dimanche 31 août 2008

Afin que j'aie l'air moins con...

Quelqu'un aurait-il une science politico-moderno-meschoses suffisante pour m'expliquer ce que sont les luttes LGBTI ?

Siouplaît...

Memento mori, et remets-nous la même chose

Ce soir, l'apéritif fut incroyablement sobre (une bouteille de muscadet à deux : voyez l'orgie...). Du coup, on a moins parlé, forcément. Comme l'Irremplaçable venait juste de terminer le petit livre de René Girard, Anorexie et désir mimétique, que j'ai moi-même lu avant-hier, nous avons évoqué le cas de ces mannequins actuels, maigres jusqu'à la décarnation (le mot est offert), phénomène dont Girard, dans l'entretien qui suit son texte, remarque qu'il commence à toucher également les top models masculins : les cowboys bodybuildés et légèrement transpirants, qui faisaient mugir nos filles et nos compagnes il y a encore une petite dizaine d'années, ont cédé la place à de petites crevures pâlichonnes, dont l'indice de masse corporelle doit à peine excéder la longueur de mon appendice reproductif.

J'ai fait remarquer à Catherine que non contentes d'être décharnées, blêmes et le plus souvent laides, les filles que l'on voit désormais dans Elle ou ailleurs (mais Elle est un excellent thermomètre, de ce point de vue) arborent en outre un air buté, agressif et, finalement, malheureux. Reflet de l'époque très certainement, puisqu'on croise de plus en plus souvent leurs homologues dans la rue, le métro, les blogs. Mais tout cela, me dira-t-on, est le résultat de l'oppression multiséculaire de ce monstre absolu qu'est le mâle hétérosexuel blanc : je compte revenir sur ce sujet d'ici quelques jours, si j'arrive à écrire quelque chose de point trop stupide.

La discussion - parallèlement à l'assèchement du flacon - s'est déroulée sur fond de Charlie Parker, des enregistrements s'échelonnant de 1949 à 1953, dont le somptueux Lester leaps in, enregistré au Carnegie Hall le 18 septembre 1949, dans le cadre d'une session réunissant Roy Eldridge (trompette), Lester Young (saxophone ténor), Bird himself et quelques autres à peine moins intéressants. Dans cet exercice, où il s'agit toujours plus ou moins de prendre le meilleur sur ses partenaires-rivaux, c'est Charlie qui l'emporte assez nettement sur Lester. Ce dernier avouera plus tard que, "naviguant aux instruments", il ne s'était même pas aperçu qu'il jouait avec Charlie Parker...

Pour finir, et puisqu'on a commencé avec lui, je vous livre l'ultime paragraphe du livre de Girard dont il vient d'être question :

« Quoi qu'il en soit, nous ne sommes toujours pas arrivés à la dernière surenchère. Nous devrions donc nous préparer à des choses encore plus spectaculaires et dramatiques. Si nos ancêtres pouvaient voir les cadavres gesticulants qui ornent les pages de nos revues de mode, ils les interpréteraient vraisemblablement comme un memento mori, un rappel de la mort équivalant, peut-être, aux danses macabres sur les murs de certaines églises médiévales. Si nous leur expliquions que ces squelettes désarticulés symbolisent à nos yeux le plaisir, le bonheur, le luxe, le succès, ils se lanceraient dans une fuite panique, nous imaginant possédés par un diable particulièrement malfaisant. »

Bonne nuit tout de même.
Le drame de l'exilée de Clermont : bourrée en Auvergne, seule à Paris.

samedi 30 août 2008

Nouvelle rubrique

On inaugure, ce soir, mais en fait hier, un nouveau libellé (voir plus bas). Il s'agit de rendre compte de ce dont l'Irremplaçable et moi parlons entre six et sept (des fois huit, voire neuf), lors de notre apéro vespéral. Si je m'en souviens, il va de soit, et si c'est racontable.

Le temps de venir ici, de la maison principale, j'ai déjà évidemment oublié l'essentiel de ces conversations si fluides qu'elles coulent aussi vite que les gorgées de bière. Et c'est bien (on me comprendra) ce qui les rend précieuses, ce côté évanescent, à peine palpable. Néanmoins, je crois me souvenir que nous avons parlé de :

- Marcel Proust. Notamment de ses rapports nettement névrotiques à la médecine. J'expliquais à Catherine que, fils et frère de médecins "haut de gamme", ce connard aurait pu survivre ne serait-ce que deux ou trois ans de plus, et terminer vraiment La Recherche. Et que j'étais fort triste que non. Je ne dois pas être le seul : nombre de proustiens - et parmi eux de bien plus brillants que moi - doivent par moment rêver de remonter le temps à seule fin de bourrer Marcel d'antibiotiques ou de je ne sais quoi, pour le prolonger jusque 1925.

- Plus étonnant : j'ai dit, un moment, que nous devrions pourrir la vie de notre maire et tenter d'obtenir de lui qu'il éteigne ses putains de lampadaires de rue qui ne servent absolument à rien, mais que, pour cela, il faudrait envisager de nous inscrire sur les listes électorales. A ma grande surprise, l'Irremplaçable m'a annoncé qu'elle ne s'inscrirait jamais, parce qu'elle ne voulait juger personne. Devant mon air incompréhensif, elle m'a rappelé que sa soeur, pas longtemps avant, avait été réquisitionnée pour faire partie d'un jury d'Assises. J'ai eu beau lui dire que la "chance" était presque aussi énorme que de gagner au loto, elle est restée su ses positions. (Mais, bon, elle avait bu.)

- Avant, on avait causé de trucs plus légers, mais je suis en train d'oublier, et je n'ai pas envie d'aller lui demander, sinon, elle va me refaire chier avec ses conneries de tribunal.

- Ah ! si A un moment, on parlait de sports de combat, je me demande bien pourquoi. Si ! si ! ça me revient : à cause d'un documentaire extraordinaire que j'ai vu, il y a quelques mois, concernant les procédures de recrutement au GIGN. (Si ça repasse, je vous le conseille, vraiment.) Je me suis souvenu, à cette occasion, d'un sergent parfaitement imbécile (je m'en étais aperçu dès cette époque), que j'ai connu au collège militaire de Saint-Cyr ( mon témoignage est ici, cliquer sur "témoignages et interviews" et repérer mon nom...) et qui était une espèce de champion de Close Combat (à côté de ça, le karaté est un truc de bisounours bobos). Il impressionnait beaucoup les gamins de onze ans que nous étions, ce sergent au regard vide et au sourire niais, en donnant (à notre demande) de grands coups de poing dans les gros piliers en béton qui se trouvaient là.

Un jour, le même, réunissant ses trois neurones, avait réussi à produire un calembour dont il n'avait pas semblé peu fier et qui (si j'en juge avec le recul) nous avait évité la punition. Nous pinçant en train de fumer dans les chiottes (coup de bol : il aurait pu nous prendre à nous branler de conserve, ce que nous faisions à chaque occasion), il avait réfléchi une poignée de fractions de seconde. Puis ses lèvres minces (que je revois parfaitement) s'étaient étirées en un sourire, et, expirant la satisfaction de soi, il avait laissé tomber, avec son accent méridional à la con :

On les connaissait fumisteu... Les voilà fumeureu...

Il était tellement content de lui, qu'on a pu s'égailler sans le moindre dégât collatéral. Comme quoi le Close combat ne prépare pas forcément à toutes les épreuves de la vie. J'avais onze ans et demi lorsque j'ai été confronté à ce brave homme (je dis cela sans ironie : je suis presque certain qu'il était en effet un brave homme) : comment, à cet âge, ai-je vu qu'il était stupide ? Et, plus profondément, ai-je eu raison ? Était-il stupide ? L'est-il ?

Autre chose, plus troublante : tout cela se passant en 1967 ou 1968, ce sergent doit avoir environ 70 ans à l'heure où j'écris (je sais qu'il en avait 30, alors, il en était fier). Quel homme est-il devenu ? Que la vie a-t-elle fait de lui ?
L'Italien, un Monsieur qui s'ignore.

vendredi 29 août 2008

Pour un autre jour

Vache ! j'avais des trucs super subversifs à vous raconter, suite à un apéro avec l'Irremplaçable. On a causé de pédophilie, d'excitations enfantines, de fillettes genre Comtesse de Ségur qui jouissent sur les genoux d'un tonton même pas pervers, elle m'a raconté des souvenirs torrides de quand elle était petite et sans un poil à l'abricot. Et puis... et puis, j'ai oublié. C'est con, hein ?

Mais vous avez tort de ne pas être venus : c'était assez excitant... Une autre fois, peut-être ?

Il nous prennent pour des truffes


Il y a des gens qui font des billets pour nous expliquer qu'ils se sont initiés à la conduite à gauche au Canada...

