Vous êtes allé chercher votre superbe maîtresse à l'aéroport JFK et vous rentrez ensemble dans votre Mercedes dernier modèle : direction Park Avenue où se trouve votre appartement à trois millions de dollars. Votre maîtresse, Maria, habite à quelques blocs de là, avec son vieux mari – il a près de trois fois son âge –, un milliardaire juif qui a bâti sa colossale fortune en organisant dans le monde entier des charters pour les musulmans désireux de se rendre à La Mecque. Soudain, parce que la circulation est très dense, vous ratez la bretelle de sortie qui devait vous ramener tout droit à Manhattan... et vous voici dans le Bronx. Un simple détour ? Pas exactement. Vous vous appelez Sherman McCoy, vous faites partie des “maîtres de l'univers” de Wall Street – mais votre descente aux enfers vient de commencer.
Lire
les 900 pages du Bûcher des vanités de Tom Wolfe revient à pénétrer au
cœur d'un mécanisme d'horlogerie aussi complexe que minutieusement
implacable, dont chaque rouage vous broie un peu plus que le précédent.
Le roman regorge de personnages aux intérêts différents, et souvent
divergents, mais qui, à mesure qu'ils se précisent et se durcissent, se
mettent à converger vers une unique certitude : Sherman McCoy doit
payer. Depuis le maire blanc de New York jusqu'au “Révérend” noir
champion de toutes les grandes causes antiracistes et expert en
détournement de fonds publics et privés, en passant par un journaliste
anglais alcoolique, deux flics irlandais, un substitut du procureur du
Bronx, etc., tout le monde se retrouve d'accord : cet immense chapeau
sous lequel ils tiendraient tous ensemble sans problème, il faut
s'arranger pour que le petit génie de Wall Street le porte seul. Et ils vont s'y employer, avec une bonne conscience féroce.
Si l'on ne devait lire qu'un seul des quatre gros romans de Tom Wolfe, il faudrait que ce fût celui-là qui est son premier, écrit alors qu'il approchait de la soixantaine : coup d'essai tardif, éclatant coup de maître. Notamment par sa maîtrise totale des personnages, “ondoyants et divers”, dont vous, lecteur, ne saurez jamais avec certitude s'ils sont à aimer, à plaindre, à haïr ou à mépriser, parce que chacun d'eux sera tout cela à divers moment de l'histoire, cette histoire qu'ils croient faire et qui en réalité les emporte.
Comme tous les véritables romans, Le Bûcher des vanités est sans morale préconçue, ni conclusion définitive. Si l'on devait absolument lui en trouver une, il conviendrait qu'elle fût modeste et ce serait sans doute celle-ci : la prochaine fois que vous reviendrez de l'aéroport, faites bien attention à ne pas manquer votre bretelle de sortie.
Je rappelle que si le rom de Wolfe est remarquable, la grosse bouse cinématographique qu'en a tiré un certain De Palma est à fuir absolument.
RépondreSupprimerDG
Très bien, Tom Wolfe !
RépondreSupprimerUn spécialiste du parcours initiatique !
C’est très bon pour le moral !
Et à cent coudées au-dessus de ce niais de Paulo Coelho.
Le Rabouilleur
À dire vrai, je ne vois même pas quel rapport pourrait bien s'établir entre ces deux-là...
SupprimerDG
Hello Didier J 'ai lu ce livre (sur conseil de la mère qui l 'avait lu sur ton conseil ) sheeeuumannn a raté sa sortie mon père disait de se méfier des avocats et des journalistes sur ce coup la il avait pas tort ; sinon a pensé a vous depuis l 'auvergne et la ballade avec les chiens sur les plateaux
RépondreSupprimerAh oui, excellent souvenir ! Sans parler des fromages de l'ami Antoine… et des vins qui les accompagnaient.
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