dimanche 25 novembre 2012

Jean de La Varende, gentilhomme normand et centaure de Dieu

Petit article écrit pour le bulletin paroissial de Pacy-Vallée d'Eure (numéro de décembre) :


Un écrivain qui serait à la fois normand et catholique ne pourrait être foncièrement mauvais. Justement, en voici un ! Promenade littéraire en Pays d'Ouche...

Jean de La Varende (1887 - 1959) n'est pas de notre époque, et sa Normandie n'est pas la nôtre. La sienne, que ce soit dans ses nouvelles, ses romans ou ses chroniques, est nimbée de la lumière des couchants, irisée par l'eau de ses minuscules rivières, mais aussi traversée de grands éclairs d'intrépidité furieuse, retentissante de serments lancés à la nuit par des gentilshommes désargentés mais dont rien ne saurait faire plier la fidélité au roi ni l'observance de l'honneur attaché à leur nom. 

Ouvrir un livre de La Varende, c'est se laisser entraîner à de subtiles et rêveuses Promenades au plus secret du Pays d'Ouche ; ou bien s'embarquer, l'épée à la main et le juron aux lèvres (mais jamais le blasphème !), sur les traces du comte de La Tainchebraye, le très-fameux Nez-de-Cuir, humble serviteur de Dieu mais fier conquérant de la belle Judith de Rieusses ; Nez-de-Cuir que l'on retrouvera bien des années après, vieilli, usé, mais toujours indomptable seigneur, dans Le Centaure de Dieu.
 
Il y a du chouan impénitent et magnifique chez Jean de La Varende qui, toute sa vie, resta attaché à la foi catholique et au royalisme de sa jeunesse. Il y a aussi, il y a surtout des personnages à la fois étincelants de toute la force de leurs convictions et de leur attachement charnel à cette terre normande qu'ils vivifient souvent de leur sang, mais aussi attendrissants et presque pitoyables parce qu'ils comprennent qu'ils n'ont plus tout à fait leur place dans le monde qui vient. Il y a enfin, une langue sinueuse, miroitante, parfois sertie de quelques pierreries un peu surannées, qui ne font qu'en rehausser l'éclat.


Les mots en gras et italique correspondent à des titres d'œuvres de La Varende encore disponibles aujourd'hui.

14 commentaires:

  1. être d'ici et catholique et en plus monarchiste…
    Rien que du trasch quoi! c'est dégoûtant…
    Z'aller encore vous faire engueuler par Léon…

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Personnellement, je m'étonne que cette saloperie soit encore en vente libre…

      Supprimer
  2. Il faut reconnaître que quand vous aimez ce n'est pas pour rire !
    Vous êtes comme un amant qui rendrait n'importe qui amoureux de sa maîtresse, rien qu'en lui en parlant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vraiment très bien, La Varende. Peut-être pas au point d'en lire douze d'affilée, mais c'est très bien.

      Supprimer
    2. Personnellement, je crois que j'ai une préférence pour ses nouvelles. Ses romans méritent amplement d'être lus, bien sûr : le tryptique "Le Centaure de Dieu" - "Le Troisième Jour" - "La Dernière Fête" est incontournable, sans parler de "Man' d'Arc" que j'aime aussi beaucoup, mais je trouve que c'est dans "Pays d'Ouche", "Les Manants du Roi" ou "Heureux les Humbles" que La Varende atteint les sommets de son art.

      Supprimer
  3. "être d'ici et catholique et en plus monarchiste…
    Rien que du trasch quoi! c'est dégoûtant…"

    Vous avez oublié collabo, monsieur Y.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La Varende ne fut nullement collabo. C'est une calomnie, répandue après-guerre par les épurateurs gauchistes du monde littéraire. Son seul crime fut de continuer à publier, sans se poser de question, dans des revues qui, elles, ont trempé dans la collaboration, mais jamais les écrits de La Varende n'ont été favorables à l'occupant, plutôt le contraire même. Si on lui reproche d'avoir continué à publier, il va aussi falloir se pencher un peu sur le cas de Sartre.

      Supprimer
    2. Qu'est que je disais plus haut dans le premier commentaire?!!!
      "Z'aller encore vous faire engueuler par Léon…"

      C'est fou ce que notre ami "résistant" est prévisible!

      Supprimer
    3. Mais peut-être n'a-t-il donné de la voix que pour vous faire plaisir ? Il a bon fond, Léon, vous savez…

      Supprimer
  4. Mais monsieur El Desdichado, sur ce blog, "collabo" est une qualité, vous ne le saviez pas? N'en privez point ce pauvre La Varende!

    RépondreSupprimer
  5. Royaliste et catholique, je suppose qu'il devait être pratiquant aussi le bougre, fusillé moi cette engeance dirait de nos jours les petits gars comme Léon.

    Léon mais vous êtes un collabo dans vôtre style, vous ne le savez pas encore. Tout cela dépend de qui gagnera cette guerre qui ne dit pas son nom, pour l'instant vous êtes dans le camp des gentils alors profitez en.

    RépondreSupprimer
  6. Enfin, tout de même, ce séducteur incorrigible de Tainchebraye, le gentilhomme d'amour, auquel on ne fait accepter qu'à grand peine les derniers sacrements, "humble serviteur de Dieu", fallait oser. Vous l'avez lu il y a longtemps, non ? Parce que même s'il apparaît dans le Centaure de Dieu, le personnage éponyme, ce n'est pas lui, c'est son neveu Gaston de La Barre, prêtre fervent et merveilleux cavalier. L'un et l'autre marquent les bornes de l'univers La Varendien : Gaston en est l’extrémité dans la sainteté, Tainchebraye l’extrémité dans le péché. Ce qui ne l’empêche pas d'être fascinant, et admirable d'une certaine manière, mais humble serviteur de Dieu ? Décidément, non, je ne peux pas vous laisser dire ça.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vous avez raison, l'expression est malencontreuse ! Et surtout ce “humble”…

      Supprimer
  7. "Rien de mieux qu'un fusil au bras n'autorise la flânerie d'un honnête homme"
    Je me suis souvent répété cette phrase alors que je traquais la bécasse avec mon braque. C'est extrait des Manants du roi, à mon avis son meilleur ouvrage. Mais Jean de la Varende c'est quand même une vision un peu romantique et mythifiée de l'ancien régime.

    RépondreSupprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.