samedi 5 janvier 2008

Mouvements browniens

Sur les récents et enflammés conseils de Manue et Tang, j'ai fait l'acquisition de deux romans de Fredric Brown, auteur de science-fiction des années cinquante et soixante. J'ai lu aujourd'hui Martiens, go home ! et j'ai commencé Univers en folie. J'ai trouvé le premier très plaisant, drôle, certes, mais je suis loin de partager l'enthousiasme des deux thuriféraires déjà nommés.

En fait, je trouve toujours, ou presque toujours, le même défaut aux romans de SF, dans les périodes où je m'y replonge, et c'est une sorte de "déficit littéraire", un souci d'efficacité mis au service de l'histoire, de l'intrigue, et rien qu'au sien. Il me semble que c'est une faiblesse à laquelle les écrivains fantastiques échappent plus facilement, ou en tout cas plus souvent.

Et je maintiens, quitte à froisser M. Tang, que Je suis une légende, de Matheson, ressortit bien, pour moi, au genre fantastique et certainement pas à la science-fiction...

29 commentaires:

  1. Comme dit ma préférence va nettement à Univers en folie un peu plus foisonnant, je reconnais que l'art de Brown excellent auteur nouvelliste est de ce fait souvent subordonné à l'éternel souci d'efficacité.
    par ailleurs le genre même de la SF, fortement spéculatif tend à ce souci d'efficacité (création d'un univers cohérent...) d'autant que la langue anglaise a priori plus concise que la notre accroit encore cette orientation (l'essentiel de la Sf étant d'origine anglo saxonne).

    ceci étant dit j'espère malgré tout que le second roman vous laisser meilleure impression.

    Autrement vous ne me froisserez pas en faissant ressortir "je suis une légende" eu fantastique mais vous ne me convaincrez pas non plus!

    Dracula de Bram Stoker est certes un roman fantastique mettant en scène les vampires. Mais le roman de Matheson qui donne une explication rationnelle au mythe du vampire ne peut être fantastique.

    La définition du fantastique façon Todorov est assez explicite à ce sujet: le registre fantastique consiste à ébranler un cadre réaliste en y faisant surgir des éléments inexplicables, qui semblent irrationnels (mais le doute est permis au lecteur).

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  2. PS: par ailleurs cela n'a rien à voir mais si votre irremplaçable est intéressée par une recette de far breton elle est désormais en ligne...

    Far breton

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  3. Pour ce qui est de SF plus littéraire, je ne saurai que vous conseiller l'excellent Ray Bradbury. Mais de grâce empruntez les plutôt en bibliothèque même si vous êtes "pété de thune": j'aurai mauvaise conscience à vous ruiner en livres que vous n'apprécieriez pas!

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  4. Graves questions en fait... Pas le temps de commenter complet - stop - Je repasse - stop
    Un jour ou l'autre, il faudra faire sa fête (ou son enterrement d'ailleurs) à la "Littérature" et la "Françoise" surtout, mais c'est sans doute de la mauvaise ou trop bonne science-fiction ça...
    Ce serait fantastique en tout cas !

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  5. Bon, au moins, la prochaine fois, vous mettrez une ouicheliste et vala.
    Des bizettes, quand vous voulez pour la raclette.

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  6. Voyons, Tang ! la fameuse "explication" rationnelle" de Matheson ne l'est pas une seconde, rationnelle, et ne fait même pas semblant de l'être. Ce qui l'intéresse, ici, c'est la prise de conscience d'une absolue solitude, d'une mort inéluctable, de l'étrangeté radicale du héros, etc. Aucune SF là-dedans.

    Je poursuit mon exploration de L'Univers en folie, romand en effet moins facile que le précédent, mais en revanche moins drôle.

    Pour Bradbury, je le connais et c'est en effet un des auteurs les plus convaincants sur le plan littéraire. Simak n'est pas mal non plus.

