dimanche 7 septembre 2014

La responsabilité de l'écrivain


Le 31 juillet 1963, dans ce Salon doré où nous allons finir par nous sentir chez nous, Peyrefitte signale à de Gaulle qu'il compte rééditer Rue d'Ulm, un sien livre paru initialement en 1946 ; il s'agit d'une anthologie de pages écrites sur l'École normale qui fêtait cette année-là son cent-cinquantenaire – par les nombreux écrivains “archicubes”* de ces lieux prestigieux. Parmi ces textes s'en trouvait un de Robert Brasillach, fraîchement fusillé, tiré de Notre avant-guerre, que Peyrefitte avait finalement retiré sur les conseils de la présidente de la Société des gens de lettres, laquelle lui avait affirmé que, découvrant le nom honni dans la table des matières, les trois quarts des autres auteurs pressentis allaient se récuser ; en quoi elle n'avait probablement pas tort.

Au moment de notre réédition de 1963, bien décidé à réintégré Brasillach, Peyrefitte trouve bon de demander son avis au Général, pour des raisons évidentes. Celui-ci lui répond qu'il ne voit aucun inconvénient à cette “réhabilitation”, et même qu'il trouve bien excessifs les scrupules de 1946, dans la mesure où les textes retenus n'étaient nullement des appels à la collaboration avec l'ennemi. Peyrefitte en profite pour risquer la question suivante : « Supposons que Brasillach se soit caché pendant les dix-huit ans qui ont suivi, et qu'ayant été retrouvé, il soit de nouveau condamné à mort aujourd'hui. Exerceriez-vous votre droit de grâce ? » De Gaulle reste silencieux un moment, puis répond :

« Aujourd'hui, je ne sais pas. La roue a tournée. Mais, cet hiver-là, la guerre continuait, nos soldats tombaient sous le canon des Allemands. Tant de pauvres types ont été fusillés sommairement à la Libération, pour s'être laissé entraîner dans la collaboration ! Pourquoi ceux qui les y ont entraînés – les Darnand, les Déat, les Pucheu, les Henriot, les Brasillach – seraient-ils passés entre les gouttes ? Un intellectuel n'est pas moins, mais plus responsable qu'un autre. Il est un incitateur. Il est un chef au sens le plus fort. François Mauriac m'avait écrit qu'une tête pensante ne doit pas tomber. Et pourquoi donc, ce privilège ? Une grosse tête est plus responsable qu'une tête de piaf ! Brasillach était intelligent. Il avait du talent. Ce qu'il a fait est d'autant plus grave. Son engagement dans la collaboration a renforcé les nazis. Un intellectuel n'a pas plus de titres à l'indulgence ; il en a moins, parce qu'il est plus informé, plus capable d'esprit critique, donc plus coupable. Les paroles d'un intellectuel sont des flèches, ses formules sont des balles ! Il a le pouvoir de transformer l'esprit public. Il ne peut pas à la fois jouir des avantages de ce pouvoir-là et en refuser les inconvénients ! Quand vient l'heure de la justice, il doit payer. »

Une note de bas de page conclut cet échange. Elle dit ceci : « Seize ans après cette conversation, j'ai eu entre les mains, à la Chancellerie, le dossier du recours en grâce présenté par l'avocat de Brasillach. Le Général avait écrit en marge : “Il ne l'eût voulu.” »

* Anciens élèves de l'École.

46 commentaires:

  1. Le Général avait raison : les intellectuels ont davantage de responsabilités. C'est pour cela qu'on ne peut pas tant en vouloir à Jégou.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Certes ! Mais je ne me prétends pas intellectuel, moi. Je ne suis pas un trou du cul prétentieux. Et je n'insulte que les cons qui m'ont cherché. J'ai du savoir-vivre. Moi.

      Supprimer
  2. "bien décidé à réintégré Brasillach" ça manque d'R. Commentaire à effacer sans modération.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce R restera comme la tache indélébile sur ma misérable existence.

      Supprimer
    2. Justement. Il n'existe pas, il manque. Ajoutez-le avant de vous suicider.

