Le chien Horla |
Comme je me l'étais promis il y a peu de jours, en raison des quelques incursions que nous y fîmes à partir du Cantal, j'ai, de retour ici, relu Le Département de la Lozère
; je le qualifiais, dans mon journal, et me fiant à ce qu'il me reste de mémoire, d'admirable : il
l'est, peut-être encore davantage que dans le souvenir que j'en gardais.
Une lecture un peu distraite pourrait faire croire à un ouvrage écrit au
fil de la plume et des impressions successives fournies par le voyage qui l'a suscité
; il n'en est rien : c'est au contraire un livre rigoureusement et très
subtilement construit, étagé, sculpté même, pourrait-on dire. Et
c'est cette construction, et sa rigueur, et la subtilité de ses
correspondances, qui font que le lecteur a la sensation troublante de s'y
perdre ; de s'y perdre avec délices, de s'y perdre doublement aussi :
dans les méandres géographiques des vallées profondes et le dénuement des monts de plein ciel,
mais tout autant dans les entrelacs du temps historique.
Étant parvenu
au bout du volume, et à celui des gorges du Tarn conjointement, je ne voulais pas
quitter Renaud Camus aussi abruptement, dans un cas comme dans l'autre,
et j'ai relu aussitôt la Vie du chien Horla. Le choix, par
hasard (mais y a-t-il des hasards ?), fut heureux, puisque, au sein de ce second livre, il est donné
au lecteur de retourner en Lozère, mais arpentée cette fois d'un point de vue
canin, si j'ose dire, dans la mesure où Horla et son demi-frère Hapax
faisaient partie de ce périple entre mont Lozère et mont Mouchet, d'Aubrac
à Margeride. À cette différence que, dans le premier livre, ils se faisaient si discrets à
l'arrière du véhicule que le lecteur ne pouvait pas même deviner leur
présence ; tandis qu'ils occupent dans celui-ci toute la place. Il y
avait assez longtemps – hors les volumes successifs du Journal – que je ne m'étais pas offert ce plaisir d'une errance contrôlée en Camusie intérieure : je ne regrette pas celle-ci.
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