Le point commun le plus remarquable aux écrivains de droite du second
XIXe siècle et du premier XXe, c'est leur détestation quasi frénétique
de Zola. De Barbey d'Aurevilly à Kléber Haedens, en passant par Goncourt
ou Daudet, ils ne peuvent s'empêcher de le piétiner, puis de cracher
sur ce qu'ont laissé leurs lourdes bottes. Le plus enragé est bien
entendu Léon Bloy. J'ai passé les deux premières heures de la matinée à
lire son Je m'accuse…, tout entier consacré à sa bête noire (ou devrais-je dire : à l'une
de ses bêtes noires ?). Je dois reconnaître que la charge est si outrée
qu'elle devient rapidement fort réjouissante, et même d'une
irrésistible drôlerie par endroit. Il est vrai aussi que Bloy se fait le
jeu facile en choisissant pour cible Fécondité, ce roman aussi
grotesque qu'illisible (je le sais : j'ai essayé). Il me répondrait sans
doute qu'il n'a pas choisi. Et, en effet, c'est ce roman-là qui, alors,
au tournant du siècle, paraissait en feuilleton dans L'Aurore, la gazette de Clemenceau (et du J'accuse zolien…).
C'est donc un journal de bord de sa détestation du Crétin – surnom dont il l'affuble – que nous donne Bloy,
qui s'astreint chaque matin, avec un masochisme dont il est le premier à
rire, à lire la tartine du jour et à nous rendre compte, avec une féroce maniaquerie, de ses
énervements, écœurements, colères, éclats de rire, etc. Lecture
jubilatoire, finalement, même pour quelqu'un comme moi, qui ai toujours
placé Zola assez haut sur ma petite échelle personnelle.
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