vendredi 23 mai 2014

Ouvrir l'homme par le numérique


Le numéro d'été du Débat, qui vient de m'arriver, comprend trois dossiers d'inégales importances. Le premier est aussi le plus volumineux (cent pages) et porte un titre à la sobriété ambitieuse : Définir l'homme. Il va de soi que si d'aventure j'y glanais en effet une définition aussi satisfaisante que définitive, je ne manquerais pas de vous le faire savoir : ça peut toujours être utile.

Le second dossier (un peu plus de quarante pages) semble a priori  mieux “bordé”, quoiqu'on puisse y déceler d'entrée une impossibilité biologique sous-jacente : Les enfants du mariage homosexuel. J'avoue que j'ai bien hâte de lire les avis de Mme Catherine Dolto sur la question. Les Dolto sont à la superstition nuisible, encore appelée psychanalyse, ce que les Kim sont à la Corée du Nord : c'est une affaire de lignage ; sauf que les Kim ont une génération d'avance.

Le troisième dossier est le plus mince (vingt pages) mais aussi, à mes yeux, le plus intrigant dans sa formulation : Ouvrir l'université par le numérique ? L'un de mes anciens patrons disait que l'on ne doit jamais faire de titre sous forme interrogative, dans la mesure où nous autres, remplisseurs de journaux et meneurs de revues, sommes là pour répondre aux questions et non pour les poser. (C'est une leçon qui, manifestement, n'est jamais parvenu jusqu'au cortex des concepteurs d'Atlantico, qui semblent incapables de concevoir un titre autrement que sous forme interrogative – c'était une incise.)

Non, ce qui me frappe davantage que ce point questionneur, c'est la construction : Ouvrir l'université par le numérique. Je comprendrais que l'on souhaitât l'ouvrir au numérique (je suppose que c'est déjà fait depuis lurette), mais par ? Du coup, parce qu'il ne comprend pas ce qu'on veut lui dire, l'esprit entre en vagabondage ; et, cherchant à décrypter le message, finit par lui trouver des relents vaguement obscènes. Remplaçons l'université par autre chose et contextualisons : « C'était bien, ta soirée de samedi ? – D'enfer ! Je me suis fait ouvrir par le numérique, je ne te dis que ça… »

Et l'on en arrive à se demander, un peu hébété tout de même, si l'ouverture par le numérique ne serait pas la solution cachée pour, in fine, voir apparaître ces fameux enfants du mariage homosexuel, dont on nous entretenait juste avant. Un abîme s'ouvre, la confusion est partout.

27 commentaires:

  1. Robert Marchenoir23 mai 2014 à 12:49

    M'enfin ! C'est un article sur les MOOC, ça tombe sous le sens...

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    1. En effet, c'est ça. Mais comme j'ignore absolument ce que peuvent être les MOOC (de qui se MOOCTONS ?), ça ne m'a guère éclairé…

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    2. Massive Open Online Classes, je ne sais trop l'acronyme à la con qu'ils ont dû trouver en France, en tout désormais il existe FUN (France Université Numérique) qui propose de visionner sur les différents supports digitaux à peu près n'importe quel cours des universités qui jouent le jeu. Si un jour vous teniez à vous perfectionner sur en CS (computer science) et bien vous pouvez tout à fait suivre les mêmes cours que ceux qui ont créé Google, un cours d'informatique dispensé à Stanford...

      Bref, les MOOCS sont tout à fait passionnants, qu'ils signent la mort de l'EdNat, et proposent une vraie égalité puisque tout le monde a accès au même cours et que votre niveau ne varie en fonction du professeur...

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    3. Robert Marchenoir23 mai 2014 à 16:12

      En fait, les mouxes ne signent pas plus la mort de l'Educ' Naze qu'Internet ne signe la mort de la presse.

      On peut diffuser des cours sur Internet, mais il faut toujours des profs pour faire cours. De même que les blogs peuvent bien reprendre ce que disent les journaux et broder dessus, mais qu'il faut bien des journalistes pour trouver les nouvelles à l'origine.

