Discours fort drôle car à peine caricatural. Et, dès les premières lignes, alors que l’orateur rend un hommage convenu au roi, convenu et ronflant, on y entend ceci : « […] et qui dirige à la fois d’une main si ferme et si sage le char de l’État parmi les périls incessants d’une mer orageuse, etc. »
Ce char affrontant la mer orageuse : évidemment on pense aussitôt à Joseph Prudhomme déclarant que “le char de l’État navigue sur un volcan”. Et c’est alors qu’on se demande qui est le véritable créateur de ce fameux char amphibie, de Gustave Flaubert ou d’Henry Monnier.
La réponse est que c’est Gustave le copieur, Henry ayant imaginé et créé son personnage de Prudhomme dès 1829 ou 1830, tandis que le chapitre “Comices” fut écrit, lui, durant le second semestre de 1853, comme en font foi les geignardises de l'auteur, à propos de sa lenteur et des peines qu'il éprouve à le mener à bien, dans ses lettres à Louise Colet, sa pénible – mais heureusement très épisodique – maîtresse.
Du reste, il ne serait pas très étonnant que Flaubert eût connu et apprécié la créature de Monnier : M. Prudhomme n'est pas sans accointances diverses avec le personnage du Garçon, voire sans ressemblances avec Bouvard ou Pécuchet – sans doute davantage avec Pécuchet, maintenant que j'y songe. Cela dit, en raison même de cette proximité, il se pourrait tout aussi bien que Flaubert détestât Prudhomme…
On ne saura pas ce qu'il en pense, dans la mesure où les gougnafiers pléiadeurs n'ont pas jugé bon d'adjoindre un index aux cinq volumes qui contiennent la correspondance générale de Flaubert. Le char de la Pléiade navigue sur des océans d'incompétence…
Excellent billet. J'ai éclaté de rire.
RépondreSupprimerVous avez fait ma journée, comme dirait l'inspecteur Dirty Harry.
En tant que scientifique, je tiens à apporter deux précisions :
Les chars amphibies existent depuis la seconde guerre mondiale.
Les océanographes ont découvert des volcans sous-marins.
Je vous laisse conclure ..
Oui, il me semblait bien que les chars amphibies existaient. Mais bon : pas à l'époque de Monnier ni de Flaubert…
SupprimerSalvador Dali en aurait fait un tableau :
SupprimerLe char amphibie de l'état naviguant au dessus d'un volcan sous-marin.
Mais il n'y a plus de grands artistes peintres en ces temps de décadence.
L'écriture de Flaubert m'a toujours profondément ennuyé. Sans doute n'ai-je pas su lire les bons ouvrages. Comme Hugo, je l'ai toujours trouvé besogneux. Je n'ai sans doute pas eu les bonnes clés de lecture.
RépondreSupprimerMais non, mais non : il y a des tas de gens qui ne supportent pas Flaubert ! Paul Léautaud, par exemple. On a le droit…
Supprimer"Créé, créateur créature..." C'est un peu excessif, non ? "Imaginé" n'était-il pas suffisant ?
RépondreSupprimerImaginer un personnage est une chose, le créer en est une autre, qui vient après. Monnier a bel et bien fait les deux.
SupprimerPourquoi vous avez repris le blogage ? Il va falloir que je m'y remette aussi...
RépondreSupprimerJe me le demande…
SupprimerVoilà !
RépondreSupprimerIl existe un index des 5 vol de la correspondance de Flaubert dans la Pléiade parue en 2007 sous forme d’une brochure in-16 de 496 pp, vendue 15 €.
RépondreSupprimerVoilà ce que c'est que d'avoir voulu faire des économies de bouts de chandelle !
SupprimerEt vous le possédez, cet index ? Si oui, vous seriez bien aimable de regarder si Flaubert parle de Monnier ou de M. Prudhomme…
L’index est analytique, je me contente de ne relever que les occurrences.
RépondreSupprimerSur H Monnier : II 798. III 17, 233(n3), 873. V 154, 170, 223, 972.
Sur Joseph Prudhomme : II 571, 828, 854, 1519. III 88, 177, 236, 404, 566, 650, 653, 717, 761. IV 4, 137-38, 159 191, 219, 382, 487, 535, 608, 650, 734, 785, 819. V 50, 248, 392, 510 698, 839, 1052, 1082.
Il se peut qu’il y ait des erreurs de transcriptions, les caractères, surtout les chiffres, sont si petits...
Merci bien !
SupprimerM'en vas aller voir ça…