En 1947, Kurt Gödel, le grand mathématicien d'origine autrichienne, déjà mondialement connu pour ses théorèmes d'incomplétude, dut passer le traditionnel examen en vue de sa naturalisation américaine. Ses deux témoins étant Oskar Morgenstern et surtout Albert Einstein, l'épreuve s'annonçait comme une simple formalité. Néanmoins, assez bilieux de nature, Gödel voulut s'y préparer le plus sérieusement et minutieusement possible. À cette fin, il se plongea dans l'étude de la constitution américaine. Ce fut pour y découvrir une faille logique qui permettait, en toute légalité, de faire basculer la démocratie vers un régime tout à fait dictatorial. Mis au courant de sa découverte, Morgenstern et Einstein supplièrent Gödel de n'en surtout pas faire état devant le juge…
Un hasard malheureux voulut que le magistrat en question commençât par interroger le postulant sur le régime politique de son pays d'origine. Gödel répondit qu'après avoir été une démocratie, il s'était transformé en une dictature. « Ce n'est pas ici qu'une telle chose pourrait arriver ! », s'exclame alors le juge. Et, bien entendu, Gödel lui répond aussitôt que si, c'est très possible, et qu'il se propose de le lui démontrer séance tenante.
Le juge, qui connaissait par ailleurs Albert Einstein – et peut-être sur un signe discret de celui-ci –, préféra sagement remettre la démonstration à une date ultérieure et coupa court à l'entretien en accordant la nationalité américaine à Kurt Gödel.
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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.