L'argumentaire était alléchant, nous y avons cédé. (Bien qu'il n'entre pas dans nos habitudes de regarder la télévision avant huit heures et demie du soir, mais les circonstances, en ce moment, sont particulières.) Donc, voici : en 1945, après l'effondrement germanique du dernier espoir de survie de la civilisation occidentale, les lambeaux du régime nazi se sont réfugiés sur la face cachée de la lune (Dark side of the moon, dans le langage adopté par ce chef-d'œuvre finlando-teuton, probablement pour un plus grand retentissement international). Il y ont construit un gigantesque complexe intersidéral en forme de croix gammée dextrogyre (ce qui est bien le moins), ainsi qu'un énorme vaisseau spatial baptisé Götterdämmerung (kolossal finesse) et destiné à reconquérir la Terre, ce qui est prévu pour 2018 : gare à vos miches. Rien que de très normal, donc, jusqu'ici.
Le film commence au moment où une mission spatiale, dont on ne comprend rien, barre en sucette et a pour résultat de larguer l'un de ses membres sur la falaise qui domine notre sympathique complexe séléno-hitlérien. Il est évidemment capturé (par des types en tenue SS mais avec masques à gaz puisqu'on est sur la lune, où il n'y a guère plus d'air respirable que dans les chambres à gaz de nostalgique mémoire). Le fait que ce cosmonaute soit noir ajoute évidemment à la perplexité de ces braves nazis, un peu déconnectés, depuis 70 ans, des réalités terrestres et des charmes du multiethnicisme.
Il y a un savant fou qui ressemble à Einstein, lequel refuse de croire que le smartphone du terrien inattendu est vraiment un ordinateur. Il y a aussi sa fille, une blonde gretchen qui donne des cours de nazisme aux enfants lunaires, à partir des cinq minutes du Dictateur de Chaplin où on le voit, sur fond de Lohengrin, jouer au ballon avec un globe terrestre, preuve indubitable que le führer voulait le bien de l'humanité. Sa rencontre avec le spatio-nègre crée chez elle une sorte de commotion racialo-sexuelle, qui va la conduire, une heure et demie plus tard, à devenir le porte-étendard à la fois de l'anti-nazisme et de l'antiracisme en acte (sexuel, toujours).
Après, l'affaire s'embrouille assez nettement, si je puis dire. On croise une présidente des États-Unis qui ressemble à Sarah Palin, sa première conseillère qui imite Bruno Ganz imitant Hitler dans sa résidence berlinoise souterraine, et deux ou trois autres de moindre importance ; et il y a une guerre terrible qui se déclenche, sans qu'on parvienne bien à comprendre qui frappe quoi, ni qui est contre qui. À un moment, deux nazis de-la-face-cachée arrivent sur terre (comme ils sont très cons, ils gardent leurs masques à gaz, ne sachant probablement pas que l'atmosphère est respirable), et on les surprend à feuilleter un magazine de cul. Ils trouvent curieux que les femmes, sur terre, n'aient pas le moindre poil là où en ont les femelles de la face cachée de la lune ; l'un d'eux note que, si par hasard elle ont conservé une certaine pilosité intime, celle-ci ressemble à la moustache de leur führer défunt (que Dieu l'ait en Sa Sainte Garde). Ils rigolent derrière leurs masques inutiles et conviennent que cela les excite quand même un peu.
À la fin, les gentils gagnent, la face cachée est violemment niquée, il manque un bon quart de lune, comme une pomme dans laquelle on aurait croqué ; et la blonde, devenue antinazie militante, parce qu'elle a finalement vu Le Dictateur en entier dans un cinéma du Bronx, roule des pelles lippues au cosmonaute divers, en lui promettant des lendemains qui batifolent.
Sue vous fassiez de la propagande nazie est une chose, c'est pour ça qu'on vous aime. Mais vous avez écrit "ils rigolé", faute qu'aucun blogueur de gauche n'aurait osé faire.
RépondreSupprimerD'abord, je n'avais pas écrit "ils rigolé" mais "ils rigole".
SupprimerEnfin, bon : c'est corrigé.
