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vendredi 20 décembre 2024

Les urnes et les autres

 

À Fredi Maque…

Conversation entre André Gide et Paul Léautaud, au Mercure de France, dans le bureau du second, janvier 1935. On parle de choses et d'autres, puis :

« Nous nous trouvons d'accord sur ce point : il n'a jamais voté, comme je n'ai jamais voté, et sur le même état d'esprit : d'une façon ou d'une autre, nous serons toujours dupes. Au moins n'y aurons-nous pas prêté la main. Ce que j'ai exprimé dans une note de Passe-Temps : supporter sans participer. »

Voilà.

jeudi 5 septembre 2024

Sous la bannière de Barnier


 Nouveau Premier commis : Michel Barnier ! Homme de la droite ripolinée, du genre incolore, inodore et sans saveur. 

La gauche dans son ensemble est verte de rage et rouge d'indignation frustrée. Le bien-en-chaire professeur Saint-Graal vire même, sous X, au violacé flamboyant. 

Telles qu'on les connaît et les aime, les mettooffettes doivent déjà s'agiter pour dénicher au matignonné de fraîche date une affaire bien saignante d'attouchement sexuel ou d'emprise masculiniste sur une documentaliste stagiaire des années 80 ou 90. 

Bref : un grand merci, M. Macron, pour cet excellent choix, qui nous promet des lendemains fort réjouissants. 

mercredi 3 juillet 2024

Attention, Guignol : le méchant fasciste !


 Que les marionnettistes en chef agitent sans relâche leurs figurines fascistes, voire nazies, histoire de maintenir plus ou moins éveillées les poupées dont ils tirent les ficelles mentales, soit : ils sont dans leur rôle. Où l'affaire cesse d'être risible pour devenir un peu déprimante, c'est quand le spectateur-malgré-lui s'aperçoit que tous ces petits personnages de chiffons — parfois appelés militants — semblent réellement croire  que l'hydre fasciste ne va pas tarder à faire irruption dans leurs deux-pièces-cuisine, et que plusieurs détachements de la Waffen-SS sont massés aux bois de Vincennes et de Boulogne, prêts à prendre Paris en tenaille pour y égorger nos filles et nos compagnes, et pendre les LGBT à tous les réverbères disponibles, en chantant le Horst Wessel Lied.

mardi 25 juin 2024

N'abandonnons pas la syntaxe aux fascistes !


 M. Charles Fournier est député sortant écolo de Tours (depuis une semaine, notre irremplaçable professeur Saint-Graal et autres ravagés de la coiffe du même acabit s'agitent beaucoup, entre Cher et Loire, pour le faire réélire dimanche). Quand il n'agit pas pour les animaux, ce qui est fort louable, M. Fournier écrit sous X. Voici comment s'exprime un député écolo de nos jours :

« À tous ceux qui répètent à longueur de journée des amalgames sur les plateaux télé, dans la presse ou dans vos meetings : vous alimentez les fractures et servez de marche pied à l’extrême-droite. »

Alors, voilà. D'après notre élu zoophile, il est possible non seulement de répéter des amalgames, mais aussi d'alimenter des fractures dans le but de se transformer en marchepied — ou bien serait-ce en “marche à pied” ? Le doute subsiste. 

On choperait le tournis pour moins que ça. Et en dépit de toutes les mesures prises par M. Fournier en faveur des bébêtes tourangelles, gageons qu'une chatte aurait du mal à y retrouver ses petits.

samedi 9 novembre 2019

Le Mur ou : Tentative de réhabilitation du communisme est-allemand

Bien entendu, les marionnettes pavloviennes qui grouillent dans les catacombes de chez Ternette y vont toutes, aujourd'hui – elles auront oublié demain –, de leur petit péan destiné à célébrer la chute du mur de Berlin (qu'elles appellent simplement “le Mur”, comme les mahométans disent “le Prophète”). Celle-ci a des souvenirs d'époque, cette autre des inquiétudes d'à présent, une troisième des attendrissements sans âge ou une brusque poussée de nostalgie sénile. Je ne critique pas : c'est “l'Espèce humaine”, comme disait Robert Antelme.

