À côté de cela, des qualités proprement houellebecquiennes sur lesquelles il n'est pas nécessaire de revenir, et aussi une nouveauté frappante. On commence, dès les premières pages ou presque par nous présenter un couple sur le point d'entrer dans la cinquantaine : couple en miettes où les deux époux ne se parlent plus et font non seulement chambre mais aussi réfrigérateur à part, Madame ayant sombré dans le véganisme pendant que Monsieur continue d'avaler les charcuteries les plus riches en graisses saturées. On se dit alors qu'on est bien chez Houellebecq… sauf que, contre toute attente, cet homme et cette femme vont, vers le milieu du roman, se rapprocher l'un de l'autre et connaître une sorte de rebirth sentimental et sexuel, comme une plante que l'on croyait morte laisse soudain pointer une ou deux pousses vert tendre.
Cette “possibilité d'une renaissance” (de l'amour, du désir, de la tendresse, de la compréhension mutuelle, de la parole) voilà qui me semble tout à fait neuf chez Houellebecq. Mais qu'on se rassure, on ne versera pas dans l'Harlequinade non plus : le cancer n'a pas dit son dernier mot…
(L'illustration que j'ai choisie deviendra compréhensible à qui lira le roman…)
Brèfle : faut lire ou pas ?
RépondreSupprimerC'est comme vous le sentez…
SupprimerNon.
SupprimerCe roman ne présente aucun intérêt, contrairement à la plupart des précédents romans.
C'est long et monotone, ça ressemble à la réalité socio-politique actuelle, c'est tout.
Je regrette d'avoir acheté un bouquin harlequinien aussi long qu'un boudin sans fin.
Il ne s'agit certainement pas de son meilleur roman… mais encore moins de la "daube" évoquée par la commentatrice qui vous suit immédiatement.
SupprimerVous avez vu inscrit "le bon coin" sur mon front ?
RépondreSupprimerNon, rien à voir.
RépondreSupprimerBravo pour ce beau billet !
RépondreSupprimerOn reconnait le véritable artiste qui ménage sa monture et le monde de l'édition qui est si petit.
Vous irez loin, jeune homme !
Ceci dit, dans une réalité dystopique, une fiction dystopique ne procure AUCUNE possibilité d'une Ile mystérieuse où vous pourriez vous évader.
Je trouve que Houellebecq ressemble de plus en plus à Artaud.
RépondreSupprimerMais Artaud, lui, avait cette excuse que tous les 6 mois, il entrait à l'asile d'aliénés, pour six mois. Houellebecq n'a pas cette excuse.
A moins, évidemment, que l'asile d'aliénés soit à l'extérieur de l'asile d'aliénés.
Après avoir lu quelques critiques, j’ai eu l’impression que ce roman sonnait comme le chant du cygne.
RépondreSupprimerHeureusement vos résumé est plus porteur
Hélène
Il me semble que l'œuvre complète de Houellebecq n'est qu'un vaste chant du cygne.
SupprimerDans les années soixante et soixante-dix, avec Barthes, Ricardou et autres momies oubliées, on faisait plutôt dans le champ du signe…
SupprimerLe cygne fait sens, mais sens interdit.
SupprimerJe lis de moins en moins les médias, mais je n'en ai pas trouvé encore un seul qui orthographie son titre "anéantir ", avec un "a" minuscule, comme l'a voulu l'autreur. Beaucoup de critiques littéraires se contentent de lire la 4ème de couverture, mais là, aucun ne pousse jusqu'à la 1ère...
RépondreSupprimerQuestion que je me suis posée (sans en trouver la réponse) : cette "graphie" vient-elle d'une volonté exprimée de l'auteur… ou a-t-il laissé faire son éditeur ?
SupprimerJe penche pour la première hypothèse, mais allez savoir…
Question subsidiaire : est-ce qu'on doit "pencher pour" ou, plus logiquement me semble-t-il, "pencher vers" ?
SupprimerQuestion sub-subsidiaire: les média ou les médias, et avec ou sans accent ?
SupprimerMédias, évidemment.
SupprimerÇa dépend si on utilise le mot français (" les médias") , le mot latin ("les media") , ou le mot anglo-saxon (" les medias").
SupprimerJe vous propose un truc tout simple : vous dites "médias" quand vous parlez en français, "media" quand vous vous exprimez en latin et "medias" quand vous jaspinez en british.