J'adopte un mot

Ce matin, au saut du lit, j'ai adopté un mot, celui forgé par l'excellente Bbl, pour désigner les révolutionnaires institutionnels (écolos, gauchistes, altermondialistes, féministes d'arrière-cour, etc.).

NORMOPATHE

Pour une définition complète et nuancée, se reporter chez elle, notamment dans la suite des commentaires. Sinon, pour une parfaite illustration de ce même mot, il y a le troupeau des commentateurs de Mademoiselle S (hormis Miss Bbl et moi-même, il va de soi...).

Regret culinaire

Si tu voulais manger du homard,
il aurait suffi que tu me l'écrivisses.

jeudi 28 août 2008

La fièvre

À M. Pluton


La fièvre, lorsqu'elle devient étale, et pour ainsi dire nonchalante, est une manière d'établir le contact avec Dieu. Ou, au moins, avec des contrées étranges parce que jamais vues. Ces quelques degrés supplémentaires (mais il n'en faut pas trop) font naître des plaines aux herbes bizarres, aux arbres tors, vaguement montueuses par endroits, dont on n'aperçoit pas la fin, tout en sachant qu'elle est sans doute là, proche, derrière le petit tertre qu'il est difficile de déterminer naturel ou humain.

Cette plaine est tout entière emplie de Dieu, malgré le soleil écrasant qui vous fait jaillir en eau, et le froid brutal qui s'abat soudain - et les dents claquent. L'homme, soudain plus petit que ce qu'il imaginait, marche sans avancer, il arpente en rêve éveillé, et pourtant le paysage change sans cesse. S'annoncent à l'horizon des villes fatiguées, d'un bleu méditerranéen, et juste après de colossales cités lovecraftiennes vides d'habitants gigantesques morts depuis longtemps, depuis si longtemps qu'on peut à peine les dire morts.

On marche. Le corps met une sourdine à ses besoins fondamentaux, tout en rappelant, chaque instant, ses exigences, qui ne peuvent plus être convenablement nourries, mais ne doivent pas être oubliées, sous peine de dessèchement physiologique - et peut-être pis. On attend avec une impatience résignée les rougeoiments du soir, les cris des corbeaux retour au nid, pour aller s'acagnarder à un rocher de granite noir, qui nous protègera tout à la fois des regards hostiles et des frissons intérieurs - croit-on. L'eau, qui fait défaut partout autour, jaillit de soi, salée et collante, et l'on sent, tout pareil, la nuit glaciale prête à couler de la même source organique.

On a un peu peur, mais pas tellement que cela. Il y a grâce au ciel - devenu invisible - cette bulle isolante, ovoïde et dure, impassible, qui protège des loups errants et des meutes d'humains saccadés en quête d'abreuvoirs. L'homme s'endort. Sommeil peuplé de courbatures fugitives, de visions trop présentes pour être honnêtes, de visages de femmes qui auraient dû être depuis longtemps oubliés, et qui l'ont été.

Durant le sommeil, la fièvre entretient le feu qui éloigne les bêtes dangereuses, aussi celles qui ne demandaient sans doute qu'un peu de réconfort. La fièvre ne fait pas de détail, elle globalise l'homme qu'elle a pris, elle le ramasse en boule, et il se laisse faire, finalement content qu'une puissance quelconque ait pensé s'intéresser à lui.

Ils n'ont pas réussi à me semer, ces infâmes !

Bon, comme Nicolas a l'outrecuidance de pondre un long compte-rendu d'une soirée où il ne fut point, je n'ai d'autre choix, pour l'édification des historiens futurs, de rétablir les faits, dans leur lumineux enchaînement et leur logique imparable.

Nous avions donc rendez-vous avec Zoridae et Balmeyer pour une soirée dînatoire (oui, quand je suis malade, je parle comme ça : j'ai le droit), à Bamako où ce charmant couple est actuellement en coopération technique, détaché, on suppute, par le gouvernement français.

[Lisant par-dessus mon épaule, l'Irremplaçable me signale qu'il ne s'agit nullement de Bamako, mais du XVIIIe arrondissement de Paris. Dont acte.]

Nous étions attendus à partir de sept heures, nous tournâmes donc le coin de la rue aux environs de sept heures moins vingt, n'étant pas de ces raclures branchouilles qui se croient déshonorées d'arriver à l'heure, quoi que puisse insinuer bassement Nicolas (se reporter au lien du dessus). Premier coup de chance, Catherine trouve DEUX places de stationnement consécutives et installe triomphalement notre poubelle lie-de-vin sur l'une d'elles. Sortant du véhicule, nous constatons que le mot peint sur le macadam n'est pas le "Payant" que nous attendions, mais un plus inquiétant "Police". Effectivement, nous sommes juste devant une petite annexe du commissariat de l'arrondissement. On déguerpit et se contente d'une place marquée "Livraison", qui nous semble moins grosse d'orages.

Puis, on marche un peu le long de cette rue rectiligne et je demande à Catherine de faire quelques photos pour ma documentation, en vue d'un prochain et néanmoins hypothétique roman. Avec la rigueur intellectuelle qui me caractérise, je reconnais très vite que j'ai exagéré en qualifiant ce sympathique quartier de "Bamako" : il tient également, pour partie, de la Kasbah d'Alger. Soudain, entre l'imprimerie Krishna et l'Espoir exotique (authentiques, les deux...), je tombe en arrêt devant un café s'appelant Au gamin de Paris. Mon premier réflexe est d'aller trouver les patrons et de leur demander de cesser cette provocation grossière. Au deuxième regard, la mention "Bar à vins" nous éclaire : il s'agit seulement d'une mini-réserve de bobos blancs, destinés, je suppose, à amuser la population locale. Ou alors, d'un "bar témoin", à l'usage des historiens dont je parlais plus haut. De fait, ils sont là, mes tout petits blancs bobos, tassés sur l'étroite terrasse. Leur mutisme désorienté contraste violemment avec le brouhaha joyeux qui emplit le reste de la rue.

Il est sept heures moins une lorsque nous sonnons chez nos hôtes. Balmeyer ouvre la porte, ce qui est tout de même la moindre des choses. Catherine a apporté deux Playmobils pour Kéké, dont nous savions qu'il serait absent (il est sur un coup, paraît-il, mais sa mère préfère l'ignorer). Mais tout le monde sait bien que les cadeaux pour les enfants sont avant tout destinés aux parents. Moi, j'ai apporté à Balmeyer un disque contenant des compositions contemporaines pour piano et alto, en clin d'oeil à son billet du jour (lien plus haut). Zoridae arrive, emphatiquement rousse (couché, Tonnégrande !), mais ce n'est pas de sa faute, elle est née comme ça.

De champagne il n'y a point, et c'est heureux : bien que natif de Châlons-sur-Marne, je ne goûte que très peu ce breuvage à bulles (contrairement à d'autres). Vin blanc très agréable, qui passe du verre à la glotte sans faire de chichis ni la ramener mal à propos. Puis, les deux bouteilles vidées, nous sortons pour rejoindre le restaurant que nos deux coopérants ont prévu pour nous. Comme Zoridae est persuadée que la fourrière va fondre sur notre modeste véhicule dès que nous aurons le dos tourné, et qu'une vraie place s'est miraculeusement libérée, Catherine s'installe au volant, démarre, sort de son stationnement illicite... et percute la camionnette qui arrivait tout tranquillement. Aucun dégât, tout baigne.

Le restaurant est assez loin. Sans doute dans l'idée de parvenir à me semer et de passer une soirée tranquille, Zoridae et Balmeyer, ces malfaisants patentés, ont opté pour un trajet n'empruntant que des rues qui montent. Alors que je vois bien que, partout sur notre chemin, on n'arrête pas de croiser des rues qui descendent : ce n'est plus Bamako, c'est Addis-Abeba.

L'établissement s'appelle quelque chose comme Ginette de la Côte d'Azur : je mets Ginette au hasard, mais je suis sûr du reste. Terrasse pleine, nous nous installons à l'intérieur d'une salle agréable et commandons quelques nourritures, simples prétextes à de nouvelles libations (Petit Chablis, cette fois). Au moment du café, quatre places se libèrent dehors et on fond dessus comme la Légion sur Kolwezi (décidément, on ne sortira pas d'Afrique ce soir). Le Petit Chablis n'existant pas en demi-bouteille, on se rabat (Maroc) sur un pichet de Quincy. Ce qui est idiot, dans la mesure où, des pichets, on va bien en voir défiler quatre, avant de se replier sur des bases préparées à l'avance.

Au retour, le couple infernal n'ayant plus aucune raison de me semer, comme par hasard les rues se mettent toutes à descendre. Après ça, on dira que je suis paranoïaque : tu parles, je sais bien ce que j'ai vu, allez...

Durant ces cinq heures, nous avons parlé de beaucoup de choses, et même de quelques autres. Mais ne comptez pas sur moi pour vous dire lesquelles et vous raconter ma vie privée : on n'est pas sur un blog de tarlouze. L'anecdote fameuse de l'Irremplaçable régurgitant ses spaghettis sous l'oeil médusé de deux touristes japonais, à une terrasse de Burano, a eu le petit succès qu'elle a toujours.

