mardi 31 mai 2011

Le printemps clair l'avril léger


N'ayant pu le faire tenir en rond, j'ai mis le journal d'avril en ligne.

lundi 30 mai 2011

La halte-garderie de la Bastille (fait aussi maison de retraite)


Le Tiers-État a repris la Bastille ! Même si personne ne semblait avoir prévenu nos modernœuds à cocarde que la forteresse avait été dans l'intervalle transformée en opéra, c'était tout de même beau à voir. Et la révolution s'est terminée sur la même sentence que le Falstaff de Verdi : Tutto nel mondo è burla

Voici les deux derniers paragraphes d'un reportage sur place, qui est à lire ici :

« On verra si la poignée de journalistes qui avaient renoncé à leur repos dominical pour couvrir « l’événement » auront été séduits par ce lyrisme de bazar. C’est qu’en fait d’événement, on a pu observer un attroupement de jeunes fumant un joint une bière à la main et chantant un refrain à la gloire de Che Guevara, un atelier « dessine-moi ton monde » où des gamins, indifférents à la gesticulation carnavalesque, peignaient arbres et fleurs, sans oublier les irrésistibles cahiers de doléances, dont les initiateurs se voyaient déferler dans les rues de Paris, en héroïques héritiers des sans-culottes de 1789 et des Communards.

« On ne pouvait s’empêcher de penser à la remarque de Marx sur l’Histoire qui, après la tragédie, revient sous forme de farce. Alors que les morts égyptiens, tunisiens, yéménites et syriens jonchent les sentiers de la liberté arabe, les indignés de la Bastille rejouaient hier le remake burlesque de leur sacrifice. Ces candides de la révolution post-adolescente donnent envie de voter à droite. Ça leur fera les pieds. »


dimanche 29 mai 2011

La Cagoule, drôle de casquette pour François Mitterrand

Dossier salutaire – et riche – que celui de la Nouvelle Revue d'histoire, dans son numéro de mai et juin, à l'heure où nous sommes encore tout éternuants de l'eau bénite aspergée à plein seau par lou ravis de la gauche commémorative. On y revient sur des traits désormais bien connus de l'ancien président (Vichy, l'OPA sur une gauche en déshérence, la fermeté pro-Algérie française, la manifestation de février 1935 “contre l'invasion des métèques”, etc.), mais d'autres éléments sont mis en lumière, telles les accointances multiples de François Mitterrand avec la Cagoule et sa fidélité inébranlable à un certain nombre de ses dirigeants, ou encore les très sombres mystères entourant encore aujourd'hui le curieux suicide de François de Grossouvre.

Bien entendu, les nombreux historiens qui font de cette revue ce qu'elle est se marquant à droite, on ne manquera pas de balayer tout cela d'un revers de main négligent, étant entendu qu'un bon historien se doit d'être de gauche – sinon c'est tromper. Mais c'est une objection dont on se contre-pignolera joyeusement, si l'on veut m'en croire.

(Dans le même numéro, un passionnant article sur l'évolution de la noblesse tout au long des siècles médiévaux, lequel est évidemment moins sujet à polémiques et criasseries en tous genres…)

vendredi 27 mai 2011

Le candidat idéal pour une gauche enfin unie et acceptant la victoire


La plupart des pêcheurs en rivière vous le diront : le brochet est un poisson carnivore tout en gueule et en queue.

Le brochet semble dont être le résultat d'une hybridation réussie entre Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn.

Les blogueurs de gauche, dans un bel élan d'enthousiasme citoyen, appellent pour 2012 à une candidature unitaire du brochet – souhaitons qu'ils soient entendus.

jeudi 26 mai 2011

Splendeurs et misères de M. l'ambassadeur de France

Le livre vingt-septième des Mémoires d'outre-tombe est tout entier consacré à l'ambassade de Londres, en 1822. C'est l'occasion de quelques-unes de ces vantardises immédiatement et mal camouflées sous un nappage de modestie, qui signalent Chateaubriand à ses lecteurs fidèles et attendris. C'est aussi celle de se laisser aller à un humour qui court au long de tous ces mémoires et qu'on signale, je crois, plus rarement. Petit exemple, au chapitre premier :

