samedi 30 janvier 2016

L'année terrible

Propriété des Flaubert à Croisset

1846 est une année terrible, pour le pauvre Flaubert. Dès janvier, son père meurt brusquement, à 61 ans. Deux mois plus tard, il perd sa sœur cadette, Caroline, qui semble ne s'être jamais relevée de son accouchement de février. Pour le lecteur d'aujourd'hui, cette deuxième mort surtout est regrettable. Gustave et Caroline étaient fort proches et s'écrivaient beaucoup dès lors qu'ils étaient séparés, fût-ce de quelques kilomètres. Or, si l'on en juge d'après les lettres d'elle que l'on possède (rcueillies dans le premier volume Pléiade de la Correspondance), Caroline avait l'esprit intelligent, vif, drôle, d'une tournure assez comparable, sur quelques points au moins, à celui de son aîné. On peut donc supposer que, après la consommation de sa rupture avec Louise Colet, en 1854, c'est à Caroline que Flaubert aurait écrit, chaque nuit ou presque, pour se décharger de la tension accumulée durant ses heures de travail. Ainsi aurions-nous pu suivre l'élaboration et la progression de Salammbô et de L'Éducation sentimentale, des Trois Contes ou de Bouvard et Pécuchet, avec autant de détails que nous en lisons à propos de Madame Bovary dans les lettres de l'écrivain à sa collante poétesse. Et, justement, le troisième moment crucial de cette année 1846, pour Gustave, c'est sa rencontre avec Louise, dans l'atelier de l'un de ses amants, le sculpteur James Pradier ; il va mettre huit ans à s'en défaire, bien qu'il semble s'y essayer pratiquement dès le début de leur liaison, laquelle se déroule pour l'essentiel à distance prudente, lui à Rouen, elle à Paris, avec rencontres furtives et très espacées à l'auberge de Mantes. Car, si fou que cela paraisse, il y avait encore à cette époque, dans notre bonne ville de Mantes, de ces lieux d'accueil ancestraux où le voyageur et le simple passant étaient autorisés à pénétrer sans avoir à ôter leurs babouches préalablement.

Un samedi


Une journée de vent et de crachin ; mésanges et chardonnerets volètent en se taisant dans les branches nues ; aucun travail en attente ; les abois du chien voisin, qui ne sont pas une gêne, plutôt un contrepoint au gémissement des bourrasques ; on s'affaire en cuisine : crissement sec de l'oignon qui s'épluche ; l'odeur du café raviné par le goutte-à-goutte de l'eau chaude, le carillon impassible ; et les éclats d'un Flaubert tonnant, dans ses lettres à Ernest Chevalier et Alfred Le Poittevin. Que pourrait-on désirer ?

vendredi 29 janvier 2016

Chouette questionnaire


Ils m'ont soumis à la question, j'ai fini par causer.

jeudi 28 janvier 2016

Vais-je regretter Mme Taubira ?


Oh, que non !

Retour en 2015


Avec le journal de décembre.

mercredi 27 janvier 2016

jeudi 21 janvier 2016

Les pompeux analphabètes sont donc bien au pouvoir


J'ai reçu aujourd'hui, dans ma boitamel, le message suivant (port de la ceinture de sécurité obligatoire avant lecture) :


Bonjour,

Important acteur de l’éducation populaire et de la diffusion scientifique et technique, l’association PLANETE SCIENCES vous annonce l’ouverture du 1er Fab Lab éducatif et expérimental du Sud Francilien à Ris Orangis le 13 Février 2016 à 11 h.
Cet événement, important pour la Région Ile de France, le département de l’Essonne et la nouvelle agglomération Grand Paris Sud Seine-Essonne-Senart et la ville de Ris Orangis, s’inscrit dans le développement des nouveaux usages citoyens et collaboratifs qui participe à transformer, à coup sur, le lien social de nos territoires urbains et péri-urbains.
En souhaitant que cette information retienne votre intérêt et celui du média auquel vous collaborez.


Eh bien, Monsieur Jean david NOVEL (sans majuscule à votre second prénom mais beaucoup trop à votre patronyme), avant de vous occuper de science, voire de sciences, je vous conseillerais, si vous voulez vraiment communiquer avec moi, d'acquérir quelques notions de base de la langue française, dont je crois deviner qu'elle nous est peut-être commune.

