Depuis quelques jours, dans la section socio-angélique de la blogosphère, on s'étonne et s'indigne (Indignez-vous ! indignez-vous ! se met aussitôt à trépigner papy, réveillé en sursaut au milieu de la sieste obligatoire, et qu'il va maintenant falloir occuper jusqu'à l'heure du goûter…) de ce que Marine Le Pen rencontrerait un soutien franc et massif chez les jeunes gens de 18 à 24 ans. Qu'on s'en indigne, soit : on sait que Modernœud a l'épiderme sensible et la tripe délicate ; mais pourquoi s'en étonner ? N'est-ce point depuis toujours dans l'ordre des choses, que les enfants se rebellent contre l'avachissement moral – ou supposé tel – de leurs vieux parents et décident d'envoyer par-dessus leur épaule le monde perclus et sentant des aisselles qu'on prétendait leur léguer et leur voir assumer ? Or, qui sont-ils, les parents de ces jeunes de 18 à 24 ans ? (Soyons clairs : on parle de jeunes sans guillemets ni italique, c'est-à-dire des jeunes qui ne sont ni sensibles ni divers ni populaires : des jeunes au sens ancien du mot, des jeunes tout bêtes quoi.)
Dans le meilleur des cas, papa a 50 ans, il vote socialiste sans illusion et casse les couilles à tout le monde avec sa soirée du 10 mai 81 ; Maman a quatre ans de moins, sensibilité plus écolo, et, elle, c'est avec le bilan carbone qu'elle pourrit la vie de la famille. Pour le reste, c'est leçons intensives de tolérance et de vivre-ensemble du matin au soir, depuis le berceau jusqu'à l'entrée en fac.
Dans le pire des cas il n'y a pas de papa, maman l'ayant chopé au vol juste avant la quarantaine mais sans savoir comment le retenir après la nuit de conception. Le fiston unique a évidemment subi lui aussi les leçons intensives évoquées plus haut, mais toujours sur le mode geignard, au milieu d'un environnement crasseux et d'une extrême laideur, cerné par des voisins parlant très fort des langues imbitables, mais qu'il était pourtant tenu d'aimer aussi démonstrativement que possible s'il voulait avoir la paix avec son aigre génitrice. Dès qu'il a été en âge de marcher et de gazouiller des slogans stupides et agressifs, il s'est appuyé toutes les manifestations de rue que vous pouvez tout aussi bien imaginer sans moi – il en a conçu un violent dégoût des ballons multicolores et du taboulé. À 19 ans, il s'est aperçu qu'il n'avait que deux moyens pour tuer sa vieille ordure de mère : la défenestration ou le chagrin. Peu chaud pour une expérience carcérale – la peur de retrouver ses anciens voisins, avec leur culture si différente, si riche –, il a choisi le chagrin : il s'est inscrit au FN-Jeunesse et l'a ostensiblement fait savoir.
Évidemment, la redoutable carne a survécu à cette nazification filiale, elle hante toujours les églises à clandestins et les centres de transit où ses doucereux sourires font peur aux petits enfants noirs. Mais enfin, ça vous explique en partie le succès de Marine Le Pen auprès de notre belle jeunesse : il s'inscrit dans une opération plus vaste de matricide général.
Dans le meilleur des cas, papa a 50 ans, il vote socialiste sans illusion et casse les couilles à tout le monde avec sa soirée du 10 mai 81 ; Maman a quatre ans de moins, sensibilité plus écolo, et, elle, c'est avec le bilan carbone qu'elle pourrit la vie de la famille. Pour le reste, c'est leçons intensives de tolérance et de vivre-ensemble du matin au soir, depuis le berceau jusqu'à l'entrée en fac.
Dans le pire des cas il n'y a pas de papa, maman l'ayant chopé au vol juste avant la quarantaine mais sans savoir comment le retenir après la nuit de conception. Le fiston unique a évidemment subi lui aussi les leçons intensives évoquées plus haut, mais toujours sur le mode geignard, au milieu d'un environnement crasseux et d'une extrême laideur, cerné par des voisins parlant très fort des langues imbitables, mais qu'il était pourtant tenu d'aimer aussi démonstrativement que possible s'il voulait avoir la paix avec son aigre génitrice. Dès qu'il a été en âge de marcher et de gazouiller des slogans stupides et agressifs, il s'est appuyé toutes les manifestations de rue que vous pouvez tout aussi bien imaginer sans moi – il en a conçu un violent dégoût des ballons multicolores et du taboulé. À 19 ans, il s'est aperçu qu'il n'avait que deux moyens pour tuer sa vieille ordure de mère : la défenestration ou le chagrin. Peu chaud pour une expérience carcérale – la peur de retrouver ses anciens voisins, avec leur culture si différente, si riche –, il a choisi le chagrin : il s'est inscrit au FN-Jeunesse et l'a ostensiblement fait savoir.
