Il y a toujours de belles découvertes à faire, quand on se trouve invité chez Agnès et Michel Desgranges. Les deux ânes, pour commencer : Jupiter et Lazare ; on ne sait si on se retrouvera au paradis avec eux (il avait été question de Francis Jammes, durant le déjeuner qui venait de se terminer), mais pour l'instant, nous partageons bien la même portion de Terre.
Ensuite viennent les trois chats : deux que je n'ai encore jamais réussi à voir, tant ils se méfient – et ils ont probablement raison – des étrangers, et le troisième, Visiteur, qui a passé l'essentiel de la journée à s'approcher au plus près de Bergotte en
soufflant, crachant et grondant à qui mieux mieux, sans provoquer autre chose chez le chien qu'une totale indifférence à ses simagrées, qu'il a probablement dû trouver assez vexante à la longue.
De retour à la maison, il est temps de passer à des contemplations plus intellectuelles. Cependant que les deux femmes ont mystérieusement disparu je ne sais où, Michel me montre les quelques lettres autographes qui sont en sa possession. C'est à peine si j'ose poser mes gros doigts contemporains sur une courte missive de Chateaubriand, datée de 1822. La
seconde est de Barbey d'Aurevilly, je crois bien me souvenir qu'elle est non datée, mais sans en être sûr tout à fait. Quant à la troisième, elle a été adressée par Villiers de L'Isle-Adam à Léon Bloy, puis intégralement recopiée par celui-ci ; il s'agit donc d'une lettre de Villiers exprimée par la l'écriture de Bloy. Nous en verrons une autre un peu plus tard – j'ai oublié de qui : je ferais décidément un bien piètre mémorialiste –, à l'écriture fort élégante vue à cinquante centimètres, mais à peu près illisible lorsqu'on s'en rapproche.
Enfin, il m'a été donné de lire le début du premier chapitre du prochain roman (s'il se montre moins fainéant que moi et parvient au bout de son ouvrage…) du maître des lieux. Il s'agit du second volume de ses Mœurs contemporaines, venant à la suite d'Une femme d'État. Dans les deux pages que j'ai lues, on découvre un éminent ontologue (oui, je crois bien que c'est ça) aux prises avec le délicat problème que son épouse l'a sommé de prendre en charge, à savoir l'achat d'un flacon d'assouplissant textile à la supérette locale. Je sais d'ores et déjà que je ne pourrai jamais plus entendre le mot Soupline sans être pris d'un léger frisson de crainte.
Pendant ce temps, Visiteur continuait de tourner autour de Bergotte, par cercles centripètes, en essayant de faire le chat méchant.
Et vous avez picolé quoi ?
RépondreSupprimerDe l'eau, il conduisait !
SupprimerJ'allais le dire…
SupprimerLe pauvre. Je ne vois pas l'intérêt du mariage si ce n'est pas la femme qui conduit.
SupprimerOntologue ? Oncologue ?
RépondreSupprimerBelles photos ! Avec super temps....
Non, non : ontologue. Pour le temps, oui, on a eu de la chance.
SupprimerExcellente nouvelle que vous nous apportez là ! J'attends cette suite avec impatience... Je suis vert de jalousie en voyant le beau temps dont vous avez bénéficié pour cette visite. Nous n'y avons connu que la pluie. Peut-être est-ce dû au fait que nous nous y rendîmes en Daimler (partout où elle nous a mené il est tombé des cordes). La prochaine fois, je prendrai le break...
RépondreSupprimerLe dieu de la météo doit détester les riches, probablement…
SupprimerLazare est le noir, Jupiter le blanc ?
RépondreSupprimerCeci est un commentaire du 06/07/2013 recyclé.
C'est cela même.
SupprimerIls ont de bonnes têtes ces ânes, le chat par contre a un air mécontent mais peut être que c'est à cause de la photo.
RépondreSupprimerIl était furieux que l'on ait osé se présenter chez lui avec un chien…
SupprimerAvec votre copain vous faites dans le commerce de détail, hier, vous, un cadenas, aujourd'hui, lui, un flacon de soupline, ce regard sur le monde contemporain devient passionnant, attendons un peu, nous aurons sans doute droit à des cotons tiges sans coton, ou à des petits pois en boite trop ronds ou trop verts, aux fins de votre sempiternelle démonstration d'un monde rempli de faiblesses et filant à sa perte, ce que Barbey, Villiers et Bloy, il y a cent ans, dénonçaient déjà d'une manière qui avait au moins le mérite d'être littéraire et qui n'était même que ça.
RépondreSupprimerAvant eux, depuis des milliers d'années, tous les humains, en général, ne font pas un fonds de commerce de la dénonciation des imperfections de leur environnement, des cadenas aux petits pois et des excréments de chien sur une pelouse, et même, s'ils n'en ont jamais été dupes, ils ne s'en attribuent pas pour autant, comme vous le faites, un certificat de supériorité ou d'exemplaire lucidité, et surtout pas une raison de cracher sur la société telle qu'elle est, se réservant le projet, puisqu'elle peut être perfectible, de la transformer, génération, après génération.
Jean-François
Faut vous reposer, mon vieux.
SupprimerSi j'ai bien compris, c'est une façon de dire en quinze lignes ennuyeuses ce qui tient en cinq mots absurdes : un autre monde est possible.
SupprimerIl n'empêche qu'un peu de repos lui ferait grand bien, à ce garçon !
SupprimerCeux qui se sentent investis de la responsabilité de "transformer la société, génération après génération" ne se reposent jamais. C'est bien ce qu'on leur reproche, d'ailleurs, mais c'est aussi pour ça qu'on les aime, finalement, car cette sueur au front les rend tellement photogéniques.
SupprimerOui, mais attention aux reflets !
SupprimerGeorges, je qualifierai ces gens De fumistes ambitieux.
SupprimerNon, j'ai trop de respect pour les fumistes et d'envie pour les ambitieux.
SupprimerLa Normandie et le Perche gagnent à être connu. Il y a des gens bien qui y habitent.
RépondreSupprimerJe confirme.
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