Aux temps lointains où les mâles de ma génération subissaient les tourments et tourbillons de l'adolescence, le fantasme numéro un était représenté par les longues et flexibles Scandinaves blondes, toutes supposées couver en leurs tréfonds les chaleurs qui manquaient à leur décor natal, et naturellement enclines à s'abandonner à la fougue des semi-Arabes que nous devions être à leurs yeux arctiques.
J'en parle d'autant plus à mon aise que cette fixette boréale ne m'empoignait guère : j'ai toujours, dans mes goûts érotico-sexuels, été bien davantage “pourtour méditerranéen” que “fjords nordiques”. Mais enfin, je voyais bien les ravages qu'elle exerçait autour de moi, même si elle me demeurait en partie mystérieuse : si les femelles scandinaves étaient à ce point bandantes, pourquoi, sur les cartes, leur contrée ressemblait-elle autant à une grosse bite éternellement molle ?
Or, il est advenu que, ces dernières années, nous avons pris l'habitude vespérale de regarder quelques séries policières issues de ces contrées septentrionales, souvent vaguement ennuyeuses mais qui font plaisir à Catherine, car lui rappelant son enfance danoise. Et j'ai alors pu constater cette chose stupéfiante : presque toutes les jeunes comédiennes que l'on y voit évoluer sont soit laides, soit totalement éteintes, soit les deux.
Que s'est-passé, entre jadis et aujourd'hui ? Comment les Scandinaves ont-elles muté en Scandinases ? Par quelle diablerie les bombes à neutrons érotiques des années soixante-dix ont-elles été grand-remplacées par ces tristes assemblages de chair terne ? Sont-elles toutes restées emprisonnées dans les cassettes VHS des pornos suédois, que votre grand-oncle Victor conserve précieusement dans la solide armoire de sa chambre depuis l'orée des seventies ?
Du reste, il n'est nul besoin de regarder les productions netflicardes pour constater l'inquiétant phénomène dont je parle. Il suffit pour cela de répondre à cette simple question : quelle est aujourd'hui la jeune Scandinave la plus connue, et de fort loin, sur les cinq continents ? La réponse, morne, lugubre, jaillit aussitôt : Greta Thunberg !
Or, il faut admettre l'évidence : aucun jeune mâle d'entre Meuse et Bidassoa, à moins d'être un végane particulièrement dépressif, n'aura jamais le moindre début d'amorce de projet d'érection en convoquant l'image renfrognée de cet acide petit pruneau, fripé avant d'avoir mûri. Constatant la totale léthargie de ses corps caverneux, il en viendra peut-être à se demander, tout comme je le fais, où ont bien pu passer toutes ces Ingrid, Ulla et autres Liselotte naturellement bandogènes qui faisaient tant rêver l'oncle Victor il y a un demi-siècle. Ce qui n'effacera pas l'image de la terrifiante Greta, à jamais imprimée sur sa rétine et régnant en souveraine sur ses cauchemars nocturnes.
Pour tenter de combattre sa déprime croissante, l'infortuné adolescent retournera faute de mieux sur Netflix. En se disant qu'il doit sans doute y avoir quelque chose de pourri au royaume de Danemark.