J'ai trouvé l'anecdote dans le Journal d'un attaché d'ambassade de Paul Morand, reçu ce matin et commencé dans la salle d'attente levalloisienne du Dr D., l'oto-rhino-laryngologiste de Catherine. Le journal commence à l'été 1916 et court jusqu'en décembre de l'année suivante. Morand raconte que le général Mangin a trouvé dans son courrier, un matin, une lettre ainsi conçue : « Mon général, j'ai besoin de trois jours de permission pour aller chez moi : je suis cocu. » Sur la missive en question, l'officier d'ordonnance avait crayonné : « Quinze jours de prison. » Le général avait alors barré cette lapidaire sentence pour écrire à la place : « Six jours de permission. » Et l'on dira après cela que le haut commandement était inhumain ! Évidemment, ce qui restreint un peu la portée de l'histoire (avec une toute petite h), c'est que Morand dit la tenir d'Anna de Noailles qui, si elle n'était pas la sublime enfant chérie des muses qu'elle pensait être, était tout de même une affabulatrice de première bourre.
D'autre part, pendant que je vous tiens, Morand signale, en octobre 1916, que le nouveau ministre russe des Affaires étrangères s'appelle Protopopov ; ce qui est presque trop beau.
était tout de même une affabulatrice de première bourre.
RépondreSupprimerVous voulez dire...plus que Barbara Bonsaï, par exemple...?
Et il a dit quoi, l'oto-rhino-laryngologiste de Catherine ?
RépondreSupprimerJe ne sais pas, j'étais au bistrot avec Paul Morand.
SupprimerJe constate que ma légende s'exporte déjà un tantinet, mais qu'elle est cependant bien loin de celle de la sublime Mildred...
SupprimerElle a dit que j'étais une grosse nouille d'avoir perdu mes appareils auditifs à 4000 euros !
SupprimerJe commence aussi à faire répéter certaines personnes qui ont tendance à parler entre leurs dents ! Cela doit agacer suffisamment ma fille ainée pour qu'elle me sorte, tout à trac : "Maman ! Tu devrais te faire appareiller !" Et moi de lui répondre : "Tu as raison, et je t'enverrai la note !"
SupprimerGrâce à vous, chère Catherine, je comprends enfin pourquoi elle ne rechigne plus à se répéter autant que nécessaire.
@Mildred
SupprimerVoilà ce qui arrive quand on ne prend pas sa petite cuillère à café d'huile de germe de blé deux fois par semaine au minimum. Et pourtant c'est beaucoup moins cher (argument de poids sur un blog juif).
Mangin a eu tort et s'est peut-être rendu coupable d'un assassinat.
RépondreSupprimerUn de plus, un de moins…
SupprimerMorand a eu de la chance de retenir cette anecdote contée par Anna de Noailles; elle était si bavarde et volubile, ne laissant à personne le temps d'en placer une, qu'il était difficile je pense de se souvenir de tout ce qu'elle racontait.
RépondreSupprimerMais Morand c'est quelqu'un, j'ai adoré ce Journal d'un attaché ambassade, où l'on découvre notre héros tout jeune envoyé à Londres. Passionnant, tout comme son Journal inutile d'ailleurs.
Le Journal inutile me semble nettement plus intéressant. Mais, évidemment, dans l'autre il y a Proust in vivo…
Supprimer« Mon général, j'ai besoin de trois jours de permission pour aller chez moi : je suis cocu. »
RépondreSupprimerQuel incipit !
L'essentiel était dit.
SupprimerEvidemment, si Mangin avait reçu une lettre anonyme à lui adressée, elle aurait pu commencer comme ceci: "Mon général,vous êtes cocu".
RépondreSupprimerMais l'histoire ne dit pas s'il vaut mieux prendre 15 jours de prison,lorsqu'on est au front,ou six jours de permission.
Et au front,neuf jours de planque supplémentaires,ça peut décider de la vie d'un soldat,surtout en cette sale année 1916..
Vendémiaire.