Cette fois encore je suis très inquiet : voilà maintenant dix jours
que l'ami Roland, alias Gauche de Combat, reste silencieux. Je sais bien
que même les indicateurs de police ont droit à leur trêve des
confiseurs, que les délateurs patentés ont eux aussi une famille et,
donc, un sapin enguirlandé autour duquel ils se réunissent dans la douce
paix de Noël, mais tout de même : qui, durant ce temps d'effrayant silence, s'occupe de
traquer les hordes nazies ? Car ne nous y trompons pas : ces ignobles
créatures infra-humaines n'attendent qu'une minute d'inattention chez le
preux Roland et ses semblables pour aussitôt commencer à reconstituer
leurs milices et préparer des nuits de cristal comme s'il en pleuvait !
Je ne serais d'ailleurs pas étonné si, dans quelques heures, enhardis
par la baisse de vigilance de leur ange exterminateur, ces
crypto-gestapistes ne décidaient de mettre le feu à des centaines de
voitures un peu partout en France. Et comme le nazi est par essence
vicieux et fourbe, je parierais volontiers qu'il ira le faire à
proximité des quartiers riches en populations exotiques, de façon à
faire croire aux naïfs que ce sont ces braves gens qui ont été soudain
pris de pulsions incendiaires, alors qu'ils ne songent qu'à communier
avec nous tous dans la paix républicaine et festivoïde.
Clore
l'année sur une note aussi sombre m'attriste beaucoup. Mais si ce n'est
pas moi qui m'érige en lanceur d'alertes, qui le fera ? Sachant que,
avant même que ne disparaisse le dernier soleil de 2019, vous serez tous
bourrés comme des Polonais et, donc, ravalés par l'alcool au rang de la
bête, tout à fait insoucieux de la montée des périls vert-de-gris,
contre quoi le valeureux Roland reste notre seul rempart.
Allons, tant pis, ignorons les périls, et que la fête ait le dernier mot : menace nazie ou pas, sers-moi un verre, Marthe !
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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.