Comme Proust est proche de Balzac ! et comme il en est éloigné ! Proche dans la mesure où À la recherche du temps perdu est bien un ensemble de Scènes de la vie mondaine, doublées de Scènes de la vie philosophique, dans lesquelles, comme chez Balzac, tout un monde se déploie et s'invente au fur et à mesure. Proche encore en ceci que les personnages créés par Proust dans les premiers volumes (Swann, Guermantes…) ne sont pas, au fond, si éloignés de ceux de Balzac : ce sont des caractères, essentiellement.
Mais éloignés, tout autant. Car si, chez Balzac, les caractéristiques de chaque personnage sont posées avec soin dès le départ, dans l'exposition, c'est pour ne plus varier ensuite. Leurs passions, leur volonté, leurs idées fixes peuvent se développer dans des proportions parfois monstrueuses, jusqu'à les tuer et répandre la ruine et la désolation autour d'eux (le baron Hulot, Balthazar Claës…), la première image que l'on a eue d'eux restera valable et agissante jusqu'au bout. C'est ce qui fait d'eux, cette fixité, cette solidité, des êtres éminemment sociaux. Chez Proust, rien de tel. Les personnages sont la proie des différents “moi” qui se succèdent en eux et qui les rendent si étrangers à eux-mêmes – et déconcertants pour autrui –, si fugitifs, qu'ils sont hors d'état de poursuivre le moindre but qui ne soit pas éphémère, incapable de tenir le moindre rôle social (en dehors de celui de pure représentation dans laquelle on nous les montre). C'est à ce point qu'un personnage peut subir trois ou quatre métamorphoses si violentes au fil de l'œuvre qu'il pourra en arriver à donner l'impression que ces “moi” successifs sont issus de la plume d'écrivains différents : dans les premières sections de la Recherche, je l'ai dit, Swann et Charlus pourraient grosso modo faire penser à des créations balzaciennes. Mais, dès la Prisonnière, Charlus se mue en un personnage de Dostoïevski, auquel ne manque même pas la volonté de rédemption, l'aspiration à la sainteté ; et, dans la fameuse scène sado-masochiste du Temps retrouvé, ce serait presque du côté de Georges Bataille qu'il faudrait se tourner.
Cette impossibilité à fixer une fois pour toute une identité profonde à un personnage donne à Proust une liberté dont Balzac ne pouvait pas disposer, et à laquelle, sans doute, il ne songeait pas. Liberté qui va croissant, notamment lorsque le Temps entre véritablement en scène, chez Proust, soit au stade de la Prisonnière, et que la rotation des “moi” se fait de plus en plus rapide et anarchique, tout en restant d'une impeccable cohérence. Cela lui permet des bizarreries de comportement qui demeurent parfaitement lisibles et qui auraient été interdites à Balzac. Je pense par exemple à cette incidente qui, au moment où Mme Verdurin (dans les derniers volumes, je ne sais plus où exactement) devient un véritable monstre de cruauté, une sorte d'ange destructeur, nous apprend en quelques lignes que, dans le même temps, et en toute discrétion, elle fait verser une pension régulière au malheureux Saniette afin de lui permettre de vivre une vieillesse paisible ; Saniette que son mari et elle avaient pris plaisir à torturer publiquement et à humilier durant des années. Chez la plupart des romanciers classiques, et pas seulement eux, ce
trait passerait pour une étrangeté, une lubie de l'auteur, une volonté
un peu naïve de dérouter à tout prix ; chez Proust, non : c'est un autre
“moi” qui s'exprime, peut-être resurgi pour un instant d'un passé
lointain et enfoui, peut-être annonciateur de celui de demain.
Chez Balzac, chaque personnage est, comme dirait l'autre, une force qui va ; chez Proust c'est une impuissance qui tourne.
Chez Balzac, chaque personnage est, comme dirait l'autre, une force qui va ; chez Proust c'est une impuissance qui tourne.
La "bonne action" des Verdurin est très ambiguë. Proust laisse plus ou moins entendre qu'ils "entretiennent" Saniette comme on "entretient" des animaux domestiques destinés au sacrifice (V. ce que René Girard dit du lien entre l'apparition de l'élevage et l'institution du bouc-émissaire -- j'ignore si RG s'est quelque part servi de cet exemple). Les Verdurin seraient bien embarrassés s'ils perdaient leur souffre-douleur.