      Supprimer
  3. Ce qui m'étonne toujours à propos de ces livre de Peyrefitte, c'est la précision avec laquelle il cite les propos de De Gaulle : il n'utilise pas le discours indirect, mais rapporte au mot près ce qui a été dit. Or, il ne me semble pas qu'il enregistrait ces entretiens (la technique ne le permettait pas à cette époque, où les magnétophones étaient d'imposantes machines fort encombrantes et difficiles à utiliser, et de toute façon le Général s'y serait opposé) ; il devait donc prendre des notes, et plutôt a posteriori (je ne l'imagine pas griffonnant frénétiquement devant le Général pour ne pas manquer un seul mot). Comment est-il possible dans ce cas-là de restituer au mot près, comme dans la longue citation que vous reprenez entre guillemets, ce qui a exactement été dit ? N'y a-t-il pas — au moins dans la forme — un peu de De Gaulle et beaucoup de Peyrefitte dans tous ces discours ? On peut en tout cas demeurer souvent perplexe, d'autant plus que les ouvrages de Peyrefitte sont désormais quasiment canoniques, comme des Évangiles, et qu'on les cite autant, et même davantage, que les œuvres, les lettres ou les discours de De Gaulle (voir par exemple la fortune sur le Net du fameux "Colombey-les-Deux-Mosquées")...

    Ici, ce que le De Gaulle de Peyrefitte dit, dans les années soixante, de l’exécution de Brasillach est tellement attendu, tellement appliqué dans l'argumentation, qui ressemble presque à une dissertation, que l'on ne peut pas s'empêcher d'avoir quelques doutes. On a un peu l'impression de lire le texte d'un brillant pasticheur à qui l'on aurait soumis le sujet suivant : "imaginez la réaction de De Gaulle si on l'interrogeait vingt ans plus tard sur l’exécution de Brasillach".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi aussi, ça m'étonne toujours. Le problème est que les exemples sont assez nombreux. Il y a Maria van Rysselberghe (la Petite Dame) qui, pendant des décennies, a retranscrit tout ce que Gide disait en sa présence (et en secret de lui). Il y a Maurice Martin du Gard, dont les Mémorables montrent que lui-même avait cette étonnante capacité. Et c'est lui qui me convainc le plus ; car dès qu'il "fait parler" quelqu'un que je connais (façon de parler), je pense à Léautaud notamment, ce qu'il lui fait dire sonne parfaitement juste.

      Perplexe, je le demeure cependant, étant moi-même totalement incapable de me livrer à ce type d'exercice.

      Enfin, pour ce qui concerne votre denier paragraphe, qu'est-ce qui vous permet de dire que les propos de De Gaulle sont "attendus" ? Et puis, n'oublions pas le contexte : lorsqu'il s'adresse à Peyrefitte, dans ces multiples entretiens privés d'après Conseil, de Gaulle sait parfaitement qu'il parle aussi pour la postérité.

      Supprimer
    2. "Attendus" est peut-être exagéré : ce que je voulais dire, c'est que l'on retrouvait justement là tous les arguments classiques des discussions sur la responsabilité de l'intellectuel (ceux que Sartre reprend à la même époque dans "Les Mots", avec sa métaphore de la plume et de l'épée).

      Supprimer
    3. Bonjour Monsieur Goux
      Concernant la fidélité de la retranscription des conversations qu'échangeaient de Gaulle et Peyrefitte à l'Elysée il est peut être possible que ces conversations aient été enregistrées. Avant eux le président Vincent Auriol faisait enregistrer toutes ses conversations.
      http://www.histoire.presse.fr/actualite/infos/enregistrements-a-elysee-magnetophone-president-auriol-12-03-2014-87823

      Peyrefitte, ministre de l'Information, a eu tous les moyens de faire de même, et peut être mieux, puisque la technique s'était améliorée depuis l'époque de Vincent Auriol.
      Ce n'est qu'une hypothèse, mais il serait dommage de la balayer d'un revers de main, car un ministre de l'Information digne de ce titre a toujours plus d'un tour dans son sac, et plus d'une bande dans ses magnétophones.
      Un certain Nixon appréciait aussi beaucoup ce genre de technique...

      Supprimer
    4. Ces conversations enregistrées ? Dans ce cas-là, le plus extraordinaire serait qu'un document aussi précieux et exceptionnel n'ait jamais été rendu public ; on se demande bien dans quel tiroir il peut bien continuer à dormir sans que personne ne s'en soucie !