“ À ces affaires générales étaient mêlées, comme dans toutes les ambassades, des transactions particulières. J'eus à m'occuper des requêtes de M. le duc de Fitz-James, du procès du navire l'Eliza-Ann, des déprédations des pêcheurs de Jersey sur les bancs d'huîtres de Granville, etc., etc. Je regrettais d'être obligé de consacrer une petite case de ma cervelle aux dossiers des réclamants. Quand on fouille dans sa mémoire, il est dur de rencontrer MM. Usquin, Coppinger, Deliège et Piffre. Mais, dans quelques années, serons-nous plus connus que ces messieurs ? Un certain M. Bonnet étant mort en Amérique, tous les Bonnet de France m'écrivirent pour réclamer sa succession ; ces bourreaux m'écrivent encore ! Il serait temps toutefois de me laisser tranquille. J'ai beau leur répondre que le petit accident de la chute du trône étant survenu, je ne m'occupe plus de ce monde : ils tiennent bon et veulent hériter coûte que coûte. »

C'est tout de même curieux cette propension des Bonnet de toute époque à toujours récriminer hors de propos et de saison – et en tendant la sébile.

mercredi 25 mai 2011

Se faire teindre pour mieux se faire tondre

Pour oublier un peu les démêlés caleçonniques de M. Strauss-Kahn, rien de mieux qu'une bonne galéjade gauchiste : ça détend et ça ne tire pas à conséquence. La pitrerie du jour, c'est cette indignation vaguement récurrente à propos des insubmersibles contrôles au faciès. Un avocaillon s'est récemment ému de ce que les hordes fascistes assermentées – comprenez : la police française – auraient comme une vague tendance à demander plus volontiers leurs papiers aux noirs et aux Arabes qu'au paysan normand juché sur son tracteur. Et il trouve ça profondément injuste, l'avocaillon en mal de cause publicitaire. Du coup, il relit vite fait son Hessel de poche et il s'indigne. Immédiatement, les agités du blogobocal embrayent.

Et ils ont raison, je le dis bien haut : ces pratiques sont un véritable scandale, exigeant au minimum un soulèvement citoyen, si ce n'est une insurrection durable, un frichti à la tunisienne. Si l'on veut traquer le clandestin, il faut le faire équitablement et partout. Dans le bocage silencieux comme dans les cités sensibles ; chez les gardiens de chèvres de Lozère aussi bien que parmi les dealers du forum des Halles. Seul mot d'ordre pour la police : yapa d'raison. Et encore, je ne dis rien du cas scandaleux des mamies à cabas et à cheveux mauves qui, elles, passent systématiquement entre les mailles du filet répressif, alors que nombre d'entre elles – j'ai mes sources… – en ont gros sur la conscience. Donc mobilisons-nous, camarades modernœuds papillons, et exigeons que pour chaque pitbul à capuche dont on aura sur le boulevard exigé le pedigree et l'inscription au L.O.F., on fasse immédiatement de même pour le petit caniche artistiquement tondu qui passe au même moment en rasant le mur – sans doute dans l'intention de le souiller de son urine.

Et pourquoi s'arrêter à la police, camarades modernœuds volants ? Il m'est venu aux oreilles que nos prisons logeaient et nourrissaient infiniment plus de crépus que de mauves : cela aussi doit cesser ! Exigeons d'une seule voix que, désormais, pour chaque noir ou Arabe incarcéré, on entôle aussi sec une mamie à cabas (qu'on lui confisquera au greffe) et à cheveux mauves – qu'on lui tondra à la peau –, non sans avoir au préalable dûment vérifié sa parfaite desoucherie. Et on les bouclera dans la même casemate, au nom du vivrensemble.

En vérité je vous le dis : il est temps de trancher dans le vif, camarades modernœuds gordiens !

mardi 24 mai 2011

Sénilité révolutionnaire à la mode ibérique, voire iberbère


Donc, voilà, il n'y en a plus, chez nos gauchistes séniles, que pour ces fiers Espagnols qui défient les puissants et se dressent face au libéralisme inique… en votant massivement à droite. Et vas-y que je te touille les bâches de la Puerta del Sol avec les gourbis tunisiens pour faire bonne mesure – le tout en ânonnant les piteux préceptes du gâteux en chef, j'ai nommé Sa Très Haute Suffisance Hessel. Et il est bien difficile de voir la réalité autrement qu'au travers les élucubrations de ces tarés ou les lunettes roses des plumitifs appointés. Heureusement, nous avons la chance (nous, blog de Didier Goux, taulier et lecteurs…) d'avoir parmi nos fidèles deux vaillants expatriés en terres ultra-pyrénéennes – l'un que je connais et l'autre non (du moins je crois…). Ils ont des yeux pour voir et un cerveau en embuscade derrière. Tout d'abord Cherea, puis Les Efflorescences :


