samedi 31 mars 2012

François Hollande ou l'effet caméléon


Michel Paillassou est maire d'Egletons, Corrèze. Et, bizarrement, la perspective de voir un autre Corrézien s'installer à l'Élysée ne semble pas lui sourire tant que ça. Voici ce qu'il rappelle :

« En Corrèze, François Hollande s’est fait une spécialité de rejeter la responsabilité de ses échecs sur ses prédécesseurs ou sur le gouvernement. Méthode d’évitement classique du « style Hollande » qui ne peut toutefois pas masquer la réalité des chiffres de sa gestion du département.
Pour rappel, le taux de chômage en Corrèze était inférieur à 5% en 2007 (François Hollande préside le Conseil général de Corrèze depuis 2008) et se situe aujourd’hui à plus de 6,8%. Monsieur Hollande, qui dénie à Nicolas Sarkozy l’argument de la crise pour expliquer les mauvais chiffres de l’emploi en France, se réfugie pourtant derrière ce même argument pour justifier la hausse du chômage dans notre département.
Autre exemple : les dépenses de fonctionnement du Conseil général ont explosé en quatre ans de présidence Hollande (+29,8%), passant de 193 millions d’euros à 252 millions d’euros. En parallèle, les dépenses d’investissement (qui doivent amorcer la croissance de nos territoires) ont baissé de 55,6% depuis son élection à la tête du département.
Fringale de dépenses publiques stériles d’un côté, plan d’austérité qui casse la croissance de l’autre. Le François Hollande qui préside aux destinées de la Corrèze fait le contraire de ce que promet le François Hollande candidat à la présidentielle. Effet caméléon… »

L'article en son entier est à lire ici.

vendredi 30 mars 2012

Le journal de février est en avance (je me comprends)


Pour emballer le poisson, qu'il soit d'avril ou pas tout à fait, on n'a encore rien inventé de mieux que ce bon vieux journal qui tache les doigts. Afin que vous ne vous trouviez pas démuni au moment du marché, voici celui de février : idéal pour vos fritures virtuelles.

mercredi 28 mars 2012

La morale qu'il faut tirer de l'affaire montalbano-toulousaine


Face à l'islam et ses “actes d'amour” au calibre 9, les Français sont vraiment par trop mollah-sons.


(Cela dit, on se demande ce qui a pris à Marek Halter de se foutre un torchon à vaisselle sur la tête dans le seul but de se glisser au premier plan de cette photo de classe.)

La pauvre vie des riches


L'existence des riches – également appelés les nantis, par opposition aux méchants –, l'existence des riches, disais-je, est un perpétuel calvaire. Prenons l'exemple de ce qui les attend prochainement, pour mieux nous faire comprendre. Dans environ un mois et demi, l'Endive batave – également appelé, notamment dans le Nord et en Belgique, Chicon comme la lune – va s'installer à l'Élysée. Aussitôt, les riches imprévoyants, ceux qui ne se seront pas carapatés à temps, vont se faire ratiboiser. De plus en plus à mesure que le quinquennat avancera, puisque, par ailleurs, on continuera de creuser la dette en cédant à toutes les revendications des fonctionnaires amis de Marchenoir et en nourrissant toujours plus grassement nos chers hôtes arabo-africains. Au bout de cinq ans, nos riches de départ seront devenus d'authentiques pauvres. C'est alors que Chicon se fera virer comme un malpropre de son bureau, car son impéritie aura fini par se voir. C'est donc la droite, peut-être même le diable Sarko en personne, qui reviendra au pouvoir. Or, que fait-elle, la droite, quand elle est au pouvoir ? Hmm ? Elle taxe les pauvres, les étrangle, les asphyxie – y compris lorsque ces pauvres sont d'anciens riches : pas de détail.

Quand on voit ce qu'on voit et qu'on sait ce qu'on sait, il y a des matins où l'on se réveille très content de ne l'être pas, riche.

lundi 26 mars 2012

Le Moloch Plieux


Je l'ai dit dans mon journal, je ne sais plus exactement quand : Plieux est un monstre qui va bouffer son propriétaire. C'est en train de se produire. Renaud Camus a cessé d'être un auteur P.O.L, ce qui lui retranche à peu près la moitié de ses revenus. On ne peut pas tellement en vouloir à Paul Otchakovsky-Laurens : depuis trois ou quatre ans, Renaud Camus n'écrit pratiquement plus rien pour lui, sinon ce petit roman confidentiel nommé Loin.

Le temps de Renaud Camus est pris essentiellement par les Demeures de l'esprit (publiées par Fayard). C'est très bien fait, les Demeures de l'esprit, vraiment. Mais c'est un guide, et encore. Et plus on avance, dans cette collection, plus on recule : le dernier volume, “France du Sud-Est” est à peine supérieur à ce qu'aurait fait un bon écrivain en bâtiment. Pendant ce temps, pendant les semaines et les mois où il court derrière l'argent qu'exige le moloch Plieux, Renaud Camus n'écrit rien.

On peut comprendre Otchakovsy-Laurens : Camus ne lui donne plus rien – et à nous non plus, ses lecteurs. Qu'en est-il de Jean Puyaubert, par exemple ? De ce “tombeau” que les lecteurs du journal  attendent ? Et quoi de ces livres dont nous n'avons même pas idée et qui, avant, surgissaient, comme ça, un éloge de ceci, un chien Horla par-là ? Maintenant, nous savons ce qui nous attend : un volume du journal et ces sempiternelles Demeures de l'esprit dont on comprend de mieux en mieux qu'elles ne s'arrêteront jamais, mais qu'elles nous empêchent de lire d'autres livres qui ne s'écrivent pas, parce que le temps manque, parce que Camus semble avoir renoncé à être écrivain, parce qu'il court après le moloch, après Plieux.  Qui, certes, est est un beau rêve, mais qui, je crois, nous prive de ce livre, ou de celui-là, ou encore d'un autre.

Je ne me résous pas à ce que je subodore. Je voudrais que ce Camus-là se remette à écrire des livres dont je n'ai pas idée.

dimanche 25 mars 2012

À quoi ressemblent les militants du Front de gauche ?


À ça. La révolution citoyenne tourne à la méluche pride.
Un vaste programme de stérilisation collective serait prévu…

samedi 24 mars 2012

La forfaiture des islamolâtres ou le journalisme couché


Communiqué n° 1362, samedi 24 mars 2012
Sur la médiature par temps d'actes de guerre

Le parti de l'In-nocence tient à souligner combien le complexe médiatico-politique a une nouvelle fois démontré sa participation active et totale à l'entreprise de soumission idéologique au Désastre, à l'occasion des récents événements dramatiques que notre pays vient de vivre. Le déséquilibre aussi flagrant qu'insupportable entre la compréhension mensongère, et pour un peu la compassion, pour un tueur ayant choisi délibérément d'assumer pleinement sa disposition d'ennemi mortel de notre civilisation, conformément aux préceptes de sa religion qu'il a tenu à scrupuleusement respecter, et l'oubli rapide de l'assassinat atroce d'enfants poursuivis dans une cour d'école, pour ne prendre qu'un exemple entre mille, soulève le cœur, révulse la dignité, et disqualifie à jamais ceux — autant dire la quasi totalité de la profession à quelques courageuses et rares exceptions près — qui ont peu ou prou alimenté cette situation, ne serait-ce que par le jeu des images montrés à l'envi, ou au contraire cachées.