      Supprimer
    5. Je doute fort que de Gaulle eût accepté cela ! Et vu la taille des magnétophone de l'époque, on voit mal comment Peyrefitte aurait pu enregistrer le Général à son insu, notamment lors de leurs tête-à-tête.

      Supprimer
  4. Citation des propos de De Gaulle ( de " Aujourd'hui, je ne sais pas" à "il doit payer" ) = problème de la transcription écrite des propos a posteriori; Peyreffite rapporte, avec ses propres termes à lui, ceux du général, dont ce passage ne correspond pas du tout au style, pas plus parlé qu'écrit ; il le fait sans doute sans trahir sa pensée, et même en la rendant plus claire - mais les guillemets sont abusifs.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Voyez-vous, la différence entre Emmanuel F., ci-dessus, et vous, c'est que lui ne prétend pas connaître le style parlé du Général. D'où sortez-vous pour affirmer que ce paragraphe n'y correspond pas ?

      Supprimer
  5. "bien décidé à réintégré Brasillach" Oh, non, pas vous!
    Sur le fond, la vision du Général se défend... c'est vrai...
    "Les paroles d'un intellectuel sont des flèches, ses formules sont des balles !" belle formule; en quelques mots, tout est dit.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La position du Général, en fait, ne peut ni se défendre ni se récuser, dans la mesure où c'est lui, seul, en février 1945, qui a eu à décider s'il faisait tuer un homme ou non. Non seulement notre opinion sur la question n'a aucune importance, mais même la sienne, 18 ans après, n'en a pas beaucoup.

      Supprimer
  6. Vous allez me convaincre de lire Peyrefitte, vos extraits sont passionnants. ( ce que De Gaulle dit surtout)...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les comptes rendus de conseils des ministres en arrivent à être fort déprimants, si on les met en regard des tristes guignols que l'on nomme aujourd'hui ministres (ou président de la république…).

      Supprimer
  7. « Supposons que Brasillach se soit caché pendant les dix-huit ans qui ont suivi, et qu'ayant été retrouvé, il soit de nouveau condamné à mort aujourd'hui. Exerceriez-vous votre droit de grâce? »

    La question de Peyrefitte n'est pas innocente. Depuis 1958, le conseiller de De Gaulle sur les questions arabes était Jacques Benoist-Méchin. Jacques Benoist-Méchin avait été arrêté à la libération et incarcéré à Fresnes en même temps que Brasillach. Mais il fut jugé beaucoup plus tard, en mai 1947: on peut supposer que ce délai lui a sauvé la vie. Il fut condamné à mort mais aussitôt grâcié par le président Vincent Auriol et c'est en prison qu'il se passionna pour l'islam -comme quoi le phénomène n'est pas nouveau.

    Pour en revenir à Brasillach, après qu'il fut condamné à mort, Mauriac se démena pour demander sa grâce. Il rencontra De Gaulle et organisa une pétition qui fut signée, entre autres, par Albert Camus. Mais en vain. Selon l'avocat de Brasillach, Jacques Isorni, qui défendra ensuite Pétain, De Gaulle décida de rejeter l'appel car il ne voulait pas que les communistes l'accusent de faiblesse. C'est fort probable.

    Je suis justement en train de lire De Gaulle, mon père, où Philippe De Gaulle, interrogé par Michel Tauriac, s'efforce de toujours donner une image exemplaire du Général. Aussi, page 358, il réfute bien évidemment la thèse de Jacques Isorni: « On est allé raconter n'importe quoi. Par exemple, que mon père s'était vu dicter son intransigeance par le Conseil national de la Résistance ou par les communistes. Qui pouvait lui imposer quoi que ce fût, surtout lorsqu'il s'agissait d'un problème de conscience? Il avait simplement étudié le dossier [de Brasillach] jusque tard dans la nuit, assurait ma mère. »

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On dit aussi (c'est peut-être dans la biographie de Lacouture, je ne sais plus) que c'est en découvrant, dans son dossier, une photo de Brasillach revêtu de l'uniforme allemand que de Gaulle décida de ne pas le gracier.

