Passionnantes et admirables sont les Choses vues de Victor Hugo, au moins dans leur première moitié (à compter du départ pour l'exil, les séjours à Jersey puis Guernesey ne lui donnent plus que de fort rares choses à voir, et, donc, l'intérêt des notes s'en ressent fâcheusement). Quand il s'abstient de poser au visionnaire – ce Hugo qui plaît tant aux progressistes d'aujourd'hui – et de buriner sa propre statue, il fait preuve d'une acuité de regard étonnante et, bien entendu, d'une formidable capacité de restitution, une fois la plume en main. Les images sont à la fois précises et évocatrices – ce qui, du reste, est le propre d'une image bien trouvée –, comme lorsqu'il dit, de deux médiocres statues descendues de leurs piédestaux et abandonnées dans l'herbe à l'aplomb d'un mur, qu'elles ont un faux air de tragédies sifflées.
Le 16 mai 1841, Hugo note cette remarque que vient de lui faire Émile de Girardin : « Ce qui est le plus dangereux et qu'il faut le plus craindre, ce n'est pas l'abîme, c'est la pente. » Les esprits lucides de notre temps verront tout de suite à quel point l'observation est juste. Et les plus désabusés d'entre ceux-là ajouteront peut-être, mais à voix basse, comme pour eux-mêmes, sachant l'inutilité de leur prédiction, que les deux ne sont pas inconciliables et que certaines pentes, raidement descendantes, déboucheront finalement sur l'abîme.
Mais il faudrait être fou pour remarquer que, même arrivé à mi-pente, on peut toujours faire demi-tour et remonter vers la cime.
RépondreSupprimerIl faudrait surtout commencer par remarquer que l'on se trouve sur une pente. Ou même, comme c'est le cas à notre époque, ne pas prendre une pente descendante pour une ascendante.
SupprimerLa pente paraît ascendante à ceux qui la descendent à reculons (je ne nomme personne, laissant au lecteur d'en établir la liste).
RépondreSupprimerComme disait je ne sais plus qui, avec un sens de l’image qui vaut bien celui de notre ami Victor : « Nous étions au bord d’un gouffre, nous avons fait un grand pas en avant.»
RépondreSupprimerOn me souffle que c’était Félix Houphouët-Boigny, à vérifier.
Je ne pense pas qu'Houphouët ait été stupide à ce point. On dirait plutôt du Hollande, en fait.
SupprimerLa plupart des sites Internet l'attribuent effectivement à Félix Houphouët-Boigny...ce qui ne prouve rien, si chacun la reprend chez un autre; Malraux n'a jamais dit ni écrit :"Le XXI ème siècle sera religieux (spirituel dans d'autres versions) ou ne sera pas "(cette conclusion me semble particulièrement dépourvue de tout sens), et je crois qu'il y a un sérieux doute sur l'attribution au cardinal de Retz du "On ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépens "
SupprimerJ'ai lu que c'était Mobutu Sese Soko, c'est plus dans le style de ce personnage.
SupprimerOn trouve en effet des variantes : Le XXIème siècle (variante : le 3ème millénaire) sera religieux (variante : sera spirituel) ou ne sera pas.
SupprimerJe me souviens avoir entendu Malraux lui-même sur France Cul, il y a fort longtemps, jurer n’avoir jamais écrit ni prononcé cette phrase dont l’absence d’intérêt, voire la sottise, semble avoir échappé à tous ceux qui la reprennent à leur compte, à des fins généralement indéfendables.
Dans le même genre, on a aussi le tristement célèbre « Tout est relatif » attribué à Einstein (on l’imagine bien sortir une telle ânerie…) et généralement employé pour justifier tout et n’importe quoi. Ou encore « Dieu se rit des hommes qui déplorent les conséquences dont ils chérissent les causes », alors que, si mes renseignements sont exacts, Bossuet a énoncé moins banalement cette vérité de bon sens.
C’est le genre de « citation » qui traîne sur le ouèbe, à prendre avec des pincettes. Mais en hollandais, ça donnerait plutôt : « La France, elle était au bord d’un gouffre et mon quinquennat, il lui a fait faire un grand pas en avant. »
RépondreSupprimerGide le disait aussi dans les Caves du Vatican
RépondreSupprimer" Il est bon de suivre sa pente pourvu que ce soit en montant."
Quant à Emile de Girardin, il est amusant de noter qu'il retrouvera, dix ans plus tard, Hugo à Bruxelles, où il s'enfuit suite au Coup d'Etat de 2 décembre 1851.
Mais la pente, il saura la remonter...
Il m'étonne que personne n'ait cité Raffarin "Notre route est droite, mais la pente est forte" Peut-être les raffarinades sont-elles oubliées?
SupprimerVictor Hugo, le cauchemar de mes années de collège.
RépondreSupprimerEtudiez ces textes fut une souffrance.
Je n'aimais déjà pas la littérature mais les siens m'ont achevé.
^Le seul poème de Hugo qui m'a touché est "À Villequier", où il fait passer une vraie émotion, et pour cause; la plupart des autres ("Donne-lui quand même à boire"" Ô combien de marins" "Jeanne était au pain sec" ", etc.) m'ont toujours paru ridicules.
SupprimerLa légende des siècles, un traumatisme encore présent.
SupprimerN'est-ce pas qu'elle faisait peur, cette scène du boulet de 93.
RépondreSupprimerIl n'y en a pas deux qui écrivent comme ça.
RépondreSupprimerTiens un commentaire (qui se veut hilarant...) chez GdC " Quand on voit les amis de Monsieur Tout mon D.Goux affluer à la grand messe du catho réac homophobe et anti-féministe Fillon, on sait maintenant à quoi s ‘attendre" Au cas où vous ayez loupé l'hilarité...
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