Le parti de l'In-nocence est extrêmement préoccupé par cette situation de désinformation permanente, de culpabilisation inversée, de mépris de la plus élémentaire raison, de négationnisme quotidien, situation qu'il estime comparable à celle de la pire collaboration et qui augure d'un bien sombre avenir. 

vendredi 23 mars 2012

Maison close

Décidément, on ne peut jamais être tranquille chez soi, et les paparazzis ne reculent devant rien, allant même jusqu'à louer un hélicoptère pour venir traquer le futur écrivain en bâtiment jusque dans la modeste demeure parentale, et néanmoins solognote, où, chaque week-end, il vient se remettre des excès de sa semaine parisienne et essentiellement nocturne !

Cette maison, Christiane et Daniel l'ont fait construire en 1975. Ils y ont vécu jusqu'à leur départ pour – ou plutôt leur retour vers, au moins en ce qui concerne ma mère – les Ardennes, en 1993, mais je ne suis plus absolument certain de la date. Je n'y ai vécu qu'un peu plus d'un an, puisque, en octobre 1976, je suis parti en exil à Paris, comme le grand garçon que j'étais loin d'être.

Mais, jusqu'en 1990, date de mes retrouvailles avec l'Irremplaçable, j'y suis revenu quasiment tous les week-ends, sauf lorsque je pouvais jouir de quelque bonne fortune féminine – quasiment tous les week-ends, donc.

Ma chambre est à l'étage, au-dessus de la porte-fenêtre du salon. En plus du "chien assis", il y a une autre fenêtre, donnant sur l'allée descendant vers le garage, à l'extrême gauche, et sur les sapins et la mousse du terrain voisin, toujours resté en friches, par bonheur. J'y suis peut-être, en ce moment même, allongé sur mon lit d'adolescent (une place, donc), en train de "lire à poings fermés", comme dit mon père pour se foutre de ma gueule, lorsque je remonte avec un livre, juste après le déjeuner dominical.

Puisqu'on ne l'aperçoit pas dans le jardin, lui doit être dans l'atelier du sous-sol, avec le chien. Quant à ma mère, elle range, lave, essuie, repasse, astique, récure - puis recommence. En fait, en regardant mieux la photo, il y a cet écran de fumée bleue, à droite, qui semblerait indiquer que mon père est occupé à brûler des branches. Oui, il doit être là, caché par les arbres dont ma mère a obtenu qu'il ne les abatte pas impitoyablement : en ces temps de sa jeunesse, Daniel était un vrai Attila pour les sapins, et la Sologne manquait cruellement de Champs catalauniques.

Ai-je le regret de cette maison ? Non, il me semble. La nostalgie de l'âge que j'avais lorsque j'y arrivais, le vendredi soir ou le samedi midi, mon sac de linge sale à la main, et que la voiture rouge m'attendant devant la gare de La Ferté-Saint-Aubin m'était, chaque fois, un tableau de grand apaisement ? Pas davantage.

La jeunesse terminée de mes parents, restée coincée dans ce décor, m'est sans doute déjà plus douloureuse, tout au moins sensible. Ils ont vécu ici de 43 à 60 ans, soit la période de l'existence que je traverse moi-même actuellement - campé d'ailleurs à l'exact milieu du gué, dont les brusques trous d'eau restent à craindre.

Je suis repassé une fois devant cette maison, depuis, à l'occasion d'une filée vers le sud. Je m'y suis même arrêté, deux ou trois minutes, accoudé au portail de bois, afin de l'interroger du regard et des narines.

Elle ne m'a rien dit.

mercredi 21 mars 2012

Les tabous de la gauche renforcent-ils le Front national ?

Laurent Bouvet est professeur de sciences politiques. (Il est aussi blogueur, ce qui montre bien que personne n'est parfait.) Il vient d'accorder une très bonne interview (en deux parties) à la précieuse Coralie Delaume. En voici un extrait, pour vous donner envie de lire l'ensemble :

« L’immigration n’est ni une chance, ni une menace. Elle n’est qu’une question politique, économique, sociale, culturelle… qui se pose à toute grande société ouverte. Et doit être traitée comme telle, en fonction des intérêts du pays, de la zone (l’Europe en l’occurrence pour la France), et non de manière idéologique. Hélas, à gauche, on trouve en la matière encore beaucoup d’idéologie sur ce sujet. Beaucoup d’impensés et de tabous, dont le seul résultat tangible n’a pas été d’améliorer le sort de ceux que la gauche prétend défendre et aider mais plutôt de renforcer leur stigmatisation – notamment en aidant à croître les idées du Front national – et, au sein de ces populations, certaines parties radicalisées, peu enclines à l’intégration et au vivre ensemble.

« Ce qui est valable ici pour l’immigration vaut bien entendu avant tout pour l’islam compte tenu des crispations suscitées ces dernières années autour de cette religion. En bref, il me semble que l’attitude excessivement multiculturaliste d’une partie de la gauche a favorisé davantage que combattu l’influence parallèle du Front national et des extrémistes musulmans dans notre pays. Si la gauche revient au pouvoir en 2012, il faudra sortir de cette impasse et des faux débats qui y ont conduit. »

lundi 19 mars 2012

Le fil ténu de nos existences : l'exemple Barenboïm

Dans son numéro de novembre-décembre 2008, la revue Le Débat proposait un mini-dossier consacré à l'enfermement d'Israël. L'un des articles était dû à Daniel Barenboïm, qui revenait sur sa jeunesse dans ce pays, mais aussi sur les origines de sa famille. il y relatait la manière étonnante dont ses grands-parents maternels se sont rencontrés et à quel hasard ils doivent, donc, d'avoir pu se doter d'une descendance.

En 1904, alors âgés respectivement de 16 et 14 ans, le futur aïeul et la grand-mère en devenir quittent précipitamment la Russie, déchirée par de violents pogroms, en s'embarquant sur un bateau à destination de Buenos Aires ; ils ne se connaissent pas, et chacun des deux entreprend ce voyage absolument seul. Parvenus à bon port, les passagers s'entendent annoncer par les autorités argentines que seules les familles vont pouvoir débarquer, le quota fixé pour les autres ayant déjà été atteint. Les deux adolescents trouvent aussitôt la parade : « Marions-nous ! ». C'est ce qu'ils font et, une fois à terre, leur but atteint, ils se séparent aussitôt, chacun partant vivre sa vie où cela sera possible.

Leur destin a voulu qu'ils se rencontrent à nouveau, deux ou trois années après, tout à fait par hasard, qu'ils tombent amoureux l'un de l'autre et se lancent dans une vie commune qui durera jusqu'à leur mort : Daniel Barenboïm pouvait naître.

On m'objectera que tout cela n'a rien de bien extraordinaire et que, si l'on prend la peine d'y regarder de près, presque toutes nos naissances, aux uns et aux autres, dépendent d'une succession de hasards et de coïncidences de ce type. Sans doute. Il n'en demeure pas moins que quand Gaston, natif de Saint-Locdu-le-Vieux, rencontre au bal du 14 juillet la belle Marguerite, originaire de Bouffémoi-la-Craquette, charmant village situé à cinq kilomètres de Saint-Locdu-le-Vieux, la coïncidence est tout de même moins improbable.

