Notre voyage commençait mal, il faut l'admettre : bien que partis à six heures du matin de la maison, nous avons tout de même dû affronter des bouchons sur les différentes autoroutes qui bordent la région parisienne. Ensuite, une fois le trafic derrière nous, filant vers Orléans, j'eus l'occasion d'éprouver mon premier véritable agacement de la journée.
Depuis notre dernier passage, la Beauce, si merveilleuse dans sa platitude même, ses imperceptibles ondulements (1) d'orge et de blé, la Beauce avait été furieusement saccagée, assassinée, réduite à néant. En une poignée de saisons funèbres, une armée d'abrutis antinucléaires et josé-bovins l'avaient tout hérissée de centaines d'éoliennes, ces sinistres caricatures de moulins.
Je couvris mentalement d'insulte la racaille écolo-obscurantiste, vraisemblablement responsable de cet attentat absurde, priant qu'un trait de feu lui accablât le chef ; j'eus une pensée émue et attristée pour Charles Péguy, qui venait ici jouer son dernier personnage ; enfin, vaincu, je fermai les deux yeux dans ma froide épouvante. Rêvant sans trop y croire que, déjà, quelque part, en des lieux secrets et très anciens, des légions de Quichotte s'armaient silencieusement afin de courir sus à ces moulins des enfers.
Depuis notre dernier passage, la Beauce, si merveilleuse dans sa platitude même, ses imperceptibles ondulements (1) d'orge et de blé, la Beauce avait été furieusement saccagée, assassinée, réduite à néant. En une poignée de saisons funèbres, une armée d'abrutis antinucléaires et josé-bovins l'avaient tout hérissée de centaines d'éoliennes, ces sinistres caricatures de moulins.
Je couvris mentalement d'insulte la racaille écolo-obscurantiste, vraisemblablement responsable de cet attentat absurde, priant qu'un trait de feu lui accablât le chef ; j'eus une pensée émue et attristée pour Charles Péguy, qui venait ici jouer son dernier personnage ; enfin, vaincu, je fermai les deux yeux dans ma froide épouvante. Rêvant sans trop y croire que, déjà, quelque part, en des lieux secrets et très anciens, des légions de Quichotte s'armaient silencieusement afin de courir sus à ces moulins des enfers.
(1) Je sais que le mot ondulement n'existe pas : je l'ai créé en hommage à Péguy.
Ah ! Didier, que vous me faites plaisir ! Je croyais être la seule à pester contre ces monstres.
RépondreSupprimerJ'emprunte depuis longtemps cette autoroute et j'avoue que lorsque j'ai vu les premières éoliennes j'ai prié le ciel pour que ce soient les dernières. Hélas, trois fois hélas, elles se sont multipliées à la vitesse V et c'est un paysage splendide qui est complètement massacré...
Le problème est que l'implantation d'éoliennes rapporte un beau petit pactole aux propriétaires des terrains. Que voulez-vous faire contre cela !
P.S. : "ondulement" est un mot splendide.
"paysage splendide".
RépondreSupprimerBof, je ne l'aime pas du tout. Ce n'est pas une raison pour le défigurer, d'accord. Mais les lignes à haute tension, les hangars, les centrale nucléaire etc ... nous gâchent bien le paysage aussi !
La Beauce, un paysage splendide ? Je reviens d'en prendre, et décidément, non merci ! Les éoliennes y apportent une touche plutôt sympa, je trouve ! Maintenant, bon, c'est moderne, ça offre à Mr GOUX un petit moment de râlerie stylée, pourquoi le priver de son plaisir (et du mien) ?
RépondreSupprimerRhâ non, la Beauce, c'est franchement lassant. C'est déjà la nature dégradée, pas un bosquet sur des kilomètres à la ronde, alors des éoliennes au milieu du grand vide, pourquoi pas !
RépondreSupprimer:-)
[Cela dit, d'un point de vue économique, c'est une sacrée pantalonnade. Pour cet aspect des choses, je râle tout autant !].
Je trouve au contraire que les éoliennes sont de très beaux objets dont l'emploi part d'une intention louable à l'efficacité maintes fois démontrée. Vous qui vous souciez si souvent de l'avenir de notre beau pays, devriez parfois élargir votre angle de vue à d'autres critères que ceux que vous ressassez généralement.
RépondreSupprimer:)
Catherine,ce que j'aime dans ces paysages c'est leur étendue "vide". Rien, ou presque, n'arrête le regard. Sans doute la raison pour laquelle j'aime tant les déserts, et en premier lieu le "désert français" : la Lozère et ses grands Causses !
RépondreSupprimerJesumarijosette, ces voyages sont décidemment un calvaire !
RépondreSupprimerDe Toulouse à contre-sens des mots, aux moulins de la Beauce, c'est vraiment pas lol.
Peut-être faudrait-il pour te rendre la France plus douce, rouvrir les mines de charbon, et y envoyer bobos, gauchistes, Martine-à-vélo et autres alter-sodomites ?
Misère, y'a des jours où faudrait pas quitter son tonneau.