      Supprimer
    2. "le conseiller de De Gaulle sur les questions arabes était Jacques Benoist-Méchin"

      Je ne sais pas trop d'où vous tirez cette information : à ma connaissance, De Gaulle n'a jamais rencontré Benoist-Méchin, lequel s'est contenté, en 1959, de transmettre à Maurice Schumann un message de Nasser concernant le FLN et la situation en Algérie. C'est Schumann qui a ensuite transmis le message au Général (selon le témoignage de Benoist-Méchin lui-même, rapporté dans la biographie de De Gaulle d'Eric Roussel).

      Supprimer
    3. Je n'avais pas répondu sur cette question, en effet : non seulement Benoist-Méchin n'apparaît jamais dans aucun des livres consacrés à de Gaulle par ceux qui l'ont côtoyé de près (Peyrefitte, Frossard, etc.), mais en plus lui-même, dans ses mémoires, ne fait aucune allusion à un quelconque rapport qu'il aurait pu avoir avec le Général.

      De plus, on imagine très mal de Gaulle acceptant de rencontrer un tel personnage.

      Supprimer
    4. Dans son livre, Philippe De Gaulle dément cette histoire: il n'existerait que des photos comme celle que vous avez mise en illustration de ce billet, et on y voit Brasillach en civil, entouré d'allemands en uniforme.

      Sinon, à propos de la responsabilité de l'écrivain: il est amusant de voir De Gaulle reprendre ici les arguments de Sartre et Beauvoir qui n'avaient pas signé la pétition de Mauriac au motif qu'un écrivain est responsable de ce qu'il écrit.

      Supprimer
    5. Ah, je me suis peut-être planté. Mais il me semble avoir lu ça quelque part et ça m'avait frappé. Il faudrait que je vérifie.

      Supprimer
    6. Pour l'histoire de la photo, j'ai dit que je savais plus d'où elle me venait.

      Pour la responsabilité de l'écrivain, je doute fort que de Gaulle ait "repris" les arguments de Sartre et Beauvoir, au moins pour une raison : eux parlaient dans le vide, lui devait décider de la mort ou de la survie d'un homme. Et laissez-moi ajouter que ni Sartre ni Beauvoir n'ont "inventé" ce thème de la responsabilité de l'écrivain.

      Supprimer
    7. Bon, les commentaires se croisent, on n'y comprend plus rien !

      Oui, vous vous êtes "planté", c'est à peu près certain. (Ce qui nous arrive à tous, et à moi encore plus qu'à d'autres…) De Gaulle était beaucoup trop "politique" pour se compromettre avec un Benoist-Méchin, qui, en plus, le détestait, comme tous les gens d'extrême droite de cette époque.

      Supprimer
    8. Je me demande si la photographie dont vous parlez n'est justement pas celle qui illustre votre billet : le personnage en uniforme allemand, à côté de Brasillach, est Jacques Doriot, devant un cantonnement de la LVF, ce qui aurait peut-être entraîné une sorte de confusion par assimilation dans l'esprit de De Gaulle. De toute façon, il est peu probable que la photographie ait été l'élément déterminant dans la décision finale du Général ; le dossier Brasillach était déjà suffisamment chargé sans cela...

      Supprimer
    9. "Depuis 1958, le conseiller de De Gaulle sur les questions arabes était Jacques Benoist-Méchin."
      V V, vous avez raison !
      Je suis en train de lire les Mémoires à Contretemps de Pierre Ordioni (Diplomate de métier) dans lequel il taille à de Gaulle un sacré costume.

      On peut y lire à la page 65 ceci:
      "Qui, après la guerre, du général de Gaulle dans sa retraite ou de Benoist-Méchin en prit l'initiative ? Toujours est-il qu'une relation suivie se noua entre eux, à partir de 1950, assurée par Maurice Schumann, alors secrétaire d'État aux affaires étrangères!


      plénipotent

      Supprimer
    10. Cette hypothèse continue de m'apparaître très fortement douteuse.

      Supprimer
    11. Entre l'histoire officielle et la vérité historique il y a un fossé énorme. La thése d'un général de Gaulle sous l'influence de Benoist-Méchin me semble des plus plausibles.

      Rappellons-nous les cadeaux inouis faits à Evian au FLN et l'embargo sur les armes à Israel, etc... Il semble que tout le monde savait dans le petit monde parisien que Benoist-Méchin, le thuriféraire du prophète, fasciné par l'islam, avait eu une influence déterminante sur les idées de de Gaulle qui voulait donner son indépendance à l'Algérie pour se consacrer à l'édification d'une Europe Franco-allemande. Benoist-Méchin étant lui-même un admirateur impénitent de l'Allemagne.