Pour apporter ma petite pierre à cette muraille en ruine, je voudrais qu'on me permette de noter une simple chose, inspirée par la photo proposée ci-contre. Que voyons-nous ? Un mur ? Non pas : deux murs. L'un maculé de gribouillis immondes, infantiles, hurleurs, agressifs et glaçants ; l'autre lisse, propre, digne, net, silencieux, imperturbable. 

On s'est donc bruyamment réjoui, alors et de nouveau maintenant, de ce que la moitié des Allemands qui en étaient privés, allaient désormais pouvoir s'exprimer, c'est-à-dire essentiellement saloper les murs à grandes giclées de tagures. Le 9 novembre devenait donc le jour du Guten Tag, celui où tous les Berlinois de l'Est allaient pouvoir faire la bombe, à l'égal des grenouilles décérébrées qui sautillaient déjà du côté festif de ce mur qu'ils venaient d'abattre pour en faire de petits souvenirs commercialisables. Et passer de l'état de vivants emprisonnés et bâillonnés à celui de cadavres braillards et dansant.

Ça valait le coup de pioche.

samedi 30 septembre 2017

Les fantasmes d'Alexandra


Ce pourrait être le titre du Brigade mondaine que j'ai oublié d'écrire ; elle aurait d'ailleurs été plutôt amusante à imaginer, cette héroïne soudain submergée par des pulsions qu'elle reste la seule à croire relever de la politique, de l'engagement, de la responsabilité citoyenne, etc., alors que, dans cette affaire, seules les glandes et les hormones semblent avoir la parole et n'entendent pas la déléguer à qui ou quoi que ce soit d'autre qu'elles. J'ai découvert cette étrange Alexandra il y a déjà quelques mois – fort heureusement elle écrit peu –, à peu près au moment où une énorme vague de désir la submergeait, dont l'objet – que dis-je : le luminaire, le phare, l'astre, à la fois la source et le delta – n'est autre que l'homuncule socialiste illustrant ce billet. Sur le moment, je me suis demandé si je n'avais pas affaire à un canular. Puis, je me suis rendu compte que non : c'était trop beau, trop gros, trop pur de tout alliage ; moi-même, si je décidais d'ouvrir un blog de ce genre, pour m'amuser un peu, je n'oserais pas aller si loin dans ma prétendue idolâtrie, peur d'être trop tôt démasqué. Donc, Alexandra est réelle. On l'imagine assez vivant seule, ou en tout cas sans homme, ayant déjà abordé aux rives incertaines de l'âge critique (mais, finalement, existe-t-il chez les femmes un âge qui ne soit pas critique ? Il faudrait examiner cela). On ne sait trop à quelle cause attribuer un raz-de-marée adulatoire aussi violent : image enfouie du père qui resurgit ? Ménopause chaotique ? Bref retour d'ovulation ? Abus de lectures bovaryennes ? Qu'importe, au fond. Ce qui compte, ce sont les purs diamants qu'engendre cet amour impossible, cette adoration sans mélange d'une humble prêtresse vibrante en sa génuflexion. Je vous livre le dernier paru, mais il en est trois ou quatre autres à dégager de leurs gangues : il suffit de s'enfoncer un peu dans les différentes veines de cette mine.

mercredi 28 juin 2017

Vers des lendemains qui feulent


Dans notre société de brebis bêlantes (« Vous n'aurez pas ma ê-ê-ê-haine ! »), l'himalayesque président Macron fait figure de lion superbe et généreux.

