Aux prises avec ce roman, je me sens un peu dans la situation
du brave gars qui entreprendrait de bâtir un édifice, sans plan d'architecte,
avec des connaissances plus que sommaires en maçonnerie, zinguerie,
charpenterie, etc., et qui se lancerait à l'aventure simplement parce
que deux ou trois personnes lui auraient affirmé qu'il ne pouvait que
réussir, puisqu'il avait déjà prouvé qu'il savait monter une tente. J'en
suis au stade de l'invention du brouillon, c'est-à-dire que je gâche du
ciment, empile des briques et des moellons, jointoie, dresse des murs,
pose des escaliers et des fenêtres, agence la charpente, etc., sans trop me
préoccuper de ce qui s'élève. Quand ce sera fini, le bâtisseur
autodidacte se reculera pour prendre du champ, et découvrira s'il a édifié une cathédrale ou bricolé une masure, le plus probable étant que
le résultat de ses efforts se situera entre les deux. Ensuite, voyant
les béances et les aberrations les plus criantes, il s'emploiera à
colmater, redresser, joindre, ajouter un petit balcon ici, un clocheton
là, etc. L'épreuve décisive sera enfin la première lecture étrangère,
l'œil du dehors ; elle équivaudra à ce que serait une pendaison de
crémaillère, un soir où souffle une tempête de pluie et de vent. En
quelques quarts d'heures, le malheureux propriétaire-bâtisseur va devoir
constater que la tornade a abattu le clocheton dont il était si content,
que l'eau, passant sans effort à travers sa toiture, inonde le salon et
les invités qui s'y pressent. L'un d'eux, d'ailleurs, vient de tomber du
premier étage, à cause du petit balcon de la façade sud, insuffisamment
arrimé au mur ; quant à la butte qui supportait la grande terrasse,
elle est, en ce moment même, emportée par le ruissellement des eaux, en raison de
soubassements mal consolidés. La cave est certainement inondée, mais on
ne peut pas le savoir car l'escalier qui y conduisait vient de
s'effondrer, etc.
Malgré tout, on reprend sa truelle, une brique, et on continue son mur en sifflotant, la mine faraude, un petit air guilleret. L'écrivain a cru pouvoir quitter le bâtiment : il y est en plein.
Malgré tout, on reprend sa truelle, une brique, et on continue son mur en sifflotant, la mine faraude, un petit air guilleret. L'écrivain a cru pouvoir quitter le bâtiment : il y est en plein.
Si c'est une cathédrale que vous bâtissez, quelques discordances de style ne seront pas à déplorer : il en est qui, du fait de la durée de leur construction, témoignent de plusieurs styles architecturaux.
RépondreSupprimerNous attendons le résultat avec impatience.
Imaginez ma binette si, à la fin, je me retrouve face à une mosquée…
SupprimerJ'm'en fous j'aime bien la pluie et les cabanes.
RépondreSupprimerÇa vaut mieux, j'en ai peur !
SupprimerLa gloire, évidemment, ce serait que les gens se demandent : "Mais c'est quoi, cette construction ? Je n'ai jamais rien vu qui ressemble à ça".
RépondreSupprimerC'est tout de même à double tranchant, votre affaire… Et je crains qu'ils ne disent plutôt quelque chose comme : « J'aime beaucoup, on dirait exactement le pavillon de Tante Annick à Perthes-lès-Hurlus. »
SupprimerIl faut appeler Jacques Etienne au secours, je vois que ça !
RépondreSupprimerAh ! enfin une idée judicieuse et constructive !
SupprimerJacques Étienne se fait discret, ces jours-ci. Piéride-le retour ou Corrèze-aller simple, je l'ignore, j'espère simplement qu'il ne lui est rien arrivé (de grave.)
SupprimerCatherine me surestime !
SupprimerMéfiez- vous, ça va vous coûter cher en vis ...
SupprimerIl y aura de l'amour ? Des paysages ? Des phrases qui coulent toutes seules ? Des références obscures qui font qu'on se gratte la tête en se demandant ce que ça nous évoque, et pourquoi notre mémoire n'ouvre pas tout de suite des portes ? Quelqu'un qui meurt ? De l'élégance dans le réactionnariat et du linoventurisme dans le contezfleurette ?