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  7. Il ne s'agit pas Didier que vous ou moi soyons convaincus par l'explication rationnelle du roman!
    Il s'agit de savoir comment les choses sont présentées.
    Lire ce roman de Matheson fut pour moi une expérience riche mais douloureuse. Douloureuse parce que justement en avançant une explication rationnelle même peu convaincante au mythe du vampire, Matheson a dans le même temps affecté a posteriori le plaisir que j'ai pris à lire le roman purement fantastique de Stoker sur le même thème.

    Enrichissante néanmoins car comme vous le soulignez le roman de Maheson explore des problématiques passionnantes quant à la solitude, la norme et les sentiments paradoxaux d'empathie du héros pour ces bourreaux/victimes.

    Je persiste donc, c'est bien un roman de SF.

    un autre argument en ma faveur est que le roman est paru en 1954 mais met en scène une Los Angeles dévastée en 1971...

    Par ailleurs Wikipedia classe aussi ce roman en SF... Je vois mal ce qui justifierai le genre fantastique...

    J'ai fait étudier à mes élèves de 4è une nouvelle de Brown mettant en scène un couple de vampires fuyant dans le temps pour échapper à leur poursuivants. leur Lvampiritude" est donnée comme acquise, ce qui intéresse la nouvelle est le thyème du voyage dans le temps, c'est là encore de la SF sur un motif initialement fantastique.

    Je suis assez convaincu par la notion de registre pour le fantastique, ce qui fait que l'on peut trouver du fantastique dans un policier, de la SF etc dans la mesure où il s'agit la de sous-genres.

    La SF n'est pas un registre mais bien un sous-genre...

    Tout cela ne préjuge en rien d el'intérêt réflexif de ces romans...

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  8. Mon mari me souffle qu'il considère le roman de Matheson que vous citez comme un roman du genre fantastique, et puis après réflexion, il est tenté d'approuver les arguments de Maître Tang et de le classer dans le genre SF. Et si c'était un peu des deux ? C'est possible ça, non ?

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  9. @ Anange : Il me semble que le fantastique joue sur nos peurs irationnelles, enfouies, presque "religieuses", si l'on peut dire. Sur des peurs sans âges. Cependant que la SF agit plus sur des angoisses plus modernes, liées à l'incertitude du futur, à ce que l'homme va pouvoir faire de lui-même si ses créations lui échappent.

    En ce sens Je suis une légende me paraît indubitablement relever du fantastique, malgré le coup de génie de Matheson consistant à bricoler hâtivement une explication rationnelle au vampirisme. Du reste, cette "explication" est un simple bacille : on ne voit pas ce qu'il y a de SF là-dedans.

    Désolé de m'arrêter là, mais je suis en plein taf depuis ce matin et j'ai une moyenne à tenir...

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  10. Doucement sur le taf, on a vu des overdoses !

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  11. Mieux vaut un petit tarpé après le taf qu'une grande claque avec la meuf !

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  12. C'est passe que vous êtes un vieux crouton ! NA !
    Pas le temps de tout lire les autres commentaires, ce sera pour demain, désolée pour tang mais promis demain je me rattrape et redis mon mot si besoin, non mais !

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  13. De toute façon j'ai toujours raison. Et si vous ne me permettez pas de le clamer ici Didier j'irai pondre un billet à domicile pour le réveler au monde en extase qui n'en peut plus d'attendre mais...

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  14. PS: puisque nous parlions de Sf et de "littérarité" je me permets Didier de vous recommander un auteur SF français dont les affinités politiques ne sont certes pas très engageantes pour vous mais dont le dernier roman m'a laissé forte impression, j'ai nommé Alain Damasio et son inclassable "Horde du contrevent".

    Damasio a des sympathies gauchistes dont il ne se cache pas mais un auteur qui a eu maille à partir avec votre "grand ami" Juanito ne peut être complètement mauvais.

    (mon antipathie pour Asensio est tout fait au dessus de mes moyens mais elle prend racine si viscéralement en moi que je n'aurai garde de m'en défaire...)

    Insomniaquement votre!

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  15. « un auteur [...] dont les affinités politiques ne sont certes pas très engageantes pour vous [...]. Damasio a des sympathies gauchistes »

    Comment ça ? Didier Goux n'est donc pas maoïste ?

    Merde, alors, j'ai encore dû louper un épisode...

