Donc, le dimanche, lendemain de notre arrivée à Lussan, ainsi qu'il a été narré dans notre précédente sotie avec une économie de moyens stylistiques forçant l'admiration, après avoir sacrifié aux traditionnelles courses de ravitaillement à Uzès, pour une fois quasi déserte mais tout enorgueillie de ses palais raciniens et de son premier duc de France, nous mîmes le cap vers une petite ville perchée, ancienne et belle, mais ne souffrant pas, ou pas trop, du syndrome plus-beau-village-de-France – où nous attendait la Mère Castor, mise en lien un peu plus bas, merci de s'y reporter. (Une phrase comme ça, tu me la proposes, je te la renvoie à la gueule, tu es prévenu.)
Mère Castor vit dans une maison que l'on pourrait qualifier de «coeur de village», au mitan d'une rue haute de murs et tendant à la sinuosité, mais sans se donner les moyens de l'être vraiment. Maison étroite et de trois niveaux, poursuivie en arrière par un jardin un peu désinvolte, qui la ferme et l'illustre de sa nonchalance un peu brouillonne.
Car la maison de la Mère Castor est toute de surprises et d'abandon ; elle ne vous connaît pas, mais fait mine de se donner comme une bonne fille, tout en gardant un quant-à-soi très fleur de province, grâce à ses couloirs indiscernables, ses demi-paliers silencieux, ses bouts d'escalier qui tournent court. Les pièces sont comme des cavernes de roche tendre que le temps et ses sédiments auraient sculptées, façonnées, ennoblies, patinées, en y répandant coquillages vides et algues gorgonales. Il y a là une multitude de petits meubles, de bibelots, d'outils servant aux travaux les plus divers, de tissus et de tableaux ; pourtant, aucune pièce parmi celles-là que l'on pourrait dire rapportée : tout à l'air d'être né ici et apaisé par la certitude de n'en jamais bouger. Il en résulte une maison qui tient du palais et de la chaumière, en même temps sombre et lumineuse, calme et intensément vivante.
Vivante elle-même mais aussi par ceux qui l'habitent, dans les deux sens du verbe. Car, dans la maison de la Mère Castor, on rencontre également un Père Castor, deux filles Castor agrippées à leurs ordinateurs mais très charmantes tout de même et douées pour vous trouver un village du Vaucluse sur Mappy – enfin, il y a un fils Castor, orgueil et gloire de ce feu un peu follet.
Si vous allez chez la Mère Castor, elle vous emmènera sans doute faire une promenade le long du Vidourle, ce fleuve tempêtueux qui arrose son village ; et vous risquerez votre vie sans le savoir, avec naturel, simplicité et grâce. Car deux jours après la photo prise par l'Irremplaçable, ce mignon courant d'eau ressemblait à cela.
Nous nous quittâmes avec le désir de nous revoir, ce qui n'est jamais mauvais signe. Et les pieds au sec, ce qui est également bien agréable.
Mère Castor vit dans une maison que l'on pourrait qualifier de «coeur de village», au mitan d'une rue haute de murs et tendant à la sinuosité, mais sans se donner les moyens de l'être vraiment. Maison étroite et de trois niveaux, poursuivie en arrière par un jardin un peu désinvolte, qui la ferme et l'illustre de sa nonchalance un peu brouillonne.
Car la maison de la Mère Castor est toute de surprises et d'abandon ; elle ne vous connaît pas, mais fait mine de se donner comme une bonne fille, tout en gardant un quant-à-soi très fleur de province, grâce à ses couloirs indiscernables, ses demi-paliers silencieux, ses bouts d'escalier qui tournent court. Les pièces sont comme des cavernes de roche tendre que le temps et ses sédiments auraient sculptées, façonnées, ennoblies, patinées, en y répandant coquillages vides et algues gorgonales. Il y a là une multitude de petits meubles, de bibelots, d'outils servant aux travaux les plus divers, de tissus et de tableaux ; pourtant, aucune pièce parmi celles-là que l'on pourrait dire rapportée : tout à l'air d'être né ici et apaisé par la certitude de n'en jamais bouger. Il en résulte une maison qui tient du palais et de la chaumière, en même temps sombre et lumineuse, calme et intensément vivante.