C'est pourquoi il a Rugy.

lundi 8 mai 2017

8 mai, journée superfétatoire


Il m'a semblé, tout au long de ce jour d'après, que commémorer en grande pompe la victoire de nos grands-parents sur le nazisme était cette année tout à fait superflu, et même un brin dérisoire, dans la mesure où, pas plus tard qu'hier, nous avons glorieusement écrasé le fascisme dans les urnes, sans même le secours des Américains ni des Russes, simplement sous le poids de nos cœurs pleins d'amour, de tolérance et d'arrières-pensées. 

(Plat du jour : l'écrasée de fascisme et sa farandole de petits bulletins macronbiotiques à peine saisis.)

lundi 1 mai 2017

Mélenchon et Dupont sont dans une galère…

Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan sont des idiots ou des naïfs. L'un et l'autre ont pris pour argent comptant ce qu'on leur avait enseigné dans leur jeune âge, à savoir que, lors d'une élection, l'entre-deux tours sert, notamment pour les candidats malheureux du premier, à clarifier ses positions par rapport aux candidats demeurés en lice. Ils ont pensé (faut-il être resté gamin, tout de même !) qu'ils avaient le choix entre trois possibilités : soit appeler leurs électeurs à voter pour le candidat A, soit faire la même chose pour le candidat B, soit encore les laisser officiellement libres de leur choix – ce qu'ils sont de toute manière.

Jean-Luc a opté pour la troisième solution, ce qui a immédiatement fait de lui un salaud, un traître à la cause, un suppôt du nazisme, un pétainiste rampant, et j'en passe. À quelque temps de là, Nicolas a déclaré sa flamme à Marine, en révélant sans détour ce qu'il avait trouvé dans la corbeille de leur futur et encore hypothétique mariage : il est illico devenu une infâme dégobillure nazie, cent fois pis que Jean-Luc, lequel ne doit d'ailleurs pas être fâché qu'on lui lâche un peu les richelieus en s'intéressant à quelqu'un d'autre. 

Il ressort de ces deux palinodies que la nouvelle règle électorale est la suivante : entre les deux tours de l'élection présidentielle, les ralliements sont désormais obligatoires mais ne peuvent aller qu'à Emmanuel. Sinon, le rouleau compresseur progressiste vous transformera en crêpe immangeable. Et le premier qui parle de liberté de choix, ou autres vieilleries du même tonneau, se verra illico retirer six points sur son permis antifasciste, avec obligation de stage dans une officine estampillée pour les récupérer.

dimanche 30 avril 2017

Le comique électoral


Je ne sais si c'est la relecture intensive des romans de Milan Kundera – à quoi je me livre depuis une huitaine – qui me rend plus sensible que d'ordinaire à ce qu'on pourrait appeler le “comique de gravité”, mais je trouve cette information irrésistible de bouffonnerie :

Présidentielle 2017 : Luc Besson appelle à faire barrage au Front national.

La découvrant (ici), une sorte de vertige m'a saisi, suivi d'un petit hoquet qui pouvait passer pour un rire à demi étranglé. C'était hier ; depuis, je me suis répété la phrase à intervalles réguliers, lentement et en silence, et, chaque fois, j'ai pu constater que ma jubilation avait monté d'un cran. Son comique, pour moi ravageur, est difficilement explicable, encore moins démontrable, comme tous les comiques qui sont de simple juxtaposition ; d'autant qu'ici, on ne peut se contenter, pour exprimer tout le suc, de juxtaposer le nom du cinéaste pour adolescents en grande difficulté à celui du parti mélenchono-poujadiste : il faut pratiquer une transmutation préalable, afin de pouvoir mettre en regard le constructeur de barrage avec l'image qu'il se fait, qu'il ne peut que se faire, du parti lepénien. On obtient alors une sorte d'épopée de jardin d'enfants, à base d'épées laser en plastique, du genre : Oui-Oui mobilise contre Hitler, ou : Babar terrasse Pinochet. Et, comme il est d'usage, pendant la Guerre sainte la vente des billets reste ouverte.