RépondreSupprimerPour mémoire, la scène de l'exécution de Saniette :
RépondreSupprimer" Presque aucun des fidèles ne se retenait de s’esclaffer, et ils avaient l’air d’une bande d’anthropophages chez qui une blessure faite à un blanc a réveillé le goût du sang. Car l’instinct d’imitation et l’absence de courage gouvernent les sociétés comme les foules. Et tout le monde rit de quelqu’un dont on voit se moquer, quitte à le vénérer dix ans plus tard dans un cercle où il est admiré. C’est de la même façon que le peuple chasse ou acclame les rois."
Je découvre (merci Google) que vous aviez déjà consacré un billet à cette question : http://didiergouxbis.blogspot.fr/2009/03/saniette-lagneau-de-dieu.html
RépondreSupprimerEh ! je l'avais complètement oublié, celui-là ! Je viens de le relire grâce à vous et, au risque de paraître ridiculement vaniteux, je ne le trouve pas si mal…
SupprimerDu coup, je rétablis le lien.
"si, chez Balzac, les caractéristiques de chaque personnage sont posées avec soin dès le départ, dans l'exposition, c'est pour ne plus varier ensuite."
RépondreSupprimerIl y a sans doute des exceptions, par exemple l'éclatante conversion de Denis Minoret (le vieil athée endurci) à la fin de "Ursule Mirouët" (un des meilleurs Balzac il me semble, sans être le plus fameux).
La riposte hollandaise en force !
PS. Jamais lu Dostoïevski et il faudra bien m'y mette, pour commencer vous me conseilleriez lequel et dans quelle traduction ?
Traduction d'André Markowicz, sans conteste (éditions Babel). Et pourquoi ne pas commencer par le premier des “grands romans”, à savoir Crime et châtiment ?
SupprimerC'est noté merci.
Supprimerincroyable, vous m'avez donné l'envie de lire À la Recherche, performance qu'aucun de mes professeurs de français ni de culture générale n'a réussi...je vous tiendrai au courant
RépondreSupprimerLancez-vous ! Et en oubliant tout ce qu'on a pu vous en dire.
SupprimerJe ris beaucoup en lisant Proust, je n'ai pas le souvenir d'avoir ri en lisant Balzac.
RépondreSupprimerAh mais si : il y a beaucoup d'humour, chez Balzac ! Mais sans atteindre à celui de Proust, tout de même, qui reste notre plus puissant auteur comique avec Molière.
SupprimerA égalité avec Céline, à mon humble avis.
SupprimerJe sais que l'on est très célinien, dans les cercles où je vous lis habituellement ! En ce qui me concerne, j'aurais tout de même du mal à hisser Céline jusqu'à Proust ou Molière. Tenez, d'ailleurs, je n'essaie même pas…
SupprimerJe suis confus comme si j'avais cité au cours d'un dîner le nom d'un ennemi de la maison.
Supprimer(Il y a pourtant tant de points communs entre Proust et Céline !)
Ne le soyez nullement ! Je compte, au sein de ce cénacle, un certain nombre d'amis, je crois, et j'y vais chaque jour que Dieu fait…
SupprimerQuestion : Faut-il lire les œuvres de Balzac dans l'ordre de parution ou finalement ça n'a que peu d'importance?
RépondreSupprimerPar quoi commencer?
Dans l'ordre de parution, certainement pas. Dans l'ordre que Balzac a donné à la Comédie humaine, c'est ce qu'il y a évidemment de mieux, à mon sens. Seulement, comme le souligne Tcheni juste en dessous, encore faut-il savoir si l'on va “accrocher” à Balzac. Donc, son idée des deux ou trois “coups de sonde” préliminaires me paraît bonne. en ce cas, je vous conseillerais volontiers Le Père Goriot. Ou Eugénie Grandet. Ensuite, si ces deux-là vous ont donné envie de vous y mettre vraiment, reprendre depuis le début avec La Maison du chat-qui-pelote…
SupprimerPour commencer je conseille "La peau de chagrin". On est dans l'action dès les premières lignes.
SupprimerCher Didier,
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ce billet fort intéressant. Il est vrai, que par nature ou presque, la Comédie humaine est fixiste, comme une peinture à l'instant t de la société, quand la Recherche s'attache à ce qui n'est plus (ce qui a donc changé).
Mildred, essayez Petites Misères de la vie conjugales, pour voir.