SupprimerVous pouvez aussi tenter de reprendre une activité normale, plutôt que vous (me) poser des questions à la con.
Tiens, pas bête, ça ! Je " penche vers" votre suggestion.
SupprimerCher Monsieur makq,
RépondreSupprimerC'est à l'évidence une faute de frappe ayant échappé à la relecture, laquelle, plus vigilante, aurait substitué "aurait" à ce malencontreux "avait".
Je ne vois pas ce que le prix vient faire là-dedans ! Et puis, essayez donc de me trouver UN livre qui soit absolument dépourvu de fautes : même dans la Pléiade vous n'y parviendrez pas.
RépondreSupprimerIl ne s'agit pas ici de rewriting (j'aimerais voir la réaction de Houellebecq si, chez Flammarion, on se permettait de le récrire !), mais de correction. En ce domaine comme dans à peu près tous les autres, on "vise" la perfection, on y "tend", mais on ne l'atteint jamais.
RépondreSupprimerEncore une fois, je vous défie de me trouver un seul livre ne comportant AUCUNE faute, de quelque nature qu'elle soit.
Et vous savez le pire de tout ? Quand un auteur a pour la première fois son nouveau livre en mains et qu'il l'ouvre au hasard, "pour voir", vous pouvez être sûr que ses yeux vont tomber aussitôt sur la seule grosse faute que lui et les correcteurs auront tous laissée passer, ce qui anéantira d'un coup tout le plaisir qu'il se promettait d'en tirer !
La vie est une longue vallée de larmes…
Houellebecq m’a confié qu’il introduisait dans son livre la remarque d’un personnage sur le nombre important d’Arabes dans un village du Beaujolais pour voir si les journalistes de France Inter mordaient à l’hameçon. Ça n’a pas loupé. Propos raciste et scandaleux digne de Renaud Camus.
RépondreSupprimerLe livre est un très bel objet qu’on aime à manipuler. Il a eu une bonne idée. Et la ficelle au milieu est très pratique.
C'est ce qu'on pourrait appeler un "appeau à crétins"…
SupprimerQue pensez-vous de l'analyse de Philippe Bilger ?https://www.philippebilger.com/blog/2022/01/michel-houellebecq-an%C3%A9antir-son-g%C3%A9nie-fait-le-contraire-.html
RépondreSupprimerJe pense qu'il aurait dû laisser "reposer son admiration" durant quelques jours, le temps de retrouver un certain sens de la mesure.
SupprimerLe texte de Me Bilger pose un prloblème: que l'orthographe "anéantir" ait été voulue ou concédée par l'auteur à son éditeur ( ce qu'on ne saura jamais), ce titre doit conserver sa première lettre comme une minuscule, ce qui est un nèologisme orthographique qui a été respecté sur la 1ère de coverture ... mais ne l'a pas été lorsque le terme constituait le 1er mot d'une phrase ou d'un paragraphe de Me Bilder, qui fait ainsi disparaître le néologisme voulu pou accepté par l'auteur. Je n'ai pas souvenir d'une erreur d'un éditeur sur le titre d'un roman.
SupprimerJ'ai pensé à vous en lisant une critique positive, très positive du dernier roman dans un magazine féminin.
RépondreSupprimerLa critique était très courte, et les arguments faibles : style fluide, intrigue captivante, personnages attachants. Il ne manquait plus que : La France, terre de contrastes.
Donc, les ventes doivent plafonner, et les attachées de presse faire des heures sup. Bien fait pour elles !
Entretemps il s'est marié... avec un très beau chapeau haut-de-forme.
RépondreSupprimerQuant aux deux livres: c'est ce qui me sidère toujours chez Houellebecq, on dirait qu'il ne sait pas raconter d'histoire. Ce sont des morceaux, des morceaux bons ou mauvais, mais des morceaux. (Pas lu celui-ci, mais j'imagine, et ça me décourage un peu).
C'était tout de même moins sensible, ce côté "morcelé", dans ses premiers romans, il me semble.
SupprimerPour ce qui est du chapeau, je me pose la question depuis ce matin, relisant Le Côté de Guermantes (non maius quel snob, ce Goux !) : doit-on dire "haut de forme" ou bien "haute forme" ? Proust, à quelques pages d'intervalle, utilise tantôt l'une, tantôt l'autre…
"Il me semble que l'œuvre complète de Houellebecq n'est qu'un vaste chant du cygne" : ah mais j'aime beaucoup ce commentaire Didier!
RépondreSupprimer