jeudi 20 avril 2017

Ici l'ombre…


Il y a deux minutes, alors que je venais d'entrer dans la Case, le téléphone se met à sonner ; je décroche, bien certain qu'il ne pouvait s'agir que de l'un de ces horripilants Maghrébins des deux sexes, sous-payés (supposé-je) pour tâcher de nous vendre je ne sais quelles choses inutiles ou services superflus. C'était un message enregistré, comme il arrive parfois, qui commençait ainsi, de cette voix un peu trop décidée que prennent les adolescents lorsqu'ils veulent se vieillir et poser à l'homme. Il commençait ainsi : « Bonjour ! C'est Emmanuel Macron… » J'ai raccroché avant de savoir ce qu'il me voulait.

vendredi 11 novembre 2016

Paradoxes et sottises de nos petits politiciens


Les politiciens n'ont nul besoin d'attendre d'accéder aux plus hautes responsabilités pour se montrer nuisibles et sots : même lorsqu'ils se contentent de grenouiller dans le marécage municipal, ils savent déjà faire la preuve de leur nullité pompeuse. Témoin celui-ci, homme de Progrès (de Lyon) bien évidemment, qui prend prétexte du jour où nous sommes pour jouer les esprits forts et, ce faisant, s'enduire d'un ridicule qui, rassurons-nous, ne le tuera pas. 

La sottise, ou la mauvaise foi, est en place dès le titre : Non aux fêtes du 11 novembre, vestige d'une guerre civile européenne. Difficile d'accumuler autant d'erreurs en si peu de mots. D'abord, aucune fête n'a jamais eu lieu le 11 novembre, mais des commémorations. (Je passe sur ce “vestige” au singulier, dont on ne sait pas à quoi exactement il se rattache.) Ensuite, il y a cette étrange guerre civile européenne, qui est un non-sens complet. Une guerre civile, nul ne l'ignore, est un conflit se déroulant à l'intérieur d'un État, ou de toute autre entité politique reconnue. On ne voit donc pas comment la guerre de 14 – 18 pourrait être à la fois civile et mondiale. En revanche, on comprend bien le “raisonnement” de M. Blachier, qui non seulement considère que l'Union européenne est d'ores et déjà une entité de ce type, mais qui, en outre, l'applique rétrospectivement à l'Europe de 1914. À ce compte, toute guerre pourra désormais être dite civile, si l'on prend pour repère le jour lointain et hasardeux où toute la terre sera unifiée politiquement. Par exemple, en Irak, les Américains ont donc mené une guerre civile mondiale.

Autre lambeau de phrase : Bien sûr je me rends aux célébrations du 8 Mai, pour célébrer celle qui fut réellement la der des der et la victoire contre le nazisme […]. Pourquoi “bien sûr” ? Mais voyons : parce que M. Blachier, en inoxydable progressiste qu'il est, reste tout entier dressé contre le nazisme, et qu'il ne peut même pas imaginer que l'on en doute. Et comme, de plus, il a vu dans sa boule de cristal aux reflets roses que cette guerre fut réellement la der des der, nous n'avons plus qu'à nous incliner. 

Du reste, M. Blachier fait preuve d'une cohérence intellectuelle que l'on devrait lui envier. Ainsi : […] évidemment je suis partisan de maintenir le souvenir, la mémoire. Mais je trouve aujourd’hui que commémorer solennellement la guerre de 14-18 est obsolète. Maintenir la mémoire sans commémorer, n'est-ce pas… 

Et pourquoi une telle commémoration est-elle “obsolète” ? Pour ceci : Déjà plus  un poilu n’est encore vivant. On s'étonne, les sans-culottes ayant sans exception trépassé depuis longtemps, que M. Blachier ne jette pas toutes ses forces citoyennes dans la lutte pour la suppression du 14 juillet. Ensuite, on revient aux errances du titre : Mais si la seconde guerre mondiale fut une victoire contre le nazisme, 14-18 fut un conflit entre nations européennes, une guerre civile entre européens. La grande cohérence intellectuelle de M. Blachier, la même qui lui faisait dire qu'il convenait de maintenir la mémoire sans commémorer, lui fait donc poser comme rigoureusement équivalents un conflit entre nations et une guerre civile. 

