Lorsqu'il eut acheté, à Medan, le pavillon qu'il allait plus tard flanquer de deux tours disharmonieuses au possible, Émile Zola se dépêcha d'y convier les membres de son petit cénacle littéraire ; nous sommes vers 1878. L'un d'eux – était-ce Céard ? Hennique ? Alexis ? Un autre encore ? –, l'un d'eux fit observer au maître qu'il n'était guère facile ni élégant à prononcer, ce nom de Meuh-dan. Se prenant fugitivement pour Victor Hugo, sa bête noire, son grand faiseur d'ombre, Zola, en guise de réponse, fit dans le superbe et le prophétique : « Qu'à cela ne tienne : nous lui mettrons un accent aigu, qui passera dans l'histoire ! » Et, de fait, c'est ce qui arriva, comme chacun peut aller s'en convaincre sur Mappy ou ViaMichelin. Il reste toutefois un petit sujet d'étonnement, que je suis bien aise de pouvoir partager ici avec le plus grand nombre : pourquoi reprocher son meuh à Medan ? Il me semble pourtant qu'en ces années-là, moins d'une décennie après la débâcle de 1870, les Céard et les Hennique avaient bien dû s'accoutumer à entendre parler abondamment de Sedan. Laquelle cité des confins, n'ayant jamais reçu Zola pour l'un de ses enfants, a donc échappé au péril de devenir Sédan – ce dont je me félicite régulièrement, comme bien l'on pense.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.