mercredi 4 octobre 2023

La vieille lanterne de Gérard

Tout à l'heure, par sms, Nicolas et moi évoquions Gérard de Nerval – comme quoi tout peut se produire en ce monde sublunaire, y compris le plus surprenant.

 Cela m'a rappelé que dans ma jeunesse parisienne, il m'est arrivé plusieurs fois d'aller assister à des spectacles au Théâtre de la Ville, place du Châtelet. Chaque fois, avant que l'agitation scénique ne commence, je contemplais longuement le trou du souffleur en rêvassant. Car je savais que cette salle avait été construite là où était, jusqu'au milieu du XIXe siècle, la rue de la Vieille-Lanterne ; et que j'avais lu je ne sais plus où que ce trou se trouvait à l'emplacement exact de la grille à laquelle, un lugubre matin de janvier 1855, on avait retrouvé Gérard de Nerval pendu.

Si Nicolas et moi en sommes venus, dès potron-jacquet, à parler de Gérard, c'est parce que je venais de lire une forte sentence que Jim Harrison lui attribue :

« Il faut boire, sinon quelqu'un d'autre boira à ta place. »

Paroles d'airain qui, on me l'accordera, valaient à coup sûr de tirer des limbes matinales notre sympathique et un tantinet rabelaisien Kremlino-Loudéacien.

12 commentaires:

  1. Il faut lire son recueil (posthume) de chroniques gastronomiques, “Un sacré gueuleton”.

    DG

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  2. Me voila partagé entre la volonté de conserver les boissons pour moi et mes instincts collectivistes. C'est malin.

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    1. Il y a des instincts qu'il est préférable de ne pas trop écouter…

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  3. Vous y croyez à cette attribution de Jim à Gérard ? J'imagine Nerval un peu moins Rabelaisien que le Kremlinois que vous savez. Que dit Murray là-dessus ? Il faudrait réouvrir son XIX siècle à travers les ages car je crois me souvenir qu'il parle de la mort de Nerval, mais pas moyen de mettre la main dessus ....

    La Dive

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    1. Pour être franc, je n'y crois qu'à moitié ; et une petite moitié...

      DG

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  4. Ah, moi ça me rappelle inévitablement la rue du Docteur Blanche, dans le XVIème arrondissement de Paris, qui était le médecin de Nerval, lequel effectivement s'occit (je le tente) rue de la vielle lanterne, le triptyque Nerval-Blanche-Vielle-Lanterne m'évoque inlassablement des souvenirs(on dirait du Modiano à lire mes quelques phrases) pour la plupart contenus dans le Lagarde et Michard du XIX, qui est probablement le plus beau de la collection...J'ai appris beaucoup de textes dans ce livre, et des tous les vers qu'il contient, la 1ère strophe de El Desdichado est peut-être la plus belle de tout le XIXème...je fais comme chez moi, j'ouvre la discussion, quelle est la plus belle strophe de la poésie française...la première des Conquérants de Hérédia vaut aussi le détour...

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    1. Nous sommes d'accord quant au Desdichado. Pour ce qui est de Heredia, je l'ai trop peu lu, et il y a trop longtemps, pour me permettre d'avoir un avis à son sujet.

      Je me souviens juste que Francis Blanche avait songé à porter plainte contre lui pour vol de gerfauts hors du charnier natal

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    2. Francis Blanche qui était lui-même le petit-fils du docteur qui a suivi Nerval…Blanche et le plagiat c’est toute une histoire… à ce qu’il paraît!!

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    3. Votre généalogie m'a paraît fort suspecte, pour dire le moins...

      DG

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    4. M'apparaît, saloperie de téléphone !

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    5. c'est évidemment une plaisanterie et c'était pour raccrocher les wagons avec le docteur évoqué précédemment, mais maintenant je vais mettre des petits émojis pour signifier le second degré!!

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    6. C'est que la plaisanterie était tout à fait plausible ! Pourquoi ce bon Francis n'aurait-il pu être de la famille du docteur et de Jacques-Émile ?

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.