      Donc ce n'est pas aussi simple que ça.

      D'autant que pour l'instant, on n'a toujours pas prouvé qu'on peut remplacer entièrement la salle de classe, l'amphithéâtre ou le laboratoire par un écran et une liaison Internet. Et je doute que ce soit jamais le cas.

      Les mouxes ne sont pas la première technique à devoir "révolutionner l'enseignement". Dans les années 1960, ce fut... le cinéma. Tout le monde l'a oublié, mais à l'époque, la classe jacassante expliquait, lors de savants colloques, que projeter des films pédagogiques en classe (sur pellicule, avec un projecteur qui chauffe et fait du bruit) devait bouleverser l'école. Puis, ce fut la télévision, avec des émissions scolaires et des récepteurs dans les classes. Puis, mettre un ordinateur sur chaque pupitre allait ringardiser l'instituteur et sa blouse grise. Et maintenant, Internet va éliminer l'école et l'université...

      Cela dit sans minimiser le potentiel des mouxes. Maintenant, la preuve reste à faire que des étudiants peuvent se qualifier à un métier et trouver un emploi par ce biais, et que cela va au-delà d'un loisir intéressant pour retraités.

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    4. Que les MOOC puissent être utiles, c'est l'évidence ; qu'ils remplacent avantageusement et toujours de vrais professeurs de chair et d'os, j'en doute.

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    5. Ah, on dit les Mouxes ? Comme la pièce de Sartre, alors ?

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    6. Mince, je suis d'accord avec Marchenoir.

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    7. Cher et très cultivé Robert, il m'étonnerait fort qu'en la matière le temps ne fasse rien à l'affaire, Par exemple le cinéma a bel et bien révolutionné l'homme. De ce que j'en vois internet itou, ainsi que le cinéma. L'inertie viendra des soucis d'argent et de cette vie qu'il faut gagner. Au plaisir de vous lire.

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  2. Ce billet n'ayant aucun intérêt (ce qui, chers lecteurs, n'est pas du tout une critique, j'adore les billets sans intérêt), je vais donc oser formuler une réponse qui n'aura pas plus d'intérêt. Le numérique permet d'ouvrir l'université sur le monde extérieur, comme l'entreprise. L'entreprise est donc ouverte par le numérique.

    A noter que des andouilles utilisent le mot "digital" à la place du mot "numérique" (dans les milieux liés à la communication, ça fait branchouille, mais ils ne savent pas que ça vient de "digit" un mot anglais).

    Je trouve que "ouvrir l'université par le digital" aurait été plus adapté comme titre, notamment pour les jeunes étudiantes.

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    1. Entièrement d'accord avec votre dernière phrase.

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    2. Vous avez mis le doigt dessus...
      Ah, on me dit dans l'oreillette de remplacer "dessus" par "dedans". La honte !

      Numériquement désolé
      Duga

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    3. Si je peux oser compléter la réponse de Monsieur Jegou, en informatique, le mot "digit" doit être complété par le mot "binary". Binary digit a été contracté en "bit" qui est l'unité élémentaire d'information dans le mode numérique, cette information étant constituée de combinaisons de "0" ou de "1".
      Je ne voudrais pas abuser et je ne vous embéterai pas avec l'Algèbre de Boole ni avec la théorie de l'information de Shannon.

      Binairement Désolé
      Duga

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    4. Jégou avec un accent, bordel, si je puis me permettre (ceci est une private joke avec moi-même, je viens de refuser de valider le compte rendu d'une réunion avec un fournisseur de bits en vrac - un éditeur de logiciel - parce qu'il avait oublié l'accent à mon nom. En principe, je ne suis pas peine à jouir comme ça mais celui là m'avait emmerdé).

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    5. Nicolas, comme je vous aime beaucoup (et que je suis à peu près le seul ici), je vais vous donner un conseil : cessez de me lire. Oubliez-moi. J'ai une très mauvaise influence sur vous, je m'en rends compte. Si vous en êtes à envoyer chier les gens qui ne respectent pas votre nom, vous allez finir par lire Renaud Camus, par vous rendre compte que Tonnégrande est un nègre et Dagrouik un parasite professionnel – et je ne dis rien de François Hollande.