    À part ça, il ne manquerait pas quelque chose, des fois, à votre « votre » ? (ne le prenez pas mal mais ça m'empêche de dormir)

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  16. Bonsoir Chieuvrou:
    il manque bien sûr un circonflexe:
    "vôtre"...

    Mon insomnie ayant une source grippale vous ne me tiendrez pas trop rigueur de cette erreur...

    Sur ce je vais tâcher de dormir un peu.

    Aussi bonne nuit à vous!

    PS@Didier: Pour terminer avec mes conseils de lecture en SF littéraire je recommande très chaudement P.K. Dick ("le Dieu venu du centaure" sacrée baffe de ma prime jeunesse et "Ubik" par exemple... mais attention il faut s'accrocher même si ce n'est pas bien long!)

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  17. @ Tang : j'ai été gauchiste alors que vous n'étiez même pas encore une lueur de désir dans la prunelle de Monsieur votre père, alors, hein ! Ce qui se passe, c'est que je ne lis de SF que par bouffées, de plus en plus espacées et courtes. Ainsi, là, je viens d'attaquer le troisième en trois jours (Dans le torrent des siècles, Simak) et je sens que j'arrive à satiété. Je vais me finir gentiment avec les nouvelles de Matheson, qui m'attendent : le reste sera pour la prochaine bouffée.

    Bon, sur ce, je vous laisse : j'ai une jeune femme brune et obèse qui attend mon bon vouloir pour se faire saillir dans un appartement du quartier de la Muette...

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  18. Vous ne vous attaquez qu'aux "classiques" des années 50 et 60 ?

    Mais c'est vrai que j'avais apprécié les écrivains de "l'âge d'or" de la SF américaine. Avez vous essayé des auteurs plus récents, comme Orson Scott Card ("La statégie Ender", "les maîtres chanteurs"), Ursula Le Guinn ("les dépossédés", "la main gauche de la nuit" ou en fantastique "Terremer"), Samuel Delany ("Triton"), etc ?

    Le livre le plus connu de Simak était "demain les chiens", mais j'avais aussi aimé ses écrits plus "fantastiques" comme "La réserve des lutins" ou "Le pèlerinage enchanté".

    ... Mais je trouve que la SF est un genre littéraire intéressant, exposant souvent des idées plus originales que dans la littérature conventionnelle, avec une qualité d'écriture tout à fait comparable.


    PS : j'espère ne pas avoir fait d'erreur dans les noms ou les titres, cités de mémoire, mes livres étant encore en attente de déballage au sous-sol ...

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  19. @ Levri : en fait, je ne lis que très épisodiquement de la SF - et de manière de plus en plus espacée à mesure que les années passent. C'est sans doute pourquoi je n'aiguère de connaissances en dehors des "classiques" que tout le monde a lus.

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  20. @Didier:
    J'ignorais que ayez eu votre période gauchiste, cela dit ce parcours idéologique est assez commun... C'est d'ailleurs ce qui m'encourage à conserver mon anarchisme de gauche tout en fréquentant de nombreux réacs de droite. Il y aurait dans mon changement de bord un confort tel qu'on ne peut que s'en défier... Et là encore un acte aussi commun ne m'inspire rien qui vaille. ;)

    Pour en revenir à la SF et quitter la polémique à deux sous, j'essaie aussi de sortir de la SF, j'ai passé mon adolescence dedans après tout c'est suffisant je pense... ;)

    @Levri: "Demain les chiens" de Simiak j'en ai entendu parler en bien assez souvent mais peine à le trouver chez mes bouquinistes usuels.

    Permettez moi de ne pas vous rejoindre concernant Orson Scott Card: sa stratégie Ender m'a bien déçu après le Damasio précité: trop prévisible (je l'avais anticipé bien avant la moitié du bouquin), trop transparent. Et d'un point de vue stylistique franchement pauvre...