Sur le pas de la porte de nos hôtes, nous nous séparâmes, embrassâmes, saluâmes, promîmes un renouvellement de l'expérience. Balmeyer avait un peu les yeux dans la graisse de bean, comme disent les Québécois, mais les miens ne devaient pas être beaucoup plus vifs (peut-être même moins). Et il n'a pas vomi, en tout cas pas tant qu'il fut dans notre champ de vision.

Le retour commença de manière un peu cauchemardesque, dans la mesure où les accès à l'A 14 étaient fermés pour la nuit et que nous nous sommes retrouvés à zoner dans Nanterre durant un petit moment. Puis, tout rentra dans l'ordre. L'Irremplaçable a gentiment fait grimper l'aiguille du compte-tours, tandis que, de mon côté, la fièvre faisait de même avec les degrés Celsius. Arrivés, on a nourri les chiens et dodo.

Ce matin, il m'a paru raisonnable d'être malade durant les deux jours qui viennent et de priver la presse française de mon précieux soutien.

Voilà.

Métissage comme une image

Un chrétien séduit une belle juive : véritable play-goy.

mercredi 27 août 2008

Unmöglich ! Ich bin getagiert !

Il est des femmes qui ont le crâne rasé alors qu'elles n'ont même pas couché avec des Allemands, ou en tout cas pas pendant la guerre. C'est vous dire le peu de bol qu'elles ont dans l'existence. Pour se venger, elles taguent leurs semblables, et principalement ceux qui ont eu une attitude héroïque dans la Résistance. Voilà pourquoi, je suis sommé par Mademoiselle Ciguë de parler des trois choses qui m'énervent.

Je suppose qu'elle veut parler des choses qui m'énervent le plus. Et c'est là que les doutes commencent de m'assaillir. Car comment déterminer ce qui m'irrite au plus haut point, moi pour qui la quasi-totalité du monde se révèle hautement urticante ? Pour tourner la difficulté, j'ai choisi de parler des trois choses qui m'énervent le moins.

I) La raréfaction des nains de jardin. Je ne parle pas, ici, du nombre décroissant de jardins où se rencontrent ces sympathiques créatures immobiles et hilares, mais de leur raréfaction à l'intérieur d'un même espace. Qu'est devenu le temps béni où ces gnomes figés envahissaient les pelouses fraîchement tondues, autour du puits en pneus peints, proliféraient, se reproduisaient probablement à la nuit noire ? Disparus. Victimes de la pression idéologique, majoritaire et ricanante, de la bienpensance de gauche, les nains de jardin se font rares, disséminés, pire : discrets ; pas plus d'un ou deux - et encore à l'ombre des haies taillées - par boulingrin : une pitié.

II) La généralisation du protège-slip. On fait vraiment avaler n'importe quoi aux filles (sauf quand on en a vraiment envie, mais c'est un autre débat). Quand j'ai vu arriver cette invention, au temps de ma jeunesse folle, j'ai répandu à son de trompe que ça ne marcherait jamais, parce que c'était vraiment trop con. Le slip étant lui-même, au départ, un « protège foufoune » (ou un «pare-bite », si on tient à ce que je sois absolument égalitaire), je ne voyais pas l'intérêt d'un « protège-protège-foufoune » (ou d'un... etc.). Or, contre toute attente, il s'est trouvé qu'un nombre considérable de nos douces compagnes ont accepté l'idée de payer pour acquérir un truc jetable destiné à protéger un truc lavable. Qu'elles laveront de toute façon. Bref, le protège-slip a marché, parce que c'était vraiment trop con.

III) Les mises en bouche et les pré-dessert. Vous êtes au restaurant avec votre Irremplaçable personnelle. Pas une gargote où votre voisin immédiat sent des aisselles et où l'autre postillonne dans l'assiette de son commensal : un vrai restaurant, bourgeois, sans "musique", convenablement dispendieux, où l'on se retrouve entre gens du même monde. Après moult hésitation, vous vous décidez pour le menu à quatre services, vous jugeant encore capable d'ingurgiter cette quantité précise de nourriture. Or, entre chaque plat ou presque, vont venir s'intercaler de petites saloperies mignardes, généralement présentées en ce moment dans des verres à liqueur (c'est la mode), pas forcément mauvaises d'ailleurs, mais qui vont avoir pour effet de vous flinguer l'appétit et vous faire considérer comme une épreuve les plats qui vous avaient pourtant fait saliver au départ, sur la carte.

En tant que vieux con atrabilaire, il va de soi que je ne transmets cette chaîne à personne.

Ceci n'est pas une pipe

Vivre de sa plume. L'utopie des médiocres écrivains est le quotidien des prostituées méritantes.

mardi 26 août 2008

Ça passe ou ça casse

Les âmes délicates peuvent se dispenser de lire le billet ci-après.

J'azi passé la journée avec un genre de 38°5 et de très fréquents séjours aux toilettes familiales (que j'aime beaucoup, par ailleurs). Lorsque les coups de six heures ont sonné, l'Irremplaçable a émis (timidement) l'idée que, n'étant pas malade, elle pourrait s'octroyer un petit verre de Muscadet. Ce que, dans ma largesse, je lui ai accordé, vous pensez.

Du coup, j'ai débouché une 75 cl de Goudale, une bière qui se laisse contempler en face. Au bout d'un demi-verre, il m'a semblé préférable d'arrêter l'expérience. Mais, dix minutes plus tard, une douce chaleur m'a envahi la panse, et je suis allé rechercher la bouteille dans le frigo. Après l'avoir vidée, Catherine et moi avons également asséché une autre bouteille de Muscadet.

Bref : demain matin, je serai soit guéri, soit mort.

Époque opaque

Les gens qui se font un blé noir peuvent dîner tous les soirs de pain blanc.

lundi 25 août 2008

Rue Saint-Éloi - 39°5

C'est toujours curieux, inattendu, presque une première. On a bu deux ou trois bières, avant de dîner. Puis, parce qu'on a, ce soir-là, précisément, des choses à se raconter, on reprend une bière... ou deux... Délier les langues et empâter les esprits...

Un moment, on se lève du fauteuil, pour aller chercher la troisième dans le frigo, si jamais elle y traîne encore. Dans un premier temps, étonné, on se dit qu'on est salement bourré, malgré le peu bu. Au bout de deux pas, on comprend. On n'est pas saoul du tout.

La fièvre. Arrivée sans prévenir, mais avec tous ses petits symptômes habituels, connus depuis l'enfance : les frissons, les yeux devenus trop volumineux pour leurs orbites, les gestes plus ou moins saccadés, la sensation d'avoir une peau, des cheveux, etc., et qu'ils s'apprêtent, tous, à se retourner contre vous ; l'envie d'un lit et l'image de sa mère.

Il y a quelque chose de vaguement voluptueux, dans la fièvre, à son stade naissant. La redescente dans les premiers âges, la douceur que l'on va avoir pour vous, les sourires inquiets penchés sur un lit transformé en berceau, la résurrection temporaire des grands-mères et le goût du lait chaud.

Comme on ne dépasse pas encore 39°5, et que l'on se croit adulte, on reprend une gorgée de bière ; mais elle ne tient plus la route face au lait sucré, ni au bouillon de poireaux du lendemain. On se surprend à attendre le docteur Rulier, on guette le bruit de sa DS toute neuve (parce qu'il commence à avoir une clientèle, n'est-ce pas). On l'a connu très jeune, le docteur Rulier, alors que les années soixante n'étaient encore qu'un projet, un avenir. On lui a même prévu le manche de la cuiller à soupe, avec lequel il va vous provoquer des haut-le-coeur afin d'examiner votre gorge. Vous détestez ça, vous êtes tout petit et tout fiévreux, il est grand, les cheveux en brosse et porte une veste de cuir. Il est plus de huit heures du soir, peut-être neuf, vous avez l'impression - parce que la fièvre vous a déjà fait somnoler de nombreuses fois, depuis que vos parents attendent dans la cuisine, sans même oser manger - que le docteur Rulier est capable de surgir au milieu de la nuit, tel un cauchemar, ou un rédempteur.

A-t-on peur de son surgissement ? Non, je ne crois pas. Il y a Mémé Denise, bien plus forte que le docteur Rulier ; capable, avec ses quarante kilos, de le dissoudre dans la nuit silencieuse et ancienne de la rue Saint-Éloi. Les parents, eux, pactisent plus ou moins avec le docteur Rulier. Mais Denise, non. Jamais. Même morte depuis longtemps, même face à des maladies qu'elle n'a pas connues, même au chevet d'un petit fiévreux qu'elle aura peine à identifier, tellement la vie l'aura rapproché de son âge, elle ne cèdera pas.

