dimanche 28 juin 2020

Terreur dans le train fantôme



Enfant, j'adorais les fêtes foraines. Ensuite ça m'a passé, mais enfant j'adorais. Avec une nette prédilection pour deux attractions entre toutes : les autos tamponneuses et, surtout, le train fantôme. Passons sur les premières et intéressons-nous au second. 

Qu'y a-t-il de plus délicieux que de se faire très peur, tout en sachant qu'on ne risque rien ? Ou disons : presque rien.  Car, bien sûr, les esprits chagrins, les longues figures, les rabat-joie de profession vous feront gravement remarquer que le wagonnet où vous avez pris place peut fort bien – un boulon mal serré – sortir de ses rails dans le virage, ou que la sorcière en carton peut se désolidariser de sa paroi au moment où vous passez par là et vous tomber sur l'occiput. Mais enfin, on sait tous que c'est rarissime, que le risque est à peu près nul, statistiquement. Et, du coup, le délicieux et infantile frisson de la peur sans objet réel conserve toute son efficacité. Si on s'écoutait, à peine descendu du wagonnet, on reprendrait un jeton pour un tour supplémentaire…

Ainsi en va-t-il du petit Chinois. Nous sommes, depuis plusieurs mois, sanglés dans des voiturettes sans aucune autonomie, qui parcourent sur leurs rails une baraque foraine de dimensions planétaires, toute pleine de monstres aux yeux clignotants, de hauts-parleurs dégorgeant cris et grognements, de fausses toiles d'araignée qui font hurler les filles et sursauter les gars quand elles frôlent leurs fronts. Et l'on s'offre des venettes bibliques avec d'autant plus d'enthousiasme que l'on sait bien qu'à l'arrivée, on descendra de son wagonnet exactement dans l'état où on y était monté. 

À ce moment de retour au plein soleil, vaguement frustrés de voir leur terreur s'évanouir, certains exigent aussitôt de pouvoir faire un tour supplémentaire. D'autres, un peu honteux de ce qu'on les ait entendus bramer de terreur pour des figurines de carton, s'éloignent aussi vite et discrètement que possible, déjà tout prêts à jurer que jamais ils n'ont mis les pieds dans une attraction aussi kitsch, tout juste assez bonne pour des enfants pas très malins.

Quelques-uns, enfin, se disent que si vraiment on avait voulu courir un risque véritable, même minuscule, de se faire bousculer en vrai, on aurait mieux fait de prendre un billet pour les autos tamponneuses.

5 commentaires:

  1. En tant que sujet au vertige, la grande roue était le seul manège qui me foutait VRAIMENT la trouille.

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  2. Vers 13-14 ans,avec 2 copains,à Lisnonne, on était descendus du wagonnet en cours de trajet; puis quand les wagonnets suivants arrivaient, on foutait des gifles aux gens,on leur tirait les cheveux,etc
    ,ils sortaient avec un air vraiment terrifié; enfin, on n'avait pas crié "Allah akbar"(ce n'était pas encore à la mode), nos parents sont venus nous chercher au commissariat, ça n'a pas été plus loin.
    EA

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  3. Bon. Enfin. Que voilà un #bobillet. Perso je serai pour un championnat, heu excuser un kholanta, des blogueurs Zé blogueuses, en auto-tamponeuse. J'ai jamais aimé le train fantôme, vu que je créchais, déjà, dans une maison remplie d'ectoplasmes et autres mangeurs d'âme en tout genre. Mais les tamponneuses je suis un Fangio du choc arrière. Ne perdons pas un instant organisons donc ce challenge du volant. Je vous voir déjà vous acharner sur GDC 😆

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  4. Vous faites plus de billets que moi, maintenant ? Ca, ça fait peur...

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.