samedi 20 mars 2010

Il faudrait avoir trois jambes de bois pour ne pas danser la Polska (II)

Résumé de l'épisode précédent : Et Janina de me demander si, par hasard, dans mes relations, je ne verrais pas quelqu'un susceptible de lui rendre le service de l'épouser. Je m'entends alors répondre : « Ben, si... Moi ! »

Elle réagit très vite, ma Polonaise sans visage : « Nooon, tu ne peux pas dire ça ! Réfléchis, c'est une question grave ! » Et moi, prenant la mouche : « Mais c'est tout réfléchi ! Je t'épouse, grosse connasse ! »

(Il va de soi, on l'aura compris, que je ne lui ai pas dit “grosse connasse” : c'est juste pour faire genre, 25 ans plus tard...)

Là-dessus, elle se met, la Janina, à parler pognon. Parce que , évidemment, il lui semblait normal de me rétribuer pour cet éventuel mariage. Moi, de mon côté, je sentais bien que j'étais en train de faire une connerie. Mais cette connerie m'amusait et, tant qu'à faire, il fallait aller au bout, non ? Donc, je me fâche (belle envolée de ma part, l'honnêteté faite homme : vous auriez dû me voir...), lui affirme qu'il est hors de question qu'elle me verse le moindre centime pour cette piètre péripétie : notre mariage. Deux jours ou trois plus tard, je raconte cette histoire à Bernalin, que cela amuse beaucoup, mais qui s'inquiète tout de même pour moi. Il a tort de s'inquiéter : dans six mois, il sera mort, ce con, et face à son cancer de merde je peux tout de même me permettre de me marier avec n'importe qui. Enfin, bon, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais...

Là-dessus, ma grosse Janina m'assène qu'elle va m'offrir une télé – que je dois considérer cela comme un cadeau et non comme un paiement. Bon, elle semble y tenir, je dis d'accord. Et, tout soudain, se passe le seul épisode torride de notre vie de couple.

À cette époque, je n'avais, comme aujourd'hui, jamais un franc d'avance, mais je m'en foutais. J'invite donc ma fiancée au Globe d'Or, restaurant situé entre Palais Royal et les Halles, tendance Sud-Ouest, tendance cantine-de-Didier-Goux, et qui n'existe plus depuis des années. Durant ce dîner, fort agréable (Janina est une femme point sotte et d'une belle douceur), ma futur épouse me lâche qu'elle n'est jamais allée dans un cinéma porno (ça existait à l'époque) et que l'idée l'excite plus ou mons. Soit : on y va.

Nous nous retrouvons, à Barbès, face à un écran large, observant des bites pénétrant des chattes – enfin, la routine. Janina a cet air émerveillé de l'enfance de qui découvre un univers nouveau. L'affaire l'excite – ou peut-être simplement l'idée qu'elle va devenir prochainement Madame Goux – ; lorsque je prends sa main pour la poser sur ma braguette, elle ne rechigne pas, et me branle gentiment sans décoller ses yeux de l'écran, tandis que, au bout de la rangée où nous sommes assis, un homme se branle lui-même en nous regardant d'un air encourageant.

On ressort assez vite de cette salle obscure (parce qu'on se lasse de tout, très vite, et que je dois admettre que je n'ai pas, ce jour-là, jailli impétueusement sur le dossier du siège avant, comme ça se produit dans les films). J'aimerais vous dire que j'ai joui comme une bête, aspergé ma toute neuve fiancée du coude jusqu'au bout des doigts – mais en fait non : même jeune, je ne jouissais pas si facilement, j'avais mon quant-à-soi.

Bref, on se casse et ma grosse Janina me ramène chez elle (j'ai totalement oublié où elle habitait). Là, avant le mariage, pas longtemps avant le mariage, plongé à fond dans le péché de chair, je l'air fourrée princesse, et elle a eu l'air d'aimer (ou elle a fait semblant, ce qui est toujours possible avec les gonzesses, mais je ne vois pas bien pourquoi, en l'occurrence).

Et ce fut notre seule fusion charnelle : deux jours plus tard nous nous mariâmes et onc ne commerçâmes de ce point de vue.


(À suivre..)

16 commentaires:

  1. C'est d'avoir une année de plus qui vous réveille cet érotisme ?

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  2. C'est trop drôle !!!

    Une chose que l'on ne peut vous ôter, c'est d'avoir le sens de l'humour, le vrai, celui qui fait qu'on ne s'épargne surtout pas !

    En tout cas, je ne vous pensais pas une vie aussi fantaisiste.

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  3. Yann : bof ! la séance de cinéma porno barbésien, comme érotisme, on a vu mieux tout de même...

    Audine : c'est un effet d'optique induit par le récit. En fait, en dehors de ce mariage et de deux ou trois autres épisodes fugaces, ma vie sexuelle et amoureuse de célibataire fut d'une grande platitude : quelque chose comme les grandes plaines désolées de Pologne...

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  4. Vous avez vraiment l'âme d'un conteur ! Doit-on voir dans ce récit la genèse du "brigadier mondain" ? ;))

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  5. J'espère que vous n'étiez pas saoul comme un Polonais.

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  6. Qui ka payé les entrées?
    Attention à la réponse hein!
    parce que si c'est elle, les entrées au ciné plus la télé, si, c'est de la prostitution!
    Sinon what else?

    C'est elle sur la photo?

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  7. Dave a juste changé la première lettre pour faire sa "Vanina". Ce que c'est que les prénoms qui flottent dans l'air!

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  8. Hors sujet mais ça peut vous intéresser :

    ***********************************
    Le chanteur d'origine congolaise Jessy Matador a été choisi pour représenter la France lors de l'Eurovision 2010, pour son "style festif".

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/culture/20100320.OBS0512/eurovision__le_coupedecale_representera_la_france.html
    ***********************************

    "Matador", ça ne s'invente pas pour une mise à mort de la France ; vas-y Muray, c'est bon bon bon !

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  9. Tout est bon dans la France qui perd

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  10. Le premier épisode est particulièrement étonnant : l'horloge parlante, forum de rencontre, l'idée de concevoir un mariage blanc pour favoriser le retour au pays de la belle.

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  11. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  12. de nos jours , et dans l'hypothèse ou elle serait d'un continent plus au Sud ou plus à l'Est que l'Europe le Maire, la Préfecture, la Police vous sommeraient de prouver que vous consommez régulièrement votre mariage.

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  13. France-Hélène20 mars 2010 à 19:58

    "Plongé à fond dans le péché de chair, je l'ai fourrée princesse" :
    je savais bien que sous des dehors sévères tu étais un grand romantique...

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  14. Comme disait la philosophe Chantal Lauby : «Les films porno, ça va cinq minutes et après, on s'en branle» !
    :-))

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  15. France-H l'expression est du Grand ou de Béru...

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  16. Coquille : « je l'air fourrée »…

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.