Après avoir erré tout le dimanche parmi les blogs abandonnés et déjà couverts d'une fine couche de poussière, nous arrivâmes enfin en vue de l'oasis de Maître Goux.
RépondreSupprimerExquise hospitalité, nous y attendait une petit remontant des plus audacieux, de quoi passer tout le reste de la soirée dans un état proche de la zone 51...
Ils restait des glaçons, pour votre zone 51 ?
SupprimerZone 51, Nevada, lieu d'aterrissage extraterrestre dans les années 50, occupé par l'armée US.
SupprimerSite emblématique pour les fans de science-fiction dont vous êtes, notamment le dimanche soir...
Arrrhhhh !
RépondreSupprimerJ'y avais pensé…
SupprimerMais comment, ai je pu rater un tel chef d'oeuvre.
RépondreSupprimerVous ne perdez pas grand-chose : ç'aurait pu être beaucoup plus drôle. Scénaristes un peu paresseux…
SupprimerCombien de bouteilles de riesling aviez-vous sifflées avant de regarder de film ? Parce que, franchement, votre compte-rendu...
RépondreSupprimerMême pas une entière !
SupprimerPuisque le docteur Arié se permet de vous poser cette question, j'ose : combien de bouteilles de riesling aviez-vous sifflées avant de m'envoyer ch... lors du précédent billet ?
SupprimerDites donc, le duo d'alcoo-flics, faudrait voir à mettre un peu une sourdine à vos inquisitions morales !
SupprimerBonne fête, Didier !
SupprimerBuvons un coup, buvons en deux,
à la santé des amoureux,
à la santé du roi de France,
et merde pour le roi d'Angleterre qui nous a déclaré la guerre !
Ah ben ! Y'en a au moins un qui y a pensé…
SupprimerUn excellent film, puisque les méchants perdent à la fin.
RépondreSupprimerOui, c'est le côté rassurant de l'affaire.
SupprimerJ' ai oublié de vous poser une question de la plus haute importance:ces nazis lunaires, étaient ils aussi cannibales?
RépondreSupprimerJe ne sais pas : on ne les voit jamais à table…
SupprimerHélas, non, pas le moindre zombi, tout le monde était ordinairement vivant.
RépondreSupprimerIl faut le prendre en second degré évidemment, malgré tout les effets spéciaux sont plutôt bien fait par rapport au budget du film. Je l'ai vu aussi pour la bande son de l'excellent groupe Laibach.
RépondreSupprimerD'accord avec vous, et j'en faisais la remarque à Catherine juste après le film : pour le budget que l'on devine fort modeste, les effets spéciaux sont loin d'être déshonorants.
SupprimerCirconstances particulières ou pas, vous n'avez aucune excuse ! Vous auriez pu au moins attendre le nouveau Ken Loach pour vous déchaîner.
RépondreSupprimerIl y a belle lurette que je me tiens soigneusement à l'écart des films de cette vieille ordure antisémite.
SupprimerJe n'ai pas souvenir de la moindre déclaration antisémite de Ken Loach : antisioniste, oui, mais c'est autre chose.
SupprimerAh, c'est vrai : j'oublie toujours ce très large fossé qui sépare les méchants antisémites des gentils antisionistes.
SupprimerCinéaste 'engagé", c'est tout dire...
SupprimerVous ne trouvez aucune qualité littéraire à des antisémites ouvertement assumés comme Céline, Morand, Charonne, Rebatet, etc. ? On peut être moralement puant et avoir du talent.
SupprimerOui, c'est exact. Disons, alors, que le talent de Mr Loach a une tendance persistante à m'échapper. Un peu comme celui des frères Dardenne, par ailleurs.
SupprimerLa subtile différence entre un antisémite et un antisioniste semble vous échapper, Didier. Permettez que je vous explique : l'antisémite est celui qui, dans une manif anti-israélienne, défile au cri de « Mort aux juifs ! », tandis que l'antisioniste est celui qui, dans la même manif, juste à côté, défile au cri d' « Israël assassin !» tout en désapprouvant les propos du premier.
SupprimerIl va de soi que tous deux sont antiracistes.