Habitant Madrid, j'ai fait un tour à la Puerta del Sol et voilà ce que j'ai observé :

il y a un premier cercle assez sérieux, de jeunes engagés ou "dégagés" des partis, qui ne fait pas confiance à la classe politique et syndicale, bref aux institutions. Ceux-là sont assez conscients de la situation économique et expriment leur ras-le-bol en espérant obtenir deux ou trois choses pour leur génération. Ils sont bien organisés, ont rationalisé la distribution de nourriture et d'eau… ont même construit une cabane réservée aux cartes de presse afin de faire passer leur message. Certains de ceux-là feront carrière comme ceux de la génération 68.

À ce premier groupe structuré, s'ajoutent divers cercles qui viennent grossir le noyau tout en lui faisant du tort. Drogués, militants des causes palestinienne et des sans-papiers, complotistes de tout bord, des pancartes sur le 11 septembre décrit comme un Inside Job, complot sioniste, punk à chiens de 40-45 ans… ces groupes nuisent au premier cercle décrit plus haut et je ne serais pas étonné que des tensions internes au camp naissent assez rapidement ; tout cela combiné à la fatigue, à l'exaspération, à la chaleur… Enfin, le phénomène est assez inédit, les Espagnols protestent peu, mais le regroupement est assez monté en épingle. Quelques centaines de personnes tout au plus dorment sur place et peut-être 10 à 15 mille viennent faire la claque à la fin de la journée de travail. Il n'y a pas de leader, pas de réclamations claires. C'est l'expression d'un ras-le-bol, un mouvement spontané qui à mon avis disparaîtra aussi vite qu'il est apparu.

Enfin, toute la symbolique d'extrême gauche est présente : livres marqués, portraits de Che Guevara et, nouveauté, une flopée d'exemplaires de ¡ Indignaos !, les quelques feuillets de Stéphane Hessel, qui d'ailleurs figure en tête de classement des livres de No Ficción (tout ce qui n'est pas roman) avec celui du Docteur Dukan. Étrange coïncidence que le succès concomitant de ces deux livres, l'un servant le prêt-à-manger, l'autre le prêt-à-penser.

Voilà.


(…) Bon, et puisque je suis sorti de mon silence habituel, je voulais confirmer les observations de Cherea. Je vis au Pays basque espagnol, qui est plutôt épargné par la crise, et je suis allé faire un tour sur le Boulevard, à Saint-Sébastien, histoire de voir à quoi ressemblaient ces indignés.

Samedi, ils étaient quelques centaines à s'être réunis pour ce qu'ils appellent une "Assemblée citoyenne". En fait, les badauds étaient plus nombreux.

Ceux qui ont l'air d'y croire, et qui semblent avoir trouvé là une raison d'exister, sont en général des étudiants. Leur discours est plutôt puéril et ultra-stéréotypé. Nourris à la télé-réalité, le fascicule de Stéphane Hessel, un succès ici en librairie, est sans doute le premier livre qu'ils ont lu depuis des années : une lecture facile qui leur permet, à peu de frais, de se draper dans la posture de l'indigné – contre les banques, contre le capitalisme, contre Israël, contre le racisme, contre la droite. Il faut les voir, leur iPhone en main, s'élever contre la société de consommation !
Ensuite, il y a les perroflautas : des punks à chien cradingues et abrutis par le shit qui ont choisi de vivre en marge de ce système qu'ils détestent tant. Ils essaient de profiter du mouvement pour vendre aux sales bourgeois des tee-shirts sur lesquels ils ont écrit des slogans débiles au feutre. Il y a des joueurs de djembé, aussi, qui donnent un vague air festif au truc.

Bref, une fois de plus, les journalistes en font des tonnes. Contrairement à ce qu'ils veulent nous faire croire, on est loin des "révolutions arabes"… C'est juste un petite transpiration de l'Hessel.


