Son étagère n'est qu'à une cinquantaine de centimètres du sol, pourtant, l'autre jour, mes yeux sont tombés sur Georges Perec ; je veux dire : sur les trois ou quatre volumes que je possède de lui. L'affaire aurait pu en rester là, mais il se trouve que j'ai extrait de l'alignement Penser/Classer ; que j'ai ensuite relu avec plaisir, sans trop m'occuper de la mine pincée d'Anthony Trollope, dont je venais de suspendre, assez grossièrement il faut bien le dire, la lecture de ses Tours de Barchester. Le mince volume avalé, j'ai poursuivi avec Espèces d'espaces ; dans le même élan, j'ai commandé un livre déjà lu, il y a longtemps, Les Choses, et deux que je ne connaissais pas, sinon par bribes : Je me souviens et W ou le souvenir d'enfance. Leur lecture m'a occupé ces deux derniers jours. Les Choses est un roman nettement supérieur au souvenir qui m'en était resté, à la fois cafardeux et d'une réjouissante drôlerie ; quant à W, c'est l'un des livres les plus douloureux que j'aie lus depuis longtemps [et je ne suis pas du tout assuré de ce subjonctif-là…]. Comme je n'étais pas encore rassasié, qu'au contraire je sentais mon appétit croître, je viens de commander La Disparition, ce fameux roman lipogrammatique dont je m'étais toujours tenu éloigné, sans bien savoir pourquoi ; et, en attendant qu'il arrive, j'ai rouvert l'énorme pavé que constitue La Vie mode d'emploi.
Voilà où nous en sommes.
Mais mon cher Didier, où trouvez-vous tout ce temps pour lire ? Je sais que vous avez votre chère et tendre pour s'occuper des taches ménagères mais quand même. Je vous envie.
RépondreSupprimerC'est que, en tant que retraité, je ne fais pas grand-chose d'autre ! Et puis, pour ce qui est des Perec que je viens de lire, ils sont vraiment très courts…
SupprimerVous me donnez envie de me mettre à lire cet auteur.
SupprimerA force d'enlever des voyelles ça doit effectivement raccourcir les livres.
SupprimerMonsieur M : allez-y, foncez !
SupprimerMonsieur Bar : sauf si on les remplace par d'autres.
Par quel roman me conseillez-vous d'aborder l'auteur ?
SupprimerSi vous tenez à commencer par un roman (l'œuvre de Perec est du genre protéiforme), lancez-vous franchement dans La Vie mode d'emploi, qui est en quelque sorte son opus magnum.
SupprimerMais on peut aussi choisir de commencer par le premier, Les Choses, sous-titré : un roman des années soixante…
J'ai vu sur amazon, le livre : "Tentative d'épuisement d'un lieu parisien", qui a l'aire de me parler. Je vais me le commander avec d'autres.
SupprimerEt voilà ! on découvre, comme ça, que Monsieur Goux ne partage pas les tâches ménagères. Je vais vous dénoncer aux autorités, moi !
SupprimerTout faux ! C'est plutôt moi qui ne partage pas les tâches ménagères !
SupprimerJe crois que ses oeuvres complètes sont depuis peu éditées dans dans la collection de la Pleade, si vous voulez me faire un cadeau.
RépondreSupprimerJ'ai failli acheter ces deux volumes (mais pour moi…). Puis, j'ai eu un sursaut de raison, du reste parfaitement incompréhensible.
Supprimer"La vie mode d'emploi", que du bonheur! Et que de contraintes! Je vous en souhaite une agréable relecture.
RépondreSupprimerAprès "La Disparition", essayez "Les Revenentes" - exercice lipogrammatique inverse (c'est le grand retour du E!), un peu plus artificiel certes.
Les contraintes sont assez bien expliquer dans le "cahier des charges" du roman, édité (et acheté…) il y a quelques années.
SupprimerAh, les mots croisés de Perec dans le Le Point: définitions pas géniales, mais pas plus de deux ou trois cases noires: et ça, chapeau!
RépondreSupprimerJe ne pratiquais pas les mots croisés, à l'époque. Mais je vais voir si on peut les trouver en recueil.
SupprimerPour les mots croisés, j'ai trouvé cela sur amazon: https://www.amazon.fr/crois%C3%A9s-Consid%C3%A9rations-lauteur-mani%C3%A8re-croiser/dp/207042040X/ref=sr_1_16?ie=UTF8&qid=1499856222&sr=8-16&keywords=perec. Je ne sais si ça peut vous convenir ?
SupprimerCelui-ci me semble mieux…
SupprimerOui vous avez tout à fait raison.
SupprimerMon lointain souvenir de La Vie: superbement écrit, de l'aquarelle et des puzzles, plein de personnages et -très pénible quand les pages sont si nombreuses- l'impossibilité de lâcher le livre même quand le marchand de sable lance sa marchandise à pleine pelletées.
RépondreSupprimerIl y a quelques années, une tribu Malayalam avait demandé à l'organisation 'Unicode' que les spécificités religieuses de sa langue soient permises par la norme Internet. Comme certaines de ces exigences étaient surtout destinées à permettre au clergé bouddhiste de porter des inscriptions sur le fronton des temples, à l'Unicode, on vit tout à coup passer une demande un peu particulière: les jours de pluie, qu'on écrive verticalement, de façon à permettre à la pluie de s'écouler sur le fronton des temples (et des esprits). Et les jours de chaleur, qu'on écrive horizontalement afin d'éviter que le soleil ne craquèle les pierres (et les esprits).
RépondreSupprimerC'est de la méta-lipogrammatique !
Je suppose que chaque génération lit "Les choses" à sa manière, et c'est sans doute ce que vous faites dans votre salon cuir véritable capitonné so british !
RépondreSupprimerLorsque le livre est sorti, je dû le lire de façon assez détachée, vu que je ne possédais encore strictement rien et que, par ailleurs, j'avais déjà été vaccinée contre cette grave problématique quelques années plus tôt, et de façon beaucoup plus réjouissante et sans doute plus à la portée de mes capacités intellectuelles :
https://www.youtube.com/watch?v=Hn9J-LkMQOA