MonsieurY, je me souviens d'une réponse de Didier à cette même question : puisque Balzac a déterminé un ordre, pourquoi ne pas le suivre ? Mais peut-être voudra-t-il en changer cette fois... (Je pencherais moi pour une lecture d'abord plus butinante, ne devenant systématique qu'une fois le poisson bien ferré.)
D'accord pour des débuts “butinants”…
SupprimerLa générosité désintéressée des Verdurin à propos de Saniette ne fait aucun doute dans ce dialogue entre les époux ( la prisonnière ):
RépondreSupprimer« Voilà un homme qui sera mis demain à la porte par son propriétaire, qui va se trouver dans la dernière misère (...)Mais il tient beaucoup à son chez lui. En somme, il a eu une première attaque, il ne pourra guère vivre plus de deux ou trois ans. Mettons que nous dépensions dix mille francs pour lui pendant trois ans. Il me semble que nous pourrions faire cela. Nous pourrions, par exemple, cette année, au lieu de relouer la Raspelière, prendre quelque chose de plus modeste. Avec nos revenus, il me semble que sacrifier chaque année dix mille francs pendant trois ans ce n’est pas impossible"
Le narrateur confirme la grandeur du geste des Verdurin quelques lignes plus loin :
"D’abord cela m’eût acheminé plus rapidement à l’idée qu’il ne faut jamais en vouloir aux hommes, jamais les juger d’après tel souvenir d’une méchanceté car nous ne savons pas tout ce qu’à d’autres moments leur âme a pu vouloir sincèrement et réaliser de bon ; sans doute, la forme mauvaise qu’on a constatée une fois pour toutes reviendra, mais l’âme est bien plus riche que cela, a bien d’autres formes qui reviendront, elles aussi, chez ces hommes, et dont nous refusons la douceur à cause du mauvais procédé qu’ils ont eu."( ) "C’était un homme ( monsieur Verdurin ) capable de désintéressement, de générosités sans ostentation, cela ne veut pas dire forcément un homme sensible, ni un homme sympathique, ni scrupuleux, ni véridique, ni toujours bon."
La complexité humaine est au coeur de la recherche et c'est ce que dit Marie-Gineste ,l’une des deux courrières du Grand’Hôtel de Balbec ( " Sodome et Gomorrhe") :
« Ah! voyez-vous, Monsieur, on ne peut jamais savoir ce qu’il peut y avoir dans une vie.»
Marie Gineste qui, rappelons-le, est une vraie personne, apparentée à Céleste Albaret, qui est, si j'ai bonne mémoire, l'autre courrière.
SupprimerMichka,
SupprimerProust, dans les extraits que vous citez, décrit très nettement le geste des Verdurin comme une "bonne action". C'est incontestable. Mais il me semble que le propre de Proust est de toujours mettre en doute implicitement ce qu'il dit expressément. Par exemple, il y a une scène de Guermantes où Proust entre dans son roman pour nous dire tout le ridicule qu'il pense des préjugés contre les Juifs, avant de reprendre sa narration. Or, quelques paragraphes plus loin, Bloch se comporte comme l'exacte caricature d'un Juif (avarice et sans-gêne). J'aurais pu aussi prendre comme exemple ce que dit Proust (ou son narrateur) de l'amitié, de la fidélité d'Albertine, des talents financiers de Norpois, etc... Bref, je pense qu'il ne faut jamais prendre à leur valeur faciale les affirmations de Proust. Quand Proust affirme une chose, on peut être certain qu'il la rétractera ultérieurement, puis q'il niera sa rétractation, etc... En l'occurrence, je maintiens donc que le geste des Verdurin est sacrément ambigu, et mon interprétation me semble renforcée par les thèses de Girard sur les rapports entre l'élevage et l'institution du bouc-émissaire.
Très bonne mémoire Didier.Il convient de noter que céleste Albaret est également le vrai nom de la servante dévouée de Proust qui accompagna l' écrivain ( à compter de 1913 ) jusqu' à son dernier souffle.
RépondreSupprimerLes mémoires de Céleste (Monsieur Proust), écrits avec Georges Belmont, son passionnants et, souvent même, fort émouvants.
SupprimerTrès beau billet Didier.
RépondreSupprimerJe suis moins d'accord avec vous quant à conseiller les traductions d'André Markowicz du moins pour commencer à entrer dans l’œuvre de Dostoïevski. Il me semble que Markowicz ajoute de la confusion à la confusion, ce qui finit par rendre l'accès difficile.
