mardi 31 juillet 2018

Passons de l'Eure à la Manche…


Il fut beaucoup question d'eux, ce mois-ci.

lundi 30 juillet 2018

Le vieil homme et le chien

Elstir et Charlus Swann (panne de cerveau !).

Un fort beau texte de M. Lafourcade.

(En espérant compenser ainsi mon manque d'inspiration actuel…)

mardi 17 juillet 2018

La chute de l'ange


Après Don Quichotte puis Les Somnambules d'Herman Broch, il ne m'a pas paru tout à fait incohérent de relire Les Versets sataniques ; ne me demandez pas de m'expliquer à propos de cette supposée cohérence : je suis fatigué d'avance des explications que j'aurais à fournir.

À l'époque de l'Affaire (je mets la majuscule pour relier subtilement Salman Rushdie à Alfred Dreyfus…), et contrairement à tous nos petits braillards occidentaux – politiciens, journalistes et autres clowns pensionnés –, favorablement disposé envers l'auteur après avoir aimé Les Enfants de minuit, je m'étais empressé d'acheter le livre et de le lire. Pas de le feuilleter vaguement pour savoir si je devais porter condamnation ou non : de le lire ; tranquillement, page à page, en essayant d'y trouver de la richesse, un sens (ou plusieurs) et de la beauté. 

J'en avais trouvé, et même beaucoup. Mais pas la moindre trace d'un quelconque blasphème, contrairement à ce que tentaient d'accréditer nos grands esprits parisiano-démocrates, Jacques Chirac en tête, comme il se devait, à l'époque, dès qu'il y avait une sottise en vogue à répéter. Il fallait lire ce livre comme le roman qu'il était, et non le consulter comme un dossier, à charge ou à décharge. C'est ce que j'avais fait, et que j'ai commencé de refaire ce matin.

(Le titre de ce billet fait écho à l'ouverture du roman, dans laquelle on voit deux personnages éjectés de l'avion les amenant de Bombay, Gibreel et Saladin, tomber de 8848 mètres et piquer droit sur l'Angleterre : début hautement prometteur, on en conviendra.)

jeudi 12 juillet 2018

Le modernisme anti-moderne



 À Juan dit Sarkofrance.


Le titre que j'ai choisi est celui de l'une des sous-parties de l'essai de Milan Kundera qui s'appelle Le Rideau. La partie de l'essai contenant ce court chapitre s'intitule Die Weltliteratur. (Pourquoi me suis-je mis, voilà deux jours, à relire les essais de Kundera, principalement consacrés au roman ? Ce serait une histoire sans grand intérêt, un peu longue car faite de ricochets appelant chacun sa propre explication : Cervantès, Diderot, Carlos, Kafka…) Dans le modernisme anti-moderne, Kundera part de ce savoureux personnage de Ferdydurke que Gombrowicz a baptisé “la lycéenne moderne”, laquelle a bien entendu un père, mais surtout une mère qui s'essouffle à demeurer – ou devenir – aussi moderne que sa fille : elle est, par exemple, un membre actif et plein d'enthousiasme du Comité pour la protection des nouveau-nés… Après avoir exposé cette sorte de préambule descriptif, Kundera poursuit ainsi :

« Gombrowicz a saisi dans Ferdydurke le tournant fondamental qui s'est produit pendant le XXe siècle : jusqu'alors, l'humanité se divisait en deux, ceux qui défendaient le statu quo et ceux qui voulaient le changer ; or l'accélération de l'Histoire a eu ses conséquences : tandis que, jadis, l'homme vivait dans le même décor d'une société qui se transformait très lentement, le moment est venu où, soudain, il a commencé à sentir l'Histoire bouger sous ses pieds, tel un tapis roulant : le statu quo était en mouvement ! D'emblée, être d'accord avec le statu quo fut la même chose qu'être d'accord avec l'Histoire qui bouge ! Enfin, on put être à la fois progressiste et conformiste, bien-pensant et révolté !

« Attaqué comme réactionnaire par Sartre et les siens, Camus a eu la répartie célèbre sur ceux qui ont “placé leur fauteuil dans le sens de l'Histoire” ; Camus a vu juste, seulement il ne savait pas que ce précieux fauteuil était sur roues et que, depuis un certain temps déjà, tout le monde le poussait en avant, les lycéennes modernes, leurs mamans, leurs papas, de même que tous les combattants contre la peine de mort et tous les membres du Comité pour la protection des nouveau-nés et, bien sûr, tous les hommes politiques qui, tout en poussant le fauteuil, tournaient leurs visages riants vers le public qui courait après eux et riait lui aussi, sachant bien que seul celui qui se réjouit d'être moderne est authentiquement moderne.