      Supprimer
    12. "Entre l'histoire officielle et la vérité historique il y a un fossé énorme." Le fossé est toutefois encore plus énorme entre la vérité historique et les bruits de couloir, ou les ragots alimentés par de vieilles haines cuites et recuites...

      Si ce que vous dites est vrai, on ne voit pas trop pourquoi Benoist-Méchin, dont la modestie n'était pas le trait de caractère le plus saillant, n'a jamais fait allusion dans aucun de ses nombreux ouvrages à cette phénoménale influence sur un personnage aussi illustre, qui pourtant ne se laissait pas si facilement influencer. J'ajoute qu'Eric Roussel, biographe du Général mais aussi éditeur et préfacier des Mémoires posthumes de Benoist-Méchin, précise dans sa biographie que Benoist-Méchin lui a confirmé qu'il n'avait jamais rencontré De Gaulle.

      Supprimer
    13. Et aucun des biographes sérieux du Général (je pense évidemment à Lacouture mais aussi à La Gorce) ne fait la moindre allusion à une chose semblable.

      Supprimer
    14. "Entre l'histoire officielle et la vérité historique il y a un fossé énorme." Le fossé est toutefois encore plus énorme entre la vérité historique et les bruits de couloir, ou les ragots alimentés par de vieilles haines cuites et recuites..."

      Bien sûr mais le spécialiste des vieilles haines cuites et recuites c'était de Gaulle lui-même.

      Dire que Lacouture était un biographe sérieux me met mal à l'aise car il fut un biographe partial et très marqué à gauche. Quant à La Gorce il fut un gaulliste de gauche il n'aurait jamais osé écrire que de Gaulle tenait ses vues sur l'islam d'un ancien collaborateur condamné à mort puis gracié par le président Auriol.

      En tout cas on juge l'arbre à ses fruits et de Gaulle a embrassé sur le tard les idées sur l'islam que Benoist-Méchin préconisait.

      Dans Wikipédia je lis ceci sur Benoist-Méchin:

      "Après 1958, il exerce des missions dans des pays arabes pour le compte du gouvernement français." C'ètait au temps de de Gaulle ...

      ou cela:
      "Il publie à partir de 1936 l'Histoire de l'armée allemande qui sera un grand succès. Le général de Gaulle la fera réimprimer malgré la participation de Benoist-Méchin à la Collaboration, dès 1944 à plusieurs centaines d'exemplaires pour la formation des officiers d'état-major."

      Il est évident que de Gaulle tenait l'homme en haute estime. Mais bon ...

      Supprimer
    15. Ah, si Wikipédia le dit, nous n'avons plus qu'à nous incliner. Ubi maior...

      Supprimer
    16. L'anecdote de la photographie vient de Lacouture. Sûr à 99%.

      Supprimer
    17. Je trouve très caustique de se gausser de Wikipédia quant on sait à quel point - à tort ou à raison - ce site est devenu le lieu de rendez-vous obligatoire pour tout commencement de recherche et cela quelque soit le domaine d'intérêt.

      Supprimer
    18. Il y a tout de même une légère différence entre utiliser Wikipedia et prendre tout ce qu'on y lit pour paroles d'évangile…

      Supprimer
    19. Bien évidemment mais il ne s'agissait que d'indications allant dans le sens de ma thése mais le fait est que je n'avais pas lu cette entrée de Wikipédia sur Benoist-Méchin avant de venir confirmer l' allégation de Voix Vomique sur Benoist-Méchin.


      Supprimer
  8. Tout ça pour avoir un alibi afin de poster un cliché où un odieux nazi en uniforme apparaît. Décidément...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Faites votre autocritique, répentez-vous et il vous sera beaucoup pardonné. Et si dans la foulée vous adhérez à sos racisme ou au cran, vous serez alors absout.

