J'arrive du forum de l'in-nocence. Le nouvel éditorial de Renaud Camus sur le forum est évidemment passionnant, même si, pour un lecteur assidu, il ne dit rien de très neuf, se contentant de brasser (et aussi d'organiser) des thèmes qui lui sont familiers. Il me gêne que ce texte soit constellé (non, le mot est tout de même exagéré) de fautes. Je crois qu'il est impossible à un auteur de se relire efficacement, de ce point de vue : il y faut un oeil extérieur, quelqu'un qui, au fond, se moque du contenu, de l'intelligence du propos, afin de pouvoir se concentrer sur la langue elle-même, sur ses recoins. L'auteur, lui, ne le peut pas, car, à chaque relecture, il est happé par le sens de ce qu'il a écrit, cherche à l'améliorer, à l'approfondir, et perd de vue les scories qu'il a déjà laissées passer à la relecture précédente.
Je proposerais bien à l'auteur de me charger de ce travail, mais, outre que je dispose de peu de temps, je suis à peu près persuadé qu'il refuserait.
L'éditorial se termine par une sorte de plaidoyer pro domo concernant le forum de l'in-nocence, comparé, de manière tout de même un peu acrobatique, aux monastères du haut Moyen Âge, protégeant la culture antique face aux déferlements barbares. Disant cela, je ne critique pas la comparaison entre les époques : je suis de plus en plus persuadé que nous vivons, en effet, un déferlement barbare et que nous n'y survivrons pas - ce qui, au bout du compte, est sans grande importance, à l'échelle d'une vie individuelle. Mais je trouve un peu rapide l'assimilation du forum de l'in-nocence à un monastère bénédictin du huit ou neuvième siècle.
Cependant, qu'en peut-on savoir ? Il n'est pas impossible, en effet, que soient en train de se former, ici ou là et de manière encore embryonnaire, les poches de résistance de demain face à ce que Renaud Camus appelle La grande déculturation. Résistance toute passive, d'archivistes, de bibliothécaires, de gardiens du temple invisible, et confiante dans l'écoulement du temps, ainsi que l'étaient les communautés chrétiennes en ces siècles.
Par chance - mêlée d'une certaine lâcheté soulagée -, nous n'en verrons rien, en tout cas pas le plus pénible.
"Nous n'en verrons rien, en tous cas pas le plus pénible."
RépondreSupprimerAh bon, vous trouvez qu'on a pas dépassé la cote d'alerte, déjà ? Que ce n'est pas "assez" pénible déjà ?
Amusant, j'aurais plutôt comparé ce forum au Colisée un jour de combats de gladiateurs.
RépondreSupprimerNous ne devons pas lire le même.
Si, si nous lisons le même ! Mais je ne tenais pas trop à insister sur l'aspect Colisée, dans la mesure où il m'arrive plus souvent qu'à mon tour, d'aller tirer les moustaches de tel ou tel tigre de papier, pour le malin plaisir de l'entendre rugir...
RépondreSupprimerAh ! L'intendance...
RépondreSupprimerMarcel... et son pneu