Évidemment, la redoutable carne a survécu à cette nazification filiale, elle hante toujours les églises à clandestins et les centres de transit où ses doucereux sourires font peur aux petits enfants noirs. Mais enfin, ça vous explique en partie le succès de Marine Le Pen auprès de notre belle jeunesse : il s'inscrit dans une opération plus vaste de matricide général.
Bravo !
RépondreSupprimerVous êtes matinale, dites !
RépondreSupprimerPDLL
RépondreSupprimerJ'adore le titre ... Et j'ajoute que quand on a des parents à droite , on devient anarchiste ... Tout se perd , ma bonne dame . Heureusement qu'on en guérit , de la jeunesse . Notez que cette maladie est sexuellement transmissible , mais ça passe avec le temps .
Bien fait !
RépondreSupprimerPas un mot à retirer ni à ajouter. You've made my day!
RépondreSupprimer"cerné par des voisins parlant très fort des langues imbitables"
RépondreSupprimerÇa suffit, ces attaques contre le Breton ! Déjà que le Nouvel Obs trouve que les reprises de ritournelles bretonnes traditionelles amènent tout droit au vote Le Pen !
C'est pourquoi il ne faut surtout pas légiférer pour interdire la "bonne claque dans la gueule".
RépondreSupprimerSuzanne,
RépondreSupprimerIl est tôt quand même pour ça. Sinon, c'est vrai que le breton est une langue d'une absolue laideur - et je ne parle pas de leur musique...
(deux n à traditionnel)
RépondreSupprimerEh oh, pas si vite, les gens ! Laissez-moi le temps de prendre ma douche (ben oui : les nazis ça aime les douches – blague ignoble exprès)et d'arriver à Levallois !
RépondreSupprimerD'ailleurs, je file…
C'est à mourir de rire votre billet.
RépondreSupprimeret quand on a des parents qui sont à 8 h du mat devant la mairie pour aller voter, on n'a jamais su pour qui, ça fait des abstentionnistes?
Pour le taboulé, c'est pas faux.
RépondreSupprimerDorham: vous dites ça parce qu'à l'entendre, le breton ressemble un peu à l'arabe, sans doute ?
RépondreSupprimerDidier: si vous aviez des enfants collégiens, vous hallucineriez. Il ne se passe pas de jour sans qu'il n'y ait de cours, de débat, d'intervention de professeur dans n'importe quelle matière, sur la peur de l'Autre, le respect de l'Autre, le danger du retour du fascisme, l'admiration des différences, le devoir de mémoire envers les victimes du colonialisme, etc.
Ces harangues produisent un effet de catéchisme incantatoire, de plus en plus d'adolescents se déconnectent mentalement dès qu'ils reconnaissent la musique des premières phrases. Le lepénisme, c'est l'enfer; on l'invoque pour faire peur d'une façon pleine de bonne volonté, le plus souvent, à la base (pas de racisme à l'école !) mais les adolescents qui échappent à l'esprit de cité (de plus en plus influent à la campagne !) ne sont pas dupes. L'appel à la tolérance ne se fait pas sur le même ton pour toutes les tolérances, et il vaut mieux ne pas se plaindre, sous peine de se faire rappeler à l'ordre, du désagrément qu'il y a, par exemple, à être un sale feuj, un p'tit pédé ou une salope aux mollets découverts.
Tiens, Julie a changé! C'est Pétula qui lui a donné des leçons d'orthographe ?
RépondreSupprimerAvouez que vous les cherchez les rodomontades avec vos provocs
RépondreSupprimerSuzanne : tout cela remplace les bonnes leçons de morale d'autrefois…
RépondreSupprimerAu fond le gauchisme a remplacé le catholicisme dans sa forme la plus Saint Sulpicienne, celui de l'imagerie cucul des missels d'autrefois et d'aujourd'hui.
Avouez tout Didier, ce ne serait pas un peu l'histoire de Michel Houellebecq qui vous aurait inspiré l'idée que le glissement vers le "facisme" (triples guillemets de rigueur) est une forme de matricide ? Houellebcq n'est certes plus jeune mais en matière de carne redoutable il semble avoir décroché le pompom. On voit le résultat.
RépondreSupprimerAristide: non non non, Didier n'a pas piqué ses idées à Houellebecq, il les a trouvées dans un roman policier dont les dialogues, euh, ils sont bien les dialogues.
RépondreSupprimerJulie : ah, moi non plus, j'ai jamais su ! Et même encore maintenant. Probablement de Gaulle quand il y avait de Gaulle, mais ensuite…
RépondreSupprimerLa Mère Castor : j'ai hésité avec la salade de riz, mais ça faisait trop années 70.