Une traduction plus "classique" permet dans un premier temps d'effectuer un travail de débroussaillage. Quitte à y revenir plus tard, quand les mauvaises herbes ont repoussé et ce en compagnie d'André Markowicz
Vous avez peut-être raison, à propos des traductions. Celles de Markowicz, découvertes il y a sept ou huit ans, je ne sais plus trop, fut pour moi une révélation, par rapport aux anciennes (celle de Pierre Pascal notamment) : j'ai eu l'impression de découvrir vraiment le profond comique, et même la bouffonnerie, qui anime la plupart des grandes scènes chez Dostoïevski.
SupprimerMais, évidemment, il m'est difficile, sinon impossible, de m'imaginer découvrant Dostoïevski directement chez Markowicz…
Baraglioul,
RépondreSupprimerLe moteur de la recherche est le renversement qui explique les " bizarreries de comportement" mentionnés par Didier dans son beau billet.Comme l' a écrit Barthes toute la recherche est à l’ image d’ un gant retourné : chacun des personnages du livre se trouve être à la fin du récit l’ exact opposé du profil présenté au début .Le lecteur assiste au fil des volumes à de multiples retournement de situation en ce qui concerne Bloch, Saint Loup, Mme Verdurin, etc,...
Deux exemples du renversement proustien me viennent à l’ esprit:
D’ une part, dans le petit train de Balbec, une dame solitaire laide, vulgaire lit la Revue des deux mondes; le Narrateur la prend pour une tenancière de maison close; mais au voyage le Narrateur apprend que cette dame est la princesse Sherbatoff, femme de grande naissance, la perle du salon Verdurin.
D’ autre part ,le Baron de Charlus fait l’ objet de multiples transformations du premier au dernier volume: d'abord présenté comme l'amant de Madame Swann, plus tard comme un symbole de virilité auprès des femmes dans les salons, son homosexualité est dévoilé au début de Sodome et Gomorrhe puis son masochisme dans le temps retrouvé.
C’ est pourquoi je considère que la « bonne action » les époux Verdurin s’ inscrit plutôt dans le droit fil de cette loi du renversement dégagée par Barthès.
Ce billet est excellent.
RépondreSupprimer" Chez Balzac, chaque personnage est, comme dirait l'autre, une force qui va ; chez Proust c'est une impuissance qui tourne. "
Une question : De quel troisième auteur pourrait-on tirer la syntaxe de l'ensemble cité ci-dessus, ou disons qui pourrait s'exclamer ainsi en vous lisant sur les deux sujets ici comparés ; " Vous ne perdez rien pour attendre ! " ?
Michka,
RépondreSupprimerJe n'ai jamais rien lu de Barthes (et je ne sais donc comment il étaye sa thèse), mais, à première vue, l'image du "gant retourné" me semble insuffisante. Ainsi que j'avais essayé de l'expliquer dans mon commentaire précédent, Proust se contente rarement de "retourner" le gant : il le retourne, puis le retourne de nouveau, puis, encore une fois..., si bien que le lecteur ne sait jamais réellement ce qu'il en est (le "cas Charlus" excepté).
Par exemple, pour ce qui concerne le saphisme d'Albertine. Après la mort de celle-ci, Andrée fait au narrateur une sorte de "confession" des moeurs d'Albertine, de sorte que le lecteur est conduit à penser qu'il connaît enfin le fin mot de l'histoire. Mais, quelques mois après, Andrée revient sur ses paroles, et le lecteur se retrouve plongé dans l'incertitude.
Il en est de même de l'enquête qu'Aimé réalise à la demande du narrateur. Aimé obtient des manières de "preuves" (le témoignage de la préposée aux douches, la marque de morsure sur le corps de la petite blanchisseuse), mais Proust laisse planer une incertitude (les témoins sont-ils bien fiables ?).
Il en est encore ainsi des rapports entre Albertine d'une part et la fille de Vinteuil et son "amie" d'autre part. D'abord, cela vient comme une "révélation" expliquant rétrospectivement toute l'histoire, mais ensuite Albertine prétend n'avoir fait cet aveu que pour briller aux yeux du narrateur.
Il me semble aussi me souvenir que l'on finit par apprendre que la naissance de la princesse Sherbatoff n'est pas si haute que ça et que celle-ci, la princesse, est assez méprisée dans le salon.
Bref, tout cela pour dire que, à mon sens, la théorie de Barthes, telle que vous me la présentez, est assez simpliste. Proust se contente rarement d'un simple retournement. Le fait que les Verdurin soient présentés comme des gens insupportables ne nous permet donc pas de conclure que l'on découvrira leur bon coeur à la fin.