:D
Il est assez plaisant, je dois dire, d'entendre des usagers des autoroutes pester contre le massacre des paysages par les implantations d'éoliennes géantes. Car enfin, excusez-moi, Monsieur Goux et Madame Geneviève, mais ces putains d'autoroutes que vous semblez emprunter l'âme sereine (oui, je sais, j'extrapole sans doute un brin, mais merde, si on n'a plus le droit à un minimum de mauvaise foi, la vie n'est plus tenable) font mille fois plus de dégâts, bien plus dévastateurs et beaucoup plus durables, tant à l'encontre de sites naturels que de constructions humaines, que ces mâts à hélices, pour lesquels je n'éprouve pas par ailleurs une admiration béate.
RépondreSupprimerJe serais même, pour tout dire, plutôt d'avis que, vues de près, les éoliennes ont très nettement tendance à perdre de cette « poésie » qu'on peut leur trouver lorsqu'elles apparaissent, au loin, comme autant de petits moulinets battus par les vents. Et je trouve, moi aussi, qu'il se dégageait infiniment plus d'émotion de la ligne d'horizon des champs de blé de la Beauce sans leur présence (à ceux, d'ailleurs, de vos commentateurs qui semblent douter de la beauté d'un tel paysage, plus d'un Beauceron pourrait aisément soutenir, sans pour autant nécessairement connaître la Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres, qu'il y a peu de choses aussi admirables qu'un coucher de soleil sur l'océan des blés beaucerons).
Quant aux multiples bienfaits supposés des éoliennes, j'avoue que je me pose de plus en plus de questions à ce sujet en entendant ces voix qui régulièrement dénoncent le rouleau compresseur de la propagande du lobby, non pas, cher Monsieur Goux, de gentils écolos irresponsables et moralisateurs, mais, bien plutôt, des industriels de l'éolien, sans parler des innombrables faveurs qui seraient faites auxdits industriels. Il n'empêche, comparés à tous les privilèges exorbitants dont ont pu bénéficier les concessionnaires d'autoroutes depuis les années 60 pour défigurer et polluer durablement la France, ces avantages font plutôt pâle figure, si vous me passez cette image un peu faiblarde.
Du moment que ça fait de l'électricité pour alimenter les frigos !
RépondreSupprimereh bien moi, je n'aime pas la Beauce et j'adore les eoliennes ! Et en plus je suis de gauche ! Mais que suis-je venue faire dans cette galere !
RépondreSupprimerGeneviève, c'est les étendues de culture, sans un arbre qui me déplaisent. Le seul intérêt de la Beauce, c'est quand on arrive en vue de Chartres et de sa cathédrale.
RépondreSupprimerDes bières fraîches pour "moins cher ?", enfin, peut-être, ça fait réfléchir :))
RépondreSupprimerChieuvrou,
RépondreSupprimerIl y a des autoroutes qui s'intègrent parfaitement dans le paysage. L'A75 en est un parfait exemple, du moins jusqu'à Montpellier.
Je n'ai rien (ou pas grand-chose) contre les éoliennes tant qu'elles restent en nombre limité. En revanche, les "champs" d'éoliennes, tels ceux de la Beauce, défigurent complètement le paysage. Il est aisé de ne pas voir une autoroute, impossible d'échapper aux éoliennes.
Personnellement, ce qui me fait quand même bien rire, ce sont les écolos. D'un côté ils font un tapage de tous les diables pour que l'on enterre les lignes à haute tension (atteinte aux paysages...) et de l'autre ils bagarrent comme des dingues pour implanter des éoliennes. Un peu shizos, non ?
Les comportements écolos sont souvent antinomiques. Les éoliennes sont bruyantes, moches (pas plus qu'une centrale d'accord) et bousillent oiseaux et chiroptères pourtant bien utiles. La rentabilité est quant à elle très discutée, à moins d'accepter de payer plus cher le Kwh...
RépondreSupprimerGeneviève : moi aussi j'adore le désert et les causses.
Je suis d'accord en tous points avec le dernier commentaire de Geneviève. Ce qui m'évite les réponses personnalisées !
RépondreSupprimerJe crois savoir que la rentabilité de ces machins est loin d'être prouvée, ainsi qu'il est affirmé plus haut dans les commentaires. Mais je ne suis en effet pas un spécialiste, loin s'en faut.
Il est vrai qu'une centrale nucléaire se voit d'encore plus loin. Mais d'une part, ça ne bouge pas sans arrêt (il est donc plus facile d'en faire abstraction), et d'autre part, il y en a beaucoup moins. Et, au moins, c'est efficace...
(La petite tirade pro-nucléaire était une tentative de me débarrasser du costume de passéiste borné dont certains voudraient me vêtir en toute circonstance.)
Mais non, mais non !
RépondreSupprimerDe toute façon, soyons clairs, rien ne fait plus de mal que le développement durable...développer durablement, c'est juste un autre truc pour dire : "on continue comme avant mais on va reculer l'échéance le plus longtemps possible"...
RépondreSupprimerCette terminologie contient en elle-même les germes de son futur échec...