Du reste, l'anecdote concernant Barenboïm ne s'arrête pas là, et il s'en est fallu de peu que nous le connaissions sous un tout autre nom que celui-ci. Lorsque la famille arriva en Israël, au début des années cinquante, les parents de Daniel furent fortement encouragés à hébraïser leur nom, notamment par Ben Gourion, qui leur soutenait qu'avec un patronyme pareil leur musicien de fils ne parviendrait jamais à devenir célèbre…

Barenboïm étant l'équivalent yiddish de l'allemand Birnbaum, qui nomme le poirier, ses parents envisagèrent très sérieusement de choisir comme nouveau nom le mot hébreux désignant le même arbre. Et c'est ainsi que le précoce pianiste et futur chef d'orchestre a failli s'appeler… Agassi. 

Après cela, il n'aurait plus resté au jeune Daniel qu'à se laisser pousser les cheveux, à se teindre en blonde et à apprendre le tennis.

D'aujourd'hui, un Goux vaut deux Bernalin

Philippe Bernalin et Kent, probablement en 1984

Philippe Bernalin avait 28 ans, à sa mort, en novembre 1985. J'en ai désormais 56…


dimanche 18 mars 2012

La décadence de la civilisation islamique vue par Ibn Khaldoun

Ibn Khaldoun  est cet illustre historien berbère – il était né à Tunis – qui a posé les bases d'une histoire que l'on pourrait qualifier de scientifique, si tant est que ce ne soit pas un abus de langage. Comme il vivait au XIVe siècle et occupa divers postes importants dans les sphères politiques de son temps, notamment auprès du sultan de Grenade, dernière enclave mahométane en terre espagnole, il était aux premières loges pour observer le déclin irrésistible de la civilisation arabo-islamique, au profit de sa rivale chaque jour plus puissante, la civilisation chrétienne occidentale. Il dresse ce constat :

« On dépense au-delà des traitements, le revenu devient insuffisant, les pauvres meurent d'indigence, les riches dilapident leurs émoluments en dépenses de luxe, et cet état de choses empire de génération en génération, jusqu'à ce que les traitements deviennent insuffisants.  On commence alors à sentir les affres du besoin. Comme les besoins du gouvernement se multiplient, les impôts s'élèvent et pèsent lourdement sur le peuple. S'attaquer aux hommes en s'emparant de leur argent, c'est leur ôter la volonté de travailler pour acquérir davantage, car ils voient qu'à la fin on ne leur laisse plus rien. Le désordre se met dans les affaires, et les hommes se dispersent pour aller chercher dans d'autres pays les moyens d'existence qu'ils ne trouvent plus dans le leur. La population de l'empire diminue, les villages restent sans habitants, les villes tombent en ruines. »

Le lecteur perspicace a déjà subodoré que je ne suis guère familier de l'œuvre d'Ibn Khaldoun et que cette citation est de seconde main. Elle l'est même de troisième : cité par l'historien des sciences Jean Gimpel dans son livre intitulé La Fin de l'avenir, celui-ci l'est à son tour, cité, par Jean Staune dans La Science en otage, que je viens de terminer et dont je recommande chaleureusement la lecture. Le livre est sous-titré : Comment certains industriels, écologistes, fondamentalistes et matérialistes nous manipulent, ce qui me dispense d'en dire davantage, il me semble. Les chapitre du début, consacrés aux théorie de Darwin, sont particulièrement savoureux, puisqu'on y voit les créationnistes les plus obtus et les darwiniens intégristes utiliser les mêmes astuces manipulatrices, procéder aux mêmes exclusions et intimidations, bref : devenir de parfaits doubles mimétiques. On apprend aussi des choses assez peu reluisantes sur les silences et les contre-vérités des “réchauffistes” radicaux, lesquels se gardent bien d'informer leurs lecteurs de ce que le climat a brusquement cessé de se réchauffer en 2000 et qu'il reste depuis parfaitement stable. Et on se divertit de voir les militants antinucléaires les plus virulents travailler en fait dans le même sens que le lobby de l'atome.

Mais on me répondra sûrement que, étant catholique, Staune est par avance disqualifié, quoi qu'il puisse dire ou écrire. Néanmoins, scripta manent, n'est-ce pas…

samedi 17 mars 2012

Garons-nous de l'éléphant qui tombe !


On entend parfois dire, çà ou là, que l'on a bien tort de s'alarmer d'une prétendue recrudescence de l'islam et de la manière dont il répand ses violences sur le monde. En réalité, loin d'une montée en puissance, on assisterait au contraire aux soubresauts de son agonie, identique dans ses manifestations à celle qui empoigne la bête blessée à mort par le chasseur. Fort bien, c'est en effet une éventualité ; et elle est en elle-même tout à fait réjouissante. Il est possible que, d'ici un siècle ou deux, l'islam se soit tellement affaibli et contracté sur lui-même qu'il aura alors perdu toute sa capacité de nuisance. Encore une fois, félicitons-nous-en pour nos arrière-petits-enfants.

Le problème est que nous vivons aujourd'hui (repassez dans cent ans, mon vieux : le changement c'est pas maintenant…) et que le temps ne nous sera pas donné d'assister jusqu'à sa conclusion logique à cette éventuelle disparition, qui reste du domaine de la futurologie hasardeuse. Et même si elle était certaine, programmée, inéluctable, notre sort n'en serait pas plus enviable pour autant. Lorsque l'éléphant est blessé à mort, il s'écroule sur le flanc ; durant un temps plus ou moins long, ses pattes, sa tête, sa trompe vont être saisis de convulsions et de soubresauts violents. Certes, ces réactions annoncent la mort prochaine de l'énorme bête. Mais je ne suis pas sûr que cela suffise à consoler les dizaines de petites bestioles qui vivaient tranquillement dans les hautes herbes de la savane à l'endroit où le pachyderme s'est écroulé, et qui, maintenant, sont massacrées à pleines brassées par les tremblements désordonnés de ces sept tonnes de viande à l'agonie.

vendredi 16 mars 2012

Didier Goux humilié ! Didier Goux outragé ! Didier Goux imbibé !


Depuis hier, sur tous les blogs hébergés par Wordpress (Que Belzébuth les empapaoute à sec jusqu'à la neuvième génération) où j'ai d'ordinaire mon rond de serviette et un kil de rouquin à mon blaze, je me heurte, à chaque commentaire que je prétends poster, au message suivant :

That email address is associated with an existing WordPress.com account, please log in to use it.