Deux témoignages – dont je remercie les auteurs – qui n'empêcheront évidemment pas nos braves Ruminants et autres gauchistes à cornes de faire sous eux d'enthousiasme en croyant voir la révolution embraser la Sierra Morena et le Grand Soir se déchaîner dès le matin…

lundi 23 mai 2011

Quand Chateaubriand stigmatisait, de Paris à Jérusalem

Puisque nous avons titré ce billet sur Chateaubriand, parlons donc un peu de Michel Chaillou. J'ai déjà dit ici (entendez : quelque part dans les catacombes de ce foutoir qui me sert de blog) toute l'admiration que j'éprouvais pour l'un des titres de ce superbe écrivain : Le Sentiment géographique (admiration s'étendant au livre lui-même, mais ce n'est pas le sujet comme dirait Nicolas). Le rencontrant il y a quelques mois dans une librairie parisienne, j'avais même fait part de mon enthousiasme à Michel Chaillou lui-même, qui m'en avais gentiment remercié. Je me suis aperçu tout à l'heure qu'il a surtout dû me prendre pour un gros inculte, puisque ce que je semblais lui attribuer comme une création était en fait un emprunt au Chateaubriand des Mémoires d'outre-tombe – lequel écrit en effet, au début du huitième chapitre de son dix-huitième livre : « (…) il entrevoit, relativement à Carthage, les objections dont mon sentiment géographique serait l'objet ; »

Le “il” dont il est question ici est le cardinal de Beausset, qui vient d'écrire à Chateaubriand une lettre fort louangeuse à propos de son Itinéraire de Paris à Jérusalem, tout juste paru – nous sommes en 1811. Évidemment, celui-ci ne peut s'empêcher de la reproduire, avec ce mélange de fatuité naïve et de protestation de modestie qui est l'une de ses marques de fabrique ; de celles dont on s'horripile au début des Mémoires pour s'en amuser dans la suite. Du reste, la lettre du cardinal mérite bien d'y figurer car elle n'est pas d'un mauvais lecteur. Et voici ce qu'écrit le prélat, à propos du passage de l'auteur en Égypte :

« Que je vous sais gré, monsieur, d'avoir voué à la juste exécration de tous les siècles ce peuple stupide et féroce, qui fait, depuis douze cents ans, la désolation des plus belles contrées de la terre ! On sourit avec vous à l'espérance de le voir rentrer dans le désert d'où il est sorti. »

Fichtre ! Sa Pourpritude n'y va pas avec le dos de l'ostensoir ! Ignoreriez-vous, Éminence, que la plus pure lumière est sortie de ce peuple péninsulaire que vous calomniez si injustement ? Que nous leur sommes redevables de tout ce qui se fait de beau et de bon en nos contrées, mais qu'il convient de les absoudre énergiquement des haines et violences qui ne furent jamais que par nous propagées ? Hmm ?

Encore sous le choc de ce jugement cardinalice, m'est alors venu le désir de le relire, cet Itinéraire. D'autant que je suis bien sûr qu'il est, lui, sagement rangé dans ma bibliothèque : je l'y ai aperçu, voici quelques jours, tandis que je cherchais un certain Manuscrit, trouvé à Saragosse et reperdu au Plessis-Hébert.

La gauche qui fait où on lui dit de faire : nouveau concept

Il y a des jours où la nostalgie me poigne. Des moments où le regret de n'être plus de gauche me saisit tout vif. C'est tellement reposant, tellement cool ! Je m'en souviens bien, vous savez ! Un militant de gauche, c'est une sorte de chat qui retombe toujours sur ses pattes – avec au bout des moustaches un restant du lait de la tendresse humaine qu'il lappe du matin au soir, ostensiblement et à grand bruit.

Des émeutes en Tunisie ? Victoire ! gloire aux camarades-de-gauche qui ont décidé de se débarrasser d'une dictature-de-droite ! On duplique en Libye ? Même réaction : so-li-da-ri-té ! Ça passe le détroit de Gibraltar pour se propager en Espagne ? On troque vite fait le camarade contre un compañero ou un hermano et on reprend la vieille antienne.