Tiens, j'y penserais ce soir en me lavant avec mon gel douche Ushuaïa !
Vu d'ailleurs la réaction des pouvoirs publics à la soi-disant crise financière, on se dit que l'idée fait du chemin dans tous les domaines...
Didier:
RépondreSupprimerC'est pas possib'. Vous n'avez que des défauts. Horribles, en plus.
Mais qu'irez-vous donc chercher la prochaine fois, hein ?
Suzanne (qui trouve ça beau, les éoliennes sur une ligne de crête)
ondulement.: [], (il) ondule []. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1746 «avoir un mouvement sinueux» TLF
RépondreSupprimerQuand même !
Dorham : vous avez sans doute raison. Pour ma part, j'en suis encore à chercher le sens exact de cette malencontreuse formule.
RépondreSupprimerSuzanne : je n'ai en effet que des défaut, sauf celui d'empêcher quiconque d'aimer les éoliennes !
Pour ondulement, je m'étais contenté du Petit Robert, à tort apparemment.
Si, je vous en prie. Vous pouvez m'empêcher d'aimer ces machins utilisé par des types pour gagner de l'argent sur le dos de la collectivité, globalement nous qui payons des factures à EDF qui paye l'électricité vendue aux particuliers qui installent ces cochonneries.
RépondreSupprimerPluton,
RépondreSupprimerJe descends à la fin de la semaine en Lozère. Sur le Causse Méjean, j'aurai une pensée pour vous :-)
Vous trouvez toujours un os à ronger, Monsieur Goux.
RépondreSupprimerComme je n'aime pas la Beauce, et que je me dis qu'il faut tout essayer pour trouver des sources d'énergie non polluante, je suis bien content qu'elles poussent par là, plutôt qu'au sommet des collines provençales. En plus, la Beauce, c'est le pays des céréaliers bourrés de fric, de subventions européennes… Si c'est vraiment rentable, on peut leur faire confiance pour faire pousser des champs d'éoliennes à perte de vue. Il suffirait peut-être d'accorder les pales pour en tirer des compositions musicales sublimes qui réconcilieraient tout le monde.
RépondreSupprimerMais c'est inouï, voilà que je me retrouve aux côtés des lecteurs gauchistes de ce blog, par ailleurs fort estimable ; c'est beau une éolienne, c'est magnifique même ! Ca agrémente ce plat pays dont le seul mérite est de nous fournir en grains. Et puis consolez-vous en considérant qu'elles sont l'oeuvre d'ingénieurs et non de sbires de Cohn Bendit (allez, ces jolies courbes, ces ellipses prometteuses, non ?)
RépondreSupprimer@ Geneviève, pour l'A 75, demandez aux riverains ce qu'ils en pensent de son intégration au paysage !
dom,
RépondreSupprimerJe parlais, très égoïstement, du point de vue de l'automobiliste ! Le paysage est superbe et on oublie facilement que l'on est sur une autoroute (d'ailleurs pratiquement déserte, surtout quand on aborde la Lozère).
C'est sans doute moins vrai pour les riverains, je suis bien d'accord avec vous.
Ah, ça, évidemment, si la si parfaite intégration de l'autoroute dans le paysage s'apprécie à partir de sa toto, la vision est comme qui dirait un peu faussée. Cela rappelle un peu le fameux mot de Maupassant selon lequel le meilleur restaurant de Paris était, à ses yeux, celui de la Tour Eiffel, au motif que c'était le seul endroit de la capitale d'où on ne pouvait pas voir la Tour Eiffel.
RépondreSupprimerEt si on enterrait les éoliennes ?
RépondreSupprimerBalmeyer : mort de rire ! Voila qui est VRAIMENT une solution écologique ! :-)))
RépondreSupprimerQuicoulol, sort de ce corps !!!
Oui. Et avec la terre extraite pour faire les trous, on pourrait faire des montagnes pour rendre la Beauce... heu... bossée.
RépondreSupprimerBalmeyer et Nicolas : vous voyez que les gens de gauche sont parfois capables d'avoir des idées ! C'est encourageant pour le prochain congrès du PS...
RépondreSupprimerDidier Goux : du coup, votre titre "monde de girouettes" colle parfaitement à l'actualité du congrès socialiste !
RépondreSupprimer:-))
Mordelol, les éoliennes enterrées par les membres du PS!
RépondreSupprimerJ'imagine le chantier...
"Panique chez les lombrics!"
Suzanne
Lorsque je suis arrivé en Bretagne, et ai découvert les fameux outils écologiques, je les trouvais plutôt élégants.
RépondreSupprimerEn faisant un tour dans mon Centre natal (mais côté Orléans, pas côté Bourges), j'en découvre quelques unes. Réaction positive jusqu'à ce que je découvre, à mesure que nous avancions, que ces choses envahissaient de plus en plus le superbe horizon de cette région ignorée.
Lorsque les éoliennes isolées feront place à des champs entiers, serons-nous toujours enthousiaste ?
Jean-Baptiste,
RépondreSupprimerMoi aussi (qui suis Breton) trouvait ça amusant dans le paysage au début quand je voyageais chez les autres...