lundi 6 novembre 2023

Photos ratées de ratas


 J'ai pris cette habitude, depuis que j'ai l'iBigo, de repérer sur Google Maps les lieux, et notamment les villes, que je rencontre dans les romans que je lis, en particulier ceux de Jim Harrison qui sont toujours précisément localisés : c'est désormais la seule façon de voyager que je trouve encore tolérable.

Sous la fiche goux-gueularde de chaque ville répertoriée sont le plus souvent proposées des photos prises dans la cité même ou ses abords immédiats, généralement par des touristes, doit-on supposer. 

Ce qui me fascine, c'est que, de ces clichés, près de la moitié représente des assiettes pleines, servies dans l'une ou l'autre des mangeoires de l'endroit. Et pas de ces assiettes délicatement composées par un chef artiste : la plupart du temps, les Cartier-Bresson amateurs ne proposent à notre convoitise que de lugubres ratas, si mal photographiés qu'ils ont l'air d'avoir déjà été plusieurs fois mangés. 

Et je continue à me poser la question : quel petit démon farceur peut bien pousser tous ces internautes hors-sol, ces Lucullus en goguette, ces Brillat-Savarin transcontinentaux, non seulement à engranger, mais en plus à publier les photos de leurs hamburgers avachis et de leurs ratatouilles prémâchées ?

Ils sont en tout cas la plus pressante invitation qui se puisse concevoir à rester chez soi.

Et, au restaurant, à laisser son appareil de photographie à la demoiselle du vestiaire.

11 commentaires:

  1. Hé ho ! Je diffuse des photos de bouffe à chier pour que les andouilles qui font des recherches dans Google ou Facebook tombent dessus. Ça vaut mieux que les monuments historiques de Loudeac et du KB.

    NJ (je signe par principe, mais j’ai laissé des indices pour m’identifier, dans ce commentaire)

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  2. Bon , il faut aussi préciser que le Nebraska, ou le désert de chihuahua ne sont pas , non plus, des places culinaires réputées.
    Mais je vous le concède, cette manie de jouer au guide Michelin en photographiant son auge aggrave le réchauffement climatique en surchargeant les serveurs des maîtres du monde de bouillie aussi vite oubliée que mal digérée.

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  3. "son appareil de photographie" ? Vous avec quelque chose contre "appareil photo" ?

    Sur le fond : l'assiette ne devient réelle, dans l'esprit des gens, que si elle est prise en photo et postée sur un réseau social. Sans quoi elle n'existe pas vraiment. En fait, les gens vérifient simplement qu'ils ont quelque chose à manger devant eux ; s'ils peuvent voir la bouffe sur un écran, c'est qu'ils peuvent se lancer : il y a bien quelque chose à manger. Simple vérification, en somme. Rien de bien extraordinaire.

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    1. Ce doit être quelque chose comme ça, en effet.

      DG

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    2. Quant à mon “appareil de photographie”, il est là pour s'accorder au côté suranné de ma demoiselle du vestiaire...

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  4. En plus des insectes, on autorise les oeufs de vers dans les assiettes maintenant ?
    Hélène

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    1. Sûrement pas : c'est une assiette végane...

      DG

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  5. C'est injuste pour le photographe, le rendu me semble correct puisque c'est plutôt le rata qu'a l'air dégueulasse. Cela dit parfois il vaut mieux instagrammer une auge amerloque que bobonne en lingerie triple XL.

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    1. Ah, mais, ça, ce n'est pas une photo de touriste prise sur Google Maps !

      Cela dit, elles ne sont pas toutes ratées techniquement, ces photos dont je parle. Ce qui me laisse rêveur, c'est l'étrange pulsion de tous ces gens, qui les conduits à photographier leur assiette.

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    2. Vous devriez aller voir (avec le PC de Catherine ?) la page Facebook de la Comète. Il n'y a presque que des photos de bouffe (diffusées par moi, d'ailleurs). Ca n'a rien d'étrange.

      Ce qui l'est, pas contre, c'est la pulsion des imbéciles qui vont diffuser des avis sur les brasseries dans Facebook et Google (alors qu'il existe des sites spécialisés).

      Par contre, il y a des établissements mal référencés dans Google et Facebook et les gens se "géolocalisent" dans la commune ou "un monument", pas le resto. Donc on a des photos de bouffes qui sont mal placées.

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    3. Moi, je veux bien… mais enfin, TOUTES les villes que j'ai cherchées sur Google en proposent des dizaines, de ces putains de photos de bouffe : ça ne peut pas être que des histoires de restaus mal référencés.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.