Antiraciste va de soi, désormais, pour n'importe quel être humain. Tout comme mammifère ou omnivore. Toute personne non estampillée antiraciste sera aussitôt rayée du tableau des représentants de l'espèce.
SupprimerPas vu le dernier Ken Loach, mais lu le synopsis : « Le long-métrage raconte le parcours de Daniel Blake, un menuisier de 59 ans, contraint de faire appel à l'aide social à la suite de problèmes de santé. Alors que son médecin lui interdit de travailler, il est contraint par l'administration de trouver un emploi sous peine de sanction. Au cours de ses rendez-vous à l'agence pour l'emploi, il rencontre Rachel, une mère célibataire de deux enfants, forcée d'accepter un logement à 450 kilomètres de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d'accueil. »
SupprimerÇa donne envie d'aller le voir, hein ?
Que ne commentez-vous de tels chefs-d'œuvres, fruit du génie d'artistes désintéressés, proches du peuple et sachant prendre des risques, plutôt que ces productions bassement commerciales, populaires, voire, osons le dire, populistes, et à tout le moins peu citoyennes !
Sans me vanter, je pense que je serais tout à fait capable de produire des billets amusants à partir des films de cet Anglais peine-à-jouir. Le problème est qu'il faudrait, avant, que je les visionnasse. Et, franchement, je ne m'en sens ni la force ni le courage.
SupprimerIl fallait faire du cosmonaute noir un réfugié soudanais, limite érythréen, avec un lourd passé de marches forcées dans divers déserts, suivies d'une traversée épique sur une mer démontée.
RépondreSupprimerLà, il y a une Palme d'Or pratiquement assurée.
Il manquait encore deux ou trois bricoles au film, pour être digne d'une Palme : pas assez emmerdant, ne se prenant pas suffisamment au sérieux, etc. De plus, il n'y avait ni Isabelle Huppert ni Marion Cotillard, ce qui est une faute grave.
Supprimerha vous aussi vous trouvez que Izabelle Hupper ( mais au dessus de quoi) est infernale?
Supprimeravec l'âge, la malheureuse s'est racornie , rancie, desséchée et n'incarne plus que des personnages acariâtres et tête à baffe
ou alors totalement dingo comme dans "la pianiste" de haeneke
Ces cons de gauchistes choisiraient "tout sauf les nazis" si on leur laissait le choix de l'envahisseur-dictateur a venir (pourtant les nazis restent quand meme des etres humains relativement bien elevés si on les compare aux zombies vampires loups garous extra terrestres tribus du tiers monde et autres islamos-sectaires de tout poil) Bande de cons Mais je suppose qu'entre le métissage généralisé et la transformation de l'ensemble de l'espèce humaine en etres démoniaques ou en esclaves déportés dans des mines d'une quelconque planète tournant autour de trois soleils, c'est kif kif bouricot
RépondreSupprimerPour l'instant, les cons de gauchistes pavoisent : les petits hommes verts, meilleur rempart contre les nazis. En Autriche.
SupprimerCe film est un chef-d'oeuvre de série B !!
RépondreSupprimerEn relisant votre billet : il a l'air très bien, ce film !
RépondreSupprimerTrop génial! Le texte bien sûr, et le film ensuite^^^^
RépondreSupprimerJe m'inscris en faux quant à votre assertion mon cher Fredi. Iron Sky est un film fort honnête qui prend le parti de reprendre les codes des films de série B et Z, mais avec de forts beaux effets spéciaux qui n'ont rien à envier aux grands studios hollywoodiens. C'est un film qui ne se veut pas sérieux, mais qui au passage décoche quelques flèches bien senties sur les débilités de notre époque. J'en avais d'ailleurs fait une chronique : https://chroniquesdesabusees.wordpress.com/2015/07/11/les-nazis-sont-de-retour-et-ils-viennent-de-loin/
RépondreSupprimerJ'avais tout à fait oublié que l'ami Koltchak avait fait de ce film, l'année dernière, une critique nettement plus copieuse et détaillée que la mienne. On la lira avec profit, elle est ici.
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