Vivante elle-même mais aussi par ceux qui l'habitent, dans les deux sens du verbe. Car, dans la maison de la Mère Castor, on rencontre également un Père Castor, deux filles Castor agrippées à leurs ordinateurs mais très charmantes tout de même et douées pour vous trouver un village du Vaucluse sur Mappy – enfin, il y a un fils Castor, orgueil et gloire de ce feu un peu follet.
Si vous allez chez la Mère Castor, elle vous emmènera sans doute faire une promenade le long du Vidourle, ce fleuve tempêtueux qui arrose son village ; et vous risquerez votre vie sans le savoir, avec naturel, simplicité et grâce. Car deux jours après la photo prise par l'Irremplaçable, ce mignon courant d'eau ressemblait à cela.
Nous nous quittâmes avec le désir de nous revoir, ce qui n'est jamais mauvais signe. Et les pieds au sec, ce qui est également bien agréable.
Merci Didier de ce portrait si juste de ma maison foutraque ; tu as trouvé mes enfants charmants, c'est le plus important.
RépondreSupprimerLa description est vraiment charmante !
RépondreSupprimerAu fait Didier, j'ai arpenté la rue des maléfices avec un IMMENSE plaisir. Merci encore !
La Mère Castor,
RépondreSupprimerQuand Didier trouve des enfants charmants, c'est généralement louche.
pas les miens, ils SONT charmants.
RépondreSupprimerJe SAIS qu'ils sont charmants. Toutes les mères de famille que je connais m'ont dit que VOS enfants sont charmants.
RépondreSupprimerOui, ils sont charmants ! Mais plus tout à fait des "petits" enfants.
RépondreSupprimerC'est un très joli billet, Didier, même avec sa pointe ironique (noblesse oblige).
RépondreSupprimer@Mère Castor,
la description de votre maison m'a mise l'eau à la bouche : on dirait un conte de fée. Un jour je viendrai vous visiter, si vous voulez bien.
Anna
"Maison étroite, à trois niveaux, des bouts d'escaliers qui tournent court...."
RépondreSupprimerNe serait-ce pas par hasard UNE maison deux fois plus grande à l'origine mais coupée en deux dans le sens de la hauteur par des héritiers incapables de s'entendre?
Ceci non point pour être désagréable, mais par simple curiosité: j'ai failli acheter une maison de ce genre.
Mère Castor : le billet reste en dessous de ce que j'ai ressenti...
RépondreSupprimerPluton : je suis vraiment content que ce livre vous plaise !
Nicolas : comme le dit Catherine plus loin, ce sont SES enfants, mais plus DES enfants.
Emma : où ça, de l'ironie ?
Orage : non, je ne crois pas : les maisons voisines sont assez semblables. Mais je suppose que Mère Castor saura trancher cette question.
Emma, je n'ai , pour ma part, pas vu d'ironie dans ce billet mais une extrême bienveillance.
RépondreSupprimerDidier, pardonnez Emma, le sevrage s'annonce rude...wouarf !
J'ai employé sans doute un mot impropre : "ironie", surtout après un"mais" qui n'avait aucun lieu d'être a dû prêter à confusion, c'est sûr. "Ironie" a quelquechose de négatif en lui (ce mot), pardonnez-moi, et surtout en plus ce n'est pas l'idée de drôlerie qu'en fait je voulais transcrire : les astuces, les jeux de mots, c'était ça.
RépondreSupprimerOh là là que je suis maladroite ! Et comme mon vocabulaire est pauvre (je ne suis pas une vraie camusienne n'est-ce-pas, une simple groupie).
bonjour Didier, merci pour ce billet et ravi que vous soyez ravi.