Et quand bien même la Première Guerre serait ce qu'en dit M. Blachier ? Il semble lui avoir tout à fait échappé que, le 11 novembre, cela n'a jamais été la guerre qu'il était question de célébrer, mais au contraire sa fin. À ce titre, il n'y a pas de différence essentielle entre le 11 novembre et le 8 mai. Lequel 8 mai ne fut qu'accessoirement une victoire contre le nazisme, et avant tout contre l'Allemagne et ses alliés (dont le Japon, qui n'était pas nazi).

Je ne résiste pas au plaisir de citer les trois dernières lignes de ce billet, dont la misère conceptuelle n'a d'égale que sa richesse d'involontaire cocasserie ; les voici : Je voudrais, qu’à la place de ce qui est pour moi une tragique guerre civile européenne [c'est bon, vieux, on a compris…], on célèbre sérieusement le 9 mai, fête de l’Europe, fête de notre nation à venir, vraie fête de notre futur à construire en ces temps incertains.

Commémorer ce qui reste à naître, fêter ce qui est à venir : s'il est un endroit où je n'aimerais pas habiter, c'est bien la tête de M. Blachier.

dimanche 3 juillet 2016

Mort d'un cuistre


J'ai éclaté de rire tout seul, à la surprise légèrement réprobatrice du chat. C'était en apprenant (ici, mais on le trouvera ailleurs) que le vieux politicien bredouillant et stérile qui est mort hier, demandait par testament à ce qu'un hommage national lui fût rendu, aux Invalides, en présence du président de la République. J'ignorais que l'on pût pousser la cuistrerie à ce point où elle confine à la simplesse d'esprit. Une chance que le petit bonhomme n'ait point été de confession catholique : il nous aurait requis le pape et exigé de lui un procès en béatification. Est-ce cela que l'on appelle la retombée en enfance ? Allons, que la République soit bonne fille : qu'elle le lui donne, son petit bout de diplôme post mortem ; et surtout, après cela, que l'on n'en parle plus.

jeudi 17 décembre 2015

Qui parle de qui ?


Je suis tombé hier sur ce rapide portrait d'un homme politique de premier plan, exécuté par un journaliste connu. Ce sera la devinette du jour, bien qu'on ne soit pas dimanche. J'ai supprimé quelques mots (signalés entre crochets), qui constituaient des pistes un peu trop voyantes. Donc, voici :

« XX était ainsi le premier homme politique que j'eusse sérieusement détesté, dont j'eusse réclamé l'assassinat comme une mesure de salut public. Il figurait pour nous la démocratie dans son débraillé le plus sordide, dans ses chimères les plus niaises, dans sa vulgaire ignorance de l'histoire et des réalités humaines. Retors, doué d'une méprisable habileté pour se maintenir et évoluer dans le bourbier du Parlement, il était cornard dès qu'il s'attablait avec l'étranger pour défendre devant lui les intérêts de la France. Il mettait à l'encan les fruits les plus légitimes de nos terribles sacrifices […], pour nous offrir en échange de risibles parchemins. Il traînait avec lui les plus grotesques et haïssables bonshommes d'un régime manifestement putride […]. »

mardi 9 décembre 2014

Manuel Valls : le mystère du troisième homme


Dimanche soir, sur France 2, le Premier ministre a, au milieu d'un brouet sans intérêt, laissé échapper une phrase qui aurait dû faire bondir tous les Français, tant ses implications pourraient être lourdes ; pourtant, nul n'a réagi, à ma copnnaissance. Manuel Valls a dit ceci :

Nous discutons beaucoup, avec le président de la République.