RépondreSupprimerJe vais laisser Catherine répondre…
SupprimerÀ part les paysages (ça se passe en ville) c'est tout à fait ça Suzanne. Mais il n'y a que vous pour le dire aussi joliment.
SupprimerÀ peu près pas de sexe : quand on a écrit plus de cent BM, on a envie de se reposer un peu…
SupprimerCe sera pour l'été prochain, celui de mes 60 ans et de ma retraite…
SupprimerL'écriture, l'endurance, la vérité de soi-même, l'intransigeance avec l'ombre du doute, l’invisible d'un système qu'on ne perçoit pas mais qu'on pressent... Tous les ingrédients de l'écrivain!
RépondreSupprimerNH
Il faut vraiment tout ça ? Je crois que je vais laisser tomber, dans ce cas…
SupprimerBon sang de bon soir, à vous lire on a l'impression que vous bétonnez pour bétonner !
RépondreSupprimerA ce compte là, votre édifice (quel qu'il soit) va vous sortir par les yeux avant d'y poser une toiture.
N'avez vous rien à nous dire dans votre roman, n'avez-vous pas envie de nous entraîner dans l'histoire sortie de votre imagination ?
Parce qu'il ne faudrait pas vous forcer à écrire pour écrire.
hélène dici
Eh ! oh ! Je fais ce que je veux, tout de même !
SupprimerJe peux aider aussi : servir des bières, sortir le chien,...
RépondreSupprimerEnfin un commentaire constructif…
SupprimerPauvre chien... il risque d'attendre un moment avant d'aller pisser dés lors que vous serez face à la tireuse...
SupprimerOn fixera un petit tonnelet au cou de la bête…
SupprimerMais non ! Si je bois de la bière, c'est le chien qui me traînera aux toilettes pour que je pisse.
SupprimerVu la taille de Bergotte, elle va avoir du mal…
Supprimer"Colmater, redresser, joindre..." n'est-ce pas ainsi que nous devrions tous faire pour construire nos vies ?
RépondreSupprimerAlors qu'avec une bonne charge de TNT dans les fondations, on n'en parlerait plus.
SupprimerJ'attaque le dernier chapitre après-demain…
RépondreSupprimerJ'ai bien peur que les livres écrit selon un plan d'architecte soient les plus emmerdants à lire...
RépondreSupprimerC'est tout de même moins dangereux que les maisons construites selon des plans de romancier.
SupprimerFaites quand même gaffe aux cahutes de bidonvilles migratoires, on ne sait jamais...
RépondreSupprimerOn dit : lo-ge-ments so-ciaux ! Combien de fois faudra-t-il vous le répéter ?
SupprimerJe vous suggère (puisque, de plus en plus, ça tourne au roman collectif) une phrase d'attaque qui frappe les esprits : "Longtemps, je me suis couché de bonne heure".
RépondreSupprimerNotez : 36 commentaires, dont la moitié sont vos réponses, iça vous fait tout de même 18 acheteurs garantis.
RépondreSupprimerGarantis, garantis… comme vous y allez !
SupprimerFaudrait déjà qu'il soit distribué en Asie pour que je l'achète...
SupprimerC'est vrai, j'avais oublié votre excellente habitude d'envoyer un exemplaire gratuit de chacune de vos œuvres à tous les commentateurs de votre blog.
Supprimeroui, moi je l'achèterai, juste pour voir si il est aussi bien écrit que vos billets :°)
Supprimerhélène dici
Et moi qui pensais qu'une "élite" avait mieux à foutre que de distiller le fiel de sa jalousie, à longueur de commentaires sans le plus petit intérêt !
SupprimerSeule une atropostrophe empêche que l'élite se délite. C'est vous dire à quel point leur situation est précaire. Un peu d'indulgence Mildred, enfin..
SupprimerOn se passera de vous, soyez rassuré.
RépondreSupprimerMerci, vous m'ôtez d'un poids énorme...
SupprimerMais non, je vous assure que je ne vous ai ôté de rien du tout…
SupprimerBon, alors tant mieux.
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