Bien entendu, les marionnettes pavloviennes qui grouillent dans les catacombes de chez Ternette y vont toutes, aujourd'hui – elles auront oublié demain –, de leur petit péan destiné à célébrer la chute du mur de Berlin (qu'elles appellent simplement “le Mur”, comme les mahométans disent “le Prophète”). Celle-ci a des souvenirs d'époque, cette autre des inquiétudes d'à présent, une troisième des attendrissements sans âge ou une brusque poussée de nostalgie sénile. Je ne critique pas : c'est “l'Espèce humaine”, comme disait Robert Antelme.
Pour apporter ma petite pierre à cette muraille en ruine, je voudrais qu'on me permette de noter une simple chose, inspirée par la photo proposée ci-contre. Que voyons-nous ? Un mur ? Non pas : deux murs. L'un maculé de gribouillis immondes, infantiles, hurleurs, agressifs et glaçants ; l'autre lisse, propre, digne, net, silencieux, imperturbable.
On s'est donc bruyamment réjoui, alors et de nouveau maintenant, de ce que la moitié des Allemands qui en étaient privés, allaient désormais pouvoir s'exprimer, c'est-à-dire essentiellement saloper les murs à grandes giclées de tagures. Le 9 novembre devenait donc le jour du Guten Tag, celui où tous les Berlinois de l'Est allaient pouvoir faire la bombe, à l'égal des grenouilles décérébrées qui sautillaient déjà du côté festif de ce mur qu'ils venaient d'abattre pour en faire de petits souvenirs commercialisables. Et passer de l'état de vivants emprisonnés et bâillonnés à celui de cadavres braillards et dansant.
Ça valait le coup de pioche.
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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.