Il m'a toujours paru qu'établir une comparaison entre le cardinal de Richelieu et le président Mitterrand était faire un trop grand honneur à l'un des deux. Pourtant, lisant un portrait du premier, c'est bien le visage du second qui est m'apparu derrière les lignes, comme en sous-impression. On le doit, ce portrait, à la plume du R.P. Nicolas Caussin, jésuite de son état, qui fut un temps le confesseur du jeune Louis XIII ; il avait remplacé dans cet office une ribambelle d'autres membres de la Compagnie, dont le plus connu est sans doute Pierre Coton, qui avait d'abord été le confesseur du feu roi Henri IV. Même charge, donc, mais tâches radicalement différentes : autant le père Coton devait consacrer une bonne partie de sa persuasion à détourner Henri de ses passions adultérines, autant son successeur employait la sienne à faire enfin entrer le jeune Louis dans le lit de la reine Anne pour qu'il s'y comportât en souverain ; on assure qu'il finit par y parvenir, le futur Louis XIV en faisant foi. Quoi qu'il en soit, voici le cardinal vu par le confesseur :
« Son esprit est extraordinaire et a toujours affecté d'aller aux extrémitez, sans passer par le milieu. Il est plus vaste qu'il n'est grand, hautain sans être haut, et fier sans être généreux. La finesse y passe beaucoup la prudence.
» Il ne se montre à personne avec le même visage de peur de donner quelque entrée dans son esprit. Il est hardy contre les timides et timide contre les hardys. Une heure le voit espanouy, et l'autre sur des espines… La probité est bannie de son âme, et l'ambition occupe toutes les régions de son cœur…
» Son abord est gracieux et sa langue flatteuse. Il est complaisant à ceux qu'il veut gaigner, et terrible à ceux qu'il a gaignez. Il mesure la foy à ses intérêts, et on dit qu'il escrit ses promesses sur le sable. Il arrive souvent que ce qu'il dit le plus est ce qu'il veut le moins. Il attend qu'on devine ses volontés, et sy vous ne faites rien, vous estes puny pour n'estre pas devin ; si vous faites mal, vous estes blasmé de témérité. Ses ombrages trouvent assez de fondement sur des cheveux et sur des atômes.
» Sa haine est pour les généreux, et son mespris pour ceux qui l'adorent. Son humeur le rend insupportable à ses amys et irréconciliable à ses ennemis. Il se donne la gloire de tout ce quy est mal fait sur autruy, et c'est toujours un grand crime chez luy que d'estre malheureux… »
En écho, on peut citer les deux lignes lapidaires que, en ses Mémoires, Richelieu consacre au confesseur du roi, « plus plein de lui-même que de l'esprit de Dieu, plus simple que malicieux, plus dénué de jugement que de bonne volonté, brouillon, inquiet, artificieux et trop occupé des affaires de l'État ». Et l'on sent bien que, chez le cardinal, c'est ce dernier défaut, le fait d'empiéter sur ses propres plates-bandes, qui devait paraître le moins pardonnable.
Bon ! Mais n'en faites pas trop quand même !
RépondreSupprimerVoilà qui nous change de l'éternelle comparaison de Mitterrand avec le cardinal de Retz et son fameux " On ne sort de l’ambiguïté qu'à ses dépens"...phrase que ce cardinal n'aurait d'ailleurs jamais écrite ni prononcée.
RépondreSupprimerC'est écrit selon les nouvelles règles de Najat ?
RépondreSupprimerOn pourrait tout aussi bien y reconnaitre Talleyrand (Tall'rand, pour les intimes)
RépondreSupprimerMais il est vrai que Mitterrand avait beaucoup d'admiration pour le Diable boiteux.
Il mêle la douceur du miel à l'amertume de son fiel ;
RépondreSupprimer"Il ne perce qu’en caressant
Il n’étouffe qu’en embrassant
Il flatte lors même qu’il tue
Et son âme n’est jamais nue. " au sujet de Mazarin... Mitterand serait donc la réincarnation de Richelieu, Mazarin, de Retz ou Talleyrand... Alors que son grand regret fut de ne pas être de Gaulle (il se contentât de le singer)... Même Machiavel en perdrait son florentin...
se contenta et non contentât... Que voulez-vous Renaud n'est pas pour rien l'anagramme d'âne dur.
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