Je ne suis pas d'un naturel porté sur la paranoïa, mais je me demande quand même s'il n'y aurait pas, derrière cette odieuse tentative de bâillonnement, quelque sombre visée de tel ou tel gauchiste liberticide et voulant se faire aussi gros que le bœuf. Je reste serein, mais je me demande…

Baby Gouda prend les Arabes de Marseille pour de gros incultes


Oh, mais tu peux lever tes petits bras au ciel, mon futur président de dans deux mois, c'est trop tard : tu l'as dit ! Il a dit quoi, M. Hollande, lors de son grand meeting africain marseillais ? Ceci :

« Je ne propose pas je-ne-sais-quel plan Marshall pour les banlieues. Personne ne sait d'ailleurs dans les banlieues qui était le général Marshall, même si c'était un homme estimable. »

Voilà, le surmoi a parlé : le Marseillais moyen, celui qui vit dans les “zones urbaines sensibles”, est un gros inculte de sa race, il ignore absolument et massivement qui est Marshall. Si ça se trouve, il ne sait même pas non plus ce qu'est un plan, sauf quand il y a le mot “meuf” juste après. Cela étant, le candidat socialiste a certainement raison : il y a assez peu de chances pour que ce bouffon de général Marshall soit connu de notre belle jeunesse. Mais était-ce une raison pour se lâcher comme ça, hein ? Ça ne nous aurait-y pas comme des airs de dérapage nauséabond, cette petite phrase ? Attendez, je consulte les blogs des plus sourcilleux de nos antirascistes… Ah, non, ça ne doit pas être un dérapage : personne n'en souffle mot.

On aura noté, un peu plus haut, que j'ai utilisé l'expression si savoureusement orwellienne de “zone urbaine sensible”. C'était fait exprès, je me suis dépêché avant de ne plus avoir le droit, puisque le même ludion de tribune a décrété que, s'il était élu, l'expression en question serait supprimée, parce que, dit-il, elle serait stigmatisante.

C'est tout de même merveilleux, non ? On a commencé par inventer des modules lénifiants pour tenter de masquer la réalité violente qu'il était fortement déconseillé de voir, et voilà que, cette même vérité affleurant sous le masque, on va être obligé de détruire aussi le masque lui-même. D'ici que le mot “jeune” soit rayé du vocabulaire par le président Hollande, il n'y a plus très loin.

Il paraît que même “diversité” ne fait plus trop la fiérote, depuis avant-hier…

mercredi 14 mars 2012

Du temps qu'il existait, paraît-il, des poètes communistes

Tibor Déry est cet écrivain hongrois dont j'ai déjà eu l'occasion de parler brièvement il y a quelque temps. Autant Niki, était un texte bref et sobre, autant La Phrase inachevée est un roman ample et foisonnant – “polyphonique”, comme disent les folliculaires appointés lorsqu'ils se piquent de lire et de rendre compte. N'ayant lu encore que trois cents pages sur les sept cents qu'il compte, je ne me risquerait pas à jouer à mon tour les critiques avertis (avertis de quoi, du reste ?). Disons simplement, pour l'instant, que cette fresque bipolaire – le monde ouvrier d'un côté, la grande bourgeoisie industrielle et d'affaires de l'autre – se situe dans la Hongrie de 1934, travaillée en profondeur par la double fermentation de ces gangrènes jumelles que sont le communisme et le nazisme. (Et, tout soudain, je me demande si une gangrène peut réellement fermenter… Peu importe : on m'aura compris.) Je reviendrai sans doute sur ce qu'il me semble y avoir de proustien dans l'écriture de ce livre, autant dans sa construction générale que dans sa façon de rendre à la fois sensible et incertain le temps, ainsi que dans les brillants tableaux de société qui s'y déploient. Pour aujourd'hui, je voudrais juste proposer un court extrait dans lequel, cette fois, c'est Flaubert qui pointe le bout de son nez, celui dont l'ironie déchiquète les personnages de L'Éducation sentimentale : il y a du Sénécal, dans ce personnage du poète communiste. La scène se déroule dans un café de Budapest, où le professeur Wavra s'est joint à quelques jeunes apprentis révolutionnaires :

« L'un des jeunes gens se tourna vers Wavra. Son visage pâle et famélique, dont les traits nettement accusés, tourmentés, se déplaçaient sans cesse dans tous les sens pendant qu'il parlait, frémissait de désir et de timidité intérieure.
– On m'a dit que vous aviez de bonnes relations dans la presse. Ne pourriez-vous pas me faire entrer quelque part ?
– Bien sûr que si, mon enfant ! répondit Wavra, derrière son journal.
Le jeune homme ne comprit pas l'ironie. Poète communiste de son état, il aurait voulu gagner quarante pengös par mois pour couvrir ce que sa mère dépensait pour lui. Pendant un mois entier il fit du matin au soir le tour des rédactions et écrivit inlassablement des articles sans réussir à en placer plus de deux sur dix, dans le meilleur des cas ; il était tellement démuni de ressources qu'une fois par semaine il allait à pied à Kispest où il apprenait à une chorale d'ouvriers à réciter ses poèmes. Sa bonté, perpétuellement écrasée sous le poids de la pauvreté, ses ambitions insatisfaites et sa timidité le rendirent si cruel que si la Commune était arrivée au pouvoir, ou si lui-même avait adhéré au mouvement des Croix-Fléchées, dont le règne approchait, il aurait été, selon toute probabilité, le profiteur le plus acharné et le plus turbulent des premiers désordres transitoires. Il était drapé de misère de la tête aux pieds, comme une statue de saint dans son manteau.
– Dites-moi un peu, est-ce que vous pourriez placer une de mes nouvelles dans Pester Lloyd ? demanda-t-il à Wavra.
Le professeur comprit qu'il avait en face de lui une réplique imparfaite de lui-même. Le conflit l'amusait, comme un champion de boxe professionnel, en possession de tous ses moyens et de toutes les ficelles du métier, s'amuserait de se voir provoquer dans un endroit public par un garçon boucher ou un cavalier non avertis.
– Dans Pester Lloyd ? fit-il en clignant des yeux. Quelle nouvelle ?
– Celle que vous voudrez, répondit le jeune homme. Ma seule condition, c'est que l'histoire ne se déroule pas chez les capitalistes ; ça, je ne le voudrais pas, Monsieur ! Je préférerais qu'elle décrive des ouvriers ou, à la rigueur, un milieu petit-bourgeois !
– Bien, bien, répondit Wavra. Un milieu petit-bourgeois, ça ira très bien, je crois. Nous allons la placer, cette nouvelle, mon enfant. Il est vrai que le rédacteur en chef qui m'a demandé, pas plus tard qu'hier, si je ne connaissais pas des jeunes écrivains de talent, et dont le père est un épicier juif, a un faible pour l'aristocratie, les joueurs de golf et les cavaliers. Les extrêmes se touchent. Ne pourriez-vous pas écrire une nouvelle sur le polo, mon fils ? »

Il me semble intéressant de noter que, pour Déry, son poète pourrait tout aussi bien rester communiste ou s'enrôler chez les nazis des Croix-Fléchées, cela ne ferait aucune différence pour le cas où une miette de pouvoir lui serait confiée : la frustration, l'aigreur et la bassesse engendrent immanquablement le tortionnaire, quel que soit le camp auquel il s'inféode – en quoi il est assez typiquement sénécalien.

Avant que ne s'élèvent les clameurs accusant ce Tibor Déry de n'être qu'un fichu réactionnaire à la solde de la bourgeoisie arrogante, précisons qu'il connut la prison puis l'exil dès le début des années vingt en raison de son appartenance au parti communiste, et qu'il retourna plusieurs années en prison dans la seconde moitié des années cinquante, pour s'être rallié aux insurgés de 1956.

Le camarade CSP va-t-il faire une overdose de champagne ?