En attendant, je vous emmerde.

mercredi 20 janvier 2016

Le bien-slogan


Nous sortions de déjeuner, l'amiral Woland et moi, hier. Sa voiture était garée à droite, mon bureau se trouvait à l'opposé, nous aurions donc dû nous séparer au coin d'Anatole-France et de Baudin. Je l'entraînai pourtant de quelques mètres vers chez moi, afin qu'il découvre, à la verticale d'un abribus, cette… cette quoi, d'ailleurs ? Publicité ? Annonce ? Mise en garde ? Allez savoir. En tout cas, je voulais recueillir son opinion sur cette chose que, deux heures plus tôt, j'avais découverte avec un certain ébahissement.

Source secondaire d'étonnement, pour moi : pourquoi cette malheureuse, encombrée d'enfant jusqu'aux mamelles, contemple-t-elle une pauvre guenille ? Woland, mieux au fait que moi de la vie des jeunes femmes modernes, m'assura qu'il s'agissait visiblement d'un body. Soit. Avec le recul, je reviens sur ma position première, et pense qu'il s'agit bel et bien d'une guenille destinée à vêtir la descendance, le petit Saturnin à naître.

Évidemment, à mon premier passage, c'est le slogan, qui m'avait arrêté devant l'abribus. Qui, quel moissonneur d'une éternelle sottise, avait en s'en allant négligemment jeté ce vocable bancal à la RATP ? Mal-logement, en effet, était déjà raide : combien d'incultes à cravates a-t-on réuni à la table ronde, au trente-troisième étage d'une tour de la Défense, pour valider cet accouplement contre-nature d'un adverbe et d'un nom, liés de force par leur trait d'union ? Et qui pourra nous dire de quelle manière, selon quel biais, en vertu de quelle mystérieuse osmose se transmet un mal-logement ? Les gènes ? L'héritage ? La course de relai ? Autre chose qui m'échappe ?

Enfin, et Woland et moi nous séparâmes là-dessus, que peut bien foutre dans un mal-logement cette jeune blonde au teint frais, impeccablement coiffée, maquillée comme une pute de l'Est, au jean miraculeusement ajusté ? 

Et pourquoi cette feignasse n'a-t-elle pas repeint son mur avant d'y accrocher son cadre à la con ?

Après tout cela, une dernière question démultipliée : qu'est-ce que ce slogan de mongolien cherche à nous dire ? Quel message ont tenté de faire passer les mal-syntaxes qui l'ont conçu ? Bref : qu'est-ce qu'on est censé faire ?

lundi 18 janvier 2016

Cette fois, ça y est


Il paraît que les files commencent à s'allonger dangereusement, devant les portes des librairies. Comme elles n'ouvriront que demain matin, certains courageux passionnés sont venus avec sac de couchage, bouteille thermos et petit ballot d'herbe-qui-fait-rire. On craint par ailleurs que la police, prétextant de l'état d'urgence, ne s'avise de disperser par la force ces attroupements suspects.

vendredi 15 janvier 2016

André Gide et les Charlie


J'ai déjà dit mon incrédulité, face à ces flots d'émotion obligatoire qui, de nos jours, se déversent au moindre prétexte, notamment dès qu'il s'agit de faits divers à caractère létal. Tel prétend avoir pleuré toute la journée sur le sort d'un enfant noyé, tel autre n'avoir pas fermer l'œil durant trois nuits parce qu'on venait d'assassiner trois caricaturistes ; tous affirment, main sur le cœur, que jamais ils n'oublieront le nom ni le visage de ce manifestant malencontreusement tué dans une escarmouche idéologique ou de cette petite fille violée puis étranglée par un “déséquilibré”.  Ma réaction, face à ces outrances oscillant entre le pathétique et le ridicule, était elle-même hésitante : tantôt j'inclinais à croire à la sincérité de ces excès lacrymaux, tantôt il me semblait que ces poses de Matres dolorosae relevaient d'une simple hypocrisie, d'une sorte de désir m'as-tu-vu-quand-j'ai-bon-cœur. Or il pourrait  y avoir une troisième explication à ces déluges ; elle est exposée par André Gide, en un texte publié par la NRF dans son numéro du 1er juillet 1929, dont voici l'extrait qui m'a intéressé sous ce rapport : 