La preuve : le docteur Rulier a disparu de l'histoire, et Mémé Denise non. C'est ce qui rend presque aimable la fièvre surgissante.

Le petit télégraphiste

Quelques-uns d'entre vous m'ont récemment demandé des nouvelles de Claire, dont il avait été question ici même. Et j'avais été, alors, incapable de leur en donner. Donc, je répare et fais aujourd'hui mon petit télégraphiste.

Les nouvelles sont très encourageantes. Claire a quitté sa bulle, puis l'hôpital, pour retourner s'installer chez ses parents, il y a une petite semaine. Maison familiale dont elle ne doit pas sortir avant quarante jours : pour l'instant, elle a droit aux microbes et virus parentaux, mais pas encore aux vôtres (encore moins aux miens, vous pensez...), beaucoup plus terribles, comme l'on sait. Personnellement, à l'idée de passer quarante jours enfermé chez mes parents, je me demande si je ne préférerais pas retourner dans ma piaule-bulle, mais bon. (Smiley ! papa, smiley ! maman...).

Claire a néanmoins dû faire plusieurs visites éclairs à l'hôpital, en raison des divers douleurs et symptômes dont elle se trouvait brusquement assaillie. Mais il paraît que ces manifestations intempestives sont une bonne chose, car signe que la greffe subie est bien en train de prendre.

Pour les quarante jours à venir, la maison Goux formule donc deux souhaits : que Mme la mère de la convalescente soit une bonne cuisinière, et que M. son père ne soit pas, lui, un maniaque de la scie électrique et du taille-haie dès huit heures du matin.

Voilà.
L'homme descend du singe : le darwinisme. L'homme descend des singes : un safari.

dimanche 24 août 2008

Je viens de lire ça (en commentaire d'un blog)...

« sur les questions féministes je serai mal venu de reprocher à de Beauvoir un manque de radicalité. En revanche sur d'autres questions je maintiens mon sentiment. C'est que son postulat sur la question des ressources alimentaires de la planète je n'en partage pas l'avis. Nécessairement de là nos avis divergent... (diverge pour répondre à dubitative selon le très fameux mot Desprogien :))

« Z. [J'ai viré le nom] avec tout le respect que je vous conserve et que j'espère mener à son terme, à la fin de mon existence, je n'ai pas choisi Arendt et son évocation du totalitarisme pour me passer de la question du féminisme. Je voudrais un féminisme qui soit bien davantage en mesure de s'inscrire dans une critique radicale et globale, sans rupture aucune avec cette noble ambition qui nous tient tous d'améliorer le sort des hommes; et qui nous mène tous à une rupture définitive et inéluctable avec le vieux monde. »


Y a pas quelque chose de fort à boire, là ?

Torride !

Ce matin, 24 août, je suis descendu au sous-sol afin de remettre la chaudière en marche : lorsque l'Irremplaçable s'est levée, vers sept heures, il faisait 10° dehors et 16 dans la maison. Réchauffement de la planète ? Fume !

Conseil diététique

En cas de régime strict, ne jamais déjeuner en compagnie d'un gros mangeur : il y a risque d'obésité passive.

samedi 23 août 2008

L'Irremplaçable fait de la résistance

L'Irremplaçable est partie pour Toulouse (dont elle est revenue hier) chargée par moi d'une mission : aller prendre des photos de la station de métro Carmes, conçue et réalisée par Jean-Paul Marcheschi. Mission délicate, dans la mesure où il est strictement interdit de photographier aucune des stations de la ligne 2 du métro toulousain, chacune réalisée par un artiste différent ; Adrien qui avait tenté le coup voilà quelques mois s'était proprement fait jeter.

Catherine arrive donc, avant-hier, à la dite station. Inspection rapide, pas d'agent en vue. Elle sort son appareil et commence à photographier. Soudain, juste à sa gauche, une voix masculine : "Bonjour !" Elle (sans tourner la tête et continuant de photographier) : "Bonjour !" La voix masculine : "Bonjour, bonjour !" Catherine (sur le même ton et sans s'interrompre) : "Bonjour, bonjour !"

Finalement, l'homme se dévoile un peu plus : "Madame, il est interdit de prendre des photos..."
Catherine (au flanc, et toujours sans accorder le moindre regard à son contradicteur) : "Pas du tout ! C'est un lieu public, donc j'ai le droit..." Lui : "Non, Madame, c'est un lieu privé et les photos sont interdites !" Catherine (poursuivant son mitraillage) : " Ah ? Et qu'est-ce que vous comptez faire si je continue ?"

Là-dessus, long silence de l'homme, puis bruit de pas s'éloignant. Catherine tourne enfin la tête, juste à temps pour voir l'homme en uniforme disparaître comme il était venu. Sans gloire.

Pour M. Franssoit (II)

Le riz est très mauvais pour le souffle. Il peut même rendre basmatique.

vendredi 22 août 2008

Un con : David75

Je suis donc un homme de droite. Il paraît. Certains des gens qui viennent lire ici se demandent si... vraiment... au fond... Bref, ils réfléchissent. Je ne donnerai pas leur nom, afin de ne pas choquer leur naturelle modestie. D'autres cocoricotent à mes dépens, et je les comprends, au fond : en dehors d'être "de gauche", ils n'ont rien. Du coup, ils se trouvent très larges d'esprit de me reconnaître une certaine intelligence (pas trop tout de même), bien que n'étant pas de gauche.

Ils se ridiculisent, tout le monde le voit, y compris leurs camarades de combat. Lesquels n'osent rien dire, pour des raisons amusantes - genre : bac-à-sable - que chacun comprend : on ne doit pas rompre la solidarité, camarades ! Il n'empêche que, par exemple, un David75 (je ne vois pas pourquoi je couvrirais plus longtemps sa bêtise d'un quelconque anonymat) éclate tellement de sottise satisfaite qu'on sent bien la gêne, palpable à pleines mains, des gens qui se trouvent censés penser comme lui. C'est très divertissant. On appelle cela un boulet. Il y en a partout, des boulets de ce genre : à droite, à gauche, devant, derrière - partout, à chaque pied d'homme libre.

La vie de David75 semble assez simple. Quel que soit le sujet abordé, on devine ce qu'il doit "penser", avant même qu'il n'ouvre la bouche.

David75, hier, m'a fait un magnifique compliment (je suppose) : il a dit que pour un mec de droite, j'étais "plutôt fréquentable" (ce ne sont pas les termes exacts, mais c'est le semblant d'idée...). On sentait bien, là, qu'il était lui-même ébahi de sa propre largesse d'esprit. Et qu'il s'attendait - c'est normal - à ce que je sanglote de reconnaissance pour cette mansuétude.

Je ne sanglote pas. Je ne suis même pas reconnaissant. David75, mon ami, tu es un parfait con.

Pour M. Franssoit

Donner un morceau de sucre à un cheval, afin d'éviter l'hippoglycémie.

On n'est pas passé loin...

Tout à l'heure, en prévision de l'imminent retour de l'Irremplaçable, j'ai failli passer l'aspirateur. Ne riez pas : je me suis vraiment rendu à deux doigts de le faire. J'étais déjà dans l'arrière-cuisine, la main quasiment sur l'appareil, lorsqu'une pensée m'a foudroyé sur place. Si je faisais cela, et si ça venait à se savoir, je risquais de passer, aux yeux de Mademoiselle S, pour un homme moderne. Voire, horresco referens, pour un progressiste. Il ne pouvait bien sûr en être question, j'ai donc laissé l'engin reposer sagement, en attendant sa légitime utilisatrice.

Je vous dois cependant un aveu, assez pénible à faire : réactionnaire pâlichon, macho demi-sel, j'ai tout de même ramassé les miettes sur la table et rempli le lave-vaisselle. Je sais, c'est mal.

jeudi 21 août 2008

Fallait pas venir, Nicolas !

Il y a une dizaine de minutes à peine, j'étais installé dans mon petit salon et je discutais avec Nicolas. Il va peut-être s'en trouver un peu surpris, vu qu'il n'était évidemment pas là. Mais - vous, je ne sais pas - quand je bois, j'aime bien discuter avec les gens. Ils m'opposent les arguments que je leur prête, j'en profite pour peaufiner les miens. Donc, histoire d'entretenir la couperose qu'a cru me voir la délicieuse Mademoiselle S, je buvais. Du cognac-coca. Là, je sens que ça réclame une petite explication.

Plus tôt dans la journée, ayant eu au téléphone mon Irremplaçable Épouse (stupide et soumise, comme se doit de l'être la légitime d'un gros beauf de droite), je lui ai glissé qu'il ne me restait que trois bières dans le frigo conjugal. Prise d'un accès de faiblesse coupable, elle m'a indiqué où elle planquait l'excellent cognac qu'elle avait acheté pour ses diverses recettes en nécessitant. Mes trois petites mousses vidées, je me suis précipité sur le placard en question, et je suis en train de lui assécher sa bouteille de nectar. Mais, comme je ne voulais pas boire trop, j'ai eu cette idée bizarre de me confectionner des long drinks avec du coca light. J'ai bien conscience que si un Charentais pur sucre passe par ce blog, il va aussitôt mettre un contrat sur ma tête ; je prends le risque.

