surtout contradictoire... Si seulement il était de bon goût. Le mariage pourrait être agréable à défaut d'être parfait. Mais tout est souvent terni par une certaine indécence, voire même de la provocation.... Même chose pour ce racisme anti-vieux : on peut s'en accommoder, en rire, devancer l'ironie mais il n'en reste pas moins une sorte de "fêlure" au fond du coeur... Vieillir n'est pas facile dans l'ambiance actuelle, créée de toutes pièces tout simplement parce qu'un vieux dérange et coûte cher (j'aime même lu ces vieux qui puent). J'aimerais rassurer certaines personnes qui se sentent mal à l'aise de par leur statut de "vieux" justement, c'est impossible. Mais que dire, que penser, si j'ajoute, que des "gens dits âgés alors qu'ils ne sont pas autant que cela"... mais à leurs années s'ajoutent la maladie, l'invalidité et par voie de conséquence, le rejet... je crois que là je n'ai pas de mots parce qu'ils ont si mal...
Merci infiniment Monsieur Goux de m'avoir laissé dire cela... merci à tous en fait.
Jeffanne.
Jeffane : le racisme anti-vieux est étonnant, dans la mesure où non seulement il est admis, mais en plus très bien "porté", et pas du tout, bien entendu, ressenti comme un réel ostracisme : c'est exactement à cela que l'on reconnaît les "racismes" réellement agissant, les autres n'étant généralement que de la posture victimaire.
RépondreSupprimerEt, par pitié, ne vous excusez de rien : ce blog est ouvert, chacun peut y dire ce qu'il veut !