« Je crois […] que les sentiments authentiques sont extrêmement rares et que l'immense majorité des êtres humains se contentent de sentiments de convention, qu'ils s'imaginent réellement éprouver, mais qu'ils adoptent sans songer un instant à mettre en doute leur authenticité. L'on croit éprouver de l'amour, du désir, du dégoût, de la jalousie, et l'on vit à l'instar d'un modèle courant de l'humanité qui nous est proposé depuis notre enfance. Sensations et pensées forment des petits paquets d'associations plus ou moins arbitraires auxquelles les noms que nous leur donnons finissent par prêter une apparence de réalité. L'admirable maxime de La Rochefoucauld : « Combien d'hommes n'auraient jamais aimé s'ils n'avaient entendu parler de l'amour » (je ne sais si je cite exactement), est applicable à beaucoup d'autres sentiments ; à tous peut-être. Il faut un esprit extraordinairement averti pour s'en apercevoir. Et ce serait une profonde erreur de croire que les êtres les moins cultivés sont les spontanés, les plus sincères. Le plus souvent, ce sont, au contraire, les moins capables de critique, les plus à la merci de l'instar, les mieux disposés, par faiblesse ou paresse, à adopter des sentiments de convention et à les exprimer par des phrases toutes faites, qui leur épargnent la peine d'en chercher d'autres plus précises, phrases dans lesquelles leurs sentiments se glissent, prenant tant bien que mal la forme de cette coquille d'emprunt. »

Le comble de ce “bernard-l'ermitage” semble avoir été atteint de nos jours (mais c'est peut-être un comble provisoire…), où les plus infectés par ce virus (voir celui-ci, mais il n'est qu'un exemple parmi cent mille autres) ne peuvent plus guère passer de semaine sans brandir la nouvelle identité dont ils viennent de s'affubler ; si bien qu'à force, leur être se dissout et disparaît dans une longue chaîne de #jesuis.

Le temps suspendu



C'est une sensation étrange, qui tient à la fois de l'anomalie spatio-temporelle et de la veillée d'armes. Au dehors, tout semble continuer normalement, à la vitesse réglementaire : les pauvres flocons de ce matin sont tombés sans réticence ni hâte particulières, le soleil a fait croire qu'il chassait les nuages laiteux alors que seul le vent était responsable de leur débâcle vers l'est, les voitures devant le portail passent en respectant les limitations et le sens commun. C'est en dedans qu'il se passe quelque chose, ou plutôt que quelque chose refuse de passer. Chaque journée pèse un poids énorme et paraît capable de se dilater à l'infini : le temps n'est pas tout à fait suspendu, mais il avance debout sur la pédale de frein. Est-ce que les soldats au bivouac, à quelques heures des Thermopyles ou de Wagram, avaient cette sensation aussi ? Eux, au moins, savaient que la bataille aurait lieu, qu'ils ne comptaient pas goutte à goutte les minutes pour rien. Mais une veillée d'armes sans le fracas des bombes ni la perspective du laurier ? À quoi rime ce champ immense où l'on attend seul, sans même la consolation de l'ennemi derrière le promontoire ? Quelque chose devrait advenir, on a graissé les fusils et préparé son exorde ; pourtant on sait déjà qu'il ne se passera rien : nul monument à bâtir, pas de cadavres à relever.

vendredi 8 janvier 2016

La démence Charlie ou les désarrois de l'élève Modernœud


Savourez ceci et dites-moi si la schizophrénie de Modernœud, d'autant plus niée qu'elle est galopante, ne finirait pas par vous inspirer quelque pitié, en plus d'une inquiétude bien légitime :