      Supprimer
  9. Ce commentaire est un peu long. J'espère qu'il apportera un éclaircissement.
    Dans son essai fouillé consacré au procès Brasillach "Intelligence avec l'ennemi" (Gallimard, 2001 pour la trad. française), Alice Kaplan écrit:
    "De Gaulle aurait refusé d'accorder son pardon, simplement parce qu'il serait tombé, en parcourant le dossier de grâce, sur une photo de Brasillach en uniforme allemand. On a là tous les ingrédients permettant d'accréditer une théorie du complot. La photographie qui, toujours selon la légende, coûta la vie à Brasillach, était parue en couverture du magazine "Ambiance" - sorte de "Life" socialiste d'après-guerre - deux jours avant le procès de l'écrivain, le 17 janvier 1945. Elle avait été prise pendant le voyage de propagande anti-soviétique effectué par Brasillach, Jacques Doriot et des membres de la presse collaborationniste sur le front Est, voyage au cours duquel ils visitèrent le lieu du massacre d'officiers polonais à Katyn. Au centre de la photo se trouve Jacques Doriot, le chef du principal parti fasciste français, le Parti populaire (français). Il porte l'uniforme de la Légion des volontaires français dans l'armée allemande - un uniforme nazi.(...)
    Selon le mythe colporté par Pierre Pelissier, le biographe de Brasillach, un fonctionnaire du gouvernement aurait glissé cette couverture de magazine dans le dossier de grâce de Brasillach avant de l'envoyer à de Gaulle qui, après y avoir jeté un rapide coup d'œil, aurait été convaincu que c'était Brasillach qui portait l'uniforme nazi et non Doriot. (...) Pourtant, Doriot, avec son allure d'ours, ne ressemblait guère à Brasillach, qui avait en comparaison plutôt l'air d'un agneau. La seule similitude entre les deux hommes était la paire de lunettes rondes en écaille qu'ils portaient tous les deux."

    Alice Kaplan écrit ne pas avoir retrouvé la photo dans le dossier de grâce officiel consulté aux Archives nationales en 1998. Retirée ? Possible mais une chose est certaine, elle n'y figurait plus. Toujours selon elle, "Alain Peyrefitte (...) raconte dans un livre paru en 1997 que lorsqu'il avait examiné le dossier de grâce de Brasillach, dans les années 60, il avait remarqué que le Général avait noté dans la marge: "Il ne l'eût pas voulu [la grâce]". Kaplan ajoute ensuite:
    "Cet autre mythe met en avant la dimension sacrificielle du personnage. Et pourtant je n'ai trouvé cette de De Gaulle nulle part dans les dossiers que j'ai pu examiner. Bien sûr, il se peut qu'il existe un autre dossier contenant et la photo et le commentaire dans les archives personnelles du Général, qui ne seront pas ouvertes au public avant 2005. Il y a toujours quelque part un autre dossier, une pièce manquante."

    Dans ses Mémoires, de Gaulle ne mentionne pas le nom de Brasillach mais il justifie sa décision, en une occasion, de ne pas pardonner un écrivain qui, toujours selon A. Kaplan ne peut être que Brasillach.
    Le Connétable a écrit:
    "S'ils n'avaient pas servi directement et passionnément l'ennemi, je commuais leur peine, par principe. Dans un cas contraire - le seul - je ne me sentis pas le droit de gracier. Car dans les lettres, comme en tout, le talent est un titre de responsabilité."

    Le talent et l'intelligence de l'écrivain furent des motifs accablants dans la décision du Connétable de ne pas le gracier.

    RépondreSupprimer
  10. PS: Il faut lire "Et pourtant je n'ai trouvé cette remarque de De Gaulle nulle part..."

    RépondreSupprimer
  11. Brasillach a multiplié, dans " Je suis partout", les appels au meurtre contre les Juifs et les hommes politiques de la IIIe République. Ainsi, dans l'édition du 6 septembre 1941, écrit-il que « la mort des hommes à qui nous devons tant de deuils […] tous les Français la demandent. » Et dans celle du 25 septembre 1942 : « Il faut se séparer des Juifs en bloc et ne pas garder les petits. »

    En dehors de la grâce ou pas de sa condamnation à mort, on peut se demander à quoi ça sert, d'être un intellectuel, si ça n’empêche pas de se vautrer dans les pensées les plus primaires.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On connait tous des intellectuels très bêtes. Vivre de ses capacités intellectuelles dans une discipline ne signifie pas faire montre d'intelligence dans d'autres domaines.

      Supprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.