Il est sans doute le plus lucide de la blogosphère extrême-gauchiste – ce qui n'est pas mettre la barre bien haut, j'accorde, mais tout de même. Son billet d'aujourd'hui, je pourrais le contresigner presque entièrement – ce qui n'est pas mettre la barre beaucoup plus haut, et risque en plus d'être assez déstabilisant pour lui. En voici l'un des premiers paragraphes :

« Ça fait 5 années que je vois des gens collés au cul de Sarkozy H24 à commenter ses moindres faits et gestes avec une délectation proprement morbide. N'ayant pas de télé, je ne peux ignorer quand ce méprisable personnage y passe, mon Twitter ne parlant que de ça jusqu'à la nausée, et d'ailleurs je fuis craignant l'overdose. Sarkozy aura réussi l'exploit de transformer ceux qui le détestent le plus en ses plus grands fans par une fascination répulsive perpétuelle qui anéantit tout esprit critique et tout recul chez des personnes mêmes intelligentes d'habitude : d'où le refus d'admettre sa réélection, le mécanisme se décomposant comme suis.
- Je hais ce type.
- Chacun de ses fait et gestes et mots renforcent l’exécration que je ressens pour lui.
- Je suis complètement focalisé sur lui et passe un temps déraisonnable à commenter absolument tout ce qu'il fait et dit.
- Je me suis trouvé un cercle de gens qui partagent la même obsession et on s'émule l'exécration en rond pour se tenir chaud.
- Partant je suis sincèrement convaincu que tout le monde le déteste.
- Et d'ailleurs je trie les informations pour ne garder que celles qui vont dans ce sens.
- Partant il est donc impensable qu'il soit réélu puisque tout mon monde ne peut plus le voir en peinture.
- Et envisager ce scénario est trop déstabilisant, partant je le nie avec force et insistance, en gueulant contre les sinistres Cassandres qui font rien qu'à faire de la dissonance cognitive pas gentille. »
 
L'intégrale est par là, et j'encourage chacun à s'y reporter.

mardi 13 mars 2012

Callipyge et la grande asperge

C'était il y a un quart de siècle environ. À cette époque reculée, dans les profondes ténèbres du XXe siècle, le merveilleux magazine qui m'évite de me retrouver à la rue et d'y crever de faim comme un Grec lambda, ce merveilleux magazine était encore tout à fait dépourvu d'ordinateurs et, par conséquent, entretenait encore ce qu'on appelait un “pool de dactylos”, afin que ces dames et demoiselles (oui, parce qu'il y avait encore des demoiselles, en ces temps ; et même des races, maintenant que j'y songe) tapassent les articles que nous écrivions à la main, tels des moines copistes et médiévaux courbant leurs tonsures vers leurs écritoires.

Venait d'être embauchée une nouvelle jeune personne en ce pool (T'es tout' nue / Sous ton pool / Y a la rue / Qu'est maboule, comme bramait l'autre), que son excès de kilos judicieusement répartis me faisait trouver accorte. – Si j'étais Nicolas, je risquerais sans doute ici un “accorte à sauter”, mais ce blog est d'une trop haute tenue pour qu'ainsi je me laisse aller. Bref, les courbes de la demoiselle se croisaient avec autant de grâce que celle du couple Hollande/Sarkozy sur un graphique sondagier, et j'avais décidé de pousser mon bois de ce côté-là. (Je rappelle aux esprits chagrins et rigoristes que j'étais alors célibataire de stricte obédience.) Par voie de conséquence, je faisais de fréquentes visites au pool, sous les prétextes les plus futiles, lesquels ne trompaient personne, vu la subtilité de mes travaux d'approche. Dans ce bureau de petites mains agiles officiait également une longiligne et osseuse dactylographe à laquelle je n'accordais que des regards et des entretiens strictement professionnels.

Or, un jour où j'infligeais mon pesant badinage à la demoiselle amplement fessue, voici que sa consœur moins pourvue se mit à prendre pour elle les allusions grivoises et les pirouettes verbales à double sens qui étaient alors ma grande spécialité. Et à me faire savoir qu'elle se sentait toute prête à y répondre, d'une manière tellement explicite et effrayante que je me vis contraint au repliement sur des positions stratégiques préparées à l'avance – à savoir le bureau du rewriting. Là, voyant mon air de bête un peu traquée, Yves J., mon très-aimé chef, me demande ce qui m'arrive. Je lui réponds :

Je me pointe chez les dactylos pour chauffer Callipyge, 
et c'est la grande asperge qui grimpe en mayonnaise !

Je lisais un peu trop San-Antonio, à cette époque, principalement dans le train qui, chaque vendredi, me ramenait à La Ferté-Saint-Aubin, chez mes parents. Je me souviens encore très bien de la voiture rouge de ma mère, une Simca “Horizon”, qui m'attendait devant la gare, et nous… – mais ce n'est pas le sujet aujourd'hui.

Toujours est-il que la phrase, joliment burinée, a tellement enchanté ce cher Yves qu'il a dû la répéter à tous ses amis – qui étaient nombreux – et emmerder sa famille avec, au moins jusqu'à la troisième génération. Dix ou quinze ans plus tard, lorsque nous nous revoyions, il lui arrivait encore de me demander de la lui redire, juste pour le plaisir de l'entendre de ma bouche, supposé-je, puisqu'il la connaissait par cœur.

Tout cela, bien entendu, n'explique nullement pourquoi l'anecdote m'a littéralement sauté à la mémoire, ce matin au réveil.

dimanche 11 mars 2012

Tout est illuminé, jusque dans les ténèbres


Il y a un narrateur, mais qui n'a pas tout le temps la parole ; il s'appelle Alex, c'est un Ukrainien de 20 ans n'ayant jamais quitté l'Ukraine et rêvant de l'Amérique et de ses écoles de comptabilité. Il y a un héros, désigné comme tel par le narrateur ; lui aussi a vingt ans, c'est un juif américain d'origine paternelle ukrainienne, qui se nomme Jonathan Safran Foer ; il est venu en Ukraine pour tenter de retrouver la trace d'Augustine, la jeune fille qui a sauvé la vie de son grand-père, le 18 juin 1942, lorsque les nazis ont tué tous les habitants du shtetl de Trachimbrod – ou presque tous : le roman tout entier sinue et se déploie entre les lettres de ce presque.

Le héros a fait appel aux services d'une agence appelée Heritage Touring, spécialisée dans l'aide aux juifs d'origine ukrainienne désireux de retrouver les traces de leur famille massacrée par les Allemands. Son voyage, sa quête, sa remontée aux origine s'effectuera sous la houlette d'Alex, interprète s'exprimant dans un anglais très approximatif, et du grand-père de ce dernier qui fera office de chauffeur bien qu'il se prétende aveugle – il est d'ailleurs accompagné par une chienne censée le guider et réputée folle.