« Cela fait jour pour jour un an que je suis toujours Charlie. Il y a un an, je ne savais pas que ce 7 janvier n’était que le point de départ d’une année terrible. Depuis, je fus aussi Danois puis Tunisien (à deux reprises) avant de finir Paris et Bataclan. 2015, année schizophrène ? Au contraire, en étant Charlie, en étant Danois, en étant Sousse, en étant de la génération Bataclan, je me suis découvert moi, personnalité unique au sein d’une communauté universelle, la communauté du monde moderne et libre. »

Ne dirait-on pas d'un enfant des temps jadis, passant avec un enthousiasme attendrissant du costume de Zorro à celui de Ben-Hur en passant par le casque ailé d'Astérix ? En guise de bonus, cette phrase (c'est moi qui souligne) qui a fait mes délices pendant une minute pleine, voire un peu davantage, toujours à propos des rafales du 7 janvier :

« Je n’avais pas acheté leur hebdo depuis mes années d’étudiants et pourtant j’étais choqué. »

(On notera l's au bout d'étudiant, qui confirme le dangereux éparpillement de cette personnalité polymorphe.)

Le billet est ici : il est à lire, assurément, à condition de n'avoir pas à prendre le volant juste après, en raison de certains effets secondaires.

jeudi 7 janvier 2016

Pierre Boulez, un certain parcours


Comme on commence un peu à s'écharper sous le billet précédent, à propos de Boulez, je ne résiste pas au plaisir d'actualiser celui-ci, de 2012, en y laissant accrochés tous les commentaires : Marco Polo et Georges y avaient donné leur mesure pleine…

Pierre Boulez, compositeur et chef d'orchestre français, a fêté ses 85 ans en 2010, en la salle Pleyel, à la tête de deux formations : l'Orchestre de Paris et l'Ensemble intercontemporain qu'il a lui-même fondé en 1976. Boulez, en son âge, s'est mis à prendre la tête d'un grand singe mâle qui aurait vécu mille ans, ce qui est impressionnant. Mais, à vrai dire, il me semble que tous les grands chefs d'orchestre finissent par acquérir des têtes impressionnantes, et surtout des regards qui ne se peuvent comparer à ceux d'autres hommes, au moins lorsqu'ils dirigent : c'est bien par eux que le mot chef prend tout son sens.

La chaîne “culturelle” Arte, qui pour une fois méritait d'exister, vient de retransmettre ce concert deux dimanches soirs de suite, en le scindant en deux, selon une découpe heureuse – elle n'y a d'ailleurs pas de mérite propre, dans la mesure où la soirée avait été conçue telle par Boulez lui-même. La première partie, il y a huit jours, donc, était consacrée aux grands musiciens de la premières moitié du XXe siècle : Debussy, Ravel, Stravinsky, Schönberg,Webern, Varèse, Messiaen – peut-être aussi Berg mais je n'en suis plus tout à fait sûr. Chaque pièce – toujours courte, des extraits d'œuvre en fait, des mouvements isolés – était précédée par une brève introduction (filmée à part bien entendu) de Boulez lui-même, dont l'intelligence ni la manière élégante et fluide de parler sa langue ne semblent avoir été atteintes par son âge.

Hier soir, nous sautions dans l'après-guerre et passions à la génération même du chef : Berio, Stockhausen, Ligeti, Kurtàg, Boulez lui-même. Pour finir par un compositeur plus jeune dont j'ignorais, honte sur moi, jusqu'à l'existence : Marc-André Dalbavie, né en 1961 (à Neuilly-sur-Seine : salaud de nanti !) : ce que j'en ai entendu m'a donné envie d'en découvrir davantage, mais je ne me hasarderai certainement pas à tenter d'en dire plus.

Je n'ai pas pris la peine d'aller voir sur le net si ce concert – ou double concert, si l'on veut – avait fait l'objet d'une édition quelconque, s'il était possible de l'écouter ci ou là. Mais si c'est le cas, il me semble être un excellent “portail” pour tous ceux que la musique “contemporaine” (elle l'est de moins en moins…) continue d'effrayer et qui souhaiteraient ne pas mourir avant d'avoir eu l'occasion de réviser leurs préjugés à son encontre.