À ce moment, le chaland qui passe – et qui est sans nul doute un gros réac cynique vendu aux banques et à Sarkozy – fait observer à voix mesurée que ces Espagnols qui campent sur la Puerta del Sol, et qui ont en effet toutes les apparences de la colère, manifestent contre un gouvernement socialiste et non contre un mini-Hitler enturbanné ou un roi nègre quelconques. Naïf par essence, le chaland pense qu'il va sacrément ennuyer ses amis de gauche, avec la contradiction XXL qu'il leur brandit juste sous la banderole ; les réduire au silence. Penses-tu ! En deux coups de cuiller à pot dialectique, et avec ce petit sourire de pitié condescendante qui caractérise Modernœud lorsqu'il se rassemble en troupeau, on lui explique qu'il y a eu erreur d'étiquetage en sortie d'usine : même si le señor Zapatero est persuadé d'être socialiste, il se trompe : en réalité, c'est un fantoche de droite, un valet des puissances invisibles, un bousilleur d'avenir radieux. Par conséquent, pas besoin de raturer les slogans ni de remiser les ballons : tout est comme d'habitude. La devise de nos révolutionnaires machinaux pourrait être la même que celle de Sertorius : Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis. La gauche n'est plus au PS, ni d'ailleurs au PC, ni dans aucun parti ou syndicat, elle est où mes vieux yeux myopes de militant cacochyme croient la distinguer.

L'œil de Modernœud, c'est l'équivalent de la Sainte Ampoule : le regard qui en dégouline crée la divine révolution, transforme n'importe quel jeune énervé en un rebelle thaumaturge capable de guérir les écrouelles nauséabondes. Et même pas besoin de faire le voyage à Reims.

jeudi 19 mai 2011

J'y vais ou j'y vais pas ? L'angoisse devant l'inconnu

Ça a débuté comme ça. Voulant l'autre jour laisser en commentaire sur un blog le merveilleux incipit du Manuscrit trouvé à Saragosse, je n'ai pas réussi à le trouver sur le net. « Qu'à cela ne tienne, me dis-je alors, t'en voilà quitte pour la recopier dans le livre » – livre que je n'ai pas pu retrouver dans ma bibliothèque, comme il se doit, ce qui m'a un peu agacé puisque, bien entendu, j'étais certain de l'avoir.

Je me suis alors dit que, ajoutant ce petit fait irritant à l'engorgement chronique de mes rayonnages, je devrais peut-être acquérir un livre électronique, dans lequel je reconstituerais une seconde bibliothèque avec tous les classiques que j'ai possédés à un moment où à un autre et qui ont disparu Dieu sait comment. Opération peu coûteuse pour peu que je me cantonne strictement aux ouvrages tombés dans le domaine public et donc téléchargeables gratuitement.

Et c'est là que l'enfer du doute m'a poigné : quel appareil choisir ? Sera-t-il d'un maniement agréable ? Un nœud volant de mon espèce se montrera-t-il capable de manipuler l'engin et, avant cela, de le garnir en bonnes et saines lectures ?

Autant de questions torturantes qui requièrent des réponses avant le grand plongeon : je compte un peu sur vous tous et vos lumières…

Allez, les Bretons, on se réveille !


Je vous préviens, il y aura interro…

mercredi 18 mai 2011

Renaud Camus en majesté


« Plus que la disparition de la crainte, comme élément de décivilisation, j'incriminerais la disparition de la majesté, qui lui est un peu liée mais la dépasse : majesté de la nuit, souillée par les lumières ; majesté de la montagne, gâchée par les aménagements ; majesté de la solitude, pervertie par la signalisation à outrance ; majesté de l'autre, dénaturé par la familiarité ; majesté de la distance, tournée en dérision par l'avion et le tourisme de masse ; majesté de l'intelligence, foulée aux pieds par le spectacle ; majesté de l'enfance, ridiculisée par le gnagnisme et la grossièreté, etc. (On peut remplacer majesté par solennité, rite, protocole, terribilità...) »

Renaud Camus, là-bas

Petite maxime pour mes amis libéraux


Les économistes sont des chirurgiens qui ont un excellent scalpel et un bistouri ébréché, opérant à merveille sur le mort et martyrisant le vif.