Le texte original de ce roman est évidemment hors de ma portée, mais il me semble que les deux traducteurs français – Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso – ont accompli un petit prodige en traduisant l'anglais bouffonnant d'Alex. Le résultat est en tout cas une réussite en lui-même, sans préjuger de la comparaison. Pour vous en donner une idée, voici la première page de Tout est illuminé :

Légalement, je m'appelle Alexandre Perchov. Mais mes nombreux amis me surnomment tous Alex, version plus flasque à articuler de mon nom légal. Ma mère me surnomme Alexi-arrête-de-me-morfondre !, parce que je suis toujours à la morfondre. Si vous voulez savoir pourquoi je suis toujours à la morfondre, c'est parce que je suis toujours ailleurs avec des amis, à disséminer tant de numéraire, et à accomplir tant de choses qui peuvent morfondre une mère.  Mon père soulait de me surnommer Chapka pour le bonnet de fourrure dont je me chapeaute même pendant les mois d'été. Il cessa de me surnommer ainsi parce que je lui ai demandé de cesser de me surnommer ainsi. Cela m'avait une résonance gamine et je me suis toujours considéré comme très puissant et génératif. Maintenant il me surnomme Alex, comme mes amis, mais il n'est pas de mes amis. J'ai beaucoup de filles, croyez-moi, et toutes me dénomment d'un nom différent. L'une me surnomme Bébé, non que j'en sois un, mais parce qu'elle s'occupe de moi. Une autre me surnomme Toute-la-Nuit. Voulez-vous savoir pourquoi ? J'ai une fille qui me surnomme Numéraire, parce que j'en dissémine tant avec elle. Elle me pourlèche les babines pour cela. J"ai un frère miniature qui me surnomme Alli. Je ne kife guère ce nom mais comme je le kife beaucoup lui, bon, je lui permets de me surnommer Alli. Quant à son nom, c'est Mini-Igor, mais mon père le surnomme L'Empoté, parce qu'il est toujours à se promener contre les choses. Il y a seulement trois jours précédemment qu'il s'est fait l'œil noir, d'une mauvaise gestion d'un mur de brique. Si vous conjecturez comment peut se dénommer ma chienne, c'est Sammy Davis Junior, Junior. Elle se dénomme ainsi parce que Sammy Davis Junior était le chanteur bien-aimé de mon grand-père et que la chienne est à lui, pas à moi, parce que je ne suis pas celui qui se croit aveugle.

Il y a encore Brod, la “très-arrière-grand-mère”, nourrisson sorti des eaux de la rivière dont elle porte le nom, le 18 mars 1791. Il y a le shtetl lui-même, séparé en deux par une ligne jaune – les Juifs d'un côté, les Humains de l'autre… – et la synagogue à cheval sur cette frontière ; comme la ligne se déplace au fil du temps et des événements, la synagogue est en bois et montée sur roues.

Le roman est un puzzle, dont les pièces occupent toutes le même endroit : Nachimbrod, le village fantôme, dont il ne reste qu'une stèle, mais à différents nœuds temporels s'échelonnant entre 1791 et 1997, moment du voyage du héros.  Celui-ci et son interprète se piquent tous deux d'écriture, et ce sont leurs tentatives, tour à tour cocasses ou tragiques, souvent les deux, de donner forme à ce qui n'est plus que nous lisons – ainsi que les lettres irrésistibles qu'Alex écrit à Jonathan après le retour du second aux États-Unis. Chacun des deux adresse à l'autre son livre au fur et à mesure qu'il s'écrit, et amende ce qu'il reçoit en retour, multipliant ainsi les miroirs déjà nombreux.

Les deux grands-pères aussi se rejoignent, le chauffeur aveugle et celui qui mourut quelques semaines après son arrivée sur le sol américain, et c'est le visage figé d'Augustine, sur la vieille photo possédée par le héros, qui les réunit. Mais Augustine existe-t-elle ? Le shtetl de Nachimbrod a-t-il lui-même existé, ou n'est-il rien d'autre que les traces dérisoires qu'a déterrées et conserve dans sa masure celle-qui-n'est-pas-Augustine ?

Les époques tournoient, s'enroulent sur elles-mêmes et s'entrelacent les unes aux autres, les points de vue réfractent la lumière, et tout est irrésistiblement attiré par ce trou noir du 18 juin 1942, lorsqu'un des nombreux Einsatzgruppen de l'armée allemande liquide le shtetl après en avoir massacré les habitants juifs. Tout retourne à la Brod, la rivière dont, 151 ans plus tôt, est sortie la très-arrière-grand-mère. Il demeure des vapeurs d'oubli, et quelques grains de mémoire que, chacun à sa manière, le narrateur et le héros s'efforcent de réunir le long du fil dont ils disposent.

Par moment, l'exubérance et la prolifération narratives de ce roman m'ont fait songer à Tristan Egolf et à son Seigneur des porcheries. Le fait qu'Egolf se soit suicidé à 33 ans n'est peut-être pas étranger à cette association d'idées. 

Jonathan Safran Foer, lui, semble bien vivant à ce jour – et c'est tant mieux.

samedi 10 mars 2012

Ce jour magique où les blogueurs se sont tus


Et soudain un grand silence se fit, qui dure encore trois jours après. Dans les basses-cours blogosphériques, plus un gallinacé progressiste n'osait même gratter le sol du bout de son bec ; tragédie antique au poulailler, les poussins en rentraient dans leurs œufs. Que s'était-il passé ? Oh rien ! Saint Patron des hollandistes, faites, je vous en multi-prie, qu'il ne se soit rien passé ! Qu'une grève surprise ait été lancée juste à temps. Que toutes les antennes-relais soient tombées en rideau à la même seconde, ce soir-là. Oh ! faites, mais faites donc, Grand Manitou du changement-qui-est-maintenant…

Hélas, rien n'est tombé en panne, tout a eu lieu, le cauchemar s'est consommé : Nicolas Sarkozy a proprement ratiboisé ce pauvre Laurent Fabius, dont j'espère qu'une cellule de soutien psychologique l'attendait au sortir du studio. Et le lendemain, dans les blogs ? Rien. Neige et brouillard : pas vu, pas entendu. Dans les diverses pravdas solfériniennes ? Gobi ! Le culbuto batave ? Ailleurs, sans doute. Même le stalinien aux dents jaunes en est resté muet, ce qui est un résultat collatéral fort appréciable, ma foi.

Alors, bien sûr, le premier choc passé, on s'est remis à caqueter dans les lignes de ponte. Mais il est resté cette poche de silence hébété, cette grosse congère au centre de l'arène blogomachique, que le soleil de l'avenir radieux ne parvient toujours pas à faire fondre.

jeudi 8 mars 2012

Saloperie de banlieues de pauvres, tiens !


Merveilleuse journée de cauchemar, hier. Parti de la maison à neuf heures moins cinq, afin d'être à FD à dix heures, moment supposé de ce que j'appelle la “conf' des grouillots”, à savoir la réunion hebdomadaire de la piétaille dont je fais partie, durant laquelle chacun est censé proposer les sujets qu'il a trouvés dans son coin pendant la semaine écoulée.

Au péage de Mantes, sur l'A13, premier bouchon, dû à un accident, annoncé par panneau lumineux. Résultat : environ vingt minutes de quasi sur-place pour franchir les cinq kilomètres nous séparant du dit accident, Lequel avait complètement disparu lorsque je suis arrivé à sa hauteur supposée. La circulation se re-fluidifie plus ou moins…

Sur l'A14, deuxième alerte, plus inquiétante : un deuxième accident, dont on ne nous précise pas où il se situe, fait que le temps nous séparant du boulevard périphérique passe de 18 mn en temps normal à 1h15. Moyennant quoi, bien entendu, je décide de m'échapper avant le souterrain de la Défense et d'emprunter l'A86 – sans illusion excessive. Effectivement, comme nous sommes deux cent cinquante mille à avoir la même idée au même moment, l'autoroute en question est totalement engorgée. Roselyne me proposant d'emprunter la bretelle revenant vers Nanterre, et celle-ci ayant, à vue d'œil humain, l'air dégagée, j'obtempère. 