Que le président et son Premier commis parlent ensemble, c'est bien la moindre des choses. Mais alors, qui est le troisième homme ? Quel est cet inconnu qui s'est inséré en tiers dans cette conversation au sommet ? Car je ne puis seulement envisager qu'un homme aussi brillant que Manuel Valls parle le français comme un Basque espagnol ou comme un progressiste de la blogoboule. Par conséquent, s'il a enployé cette formule, c'est en connaissance de cause, pour révéler sans en avoir l'air à tout le pays l'existence de ce shadow triumvirat. 

Donc, je repose la question : qui est donc le second membre de ce “nous” qui discute avec le président de la République ?

samedi 4 octobre 2014

La valse des politologistes


Si vous êtes capable de discourir avec assurance et sans fou-rire intempestif durant une heure devant une batterie de caméras, alors pas de doute : vous êtes politologiste ; ou journaliste politique, ce qui revient à peu près au même. Les politologistes, depuis quelque temps, semblent se multiplier comme champignons après l'ondée, aussi bien dans la presse qu'à la télévision ; mais leur biotope naturel, leur aquarium d'élection, c'est évidemment l'émission de l'inénarrable Yves Calvi, C dans l'air. Là, on ne fait même plus semblant de varier les “plateaux” : ce bon Calvi, tel un propriétaire de haras avisé, dispose d'une trentaine de politologistes spécialistes du trot attelé, qu'il ressort par roulement et fournées de quatre. L'autre soir, Catherine et moi pouffâmes (de plus en plus de gens, dit-on, ont pris cette habitude, fâcheuse au regard de la convivialité familiale, de pouffer devant la télé) en imaginant qu'attenante au studio se trouvait une sorte de grande pièce tout en longueur et garnie de lits Picot alignés, dont les chroniqueurs n'étaient jamais autorisés à sortir, sauf pour venir s'asseoir, une heure par semaine en moyenne, autour de la table à blabla ; la distraction suprême des élus du jour étant de se revoir le soir-même, sur l'écran plat vissé solidement au plafond du dortoir, lors de la rediffusion de dix heures et demie.

Comment fonctionne un politologiste ? Comme une voyante qui ne prendrait même plus la peine de tirer les cartes ni d'investir dans une boule de verre : le politologiste est une Mme Soleil en roue libre, qui énonce d'une voix d'oracle les évidences qu'il vient de déduire de prémisses hasardeuses, voire totalement infondées. Lorsque le politologiste ne sait vraiment plus que dire, quand la branche à laquelle il vient de s'accrocher plie dangereusement sous son poids, il lance la phrase magique et multifonctions : « … et dans ce cas, ça risque de devenir très compliqué pour lui. » ; en suite de quoi, Yves Calvi comprend qu'il est temps de passer tout uniment au sujet suivant et à un autre de ses quatre politologistes du jour, pour laisser à celui-là le temps de se refaire.

Il est très difficile de trouver plus divertissant que le politologiste, qu'il soit élevé sous serre comme ceux de Calvi ou de plein air ; à part peut-être les économistes de plateau.

lundi 26 mai 2014

Le jour d'après


Séiiisme ! se mit à hurler celui-ci ; tremblement de teeerre ! s'égosilla celui-là. Raz-de-marééée ! entendit-on gémir cet autre ; tsunamiii ! fit en écho son voisin, qui avait pratiqué les langues orientales. Partout dans les lucarnes on pleurait, grondait, menaçait, sauf le populo qui souriait en coin ; le désarroi et l'ironie étaient palpables.

Au matin du jour d'après ce sombre dimanche marial, il tombait une petite pluie anodine, et l'Europe continuait de s'enfoncer lentement dans sa lagune, sous le regard mort des touristes bruxellois, en short et sandales sur les pontons. Un peu plus loin, le carnaval s'apprêtait.