      Comme ce genre de découverte, de rideau déchiré, risquerait de vous rendre extrêmement malheureux et, peut-être, vous pousser à boire, une fois de plus je vous conseille de m'oublier, à la fois pour vous et pour moi : je ne voudrais pas avoir votre basculement à droite sur la conscience.

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    6. Mais non. Vous m'avez appris à être un vieux con. J'aurais beaucoup de respect pour vous si vous n'étiez pas hémophile, homophobe, raciste, chauffeur de taxi et gros.

      Grâce à vous, je suis devenu la hantise de mes collègues. Quand ils viennent me dire "Nicolas c'est grave, on a un soucis avec l'application", je leur répond : "et alors ? Tu reviendras me voir quand tu sauras me dire que l'application à un bug". Grâce à vous, le français progresse dans l'informatique à part les accents sur les à que me colle mon iPhone.

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    7. Et n'oubliez pas que j'ai subi à peu près les mêmes jeux de mots avec mon nom que vous. Jégou et les couleurs et tout ça. À un point que vers 93 ou 94, je répondais au téléphone "allo Jégou, j'écoute" ce qui laissait benoîts les cons qui m'appelaient.

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    8. Vous auriez appris sans moi à être un vieux con, vous aviez d'intéressantes prédispositions. disons que j'ai peut-être servi de catalyseur, mais rien de plus. Cela étant, je suis sûr que vous n'auriez pas plus de respect pour moi si je maigrissais et si j'abandonnais mon taxi, dans lequel j'ai transporté, depuis trente ans, nombre de gauchistes qui ont vomi sur mes sièges et se sont fait envoyer chier par les gonzesses qu'ils tentaient de ramener chez eux.

      Pour le reste, je vous prie humblement de présenter mes excuses aux semi-mongoliens avec qui vous êtes contraints de gaspiller le peu de temps qui vous est alloué sur cette planète de merde.

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    9. D'un autre côté, en laissant benoîts les cons, avez-vous jamais eu une pensée pour les moins cons qui s'appelaient Benoît ?

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    10. Dans ma vie, j'ai connu deux Benoit. Un était très beau, il emballait toutes les gonzesses du coin pendant qu'on se rangeait la bite sous le bras. L'autre était très con. D'extrême droite (ce n'est pas pique).

      Espèce de catalyseur, va ! (Mais je crois que Suzanne l'a été plus que vous). Il me fallait une réac de gauche.

      Ma parenthèse est mal branlée mais je ne suis pas à jeun, non plus.

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  3. (C'est une leçon qui, manifestement, n'est jamais parvenu jusqu'au cortex des concepteurs d'Atlantico, qui semblent incapables de concevoir un titre autrement que sous forme interrogative – c'était une incise.)

    Et qui font des titres hyper-long histoire de mettre tous les mots-clés dans le titre pour avoir des meilleurs SERP's

    Je trouve aussi insupportable les titres d'Atlantico enfin une personne qui relève ce point, je vous félicite..

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    1. Ces titres à rallonge (grotesque en effet) deviennent un avantage depuis que la lecture des articles est payante : comme, souvent, tout est déjà dans le titre, inutile d'ouvrir sa bourse pour enrichir ces saboteurs de langue française – ce que je n'avais pas l'intention de faire de toute façon.

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    2. C'est comme les quatrièmes de couverture des bouquins, tout y est (finalement, Balzac ou Proust, c'est lu en une heure).

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  4. Que vous ayez acheté un abonnement au "Débat", cher Didier, me plonge dans une saine hilarité.

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    1. J'ai fait bien pis le mois dernier : je me suis réabonné !

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  5. C'est pas beau d'avoir crucifié Miss Wurst, même très vilain...

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  6. Belle reprise de l'Homme de Vitruve. Cochon qui s'en dédit !

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.