lundi 25 juillet 2016

Asylum, dégâts collatéraux


J'ai acquis récemment un gros coffret de disques “blu-ray” comprenant les quatre premières saisons d'American horror story : un achat que je qualifierai d'anti-alcoolique. En effet, Catherine ayant la ferme intention, le mois prochain, de m'abandonner à moi-même et à mes funestes penchants durant deux semaines, pour aller faire la zouavesse dans une yourte au fin fond d'un bois canadien, il me fallait dresser de solides pare-feu entre moi et ma tendance aux libations massives dès lors qu'une certaine solitude conjugale descend sur la maison. Or, rien de plus efficace, quand on prétend remplacer l'ivrognerie honteuse par une “ivresse douce et raisonnée”, pour parler comme Juan Carlos Onetti, que la perspective d'une soirée de télévision comportant un lot raisonnable de meurtres, tortures, éviscérations en tous genres : la compréhension du scénario, ni la lecture agile des dialogues en sous-titres, ne s'accommode du sommeil plombé qui a tendance à saisir le franc buveur dès lors qu'il s'appesantit dans son fauteuil.

Hélas, comme toutes les âmes impatientes, je n'ai point pu y tenir, et, avant-hier soir, j'ai commencé à regarder les premiers épisodes de la saison 2 (les saisons, ici, sont tout à fait indépendantes les unes des autres, on peut donc gravir cet Éverest par n'importe laquelle de ses faces), qui s'intitule Asylum. Comme ce nom l'indique aux anglophones, et aux moins envasés du bulbe des autres, l'histoire se déroule en un centre psychiatrique où, dans les années soixante, on enfermait les fous criminels. J'ai été bien puni de ma précipitation. Non que la saison soit décevante, au contraire : elle est malsaine à souhait, et les acteurs, Jessica Lange en tête, sont parfaits. Mais il y a des retombées néfastes, dommageables à la santé mentale du téléspectateur.

Dans cet effrayant manoir, soumis à des règles aussi drastiques qu'absurdes, voire sadiques, il en est une particulièrement inhumaine : dans la salle commune, où les fous passent, désœuvrés, le plus clair de leurs journées, est diffusée en boucle, sans jamais la moindre interruption, la chanson de Sœur Sourire que tout le monde connaît. C'est pourquoi, depuis quarante-huit heures, je ne cesse plus, et ma raison en chancelle déjà, de me fredonner à basse voix, et avec un accent guilleret contredisant violemment le désespoir dans lequel je me sens plonger : 

Dominique, nique, nique
S'en allait tout simplement,
Routier pauvre et chantant…

C'est dur.

21 commentaires:

  1. Série télévisée extraordinaire mais qui vous colle des cauchemars effrayants.
    Et cette chanson qui se retient facilement, tout au moins pour le refrain et qui se mêle à des images pas très catholiques.
    En lisant votre billet, ce refrain m'est revenu en tête, c'est malin.

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    1. Le plus drôle dans cela, c'est mon épouse qui adore cette série,elle adore les films de zombies.
      Les films étranges comme "Mister Frost"; je comprends pourquoi, elle m'a épousé.

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    2. Vous avez de la chance : moi, je suis obligé d'affronter tout seul zombies z'et goules…

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    3. Je dirais que c'est moi qui accompagne ma douce (par obligation, c'est elle qui est la chef de la télécommande) car je suis plutôt SF, genre "Space Opéra".

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  2. Sœur Sourire était dans la Yourte et chantait pour Goux...
    C. Monge

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  3. Le plus dur étant sans conteste pour ces gens qui ont le malheur d'avoir été prénommés, Dominique, et à qui, un jour ou l'autre, invariablement on chante : Dominique, nique, nique !

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  4. Vous faites bien de nous prévenir. Le mois prochain, donc, on postera les commentaires le matin ou à des heures sans nom pour être sûr d'être lu à jeun.

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  5. je ne connais pas votre série d’horreur, par contre " Dominique ", que ne l ais-je pas entendu mille fois étant gamin, quand elle résonnait dans la maison, nous savions une chose: que maman était d'humeur joviale et que c'était donc le bon moment pour lui demander tout et n'importe quoi :)

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    1. Vous devriez essayer c'est vraiment très bien. Le générique de la saison 1 est particulièrement glauque...

      C'est violent, dérangeant, sanglant, bref, pas du tout progressiste, ça va vous plaire !! ;)

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    2. Devons-nous comprendre que votre père s'appelle Dominique ?

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  6. Sauf que ça peut faire : Mohamed, m'aide, m'aide, quand je nique nique, nique....

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  7. C'est malin de me mettre dans la caboche ct'e satané refrain dès le matin.
    je vais jeter un sort acide à votre lot de gewurtz en juste représailles.

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  8. Rien à voir mais encore un attentat ce matin.
    A ce rythme-là le terme «islamophobe» va enfin prendre tout son sens.

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    1. Rien à voir ? J’ai bien peur que si…
      Si notre hôte aime le gore, il aura bientôt plus de chance d’en voir à la messe qu’à la télé.

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  9. Ah! l'été c'est parfois le fond du blues. Tant espéré, si beau dans nos souvenirs et pourtant si long et si creux qu'il faut le meubler à tout prix...
    Et pour ce faire vous n'hésitez pas un instant et foncez droit dans la violence culturelle, avec de bons films d'horreur à la chaîne et quelques belles liqueurs en réserve pour vous réconforter.
    Pas d'ombre au tableau, tout va bien !

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  10. N'ayant aucun goût pour les films d'horreur (et le cinéma américain en général), votre remède contre les libations ne marchera pas avec moi. Il faudrait trouver autre chose mais comment trouver quand on ne cherche même pas ?

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  11. Pour vous libérer du démonique, peut-être pourriez-vous essayer ce refrain : https://www.youtube.com/watch?v=LQih4Vet5wc

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  12. Une nouvelle version : https://www.facebook.com/957221704360838/videos/1009042125845462/

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.