Donc, je polémiquais gentiment avec Nicolas. Je lui expliquais que je détestais les militants, de quelque bord qu'ils fussent, et que je ne pourrais jamais m'entendre avec ces gens-là, qu'il ne me viendrait même pas à l'idée de perdre mon temps à prendre langue (beurk !) avec eux. Bien entendu, Nicolas m'a aussitôt répondu quelque chose comme : « D'un autre côté, des militants, il en faut. » Avec la vivacité d'esprit qui me caractérise lorsque je carbure au cognac-coca, je lui ai répondu que l'argument était spécieux, et hautement. Car les gens qui vous tiennent ce type de discours, vous l'aurez remarqué vous aussi, veulent en fait dire quelque chose comme : « Des militants qui pensent comme moi (c'est moi qui souligne ; normal : je suis tout seul), il en faut. » En réalité, les militants des partis adverses, et même des partis « amis », ils s'en passeraient fort volontiers. Et, même, s'il pouvait les passer à la sulfateuse, ils ne s'en priveraient pas, on le sent. D'ailleurs, parfois, ils le font. Je suis certain que les rêves des militants socialistes sont emplis d'écolos et de trotskars déchiquetés par des rafales de balles dum-dum, avec la tripaille qui gicle au ralenti comme dans un film de Coppola. Pareil à droite.

Il était scié, le Nicolas. Je profitais honteusement de son état de faiblesse, vu que, je vous le rappelle, il n'y avait plus de bière à la maison, et que le bonhomme (bourré de préjugés bourgeois, malgré qu'il en ait) se refuse au cognac-coca. En plus, j'avais achevé de le destabiliser en mettant un disque de Boulat Okoudjava, alors qu'il n'entrave que dalle au russe, bien que vivant au Kremlin. (Moi non plus, mais j'avais, rusé, réussi à lui faire croire que oui, en apprenant, avant sa survenue, la traduction des chansons par coeur.) J'en profitais donc pour lui asséner que, comme troll, je faisais parfois preuve d'une immense mansuétude, mais que personne ne s'en apercevait.

Par exemple, deux ou trois heures plus tôt, l'un de ses commentateurs habituels, un certain Moïse93, avait déclaré que, pour un mec de droite, j'étais « plutôt sympa ». À chaud, j'avais concocté à ce connard satisfait une réponse d'une quinzaine de lignes, qui le transformait en un petit tas d'allumettes usagées : la puissance de la dialectique, on appelle ça. Puis, finalement, le doigt déjà posé sur la souris de mise à feu, je me suis ravisé, ai effacé mon commentaire et ai juste répondu un truc du genre : « Monsieur est trop bon pour moi. »

À ce stade de la discussion, ce bon Nicolas a compris qu'il avait trouvé son maître. Ses beaux grands yeux se sont emplis de larmes cristallines. Pour qu'il ne reste pas sur une mauvaise impression de la maison Goux, j'ai habilement détourné son attention vers le décolleté de Mlle Fiso, que je ne connais pas personnellement mais qui semble lui avoir fait une grande impression. Un émouvant sourire est revenu sur cette face enfantinement rubiconde, puis il a brutalement disparu de mon salon. J'espère que les Pépères ne l'ont pas becqueté avant qu'il atteigne le portail, mais je n'y crois qu'à moitié. Il faut dire que, pour des amateurs de viande, il est plutôt tentant, le Nicolas.
Tu me demandes d'avoir pitié de toi ? Mais tu ne vaux pas la miséricorde pour te pendre...

Ciel vide

Il y a deux sortes d'athées : ceux qui pensent s'être débarrassés de quelque chose et ceux qui savent l'avoir perdu.

Prêts pour un petit bilan ?

Où il est question de la décolonisation.

On catégorise

Toute réflexion faite, je pense que l'humanité peut raisonnablement se répartir en trois grandes catégories, les deux premières se divisant elles-mêmes en deux.

1) ceux qui se réveillent, le matin, d'une humeur massacrante, tristes, suicidaires au besoin, et qui vivent la journée comme une embellie lente, mais constante ;

2) ceux qui ouvrent les yeux sur un invraisemblable optimisme, lequel a tendance à décliner à mesure que le soleil suit sa course.

Chacune de ces deux catégories comporte sa fraction (importante) de malades graves :

a) ceux qui se réveillent chafouins et qui le restent jusqu'au coucher, quelle que soit la quantité d'alcool absorbée durant la journée ;

b) les autres qui, bisounours élevés sous la mère, restent souriants jusqu'au crépuscule, en dépit des avanies infligées durant la journée.

Ces deux dernières sous-classes relevant, à l'évidence, de la psychiatrie.

La troisième catégorie d'humains, de loin les plus nombreux et les moins bruyants, est constituée par ces immenses populations de continents lointains, souvent excessivement bronzées, qui vont tenter de survivre jusqu'au lendemain matin, tout en chassant les mouches qui prospèrent aux coins des yeux de leurs enfants trop maigres.

mercredi 20 août 2008

L'invention du siècle

En ce moment même, l'Irremplaçable est à Toulouse, seule (qu'elle dit...) dans l'appartement d'Adrien. Moi, je suis au Plessis-Hébert, seul (que je dis...) dans la maison conjugale. D'après les mails que nous échangeons, il apparaît que nous sommes en train d'inventer un nouveau concept festif.

La iCuite...

Tombeau

J'ai fait, ce soir, une chose strictement interdite lorsque l'Irremplaçable est à la maison : j'ai écouté Édith Piaf. Elle a raison de l'interdire : on ne devrait jamais écouter Piaf quand on a comme moi une tendance à la déploration du monde ancien. Ça ravive. Il est très possible que ce billet, achevé ou non, finisse à la corbeille, dans la mesure où je ne sais pas trop ce que je souhaite dire, encore moins comment le faire. Ce ne sont même pas des idées qui se bousculent pour sortir, mais de simples sensations.

Par exemple, cette chanson, Marie la Française, qui parvient encore, à mon âge risible, à me faire les yeux humides, pourquoi a-t-elle ce pouvoir ? Je le sais : à cause de la vieille qui habite dans «sa» rue Rochechouart, ainsi qu'il est dit. Où est passé le peuple de la rue Rochechouart ? Pourquoi a-t-il disparu, ce peuple dont je sors ? Ma grand-mère paternelle a vécu rue Buzelin, pas loin de Rochechouart donc, aux alentours de la guerre de 14. Elle était petite main dans un atelier de couture de la rue d'Aboukir, alors. Je me souviens l'avoir amenée dans son ancien quartier, peu avant sa mort, survenue en 1985, parce qu'elle voulait revoir ce quartier arpenté par elle au moment où, trois arrondissements plus loin, Proust écrivait À l'ombre des jeunes filles en fleurs - ce dont Denise se foutait éperdument, comme l'on pense.

Il n'y avait plus de peuple, déjà. Plus d'ouvriers à casquette et à mégot de commissures. Plus de Piaf, plus de Doisneau. Je sais que je prête le flanc, mais j'aimerais qu'on me comprenne : je n'ai nulle animosité envers les gens installés là, qui ont remplacé mon peuple de petites mains. Je me souviens d'ailleurs que, ce jour de remontée dans le passé, ayant probablement sous-estimé l'état de fatigue et de vieillesse de Denise, je m'étais garé un peu trop loin. Au retour, elle m'avait fait comprendre qu'elle n'était pas sûre de pouvoir marcher jusqu'à la voiture. Je l'avais donc laissée à une terrasse, la confiant au patron du bistrot, qui s'appelait plus sûrement Ahmed que Jean-François (prénom hautement "piafien") et qui s'était montré d'une merveilleuse gentillesse, avec elle et avec moi. La question n'est pas là, on le comprendra si l'on est de bonne foi, je pense.

Il n'empêche que ce peuple (je mets un petit p, pour montrer que je ne joue pas les idéologues) avait disparu, ce peuple qui, de Nana à Denise, n'avait dû que très peu changer ; ce peuple qui avait, avec les heurts que l'on sait - car rien ne se fait jamais très facilement -, incorporé à lui des vagues polonaises, italiennes, espagnoles ou portugaises. Où était-il passé ? Où est-il ? J'ai eu, par deux fois, beaucoup plus récemment, la même sensation, en me rendant au Kremlin-Bicêtre. Ayant vécu porte de Vitry à mon arrivée à Paris, dans les années 1976 - 1979, je me souviens que ces banlieues (Vitry, Ivry, Le Kremlin, Montrouge, etc.) étaient des villes ouvrières. Ce n'est aujourd'hui plus rien d'identifiable. Désormais, tout le monde a l'air d'être déraciné et malheureux dans ces nulle-part qui tiennent pour moitié de la médina et pour l'autre du centre commercial généralisé. Je pensais, la dernière fois où j'y fus, à ce film superbe de George Romero, la suite de La Nuit des morts vivants, où l'on voit précisément des zombis errer dans un centre commercial, en singeant les humains.