RépondreSupprimerLa maison est sur 4 niveaux, le premier niveau est en rez de chaussée (il y a aussi un niveau sous le rez de chaussée, citerne à eau et potentiellement abri anti atomique) le dernier niveau sous les toits.
La maison est en fait la réunion de 2 maisons, et si les prix n'avaient pas exagérement grimpé j' aurais bien acheté la maison suivante , histoire d'en rajouter des passages , des couloirs, des visites au pas de charge histoire de donner le tournis aux visiteurs; enfin la maison est plus longue ( nord sud 13 metres) que large (est ouest 8,5 m)elle est certes sombre mais lumineuse à qui ouvre les yeux, qui ouvre les yeux ouvre son âme , qui ouvre son âme dévoile ses sentiments ...qui me font dire que la maison est un bordel organisé ou chacun prend ses aises .
Bises à Catherine et à vos lecteurs (trices).
La description de la maison est somptueuse... On dirait celle de mes rêves !
RépondreSupprimerTrès réussi, ce tableau de la maison de Mme Castor! C'est chaleureux et pousse-au-rêve.
RépondreSupprimerEn revanche, quand vous parlez du Vidourle, je me crispe. Il y a une dizaine d'années, nous nous installions dans un village en aval du Vidourle. Peu après l'achat de notre maison, à minuit, hurlements de sirène. Nous nous sommes retrouvés aux abords d'un pont suspendu, avec toute la population du village en pyjamas ou robes de chambre, à contempler effarés la sortie de lit de ce Vidourle intempérant. Cette aimable rivière est capable de tourner au fleuve mal embouché en un rien de temps!
C'est que Vidourle est un fleuve, et non une aimable rivière, le seul dont la crue porte un nom bien à elle, la vidourlade. Il est colérique et rugissant, en grande partie souterrain, et peut vous inonder tout un village en deux coups de cuillère à pot.
RépondreSupprimerEmma, la visite, c'est quand vous voulez.
Aurais-je été là, c'eut été une charmante de plus ! (quoi que tout aussi foutraque que la maison Castor). Quel dommage, mais nous nous verrons bien un jour !
RépondreSupprimerEmma : rangez-moi ce fouet immédiatement ! Ou, au moins, cessez de l'utiliser contre vous-même...
RépondreSupprimerArgh ! Père Castor m'a tuer ! C'est toujours comme ça avec les écrivaillons peu scrupuleux : ils pensent qu'ils vont se souvenir de tout, donc ils ne prennent aucune note, donc ensuite ils écrivent n'importe quoi.
Zoridae : je ne suis pas sûr qu'elle soit négociable...
Coucou : oui, je crois savoir que c'est arrivé à pas mal de gens : promoteurs qui graissent des papattes, constructions en zone inondable, and so on.
(Mince, je deviens gauchiste ! Nicolas, sortez de ce corps !)
Mère Castor : j'étais sûr que vous alliez relever l'erreur, donc je me suis tu.
Fille Castor : oui, sans doute. D'un autre côté, vous savez, me rencontrer n'est pas forcément l'alpha et l'oméga du rêve de jeune fille...
Il y a quelques années, quand j'étais encore jeune et mariée, j'ai possédé une maison dans le sud du Gard au bord du Vidourle. Nous y allions l'été voir les ruines du pont romain et remontions vers Sommières qui a été maintes et maintes fois ravagée par les colère de cette soi-disant paisible rivière...
RépondreSupprimer@Père Castor (l'éditeur?)
RépondreSupprimerLes prix ont exagérément baissé maintenant!
@Mère Castor :
RépondreSupprimerMerci, et ce n'est pas tombé sous les yeux d'une aveugle !
Anna
Orgueil et gloire :d
RépondreSupprimertres belle déscription de ma bulle native, sans elle je ne serais rien de tout ce que je suis devenu !
Fils Castor : ravi que ça vous convienne ! Si vous êtes dans les parages en juin, on aura probablement l'occasion de se revoir...
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