Nicolas de Chamfort, Maximes et pensées

mardi 17 mai 2011

DSK, la goutte d'eau qui fait déborder le désert


Je ne voudrais pas l'accabler, cet homme, mais enfin, je crois qu'il y va un peu de sa faute tout de même. La déferlante de billets rigoureusement identiques dans leur morne sottise qui a suivi sa petite séance hôtelière a fait que l'espèce de lassitude ressentie par moi depuis quelque temps face à la blogosphère s'est brusquement muée en accablement à coloration dépressive. Plus envie, voilà. Indigecìon, comme dirait la femme de chambre portoricaine. J'ai commencé par trucider Ricardo Pastaga, pensant que ce mini holocauste suffirait – mais non : toujours la même blogatonie. Si l'envie me revient je vous le ferai savoir. En attendant, je vais m'asseoir au haut de la dune et fumer du silence.

samedi 14 mai 2011

Islam, ce grand corps malade ?


– Et sinon, tu les trouves comment, toi, ces temps-ci, nos frères européens ?

– Ah, très sympas ! Un peu dhimminués, mais très sympas…

N'ayez plus peur, les petits, Maman Aubry est là…


Ah mais c'est qu'on s'inquièterait presque pour eux, dites, face à une épidémie pareille ! C'est quoi le truc ? Un virus extra-terrestre ? un champignon galactique ? Une petite invasion de profanateurs de sépultures qui aurait tourné vinaigre ? Et saura-t-on jamais la vérité seulement ? Bref, toujours est-il que, ce matin*, la moitié de la blogosphère sinistrogyre s'est réveillée en claquant des dents face au monstre Sarko qui, comme le savent tous les enfants élevés au bon lait bio de Maman Modernœuse, vit dans l'armoire en face de leur lit, le plus souvent dans le tiroir à chaussettes mais pas toujours. Et ça pleure et ça crie, depuis potron-minet ! Et pas moyen de leur faire entendre raison ! « Mais non, tu as rêvé, mon chéri : l'horrible Sarko ne va pas venir voler ta Gameboy pendant que tu es à l'école. Et de toute façon y a grève, tu le sais bien… » Rien à faire, ils se mettent dans des états effrayants, et d'autant plus que la peur des uns nourrit celle des autres, forcément, comme dans toute hallucination collective infantile. Tenez, allez donc lire ce qu'a écrit ce malheureux gamin sur son ardoise magique, juste avant de tenter de mettre fin à ses jours en s'enfonçant la tête dans le bac à sable du bâtiment C : comment voulez-vous que les hurlements de terreur des autres ne redoublent pas (oui, pour une fois, ce sont juste leurs cris qui redoublent) après une lecture aussi atroce, qui révèle un cerveau à ce point détruit qu'on aurait plus vite fait d'apprendre à penser à la boîte crânienne ?

Et le plus inquiétant, pour les infirmiers spécialisés à qui on a bien dû accepter de confier ces pauvres âmes erratiques, c'est qu'ils savent très bien qu'à peine ils auront réussi à faire s'évanouir l'incube Sarko dans l'esprit des enfants qu'il s'en trouvera forcément un pour s'imaginer découvrir, dans le panier à linge sale ou le placard à chaussures, le masque haineux de la goule Marine.

Alors, devant tant de désespérance citoyenne et de chocottes durables, la question revient nous hanter, bien entendu : quel reste de pitié nous commande encore, ces petits militants en pleurs, de ne point les piquer ?

* Ce billet est celui qui a disparu dans la tourmente Blogger, avant de ressusciter cette nuit. Mais il ne mérite pas d'être actualisé, donc je laisse tout comme c'était avant son passage au tombeau…



(Notre document : deux jeunes bénévoles de RESF, terrorisées et ayant épuisé leur dernière ration de boulgour bio, tentent de sauver leur peau après une nouvelle sortie des urnes du monstre Sarko.)

mercredi 11 mai 2011

Mais pourquoi publier cette photo ? Qui s'y cache donc ?


Oui, pourquoi ? Parce qu'elle a été prise par l'Irremplaçable dans les environs de Saint-Malo ? Condition nécessaire mais non suffisante. Parce qu'il s'agit en fait d'une île, située si près de la côté que l'on peut y accéder à pied quand la marée est basse ? Oui, aussi. Parce qu'elle eut naguère un occupant sinon illustre du moins connu ? Oui, surtout. Mais qui ? Je vous laisse jusqu'à demain matin onze heures, et je modère les commentaires d'ici là.