mercredi 6 janvier 2016

Les musiciens sont des cons


Enfin, des cons, peut-être pas ; en tout cas, ils jouent contre leur camp, qui est pourtant déjà en bien piteux état. Il y a un peu plus de deux ans, Henri Dutilleux avait commis l'ahurissante bourde de mourir la veille du jour où Georges Moustaki choisissait de rendre à Dieu son âme triple de métèque, de Juif errant, de pâtre grec. Résultat : les larbins appointés du ministre de la Culture d'alors n'avaient pas eu le temps de lui préparer une fiche sur le compositeur d'Ainsi la nuit, ni même de l'avertir in extremis de son existence ; et ce pauvre Henri était allé tout seul à la fosse commune post-moderne, comme Mozart en son temps – mais lui, c'est parce qu'il tombait des cordes (ce qui ne manque pas d'un certain sens, pour un musicien).

Vous pensez que cela aurait servi de leçon aux jeunots qui poussaient derrière ? Qu'ils allaient davantage travailler leur plan-obsèques ? Allons donc ! Voici Pierre Boulez qui, pris d'une impatience suicidaire, si je puis dire, s'empresse de défunter trois jours seulement après le trépas glorieux et universellement sangloté de Michel Delpech et trois jours également avant ses funérailles nationales, laissant définitivement son pauvre marteau sans maître. 

D'où l'angoissante question que tout un chacun se pose : que va faire le ministre d'aujourd'hui ? Il est à craindre, on s'en doute, que le chef n'aura droit ni à Fleur ni aux couronnes et que sa dépouille pourra aller se faire voir chez Laurette.

dimanche 3 janvier 2016

À moi, la Légion !


En lisant certains commentaires enjolivant mon précédent billet, on constate, une fois de plus, que le domaine dans lequel le “c'était mieux avant” a la peau la plus dure (et réunit des suffrages venant de tous les horizons), c'est bien celui de la Légion d'honneur. Or, l'image que l'on s'en fait est en grande partie fausse : cette décoration a toujours été distribuée au petit bonheur, un peu à tout le monde, au gré des vents de chaque époque. Quand j'étais enfant, j'entendais déjà mon père se scandaliser de ce que, aujourd'hui, on la donnait à “n'importe qui”. Et, si ma mémoire ne me joue pas de tours, Edmond de Goncourt doit déjà ronchonner la même chose dans son Journal. Cela tient, je crois, au fait que, à chaque génération, les nouveaux récipiendaires désirent plus ou moins confusément être les derniers à être décorés (ou du moins que les suivants soient le moins nombreux possible, afin d'augmenter leur propre mérite de l'avoir décrochée) : c'est humain ; un peu risible, mais humain – presque attendrissant. Et puis, après tout, le principe même de la décoration a toujours plus ou moins eu partie liée avec l'enfantillage.

Il reste que, cette fois, nous venons tout de même d'assister à une sorte de “saut qualitatif”, si je puis dire. Il est loisible, comme le faisait Grandpas tout à l'heure, sous mon billet d'hier, de se moquer de l'attribution du ruban aux footballeurs de 1998. Mais au moins ceux-là avaient-ils accompli quelque chose ; chose dérisoire et vaine, si l'on veut, mais indéniable. Alors que les victimes de janvier dernier, pour déplorables qu'elles soient, n'ont rigoureusement rien accompli – et ce n'est pas attenter à leur mémoire que de le rappeler.

D'un autre côté, tout le monde semblant bien convaincu que, de nos jours, on distribue les croix comme des joujoux dans des barils de lessive, pourquoi pas à ceux-là ?

vendredi 1 janvier 2016

On démarre dans le réjouissant


Pour les ex-dessinateurs de presse Wolinski et Cabu, 2015 restera comme une année pénible, puisqu'ils y sont morts ; mais avec une dimension tragique qu'on ne peut leur ôter.

2016 est d'ores et déjà pour eux une année grotesque et insultante, dans la mesure où ils viennent d'être faits chevaliers de la Légion d'honneur, sans être à même de se défendre contre ce coup de pied au cul infligé à leurs cadavres de vieux gauchistes moqueurs. 

Wolinski et Cabu solennellement décorés par des badernes de fond de ministère qui, il y a un an, prétendaient être Charlie : méditez-moi un peu ça, dans les brumes de vos gueules de bois.