« C'est alors qu'une certaine partie des héritiers de Rimbaud a compris cette chose inouïe : aujourd'hui, le seul modernisme digne de ce nom est le modernisme anti-moderne. »

Je reprends la parole, un bref moment, uniquement pour encourager vivement tous ceux qui s'intéressent au roman (mais aussi à la musique, à la culture, à l'Europe et à deux ou trois autres sujets aussi peu importants) à lire les essais de Kundera, au minimum les deux premiers : L'Art du roman, puis Les Testaments trahis.

L'interrogation écrite qui suivra comptera dans la moyenne générale du trimestre, je préfère que vous en soyez prévenus.

lundi 9 juillet 2018

Un temps de chien


Un temps de chien, c'est lorsque le thermomètre franchit la barre des trente degrés, implacablement Celsius, et que vos poils repoussent à tout va, vous fournissant le manteau dont vous vous passeriez volontiers. Mais quand est-ce qu'on retourne chez l'esthéticienne canidologue ?

Demain.

vendredi 6 juillet 2018

Cervantes en noir et blanc


J'en ai un peu assez, des romans noirs (ou policiers, ou ce que vous voudrez) ; assez qu'on me présente comme des classiques de la littérature mondiale ces petites choses empoussiérées comme des greniers jamais aérés. Alors j'ai repris Don Quichotte, et dès les premières pages la vie s'est mise à bouillonner, à voleter en tous sens telle une mésange ravie de l'audace qui vient de la pousser à quitter le nichoir natal.

1605 – 2018 : j'ai manqué de peu le quadricentenaire de cette œuvre, dont je ne vais certainement pas m'offrir le ridicule de tenter l'analyse, tant abondent les noms prestigieux de ceux qui s'y sont essayés avant moi. En revanche, tout modestement, je puis noter une inexplicable bizarrerie, que l'on relève dans l'excellente traduction de Mme Aline Schulman (Seuil, 2 vol.).

Au tout début du chapitre XXXVI, de nouveaux voyageurs arrivent dans cette auberge de la Manche où le lecteur a l'impression que la moitié de l'Espagne s'est donnée rendez-vous. L'aubergiste les annonce ainsi à Don Quichotte, Sancho Panza et quelques autres personnages (c'est moi qui souligne) : « Il y a quatre hommes à cheval, armés de lances et de boucliers […], et qui portent tous un masque ; au milieu d'eux, il y a une dame vêtue de blanc, et masquée elle aussi ; […] »

Trois paragraphes plus loin, l'un des valets de la petite troupe fournit quelques éclaircissements sur ceux qu'il est chargé de servir ; il dit notamment ceci (c'est toujours moi qui souligne) : « […] ils n'ont pas desserré les dents de tout le voyage. On n'entend que les soupirs et les sanglots de cette pauvre dame, qui nous fait bien pitié. Pour nous, il n'y a pas de doute, on l'emmène contre son gré. À en juger par son habit noir, elle est religieuse ; […] »

Évidemment, le brave lecteur se perd en conjectures dont, le lendemain matin, il ne s'est toujours pas dépêtré. Il lui semble impossible que l'excellent Miguel de Cervantes Saavedra ait pu commettre, et surtout ne jamais rectifier, une bourde semblable, ni ses éditeurs successifs. Quant à Mme Schulman, il paraît tout aussi improbable qu'elle puisse ignorer la différence entre blanco et negro (la langue castillane est atrocement raciste, comme on peut voir), si tant est que ces deux mots soient bien présents dans le texte originel.

Je dis “si tant est” car, me référant à la traduction de César Oudin (1615) que donne la Pléiade, il y est question de l'accoutrement de la supposée religieuse, mais nullement de sa teinte. Le mystère reste donc entier. Si l'ingénieux hidalgo était ici, il nous dirait sans doute que c'est simple affaire d'enchanteurs, toujours prompts à brouiller l'entendement des pauvres humains en changeant la couleur des choses qu'ils ont sous les yeux. Le pis est qu'on se sentirait tout prêt à le croire.

dimanche 1 juillet 2018

La Vendée des cartes postales (et aussi des crayons)


Pardon pour le titre : n'ai pu résister.
Il est pour annoncer le journal de juin.