vendredi 7 février 2025

Oncle Paul plus fort que Nostradamus


 Comme quoi les précurseurs, les visionnaires, les prophètes inspirés, les chanteurs de lendemains ne se recrutent pas nécessairement parmi la merveilleuse frange progressiste de la population. C'est ainsi que l'on découvre, au détour d'une page, que ce vieux réactionnaire de Paul Léautaud pourrait bien avoir été, avec plus d'un demi-siècle d'avance sur son disciple gersois (lequel risque de n'apprécier qu'à demi de se faire ainsi, et surtout par lui, griller la politesse…), le premier grand-remplacementologue de notre histoire. En témoigne ceci, noté dans son journal le 11 juin 1945 : 

« Au train dont va de nouveau la France, de plus en plus envahie d'étrangers, et de provenances peu sympathiques, — il est bien difficile pour un Français, surtout dans les grandes villes, surtout à Paris, de ressentir ce qu'on appelle le sentiment de la patrie. Sur vingt passants qu'on coudoie, plus de la moitié s'expriment dans on ne sait quelle langue, ou dans un Français dont ils ne savent que quelques mots appris depuis peu, leurs faciès encore plus révélateurs de leurs origines. Et je ne parle pas des marchés en plein vent, dans des quartiers populeux, où la basse classe de ces nouveaux venus vend sa pacotille. Ouvrez le Journal officiel. À chaque numéro, pas loin de trois cents naturalisations nouvelles. Ce sera le Français, bientôt, au milieu de ces envahisseurs, qui aura la sensation de se trouver en terre étrangère. »

Si ce n'est pas déjà fait — ce qui serait bien étonnant : faisons confiance à nos vigilants toujours au taquet —, il serait grand temps de faire disparaître de toutes les bibliothèques les écrits méphitiques de ce clodo fascisto-raciste, afin d'en préserver nos chères têtes blondes.

Si toutefois il existe encore des têtes blondes dans les rues et des livres dans les bibliothèques.

3 commentaires:

  1. En juin 45 ?
    Soit il restait encore des allemands, soit les ricains étaient déjà là.
    Je ne vois que ça...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Révisez votre histoire : en juin 45, les Allemands avaient quitté Paris depuis dix mois !

      En fait, je pense qu'il devait plutôt s'agir de gens d'Europe centrale ayant fui (on se demande bien pourquoi...) les divers paradis communistes que Staline mettait en place.

      Supprimer
    2. Ben je sais bien...
      Mais spontanément c'est vrai que je n'avais pas pensé aux réfugiés d'Europe Centrale.

      Supprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.