J'ai l'impression que beaucoup de ces communes de la ceinture parisienne, et probablement ailleurs aussi, singent les anciennes villes. Tout le monde fait semblant. Semblant de rien. Personne ne se sent d'ici. Il n'y a plus aucune place pour la vieille mère de Marie la Française, elle est, littéralement, une morte vivante, «sa» rue Rochechouart a disparu et ne reviendra pas, Doisneau est devenu un photographe exotique. Si elle tente d'en sortir, de toute façon, elle butera contre des troupeaux de décérébrés à trottinettes, des bobos à landaus, des Fiso à vélo, des hordes festives.

On peut bien sûr trouver tout cela très bien. D'ailleurs, en période totalitaire, il est toujours préférable de trouver « très bien » la dictature en place. Néanmoins, j'aurais bien aimé, si ç'avait été possible, conserver la rue Buzelin de 1914, avec les gens qui vivaient dedans; ou quelque chose d'approchant, de coulant de source, de descendant. Tant pis.

Le vrai visage de Didier Goux

Beaucoup d'entre vous, ne me connaissant pas, ont sans doute la faiblesse de me croire charmant. Lourde erreur. L'honnêteté m'oblige à leur apprendre qu'il n'en est rien. Et je peux facilement le leur prouver, puisque mon portrait vient d'être tiré avec une scrupuleuse objectivité sur le blog d'une Mademoiselle dont nous avons déjà parlé ici. C'est dans ses entrailles que se déroule cette guerre intestine.

Vous voulez rire un peu ?

On vient de me faire découvrir le blog d'un jeune homme qui se pense écrivain et croit écrire des textes érotiques. C'est à débander de rire et je vous en conseille vivement la lecture. Surtout, ne vous privez pas de lire les commentaires de la cohorte de vierges qui viennent faire part de l'affolement de leurs muqueuses. Sans se rendre bien compte, dirait-on, que la seule chose que le taulier enfile, ce sont les lieux communs.

Quand Irremplaçable fâchée, Irremplaçable toujours faire ainsi...

Hier soir, à Toulouse, l'Irremplaçable se trouvait au restaurant - l'histoire ne dit pas avec qui. À la table juste derrière elle dînaient quatre personnes affligées d'un futur être humain d'environ trois ans. Lequel projet d'adulte poussait régulièrement un cri strident qui faisait sursauter la moitié de la salle (ou plutôt des dîneurs se trouvant dans ladite salle).

Au moment où ces fâcheux ont quitté le restaurant, le môme passant juste à côté d'elle, Cather*ne (nous l'appelons ainsi pour respecter son anonymat) lui a vrillé exactement le même cri dans les oreilles. D'après le témoignage de la principale actrice de ce tragique fait-divers, le petit d'homme a fait un bond haut comme ça, beaucoup de gens ont ri dans la salle, mais pas tous. Toujours d'après Cather*ne, elle aurait été sauvée par sa respectable chevelure d'argent : le regard que lui ont alors lancé les parents était si mauvais qu'elle s'est vue à quelques microns de la salade de phalanges...

En ce qui me concerne, la soirée a été beaucoup plus tranquille.

mardi 19 août 2008

Nous n'avions pas fini de nous parler d'amour / Nous n'avions pas fini de fumer nos Gitanes

Ce soir, apéro pédé. Après plusieurs années, sirotant ma bière, j'ai ressorti de ma discothèque (casiers du bas, pénible...) Le Condamné à mort, de Jean Genet, musiqué par Hélène Martin, à l'orée des années soixante-dix, et interprété par Marc Ogeret.

Michel-Ange exténué j'ai taillé dans la vie
Mais la beauté Seigneur toujours je l'ai servie

Le poème de Genet n'atteint pas les sommets. Il y a, là-dedans, des préciosité maladroites, une volonté de classicisme un peu raide, un corsetage de l'expression qui peut, parfois, presque prêter à rire. Mais on y perçoit aussi le soleil à l'aplomb, ainsi que des odeurs de sueur et de foutre assez bienvenues.

L'écoutant, je me faisais la réflexion que j'avais peut-être raté ma vocation. Être un pédé flamboyant m'aurait, s'il se trouve, davantage satisfait que ce rôle d'hétéro malchanceux et « second choix » que je me suis obstiné à jouer des années durant. Car je conçois fort bien le désir qui peut naître d'un corps d'homme, d'une bite bandée, etc. Ce qui me laisse soupçonner mon inadéquation à ces moeurs est mon impossibilité à admettre que l'on puisse tomber amoureux d'un homme. Même chez les femmes, pour dire le vrai, ce me semble être quelque chose comme une anomalie cocasse. J'ai toujours plus ou moins l'impression qu'elles se résignent, faute d'un choix plus satisfaisant pour elles.

(...) Suce mon membre dur comme on suce un glaçon
Mordille tendrement le paf qui bat ta joue
Étrangle-toi d'amour dégorge et fais ta moue
(...) Penches un peu la tête et le vois se dresser
L'apercevant si noble et si propre au baiser
Tu t'inclines très bas en lui disant "Madame" !

Tiens, on devrait apprendre ça aux jeunes filles et aux adolescents, dans les collèges de la République : ça nous ferait gagner du temps. Également ceci :

Pardonnez-moi mon Dieu parce que j'ai péché
Les larmes de ma voix ma fièvre ma souffrance
Le mal de m'envoler du beau pays de France
N'est-ce assez mon Seigneur pour aller me coucher
Trébuchant d'espérance ?

lundi 18 août 2008

L'outremort est écrit (enfin, je crois)

Autant vous le dire tout de suite : Dieu n'a pas créé le monde. Ce qui ne signifie pas que le monde est incréé, comme souhaiteraient le croire nos petits scientistes actuels. Le monde a bel et bien (ou plutôt : horrible et mal) été créé. Par Lucifer, juste après la Chute. L'affaire m'est apparue très clairement à la lecture du Paradis perdu de Milton, il y a déjà quelque temps. Je ne vous en avais rien dit, alors, pour ne pas vous distraire de vos affaires terrestres, qui semblent avoir tant d'importance.

On ne peut pas jeter la pierre à Lucifer : devenu Satan, rejeté dans les ténèbres sidérales, privé à jamais de la lumière divine, même une équipe de soutien psychologique n'aurait pu grand-chose pour lui. D'autant que, si on en croit Milton, il était escorté d'une armée de soudards qu'il a bien fallu occuper - car, surtout quand on est dépourvu de sexe, l'éternité ça finit par peser.

Donc, Lucifer, devenu Satan, a créé le monde - c'est la mauvaise nouvelle. Il a commencé petit. Des êtres unicellulaires qui se bouffaient entre eux, mais sans même s'en rendre compte : ça amuse cinq ou six millions d'années, pas davantage. Les soudards s'ennuyant, il a bricolé des animaux de plus en plus sophistiqués, des carnages réjouissants, des baffreries d'anthologie. Ça ne suffisait pas : les sbires renaudaient toujours. D'autant qu'ils savaient bien que, là-haut, les anges non rebelles continuaient de baigner dans la béatitude. Satan a pensé pouvoir les divertir avec le cataclysme du Permien, dont on vous parlait hier (c'est juste en dessous). C'était bien, il a occupé les esprits pendant quelques millions d'années. Mais après ? Les légions d'exclus ont recommencé à s'agiter, mettez-vous à leur place. Satan a eu beau multiplier les raffinements de cruauté, inventer la guêpe fouisseuse qui paralyse l'araignée et pond dans son ventre en sachant que, saison suivante, ses larves dévoreront l'animal vivant de l'intérieur, des trucs festifs de ce genre, ça amusait le banquet des réprouvés pendant une paire de millénaires, pas davantage. Alors, il a trouvé l'idée.

L'homme. Un bidule sophistiqué qui sait presque dès sa naissance qu'il va mourir. Là, tout le monde, au bistrot des ténèbres, a applaudi à tout rompre : la marque du génie. On a senti que Dieu était enfoncé, on avait trouvé le truc. Bien sûr, il y eut quelques esprits chagrins pour dire que c'était quand même un peu léger, que ça ne ferait pas illusion bien longtemps... Enfin : vous connaissez le côté ergoteur des anges réprouvés.

Mais Satan avait d'autres cartes dans sa manche, dont il n'a évidemment pas révélé l'existence. Ou, en tout cas, pas le côté biseauté. Et, notamment, le paradis. Car, concomitant au monde, il avait inventé le paradis. Une sorte de havre éternel et promis, destiné à faire supporter aux plus fier-à-bras des petits humains les tortures continuelles qu'il leur faisait endurer, pour la plus grande joie des banqueteurs de ténèbres.

