Witold et Rita Gombrowicz, chez eux, à Vence, en 1967. |
Dans le Journal, que je viens tout juste de terminer, au moins pour la troisième fois, on tombe sur ce paragraphe au tout début de l'année 1959. Ce matin-là, un jeudi (mais il ne faut absolument pas se fier aux jours indiqués par Gombrowicz, qui ne sont que pure fantaisie, rien de plus que des sortes de “pauses respiratoires”), ce matin-là, disais-je avant de m'interrompre grossièrement moi-même, notre Polonais prend son petit déjeuner dans un café du port de Buenos Aires. Des tables voisines lui parviennent plusieurs conversations, si ce terme n'est pas trop noble pour les divers caquetages venant frapper ses oreilles. C'est en tout cas ce qui lui inspire le paragraphe sus-évoqué :
« Nous, l'intelligentsia, nous sommes éclairés par l'idée salutaire que ceux du bas sont très sensés… Nous, certes, nous sommes condamnés à toutes les maladies, manies, folies, mais le bas de l'échelle se porte bien… la base sur laquelle s'appuie l'humanité est quand même normale… Et alors ? Eh bien, le peuple est plus malade, plus dément que nous ! Les paysans sont fous. Les ouvriers sont bons à soigner ! Vous entendez ce qu'ils disent ? Ce sont des propos obscurs et maniaques, bornés, mais pas sainement bornés comme ceux d'un illettré : ce sont des bredouillements de fou qui réclament hôpital et médecin… Où pourrait être la santé dans ces jurons, ces obscénités qui n'en finissent pas, et rien d'autre, rien que cette vie mécanique d'ivrognes, de déments qui est celle de leur communauté ? Shakespeare avait raison de représenter le bas peuple comme des êtres “exotiques”, c'est-à-dire sans ressemblance réelle avec les hommes. »
Ce sont des tirades de ce genre – il y en a d'autres – qui prouvent à l'évidence que se trompent grossièrement tous ceux qui vont serinant que Gombrowicz était un authentique réactionnaire : jamais un authentique réactionnaire n'oserait proférer de telles énormités ; il aurait bien trop peur de passer pour un authentique réactionnaire, ce qui a toujours été la trouille number one des authentiques réactionnaires.
En 1959.
RépondreSupprimerEntre le 32476e et le 32477e coup d'état où le général Juan Carlos Ragnanà remplaça le président Ramirez Rottweiler en le faisant fusiller sévèrement.
Quelques jours plus tard, Ragnanà fût destitué, à coups de chandelier, pour céder sa place à Don Planchetta Della Carnicería, descendant d'une longue lignée aristocratique qui, lui-même, dû s'exiler afin de fuir les lames aiguisées des sbires de Leopoldo Gratinni, le célèbre révolutionnaire qui établit la démocratie la plus éphémère de l'Histoire puisqu'elle ne dura que deux heures, le temps qu'il fallût au colonel Spritzner pour cerner le palais présidentiel avec ses chars d'assaut qui furent plus tard bombardés par les forces aériennes libres de Máximo Fernández, le cousin germain de Ragnanà. Puis...
Vous commettez une petite erreur historique : le cousin du général Ragnagnà n'était nullement Màximo Fernàndez mais bien le trop peu connu Ricardo Pastaga.
SupprimerEt le général Alcazar (Ramon Zárate), il est où ?
SupprimerRicardo Pastaga, 51e du nom, bien sûr!
SupprimerNatürlich !
Supprimerplutôt choucarde la Rita
RépondreSupprimerOui, hein ? S'embêtait pas, notre vieux Polak…
SupprimerElle est québécoise d'origine et, jeune fille, s'appelait Rita Labrosse.
SupprimerQuand on sait que, en québécois, la brosse désigne la cuite, on se dit qu'elle était destinée à rencontrer un Polonais…
pour Labrosse je voyais autre chose de plus...reluisant
SupprimerD'après Google, elle est toujours vivante; vous pouvez tenter votre chance…
Supprimer85 ans, tout de même…
SupprimerJe suis un idéaliste bougon qui voudrait changer le monde par la seule force de mon caractère et de mon intransigeance envers les hommes et ses compromissions. Je plaide pour une sincérité absolue et critique avec véhémence l'hypocrisie de mon temps. J'essaye également de me faire aimer par Célimène, ensorcelante femme de vingt ans dont la frivolité mondaine et la coquetterie extrême n'effacent en aucun cas les charmes que je lui trouve. Qui suis-je ?
RépondreSupprimerTrop facile, mon cher Poquelin, trop facile…
SupprimerFranchement votre devinette est bonne à mettre au cabinet.
SupprimerEA