Suzanne : mais évidemment ! c'est comme les discours d'endoctrinement dans les usines staliniennes, c'est le “viol par les oreilles” défini si drôlement par Gombrowicz dans Ferdydurke : on fait semblant d'écouter, ça finit par faire partie du bruit de fond.
Olivier : évidemment que je les cherche, tiens ! Mon côté joueur, sans doute.
Julie ; heureusement, ce catéchisme-là aussi est en train de nous fabriquer des bouffeurs de curés enragés. Les antiracistes de profession ont intérêt à garer leurs miches.
Aristide : ah non, je n'ai pas pensé à lui. enfin, pas pour ce billet en tout cas.
Suzanne-bis : mais comment faites-vous non seulement pour vous rappeler ces sottises mais en plus pour les retrouver ? J'en serais absolument incapable ! Cela dit, je ne suis pas mécontent de mes Indigestes de la République, que j'avais totalement oubliés : je m'en resservirai…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerz'avez bien fait, le taboulé est plus alter-mondialiste (on le dit moins, ça, ou je suis devenue sourde ?) On ne se lasse jamais d'une bonne salade de riz.
RépondreSupprimerDidier: m'enfin, ce n'est pas tous les jours qu'on devient personnage de roman, sous le doux pseudonyme de Marie-Suzette ! Giraudoux m'avait bien écrit un p'tit truc aussi, mais j'étais si jeune alors...
RépondreSupprimerMère Castor: Didier stigmatise le taboulé parce qu'il est fait avec de la semoule de couscous, et que le taboulé aux lardons, ça l'fait pas.
Ah, Marie-Suzette ! si vous saviez quelle passion j'ai pour le couscous, vous ne diriez pas cela !
RépondreSupprimerJ'ai bien compris le message. Je mets ma fille à la porte.
RépondreSupprimerMais non : collez-la dans un pensionnat religieux tendance intégriste : elle en ressortira en grande baiseuse gauchiste et vous serez content !
RépondreSupprimerJ'aime bien les T-Shirts et les tatouages... pourtant, mes parents étaient de droite... mais modérée, il est vrai.
RépondreSupprimerLaurent l'Anonyme
"Dans le meilleur des cas, papa a 50 ans, il vote socialiste sans illusion et casse les couilles à tout le monde avec sa soirée du 10 mai 81 ; Maman a quatre ans de moins, sensibilité plus écolo"
RépondreSupprimerMais dites donc, nés au début et au beau milieu des années 60, papa était encore à la communale et maman à la maternelle en 68 ! A 15 ans, papa écoutait les "no future" Sex Pistols et maman Starshooter. En 81, papa envisageait de voter Coluche (maman n'était pas encore majeure), il s'est alors rabattu sur un vote Chirac (beaucoup de jeunes votaient à droite par détestation des vieux babas de gauche déjà considérés comme ringards), avant de préférer Le Pen aux Européennes de 84 (un vote déjà majoritairement jeune !) C'est lors de la manif en faveur de l'école libre qu'il a rencontré maman; maman qui elle s'est pris la crise en pleine tête dès son entrée sur le marché du travail, au beau milieu des années 80, en plus de chlamydiae lors de ses premières relations sexuelles, et bien heureuse encore qu'elle n'ait pas chopé le sida (à l'époque, les journaleux soixante-huitard lui expliquaient que ce n'était pas dangereux et qu'un vaccin serait vite trouvé). Bref papa et maman votent aujourd'hui Marine et les enfants aussi. Le FN est devenu un vote familial.
"Mais non : collez-la dans un pensionnat religieux tendance intégriste : elle en ressortira en grande baiseuse gauchiste et vous serez content !"
RépondreSupprimerJe vous jure que cela marche bien , je l ai constaté avec ma soeur-grand !
Et cette photo, cette photo pour illustrer votre billet ! on sent l'amour, l'intelligence et toussa perler sur le front dégarni de ces belles brutes épaisses
Corto est un petit coquin
RépondreSupprimerCorto : en réalité, ils ressemblent au camarade CSP…
RépondreSupprimerPurement et simplement jouissif ! Merci mon Cher !
RépondreSupprimerC'est toujours extrêmement distrayant de lire les représentations d'un homme de droite, relatives à un monde qu'il ne connaît pas !
RépondreSupprimerMais, mon cher Denis, nous sommes tout ouïe : instruisez-nous, instruisez-nous !
RépondreSupprimer@Didier
RépondreSupprimerJe n'ai jamais été un adepte des diners de cons. ;+) En anglais, honeypot ?