Et puis, en y rêvassant un peu, une île ne serait-elle pas la solution définitive à ce dégoût de nos semblables qui nous poigne de plus en plus ? Avec un couple de domestiques relativement âgés et si possible muets, pour accomplir les basses besognes – et notamment se rendre au ravitaillement sur le continent, pour éviter aux maîtres tout contact souillant avec leurs pitoyables congénères. Avec aussi une muraille d'enceinte, et quelques canons de marine braqués vers le sud.

Je me souviens des soirs là-bas…

mardi 10 mai 2011

La sinistro-blogosphère saisie par le gâtisme


Mais qui viendra nous délivrer de tous ces gâteux du 10 mai qui depuis hier, d'un bout à l'autre de la blogosphère progresseuse, n'en finissent plus de bavocher sur leur Mitterrand, et le trentième anniversaire de ceci, et le formidable espoir de cela, et un petit coup de re-prise de la Bastille pour faire glisser ? Non, vraiment, quand la sottise stérile se met à jouer groupée, elle devient insupportable. Je ferme cet ordinateur bégayant et retourne aux Mémoires d'outre-tombe.

Et merci à l'Irremplaçable pour la photo toute fraîche.

À la découverte de Nicolas Malfin


Nicolas Malfin est un dessinateur de BD, auteur notamment de la série d'albums Golden City, que le monde entier nous envie. Il tient aussi un excellent blog dans lequel il publie ses dessins, esquisses, crayonnés, etc. Avec une prédilection pour les jeunes femmes peu vêtues : je dis ça comme ça. 'Fin bref, je vous encourage à y aller voir.

Très accessoirement, Nicolas Malfin se trouve aussi être pour moi comme une manière de gendre…

lundi 9 mai 2011

Nom de peintre : le nom



Le peintre en bâtiment qui est depuis ce matin occupé à nous refaire une maison neuve – en salopant la moitié du jardin et en produisant un boucan d'enfer – s'appelle M. Brisorgueil, ce que je trouve tout à fait irrésistible. Si j'étais pédé je crois que je l'épouserais rien que pour ça.

samedi 7 mai 2011

La naissance du valeureux Don Ricardo Pastaga


Que peut faire le pauvre blogueur lorsque son Irremplaçable l'a cruellement abandonné et qu'il refuse de commencer l'apéro trop tôt parce qu'il ne veut pas se coucher avant les poules ? Réponse : il crée un nouveau blog.

vendredi 6 mai 2011

– Vous vous moquez. – Je ne me moque point.

Tout à l'heure, en me rendant chez le caninologue incisiviste molairopathe dentiste (même pas mal !), je suis tombé sur l'affiche reproduite ci-contre, laquelle m'a, un fugitif instant, fortement interpelé au niveau de mon vécu langagier. Passons sur le fait que l'on pourrait trouver un peu choquant qu'un magazine français barre sa une d'un titre rédigé dans une langue que la majorité de nos concitoyens ignore, et venons-en au sous-titre.

Le récit secret de la traque de Ben Laden. Relisez-moi ça, pour voir… Lentement… Le récit secret : quelqu'un dans la salle pourrait-il m'expliquer à quoi ressemble un récit secret ? Est-ce un récit que le journaliste a gardé pour lui, préférant rendre copie blanche ? Ou un récit qu'il a juste chuchoté à l'oreille de son rédacteur en chef en lui faisant promettre solennellement de ne rien en répéter ? (Patron, si ça sort d'ici, je saurai que c'est vous !) Ou bien, est-ce que par hasard Leurs Suffisances Journalistiques, Leurs Majestés Folliculaires, n'auraient pas eu dans l'idée de nous servir Le récit de la traque secrète de Ben Laden ? Hein ? Et que la langue, comme un vieux Rossinante fourbu, se serait soudain effondrée sous leurs imposants fessiers ?

Entendons-nous, je ne m'étonne nullement qu'un certain nombre d'analphabètes prospère à la rédaction du Point : la presse a ses quotas, elle aussi. Mais enfin, je sais comment se décide le titre de la une, sur lequel on espère vendre le numéro tout entier aux populations ébahies : ça conférence, ça brain-truste, ça reconférence jusqu'à plus soif. Et je te convoque les chefs de services pour avoir leur avis, et les rédacteurs en chef pour qu'ils y mettent leur granum salis, et le directeur de la rédaction vieillit de dix ans en deux heures à force d'angoisse et de doute métaphysique…

Et sur cet interminable défilé de branquignols galonnés, il ne s'en est pas trouvé un pour faire remarquer qu'ils s'apprêtaient à sortir avec un titre absurde ? Ben mon cochon…

jeudi 5 mai 2011

C'est le bouquet !