Bien à tort : je me retrouve sur une bretelle d'accès au boulevard circulaire de la Défense. Là, l'horreur devient absolue et, comme toujours dans ce genre de configuration, je cesse d'un coup de m'énerver. Je me fais semblable à un bloc de viande congelée, pure attente et renoncement. Même Schubert et sa sonate D 960 mettent les pouces.

Cependant, le bloc de viande regimbe assez vite. Au bout d'un quart d'heure quasi immobile en plein cœur de ce quartier post-apocalyptique, je décide de rentrer chez moi, reprogramme Roselyne qui, miraculeusement, m'incite à m'évader par cette rue, là, à gauche, miraculeusement vide de voitures. J'y vais. Je roule librement durant un petit kilomètre avant de m'engluer de nouveau dans une non-circulation démentielle. À tant faire que d'être entièrement bloqué, puisque je suis à moins de six kilomètres de mon lieu de travail, je rechange mon re-fusil de re-épaule et re-programme Roselyne en direction de Levallois. Elle me renvoie illico à la mélasse dont j'ai mis vingt minutes à m'extraire, sur le boulevard circulaire de la Défense.

À ce stade, le vernis de civilisation s'écaille et l'homme devient prêt à tout. Lorsqu'il avise une bretelle de sortie “Nanterre Université”, bien que n'ayant aucune idée de l'endroit où se trouve l'usine à savoir en question, il sort. Juste pour le plaisir de rouler tout seul et en seconde pendant au moins trois cents mètres. Le hasard des circonvolutions routières le ramène alors sur l'A86, à l'endroit exact où il l'a quittée une demi-heure plus tôt. Il s'y engage : la sueur perle à ses tempe ; il n'est même plus en état de se rendre compte à quel point il a envie de pisser, depuis près de deux heures qu'il a quitté son doux foyer.

Naturellement, tout le monde s'en doute, l'autoroute qui semblait dégagée se rebouche. Grave. Juste avant d'emboutir l'arrière d'une camionnette contrainte de freiner en urgence, le désormais zombi avise une bretelle de sortie : “Bois-Colombes”. Hourra ! Montjoie-Saint-Denis ! et toutes ces sortes de choses : comme il y a habité, dans les années 1992 – 1996, il connaît le quartier par cœur, et encore mieux le trajet pour rejoindre Levallois. Il s'y engage d'un cœur que l'on qualifiera de léger, ne reculant devant aucun cliché, à ce stade et après plus de deux heures de route.

Bois-Colombes, désormais, en tout cas aujourd'hui, ressemble un peu à l'Espagne telle qu'elle est depuis 40 ans : constamment en travaux.  Cette minuscule ville qui se traversait naguère en moins de quatre minutes aux heures où nous y sommes, il y faudra encore plus d'un quart d'heure, à cause des engins de chantier, des rues en circulation alternée, etc. Ce qui laissera au conducteur hébété l'occasion de constater les merveilleux et bénéfiques changements qui affectent les lieux qu'il a connus, quinze ans auparavant : bloqué à un feu tricolore et ayant tout le temps de détailler les douze à quinze personnes attendant le bus de l'aut' côté d'la rue (comme chantait Piaf), il pourra se livrer à des statistiques ethniques instantanées : deux Asiatiques, trois noirs, tout le reste arabe ; Français ? Zéro. Bon, merde, c'est vert…

Cerise sur le gâteau : enfin arrivé à Levallois, mon sésame refusera d'ouvrir la putain de saloperie de porte de parking.

Cerise sur la cerise sur le gâteau : aucun travail pour moi – j'ai fait le voyage pour rien.

mercredi 7 mars 2012

L'extinction programmée du poppérisme


Dans ma jeunesse encore, le marxisme avait la prétention d'être une théorie scientifique (et il valait mieux ne pas trop contester cette lubie, si on ne voulait pas être catalogué comme suppôt hitlérien…). C'était d'autant plus curieux que, depuis déjà pas mal de temps, Karl Popper avait dissipé cette illusion en établissant le critère, simple et efficace, permettant de dire si une théorie est scientifique ou pas : une théorie ne peut être dite scientifique que si elle demeure contestable. C'est-à-dire que l'on doit toujours s'attendre à rencontrer un fait dont elle sera incapable de rendre compte de façon satisfaisante et qui ouvrira une brèche dans l'édifice, voire une remise en question radicale. A contrario, une théorie se prétendant capable d'englober tous les phénomènes, en tous temps et lieux, ne pourra pas être qualifiée de scientifique – en quelque sorte, parce qu'elle sera “trop belle pour être vraie”.

Or, effondrement du mur de Berlin ou pas, c'est bel et bien ce que continuent de faire les vieux marxistes-léninistes de nos jours. Allez porter la contradiction sur tel blog (suivez mon œil…) ou sur tel autre (suivez l'autre œil, celui qui louche), et l'on vous expliquera doctement que si les pays dits de l'Est ont échoué, c'est parce qu'il n'ont pas mis en œuvre suffisamment de marxisme, ou que le leur n'était pas le vrai marxisme. Mais que celui-ci, nonobstant ces expériences maladroites et malheureuses, demeure la citadelle de vérité éternelle qu'il a toujours été depuis sa naissance. Quand le marxisme échoue, c'est que ce n'était pas du marxisme. 

De même, lorsqu'un patient ressort laminé et en loques de dix ans d'analyse, c'est que celle-ci a été mal conduite, mais cela n'entache en rien la psychanalyse elle-même. Et quand un biologiste ou un paléontologue fait une découverte mettant en sérieuse difficulté la théorie de Darwin, les darwinistes intégristes vous expliquent que l'on trouvera forcément un de ces jours l'explication permettant de la faire rentrer dans le rang impeccable de l'orthodoxie, laquelle ne se trompe jamais et englobe tout le vivant, par définition ou presque.

Le marxisme, la psychanalyse, le darwinisme et quelques autres lunes anciennes du même acabit, c'est l'extinction du poppérisme après 22 h (23, en horaire d'été).

Catherine Goux et le p'tit pédé du marché Saint-Pierre


Donc, comme le titre de ce billet semble vous l'indiquer, Catherine était hier au marché Saint-Pierre. Pour y acheter du tissu, comme à peu près tous les gens qui mettent les pieds au marché en question.