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  21. @ Tang : cher ami, je proteste ! Je ne me considère nullement comme étant "de droite", considérant que ces critères de droite et gauche sont désormais inopérants (vous allez me dire que c'est ce qu'affirment tous les gens de droite, je sais...). Je ne vois aucune différence idéologique, aucune dissonance dans la manière dont ils voient la société et son avenir entre, par exemple, un Nicolas Sarkozy et une Ségolène Royal. Les deux extrême(-droite et -gauche)s me révulsent pareillement, en raison de leur haine de la liberté et, accessoirement (mais c'est un accessoire primordial), par leur antisémitisme (rebaptisé antisionisme par l'extrême-gauche, comme vous le savez).

    Être de droite, il me semble, c'est essentiellement être conservateur. Or, il ne me viendrait pas à l'idée une seule seconde de vouloir conserver le monde tel qu'il est devenu.

    Si je devais à tout prix essayer de me définir, je me risquerais à dire que je suis sans doute un "réactionnaire désabusé", qui espère vaguement que le monde ne croulera pas complètement au cours des dix ou vingt ans qu'il peut espérer vivre encore.

    Quant à Demain les chiens, c'est vraiment un roman remarquable, que j'ai lu, pour ma part au moins deux fois, peut-être même trois.

    Voilà.

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  22. La SF et le fantastique sont complètement miscibles dans une même oeuvre. C'est une histoire de point de vue. De la même manière qu'un auteur peut introduire des éléments fantastiques (éléments inexpliquables) dans un contexte représentant une réalité passée ou présente fictive ou non et admise de tous (on parle alors du genre "fantastique"), un auteur peut se permettre d'introduire des éléments fantastiques ou même merveilleux sur la base d'une fiction scientifique. J'appelle "fiction scientifique" ou "science-fiction" un scénario reposant sur un ensemble plus ou moins cohérant de théories validées ou non par la communauté scientifique.
    Je vous donne en exemple "Event horizon", un film (pour changer) de 1997 réalisé par Paul Anderson.

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  23. @ Tang : avez vous lu "La voix des morts", suite de Ender ? j'avais passé un bon moment à la lecture de "la stratégie", il y a certainement des livres plus intéressants en SF, mes préférences varient selon mon humeur.

    Ma version de "demain les chiens" est un "j'ai lu" acheté vers 1972, je lisais de la SF adolescent, et je prend toujours plaisir à en lire. ;)
    Il est disponible auprès d'Amazon ou de la FNAC à 4,56 Eur, port compris.

    Je n'ai pas lu " La Horde Du Contrevent" de Damasio, mais étant toujours à l'affût de choses lisibles, je pense me le procurer dans un futur proche ...

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  24. Soit Didier, si vous le désirez nous pouvons poursuivre cette discussion sur un billet dédié chez moi. Cela me titillait depuis un moment de me payer la réacosphère...

    LIEN

    @Levri: je n'ai lu que la stratégie, du coup je n'avais guère envie de poursuivre avec la voix des morts m^mee si cet aspect était le plus intéressant du 1er volume...

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  25. Tang : je relève le gant ! Mais pas avant ce soir après dîner, voire demain : j'ai école, là...

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  26. Hum au fait et ces "Univers en folie"? je suppose que vous l'avez terminé...

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  27. Oui, bien sûr qu'il est fini ! Il m'a davantage convaincu que Martiens, go home !, mais je ne peux pas dire que j'en sois ressorti enthousiasmé. Je pense que mes expériences browniennes vont s'arrêter là...

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  28. Ah soit, après tout il me faut reconnaitre que j'ai lu "univers en folie" à l'âge tendre (17 ans). On s'enthousiasme d'un rien à cet âge... ;)

    Pour votre prochaine poussée d'acnée SF je vous recommande "La Horde du Contrevent" d'Alain Damasio... Ce n'est pas de la lecture facile mais vraiment cela m'a transporté (j'avais commencé une petite critique sur VB qui est encore inachevée hélas)...


    Mais pour ma part je vais finir mes fruits congolais un peu laissés de côté durant ma phase grippale... Et ensuite j'ai des ouvrages que vous ou d'autres m'ont recommandés et qu'il me tarde de découvrir...

    D'ailleurs si vous aviez un roman camusien qui vous paraitrait adapté pour une premier contact avec cet auteur... je serais preneur!

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