(Déjà, avant l'explosion finale, il s'était arrangé pour que les hommes s'imaginent avoir tué Dieu (sous vos applaudissements), lequel était bien vivant, naturellement, mais pas du tout au courant de l'invention de son ancien bras armé : Dieu ignorait, et continue d'ignorer, notre existence.)

Le paradis existe réellement : je le dis pour mes amis catholiques qui se posent toujours plus ou moins la question. Et il est même exactement conforme à ce qu'on dit dans leurs livres sacrés. Sauf qu'on n'y reste pas. Et que Dieu en est absent. C'est notre dernière épreuve avant la table à dissection. Le sadisme suprême : deux ou trois millénaires de bonheur ineffable (Satan a bien connu Dieu : il sait adopter ses déguisements), puis, plaf ! une éternité de... Ah, non, là, ma science s'arrête : je ne sais pas de quoi notre éternité est faite, et préfère ne pas le savoir, tant que possible.

Des humains plus intelligents que moi ont pressenti, bien sûr. Baudelaire parle : « Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs » ; Lovecraft suggère que ses Grands Anciens ne nous laissent vivre que pour, in fine, nous bouffer ou nous disséquer, tellement énormes que notre petitesse leur supprime toute pitié, comme nous voyons sans réagir une mouche tourbillonner sur elle-même durant deux ou trois minutes, avant de crever brusquement, simplement à cause de l'auto-collant transparent que nous avons apposé à notre fenêtre. Sans parler du ciron que nous écrasons de la semelle, sans même qu'il ait eu conscience de notre existence, tellement nous marchons vite et, donc, circulons dans un univers qui n'est pas le sien.

Nous nous agitons dans un univers qui n'est pas celui de notre créateur, Satan. Nous ne le voyons pas. Mais, un jour prochain, nous nous retrouverons entre les deux plaques de verre de son microscope. Et nous comprendrons notre douleur.


Texte écrit en écoutant La Passion selon saint Matthieu. Parce que, malgré tout, on ne sait jamais...

Les pieds dans la chaufferette

Et voilà, elle est partie. Seul pour quatre jours, pendant que l'Irremplaçable mènera une vie de patachon (ou de patachonne ?) à Toulouse où elle espère, l'increvable optimiste, trouver un peu de soleil et de chaleur. Et, bien évidemment, à peine a-t-elle eu le dos tourné que ma vie a commencé à partir à vau-l'eau, à donner de la gîte grave. La preuve : il est presque une heure et demie et j'ai toujours les pieds dans la chaufferette de mon bureau, alors que je devrais aller faire bouillir l'eau des coquillettes. Ç'a quelque chose de grandiose, tout de même, le dérèglement de l'existence poussé à de semblables extrêmes.

dimanche 17 août 2008

Ça se bouffe, les pandas ?

À Mademoiselle S, espèce protégée...


Tout à l'heure, savourant notre dernier apéritif ensemble (calmos, pleureuses et charognards : L'Irremplaçable part demain, pour Toulouse et quatre jours, faire la bringue avec des copines blogueuses...), nous parlions des espèces disparues, ou en voie de disparition. Bien qu'étant encore très loin d'être désignés comme ivres, nous aboutîmes à la conclusion que tout cela n'avait rigoureusement aucune importance, ne serait-ce qu'en raison (ça, c'était plutôt mon avis) de la supériorité ontologique donné à l'homme sur la terre par le Dieu de la Bible : les animaux sont ce que nous en faisons, ils n'existent que parce que nous leur avons donné un nom (contrairement aux écolos, dont personne n'a jamais souhaité la honteuse apparition sur cette planète à laquelle ils ne bitent que dalle).

De son côté, Catherine me faisait remarque que, lors de la grande extinction du Permien (lien fourni par la dame en question...) environ trois quarts des espèces alors vivantes avaient gentiment disparu, sans que la terre ne bouge une oreille ; et aussi que, si ces gros connards de dinosaures n'avaient pas quitté la scène précipitamment, l'appendice caudal entre les cuisses, nous ne serions jamais apparus ici-bas, ni nous, ni vous, ni ce voisin qui vous pourrit l'existence avec sa musique à chier.

Nous reprîmes une bière, le coeur léger, en nous disant que les gorilles, les baleines, ces abrutis de pandas (qui oppriment les Gentibétains), les barrières de coraux et même les bébés orang-outang, si émouvants, pouvaient bien disparaître à tout jamais, ce n'est pas ça qui m'empêcherait d'être au boulot mercredi.

En revanche, le fait que je suis en RTT, oui.

samedi 16 août 2008

Le blogueur écrit sous le coup de l'inspiration. Mais il y a des gens à qui les coups ne font rien.

Il est de ces soirs, face à l'écran, où l'on sent bien que l'on devrait dire quelque chose ; qu'il y a forcément quelqu'un, ailleurs, qui a l'envie de vous lire. Peut-être n'en a-t-il pas conscience lui-même, c'est juste un vague ennui ; ou bien il n'y a personne. Et on se dit qu'il faudrait y aller, aligner les petites phrases en ordre de bataille. Mais rien ne vient. La journée a été à peu près vide, on a lu Pirotte, on n'a pas écrit Paludes, il n'a même pas fait beau et on se moque que la Marie-Joseph soit ou non un beau bateau. Alors, on jette sept ou huit lignes pour expliquer que rien n'est venu. En espérant que l'inconnu impalpable et invisible s'en contentera pour ce soir.

vendredi 15 août 2008

Saint Lazare est ressuscité (on dirait)

Il s'est passé ceci. Je suis sorti du métro vers 16h45 (à peu près...). Devant moi, un assez jeune homme muni 1) dans une main, d'une valise à roulettes, 2) dans l'autre, d'une béquille. Il est à cinq mètres devant moi. Nous arrivons - station Saint-Lazare, donc - au bas des escaliers. À gauche, un escalator qui descend, à droite un qui monte, au milieu un de pierre qui ne fait chier personne. Devant moi, mon jeune ami s'avance vers l'escalator qui descend. Il se baisse, appuie sur un bouton, le stoppe. Il monte à pied, son bagage dans une main, sa béquille dans l'autre. Arrivé en haut, il remet l'escalator en marche.

Je le suis, intrigué. Plus loin, il pénètre dans la gare Saint-Lazare. Néglige l'escalator qui monte pour prendre l'escalier de pierre. Sans se servir le moins du monde de la béquille qu'il tient à la main droite. Il disparaît.

Mon regard croise celui d'un très jeune homme, assis sur les marches que l'autre vient de gravir. Il m'explique qu'l vient de Dijon et que les Parisiens sont très bizarres. J'ai un mal fou à m'en débarrasser, l'homme à la béquille a disparu depuis longtemps.

Je monte dans mon train, je m'endors malgré la neuvième de Mahler dans les esgourdes, les contrôleurs ne passent pas, je n'ai pas de billet, ma semaine est finie. L'humanité est curieuse.

jeudi 14 août 2008

Un petit poème misogyne (pour bien commencer la journée)

Tu mettrais l'univers entier dans ta ruelle.
Femme impure, l'ennui rend ton âme cruelle.
Pour exercer tes dents à ce jeu singulier,
Il te faut chaque jour un coeur au râtelier.
Tes yeux illuminés ainsi que des boutiques,
Ou des ifs flamboyants dans les fêtes publiques,
Usent insolemment d'un pouvoir emprunté,
Sans connaître jamais la loi de leur beauté.
Machine aveugle et sourde, en cruauté féconde,
Salutaire instrument, buveur du sang du monde,
Comment n'as-tu pas honte et comment n'as-tu pas,
Devant tous les miroirs, vu pâlir tes appâts ?
La grandeur de ce mal, où tu te crois savante,
Ne t'a donc jamais fait reculer d'épouvante,
Quand la nature, grande en ses desseins cachés,
De toi se sert, ô femme, ô reine des péchés,
De toi, vil animal, pour pétrir un génie,
Ô fangeuse grandeur, sublime ignominie ?

Charles Baudelaire

Comme j'ai eu la flemme d'aller consulter le texte sur Goux gueule, ma ponctuation est probablement très fautive : que les Mânes du Grand Charles n'en prennent point ombrage...

Rajout d'onze heures vingt : je viens d'aller lire le poème : effectivement, je me suis copieusement vautré sur la ponctuation ! Tant pis, je laisse comme c'est.

Tombé du lit

Je crois qu'il n'est encore jamais arrivé à cet écran d'ordinateur de voir ma tête dès huit heures cinq. Eh bien, aujourd'hui, c'était le cas. Même les cafés dulcipompiens (de la place Pompidou...) n'étaient pas encore ouverts. Heureusement, on a une cafetière au bureau (c'est intéressant, hein ?). Bref, après avoir fait un rapide tour des blogs (déserts...), je commence à me demander ce que je vais bien pouvoir maquiller en attendant l'arrivée de tous mes petits amis de la forêt. Elle est dure, la vie de célibataire, parfois.