Excellent billet, tout à fait jouissif ! Le titre avec la photo que vous avez choisie juste en dessous n'étant que la cerise sur le gâteau. Avez-vous remarqué comme ces temps-ci, quand un journaliste prend un appel d'un auditeur favorable au FN (je pense notamment aux Grande Gueules sur RMC), c'est toujours un vieux ? Cela permet d'y aller de sa petite remarque sur le fait que le FN est un parti qui n'attire que les vieux. Sauf que le FN est le premier parti chez les 18-25 ans...
RépondreSupprimerVoici d'ailleurs un lien qui prouve qu'on est bien conscient du problèmes chez ceux qui nous servent de conscience morale.
RépondreSupprimerCorrection : "problème" sans "s", évidemment.
RépondreSupprimer@Denis : "C'est toujours extrêmement distrayant de lire les représentations d'un homme de droite, relatives à un monde qu'il ne connaît pas !"
RépondreSupprimer"Un monde qu'il ne connaît pas"? Un Monde!!!?
Mais ce "monde" s'expose à longueur de journée sur toutes les chaînes de télé, toutes les radios, (France Inter du matin au soir par exemple…) toute la presse etc… J'en connais même un qui est de votre "Monde" est qui est journaliste influent au …"Figaro"…
Un monde? pourquoi pas une religion pendant que vous y êtes? Oh oui c'est vrai, c'en est une, pardon.
c'est un monde j'vous jure!
@Julie
RépondreSupprimerParce que, sans doute, vous croyez que ce monde dont vous nous parlez est de gauche ? Vous confondez, sans doute, être à gauche, comme le fut Mitterrand, et être de gauche, comme pouvait l'être un mineur du Pas de Calais.
L'expression de "Modernœuds" inventée par Didier pour qualifier tous ces gens ne me pose, en revanche, aucun problème. Je regrette d'ailleurs qu'Alain Rey ne l'ait pas introduite à l'édition du Robert de cette année. De là à prétendre parler de la gauche...Je préfère Didier évoquant le Saint Chrême qui nous patafiole. Là, on sent que c'est du vécu. ;+)
Dans cette rue des bons enfants - des chics types du NPD - on clame sa saine haine à l'encontre des pourrisseurs de l'Europe, devenue le cloaque du Tiers-Monde.
RépondreSupprimerQui s'en plaindra ?
" 21. Le peuple qui en autorise d'autres, issus de races différentes, à vire parmi eux, disparaîtra, parce que le résultat inévitable de l'intégration raciale est le métissage qui détruit les caractéristiques et l'existence d'une race. L'intégration forcée est un génocide sournois et délibéré, particulièrement dans le cas d'un peuple de race blanche, qui constitue aujourd'hui une faible minorité dans le monde. "
Les quatre vingt huit préceptes de David Lane.
Pas de "peur de l'Autre" comme diraient les gauchiasses, juste l'instinct de préservation.
Philippe Lemoine : inversement, ce qu'on peut voir des réunions du genre soutien aux clandestins (pour le dire vite) me font souvent penser au goûter de Noël d'une maison de retraite.
RépondreSupprimerJulie & Denis : je vous laisse faire plus ample connaissance…
Danny : l'expression “génocide par substitution” a d'ailleurs déjà été inventée. Par Aimé Césaire, poète pompeux et boursouflé, mais idole de Modernœud pour cause de négritude et de gauchitude mêlées.
Amusant, et tellement vrai. Mes parents étaient de vieux soixante-huitards. Et pas mal de mes profs au lycée étaient des gauchistes pur jus. Ils m'ont tellement bassinée avec les dangers du fascisme que j'ai fini par me dire que Mussolini était assez sexy, finalement.
RépondreSupprimerPour les courageux ou habitué de la lecture, peu nombreux j'en conviens :
RépondreSupprimerhttp://critidogme.free.fr/lettrouv.htm
La bêtise n'est jamais provocante... elle est simplement ennuyeuse.
RépondreSupprimerMon dieu ! la droite ne sait toujours pas rire avec sa tête, il faut toujours qu'elle le fasse avec son c..., d'où le vent mauvais de ces commentaires.
Ça sent le slip de cureton par ici (Pour ne rien dire de ce jeune homme qui cite un suprémaciste blanc) : un conseil ouvrez la fenêtre !
Mais pour vous faire plaisir citons les écritures : Ne juge pas et tu ne seras point jugé !
ps: dans vos églises on devrait plutôt dire "Ne touche pas et tu ne seras point touché".
LOL (c'est peut être ma remarque la plus provocatrice).
A la revoyure, écrivain de mes deux (n - à traditionnel comme cette formidable Suzanne le remarque).
Zorro, en bon gauchiste gauche, se rêve en redresseur de torts, chaque matin devant sa glace, sans imaginer une seule seconde que sa dernière heure est arrivée. Et oui Zorro, la partie est bientôt finie pour votre clique.
RépondreSupprimerSigné : ce jeune homme qui cite...