Je voudrais bien savoir, pure curiosité, quel petit démon pervers m'a poussé, hier soir, à rester épandu devant le téléviseur de minuit à deux heures, pour y regarder L'Union sacrée, film de ce gros balourd bien pensant d'Alexandre Arcady (Et in Arcadia ego : vous repasserez !). En dépit d'un scénario mal foutu, écrit à la truelle, utilisant toutes les ficelles sentimentalo-policières de ce type de film français ; malgré des dialogues dont les acteurs – pas mauvais du reste – avaient bien du mal à sortir vivants, je n'ai pourtant pas tout à fait perdu mon temps.
Comme la plupart des cinéastes n'ayant rien à dire, Arcady se croit tenu de délivrer des messages : le nombre de télégraphistes contrariés que l'on trouve dans le cinéma français peut facilement donner le vertige. L'intrigue – si l'on peut dire : cette histoire d'un banal exténué n'est propre à intriguer personne –, l'intrigue repose sur un couple de flics nouvellement formé, lesquels, au départ, se détestent. L'un est juif (Bruel), l'autre arabe (Berry : jouer un Arabe quand on se nomme Berry, ça vous a déjà des allures de Grand Remplacement avant l'heure). Au moins Arcady ne nous prend-il pas en traître, il affiche du lourd dès la fin du générique : un Juif et un Arabe vont apprendre à se connaître et devenir frères dans l'épreuve commune. Lumière rouge ! Signal sonore ! Bip ! bip ! attention, risque de chute de symboles pendant deux heures !
Les deux guignols, qui passent l'essentiel de leur temps de travail à échanger de pesants mots d'auteur, sont confrontés à une bande de terroristes arabes très très méchants, qui ont établi leur base parisienne à couvert d'un centre culturel et cultuel musulman. À la fin ils perdent, non sans avoir flingué l'ex-femme de Patrick Bruel (qui pourtant n'est pas juive mais s'est arrangée pour coucher avec Richard Berry). Durant le temps que ça prend (du temps on en perd d'ailleurs beaucoup, puisqu'il faut s'appuyer un ou deux déjeuners dans l'épicerie-restaurant de Marthe Villalonga, ce qui est toujours une épreuve, même quand Robert Castel n'y est pas), le message essentiel du film nous sera martelé à au moins trois reprises, si ce n'est davantage (je somnolais un peu, tout de même) ; et c'est Berry, en tant qu'Arabe supposé, qui est chargé de faire le porte-voix. Cela donne à peu près ceci :
Si je me bats contre ces salopards, c'est parce qu'ils déshonorent ma religion, dénaturent le message de paix et d'amour du Coran, jettent la suspicion sur des millions de musulmans très gentils à qui il font autant horreur qu'un chancre purulent au bout de leur bite.
Pas de quoi fouetter une femme adultère, me direz-vous, puisqu'on nous ressasse ce genre de choses à peu près tous les jours qu'Allah fait. Seulement, le film date de 1989. On était encore au tout début de ce qui allait advenir, et dans quoi nous sommes plongés, mais Arcady, en génial précurseur de la bienpensance future, avait compris qu'il fallait commencer tout de suite à mettre en images, et en phrases plombées comme une roulotte de romanos, un concept encore tout neuf mais promis à un fulgurant avenir, celui bricolé peu de temps avant par ce bon Khomeiny : l'islamophobie. C'est ainsi que, croyant faire un film sur le terrorisme, Monsieur Alexandre s'est retrouvé dans la peau d'un apprenti démineur de futures bombes sociétales. Les émules n'allaient point tarder à lui venir.
J'ai un message d'erreur quand je clique sur "publier". Avec la modération, je ne sais pas si le commentaire est passé.
RépondreSupprimerBref...
C'est un film de 1989, pas de 1988, ce que je sais parce que je viens de vérifier (je le croyais plus vieux, avant l'époque SOS Racisme et tout ça).
Je rectifie : c'est mon magazine de programmes qui m'a enduit avec de l'erreur. Sinon, il était impensable que cela date d'avant SOS racisme : Arcady n'est pas Sauter, il ne voit pas ce qui va arriver, mais se contente d'enregistrer les thèmes "porteurs" du moment. Bref, c'est un nul.
SupprimerAh non, il est bien de 88 : les vignettes auto semblent plus vertes que jaunes (Si, si...)
SupprimerUn sale truc, que cette vignette auto pour casser de manière radicale l'atmosphère d'un film.
Sans : le doute subsiste, l'histoire est intemporelle.
Mais avec...
Ainsi, quand on voit le bel hexagone de la vignette 84 dans le film "Le thé au harem d'archimedes", on y croit plus...
Amike
D'un autre côté, il semble normal qu'un film tourné en 1988 puisse sortir en 1989…
SupprimerA propos de la publication des commentaires, effectivement, parfois nous avons droit à une confirmation nous indiquant que le message a bien été pris en compte et parfois pas... Ce qui fait que je publie souvent deux fois pour être certain, ce dont je tiens à m'excuser auprès de M. Goux qui doit penser que j'ai une forte tendance au radotage précoce. C'est un bon entraînement, cela dit, pour quand je serai vieux (et donc encore plus réac d'après les thèses de certains contributeurs du billet précédent).
SupprimerPas mal comme billet, pour une fois.
RépondreSupprimerLa femme assassinée est d'ailleurs incontournable et, en fin de compte, le véritable sujet de ces contes de fés virilo-virils au-dessus desquels planent le soi-disant esprit divin (à grosse bite au vent). Ces vieilles histoires doivent affirmer et réaffirmer sempiternellement la prééminence de la mâlitude afin que le monde ne sombre point dans le néant : sorte d'énorme vagin terrifiquement vide tel le puits sans fond.
Un trou noir quoi.
La peur des machos qui leur fait éjaculer des films si ridiculement pleurard serait risible si elle n'était pas totalement mortifère.
Et du côté de la musulmanophilie comme affirmation de la fraternité womenfree, ça cartonne.
C'est curieux, cette impression que j'ai de n'avoir pas vu le même film que vous…
SupprimerOui, c'est très bizarre : avec ces bites au vent, ce vagin énorme et ces éjaculations dans des trous noirs, on ne sait plus s'il est question d'Arcady ou de Marc Dorcel !
Supprimer"(Et in Arcadia ego : vous repasserez !)" : et bien si, vous venez de nous avouer que vous y êtes resté deux heures...
RépondreSupprimerQue voulez-vous, par définition le cinéma n'est qu'une suite de clichés…
RépondreSupprimerOui, enfin, là, c'est vraiment à la louche !
Supprimer- MonsieurY (pensif assis sur le sofa du salon) : "Que voulez-vous, par définition le cinéma n'est qu'une suite de clichés…"
Supprimer- Didier Goux (toujours debout, pensif, près de la cheminée, après quelques secondes de silence) : "Oui, enfin, là, c'est vraiment à la louche !"
- Adhémar (se sert un whisky et assène) : "Il n'y en a finalement que 24 par seconde"
Ce qui m'étonne, c'est que les méchants ne soient pas de méchants zombis nazis mais en 1989, la morale socialiste n'avait pas encore commencé son oeuvre de destruction massive.
RépondreSupprimerPar contre la droite avait commencé depuis quinze ans son œuvre de destruction massive avec le regroupement familial.
SupprimerLes cinéastes français sont des "télégraphistes contrariés" : excellent !!
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