(Vous avez écrit "multiples retournements". En raison du contexte, j'ai'interprété cet adjectif comme signifiant qu'il y avait des retournements à propos d'un grand nombre de personnages. De même, le Baron fait l'objet de "multiples transformations" mais non de "multiples retournements" (sauf par Jupien et ses amis) : toutes ces transformations vont dans le même sens. Charlus constitue donc une sorte d'exception à mes yeux.)
Mais est-ce que, là, on ne passe pas à côté de ce que dit vraiment Proust ? Pour rester sur le cas d'Albertine, il me semble que savoir si elle a eu ou non des aventures saphiques est finalement tout à fait secondaire. Le vrai “message” que Proust nous délivre est que, je crois, lorsque la passion s'est diluée, lorsque le “moi” du narrateur est devenu autre, un “moi” qui n'aime plus Albertine (qui, du coup, est elle-même devenue autre, vivante ou morte), on se fiche absolument de savoir si elle a eu ce type de comportement ou pas. Du reste, il le dit expressément, dans La Fugitive.
SupprimerBaraglioul,
SupprimerProust aime brouiller les pistes mais la plupart convergent vers le renversement ou coup de théâtre. Ce dernier figure parmi de multiples occurrences dans le roman et concerne :
-une mutation sociale inattendue : on peut citer à cet égard le cas de Mme Verdurin qui vomissant l’ aristocratie devient dans « le temps retrouvé » la princesse de Guermante en épousant le Prince, ruiné.
-la révélation des mœurs d’ un personnage : le narrateur découvre l’ homosexualité de Saint Loup ( qui a une liaison avec charlie Morel ) ou celle du prince de Guermantes.
Bien entendu ceci n’ est qu’ une clé de lecture de la recherche.
Oui, c'est vrai. Mais je nuancerais toutefois un petit peu : la question des moeurs d'Albertine est parfaitement secondaire, mais elle existe tout de même. Proust "nourrit" son roman de façon à amuser le lecteur et à le conduire sans qu'il s'en doute à prendre un intérêt à la "thèse" philosophique exposée dans le roman. (D'ailleurs, en fait, il y a de très nombreuses "thèses" : outre la mémoire involontaire et l'amour-jalousie, le salut par l'art, etc...)
SupprimerMichka,
SupprimerIl me semble en effet que l'expression "coup de théâtre" est bien choisie pour désigner un certain nombre de "renversements" qui interviennent dans les trois derniers tomes, mais c'est selon plus un défaut qu'une qualité.
A partir de la La prisonnière (i.e., à partir des volumes que l'auteur n'avait pas réellement eu le temps d'achever), il me semble que par moments Proust verse un peu dans le paradoxe facile et le théâtre de boulevard. (Ce qui fait ressembler Proust au Bergotte vieillissant.)
On apprend ainsi que Legrandin sait se montrer charmant avec la tante du narrateur et qu'il s'est choisi Théodore comme "mignon", que Jupien est un cousin d'Odette, etc, etc.
Autant de "coups de théâtre" qui ne s'inscrivent dans aucune logique et me semblent simplement destinés à amuser et surprendre le lecteur. Bref, les trois derniers tomes sont à mes yeux bien inférieurs au reste (même s'ils contiennent aussi d'excellents morceaux).
(En revanche, l'homosexualité de Saint-Loup et l'ascension sociale de Mme Verdurin me paraissent s'inscrire dans la logique du livre.)
Tout à fait d' accord avec vous Baraglioul à propos des derniers tomes.Ainsi que vous l' indiquez fort justement ces derniers n' ont pas pu être revus et corrigés par l' auteur et partant acquérir comme en peinture ce rendu ou fini extraordinaire qui caractérise le style de Marcel Proust.
SupprimerDidier vous avez raison.
RépondreSupprimerLa recherche est une cathédrale qui comporte plusieurs arches ( l' enfance,la mémoire,le moi stable, le moi changeant,le renversement,l' amour proustien,ect,...).
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerBalzac, qui peut être très drôle comme dans Le Cousin Pons, reste un narrateur neutre. Proust baigne dans son roman et vieillit avec lui de sorte que son regard change en même temps que ses personnages. Il lui arrive de revoir son jugement ou de découvrir chez l'un ou l'autre un aspect caché qui lui révèle qu'il s'était trompé.
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