On me signale dans l'oreillette que cette planète compterait désormais une crevette de plus.

Elle semblait plutôt pressée d'arriver puisque la voilà avec un mois d'avance, la salopiote !

Deux kilos et demi, tout même : une crevette format gamba, en quelque sorte…

Longue vie à elle et à sa descendance.

mardi 3 mai 2011

En attendant ma vraie sirène du Danemark…


Elle est passée où, encore, la cousine Catherine ?

Didier, 7 ans, et Philippe, 3 ans – Copenhague, juillet 1963.

Tu généraliseras quand t'auras ton diplôme, d'accord ?

On ne cesse de nous admonester, de nous gronder comme des enfants lorsque nous nous laissons aller à notre péché mignon (et en fait, non, pas du tout mignon, bien au contraire) : la généralisation. On le sait pourtant, il ne faut jamais généraliser. Mais en réalité, ce “jamais” est trop simple et il faut nuancer un peu, créer quelques subdivisions selon qui parle et ce qui est dit.

D'abord, il va à peu près de soi que toute personne soupçonnée d'être raciste (soupçonnée par qui ? par quelle autorité compétente ? Peu importe : soupçonné suffit amplement), ou plus simplement encore : de n'être pas de gauche, est interdite de généralisation dans tous les cas de figure. Même s'il s'agit de dire du bien de populations tenues pour discriminées. Ainsi, déclarer que les noirs sont d'excellents rempailleurs de chaise ou que les aborigènes d'Australie ont un sens inné de la peinture sur plantes de pied suffirait, si je m'y risquais, à me valoir les torves regards de Modernœud, si ce n'est une assignation à comparaître. Alors que si une vieille gauchiste en phase terminale déclare que les Indiens sont restés merveilleusement proches de la grande mère nature et du communisme primordial, elle récoltera les applaudissements des autres vieilles gauchistes en phase terminale.

Et cela nous amène à une importante nuance de la proposition initiale, qui désormais se formulera ainsi : on ne doit jamais généraliser, sauf si on a la carte et si c'est pour exalter ce qu'on n'est pas soi-même. C'est ainsi que, ce matin, l'une des vieilles folles que j'évoquais à l'instant (je ne mets pas de lien : ce serait pour vous appuyer le plat mais interminable déroulé d'un scénario de film colombien que jamais vous n'aurez l'idée de regarder – ni moi d'ailleurs) a pu écrire, sans se faire rappeler à l'ordre par aucune police de la pensée, une connerie aussi pitoyable que :

Manuel et Juliano, son meilleur ami, sont des fondus de football, comme tous les enfants Latino-Américains.

Le soulignage est de mon fait, mais pas les fautes de français. Donc, quand on est une vieille folle gauchiste, on a le droit de penser que tous les enfants d'Amérique du Sud adorent le football. Tous, absolument tous. Si par extraordinaire il s'en trouvait un que l'idée de passer des heures, des jours, des années à taper dans un ballon en plein soleil ne soulève pas d'enthousiasme, il serait déchu de sa continentalité sud-américaine illico. Chemin faisant, notre momie chavezolâtre ne se rend absolument pas compte de ce que son risible cliché a de méprisant, en plus d'être profondément stupide. Mais ce n'est pas important : grâce au stage de premiers secours antiracistes (Apprenez les gestes qui déstigmatisent !) qu'elle a suivi il y a 72 ans et au brevet de progressisme qui s'en est suivi, elle s'est acquis des droits de généralisation inaliénables. Cependant que toi, mon con, tu resteras cantonné toute ta vie au cas par cas. Et si tu t'amuses, par goût de la provocation malsaine, à comparer Pierre à Paul, en fonction de Jacques et par rapport à Émile, eh bien tu vas voir un peu ta gueule !

lundi 2 mai 2011

Désolé, Nicolas, mais la bière de mars n'est plus de saison…


En revanche, dans le même millésime, il y a toujours mon journal.

Je sais, c'est pas pareil…