Elle se promène et furète dans les allées. Étroites, les allées, forcément. Si étroites que, c'est sûr, le petit pédé maigrichon et elle, qui arrivent l'un vers l'autre, ne passeront pas sans que l'un des deux s'efface plus ou moins. Le petit maigrichon ne s'efface pas, comme il est de règle dans le monde où nous vivons désormais. Catherine grommelle (Catherine est une grommelleuse de première bourre) un truc du genre : « Bravo, merci la politesse, pauvre petit con d'enculé de ta mère (là, c'est moi qui extrapole)… »

Et, bien entendu, elle oublie dans la seconde le petit personnage en question. Mais pas lui. Alors qu'elle poursuit sa déambulation dans les allées (du marché), l'autre malfaisant la suit, se demandant comment il va pouvoir l'anéantir. Parce qu'il veut l'anéantir, c'est une évidence. Qu'est-ce que c'est que cette enchapeautée qui traite ma race ? Et il trouve, forcément.

Avec son index, il tape sur l'épaule de Catherine. Elle se retourne (évidemment). Elle se retrouve face à ce drôlet, qui lui dit :

Avec votre chapeau à la con, vous avez l'air d'un chou-fleur !

Là-dessus, deux femmes ouvrent la bouche (me raconte Catherine), se demandant pourquoi l'homoncule est intervenu, et sidérées de sa goujaterie. Sans importance : Catherine explose de rire, le mini-goujat tourne les talons ; il disparaît, fort marri de l'inopérance de son attaque en piquée, qu'il pensait sans doute fulgurante et anéantisseuse de femmes à chapeau.

Et voilà.

lundi 5 mars 2012

Deux dimanches de printemps où je ne devrais pas mettre le nez dehors…


En ce qui concerne l'élection prochaine, je m'achemine lentement mais de plus en plus sûrement vers l'abstention – au premier comme au second tour. Voter Le Pen me paraît chaque jour plus dénué de sens véritable, et choisir entre Hollande et Sarkozy sans le moindre intérêt, dans la mesure où, à deux ou trois broutilles “sociétales” près, les deux feront la même politique – ou plus exactement pas de politique du tout. Il est d'ailleurs fascinant de voir à quel point les deux candidats principaux en sont à énoncer tout et son contraire presque dans l'élan d'une même phrase, le premier pour conserver à tout prix sa confortable avance sondagière et le second pour tenter de remonter au score. Pour la palme du ridicule et de l'inconséquence aussi, ça devrait se jouer dans un mouchoir…

vendredi 2 mars 2012

Conseil à un ami cambrioleur


Mon émerveillement ne faiblit pas face à l'argument développé par mes amis socialo-compatibles pour justifier que l'on puisse prendre 75 % des revenus d'une personne, au-delà d'une certaine somme. Que disent-ils, ces braves justiciers fiscaux ? Qu'il ne faut pas du tout s'inquiéter de ces spoliations exercées par l'État, puisqu'aux gens à qui l'on confisque ces fameux 75 % il reste encore des montagnes d'argent, avec quoi ils pourront se payer l'essentiel mais aussi s'offrir le superflu et encore le superflu du superflu. L'argument est en effet imparable, et je suggère de l'étendre à l'ensemble des activités délictueuses auxquelles l'être humain se livre parfois.

Ainsi, à un ami cambrioleur, si d'aventure il m'en venait un, je donnerais le conseil suivant : « Si tu ne veux pas être inquiété pour tes méfaits, ne visite que des maisons très opulentes. Par exemple, une demeure ne renfermant pas moins d'une douzaine de toiles de maître, ou un coffre-fort contenant un minimum de trois millions d'euros, en bijoux ou numéraire. Cela te permettra de repartir tout tranquillement en laissant quatre tableaux sur les murs et environ un million dans le coffre. Ensuite, si jamais ta victime va se plaindre de ce méchef à la maréchaussée, celle-ci pourra lui répondre à bon droit et en toute justice qu'il pleurniche bien inconsidérément dans la mesure où tu lui auras laissé très largement de quoi continuer à mener une vie de luxe et de dispendieux plaisirs. Pour la bonne mesure, on fera comprendre à cet arrogant qu'il a bien de la chance car, au fond, rien ni personne ne t'empêchait de tout emporter. (L'aurais-tu fait, d'ailleurs, que tu aurais pu compter sur les applaudissements des voisins, qui ne t'auraient pas ménagé leurs vivats depuis leurs masures en parpaings.) Et, puisqu'il est là et qu'on le tient, on exigera de lui les clés de la maison et celles du coffre, de façon à ce que, à ton prochain passage, tu n'aies pas à t'encombrer de ton chalumeau ni de tes pinces monseigneur. »

Maintenant que j'y pense, il faudrait aussi que les policiers fassent bien comprendre au dépouillé qu'il ne serait pas dans son intérêt de déménager, car ce serait adjoindre le déshonneur au dénuement : on n'est jamais trop menaçant avec les volés récalcitrants.

jeudi 1 mars 2012

Les mystères, remous et méandres de l'Amazon

Étant occupé à lire les entretiens entre Matthieu Ricard et Trinh Xuan Thuan, dans lesquels bouddhisme et astrophysique se livrent à une réjouissante sarabande, je me suis dit qu'il serait peut-être bon de compléter cette lecture par le livre que le premier a co-écrit avec son propre père, Jean-François Revel. Piolet en main, crampons aux plantes, me voilà parti chez Dame Amazon.

Première constatation désappointée : la version “poche” du Moine et le Philosophe est épuisée (moi aussi, un peu, mais ce n'est pas une raison). « Qu'à cela ne tienne, me résignais-je aussitôt, offrons-nous l'édition originale pour salauds de riches. »

Parvenu à la page idoine, je vérifie que, comme souvent, le livre est proposé d'occasion par un certain nombre de vendeurs indépendants. « Fort well, Angelina, allons voir en un clic ce que ces braves gens ont sous le coude », in-pettoïsais-je alors, avec regain d'enthousiasme et petit sourire gourmand. 

Ma surprise fut de constater que, sur la quantité de camelots ayant dressé étal ici, deux proposaient de me vendre leur exemplaire pour la somme incongrue de 0,01 €.  Et pas de fantomatiques plaisantins, mais de vrais vendeurs, avec de belles petites étoiles orangées exprimant la satisfaction de leurs précédents clients. J'en ai évidemment commandé un, content de cette non dépense mais tout de même hanté par une question agrémentée de son corollaire : quel genre de personne peut avoir l'idée de mettre en vente un livre au prix d'un centime ? Et pourquoi ? Parce que le volume l'encombre et qu'elle fait partie de ces maniaques incapables de jeter ? Par altruisme pédagogique, afin de diffuser la culture bouddhique auprès des sombres ignorants de mon acabit ? Parce qu'elle a répandu de l'anthrax en poudre entre les pages afin de buboniser les gros nazis ?

Personnellement je ne vois aucune autre explication convaincante, ni même seulement envisageable. Mais je suis ouvert à toute suggestion.

Trois options pour un 29 février à venir


Hier soir, juste avant de m'endormir, et alors que nous étions déjà le premier mars, il m'est apparu que le prochain 29 février de la Création me surprendrait à moins de trois semaines de mon soixantième anniversaire ; avec un peu de chance, je jouirai d'une retraite que je me plais à imaginer paisible, baignant dans une eau dormante et tiède, un climat pour ainsi dire prénatal, placentaire ; avec un peu moins de chance, si Nicolas Sarkozy est réélu ou si François Hollande trahit ses promesses comme chacun s'y attend, je serai encore attelé pour deux ans ; et si pas de chance du tout je serai mort – à moins qu'il ne faille renverser radicalement ces trois propositions.