Ah, une dernière chose : pour ceux que ça intéresserait, on entend très bien les trains, le matin, de la rue de la Gare...

mardi 12 août 2008

Pompeux crétin

Chez Mademoiselle S, je vous recommande le commentateur auto-nommé « Corps et âme » (oui, oui, je sais...), sur ce message...

Le thé au châtiau

Eh bien, laissez-moi vous dire que Louviers ne vaut pas un coup de cidre, comme on dit par ici. En grande partie détruite en 1940, il faut se battre les flancs - et s'équiper d'oeillères bien étroites - pour dénicher trois bouts de rue regardables (l'anacoluthe est offerte...). L'église Notre-Dame tombe en décrépitude et, de toute façon, je n'aime guère ces mélanges disparates entre le gothique classique et le flamboyant le plus extrême, au sein d'un même édifice. Quant au cloître des Pénitents, il est franchement en ruines, et inaccessibles aux visiteurs. Pour se consoler, on s'est arrêté au retour prendre un thé au château de Brécourt. La preuve :Quand je dis « un thé », c'est une façon de parler car, si c'est bien ce qu'ont bu L'Irremplaçable et Adrien, je me suis, moi, rabattu sur une boisson davantage houblonnée et belge. Délicieux petits chocolats élaborés à quelques dizaines de kilomètres d'ici, par un maître chocolatier. Moi, avec la bière, j'ai eu droit à des petites cochonneries salées, auxquelles j'ai à peine touché, car le solide a tendance à contrarier les effets bénéfiques des bulles et de la mousse. Mais Catherine a raflé tout le reste sans vergogne, pour l'apéritif de dans trois minutes trente (il faut que je conclue, là...).

Sur la photo prise par Catherine, Adrien et moi sommes installés dans la salle d'armes. Mais, d'armes, il n'y avait point. De toute façon, aucun ennemi n'était en vue. Au final (comme disent les cons), l'après-midi fut plutôt douce.

Finalement, on va plutôt aller là...

Les moines du Bec-Hellouin étant d'indécrottables fainéants qui ferment le mardi, nous partons musarder dans les rues de Louviers, à une quarantaine de kilomètres d'ici (le «ici» de chez nous, pas celui de chez vous...). Ce n'est pas qu'on en meure d'envie, mais il faut bien faire quelque chose en attendant l'heure légale de l'apéro vespéral. Alors, pourquoi pas Louviers ?

Aujourd'hui, on est ici...

... à moins qu'il ne se remette à pleuvoir.

lundi 11 août 2008

Non, rien...

J'avais vraiment prévu de vous pondre un petit poulet cet après-midi ou ce soir. Et finalement, non. Mais j'ai toute une batterie d'excuses, meilleures les unes que les autres. D'abord, j'ai écrit 7500 signes de Paludes (là, on se croirait plongé dans les pitoyables vantardises de Mme Delse). Ensuite, avant-hier, probablement à cause d'une bière hautement frelatée, m'est venue l'idée d'ouvrir trois journaux simultanés : il faut bien les remplir. Enfin, je suis allé lire et commenter chez Nicolas un billet moitié savoureux, moitié idiot (à mon sens).

Du coup, j'arrête.

Et, demain, on emmène Adrien (qui vient d'arriver pour trois jours, lesté des 250 pages de sa thèse de doctorat de chimie non-organique : je l'ai ouverte, je ne comprends même pas la table des matières) visiter l'abbaye du Bec-Hellouin (qui ne l'est pas tant que ça, du moins de chez nous).

Donc, pas de billet demain, probablement, et pas non plus aujourd'hui, comme je le disais en commençant. Sauf que, finalement, ça fait un billet : je vous ai bien niqués.

dimanche 10 août 2008

Un nouveau blog

A priori, un blog tenu par une pétasse verte (couleur politique seulement : pour sa carnation véritable, ç'a l'air d'être beaucoup mieux) acoquinée à un crétin (smiley !) de la LCR, on pourrait penser que c'est assez éloigné de ce qui, d'ordinaire, me met les papilles cérébrales en érection. Or, figurez-vous, j'ai lu une dizaine de messages de la donzelle, et j'ai ri, et j'ai même commenté, et elle m'a même répondu, et le crétin (re-smiley !) est au bord d'être cocu, ou le serait si j'avais vingt ans de moins.

Elle s'appelle Mademoiselle S.

Été normand (suite)

Je suis devant le clavier, avec un pull (léger, tout de même), des chaussettes, les charentaises d'hiver hâtivement ressorties du placard, et la chaufferette électrique branchée. Tout à l'heure, avant les douches, nous nous sommes autorisé un quart d'heure de chauffage dans la salle de bain. Et, contemplant le ciel bas et lourd pesant comme, etc., nous avons eu, l'Irremplaçable et moi, une pensée attristée et solidaire pour Kevin et Jessica qui, depuis une semaine, au milieu de leur camping surpeuplé de Saint-Valéry ou d'Audierne, n'ont pas une seule fois réussi à mettre le nez en dehors de la tente familiale. Et qui se disent que les vacances seraient tout de même plus fun s'ils étaient restés avec leurs potes, à dézinguer les Caddies sur le parking du Leclerc de Rosny-sous-Bois.

samedi 9 août 2008

Pascal avait raison

Un garçon charmant et de grande culture, ce Pascal. Mais capable aussi d'exercer une saine moquerie dont il m'arrive de faire les frais. Ainsi, il y a deux ou trois semaines, lorsque j'ai annoncé ici même que je venais de commander le Malevil de Robert Merle, il a ironisé à peu près sur ce mode : « Malevil ? Ce roman qu'on lit généralement en classe de 3e ? »

L'ayant terminé ce matin, je dois reconnaître que Pascal avait entièrement raison dans son jugement : Malevil est loin d'être un chef-d'oeuvre. Il y a là un côté "Robinsons suisses" un peu agaçant ; qui, en tout cas, empêche de prendre cette existence post-atomique au sérieux. On dirait plutôt d'un camp de vacances, où, en dehors des problèmes purement matériels de l'existence, on ne se pose guère de questions - et rarement les bonnes lorsqu'on le fait. On a parfois l'impression de contempler des gens à qui, au fond, il n'est rien arrivé, ou si peu. Et jamais, chez aucun des protagonistes, le moindre vertige, d'aucune sorte. L'humanité est morte, entièrement détruite ? Soit ! on va la construire, qu'à cela ne tienne ! Allez, au boulot, les p'tits gars !

Cela dit, il est possible que je sois trop sévère avec le roman de Merle : ma lecture a peut-être pâti de sa trop grande proximité avec celle de La Route, de Cormac McCarthy, qui, sur un thème très voisin, nous entraîne à des profondeurs incommensurables.

Mais comme je crois me souvenir que le très-digne Pascal n'a pas aimé non plus La Route, je risque encore une fois de me prendre un retour de volée...

vendredi 8 août 2008

L'Irremplaçable nous communique...

Ceci :

Moi (chez la marchande de légumes de Pacy-sur-Eure) : je voudrais un peu de haricots verts.
Elle (Pas la marchande de légume, en vacances : une remplaçante) : il n'y en a presque plus je vais en chercher derrière.
Moi : Pas la peine, vous me donnez le reste, ça suffit amplement.
Elle : Il n'y en a pas assez, là, p't'être 100 grammes.
Moi : Si, ça me suffit.
Elle : y a même pas pour une portion, je vais vous en chercher.
Moi (légèrement agacée) : pas la peine, c'est pas pour manger, c'est juste pour décorer !
Elle (l'air outré) : ...

Depuis le temps qu'on en cause...

Normalement, je ne suis pas censé déjeuner là, vu que c'est considérablement plus cher qu'à la cantine (pardon : au restaurant d'entreprise...). Mais comme c'est également (un peu) meilleur et surtout plus agréable, je craque plus souvent qu'à mon tour. Donc, voici à quoi ressemble L'Ambiance d'à côté...

J'étais ici pas plus tard qu'hier soir, buvant quelques bières avec Georg, un ingénieur allemand de Dortmund qui, arrivant en France, s'est fait voler tout ses papiers et son argent et qui, depuis, fait clodo à Levallois-Plage. Folklorique, nicht war ?

jeudi 7 août 2008

Imbibition possible

Tout s'est arrêté. Brusquement. Il pleuvait et ventait, et ventait encore, plus fort, et tout s'est arrêté. Du coup, l'après-midi s'annonce très long. Et, derrière, il y a la perspective d'une soirée vide, ce qui n'est pas forcément déplaisant, mais pas exactement réjouissant non plus. Que va-t-on en faire ? Écrire Paludes ? Probablement pas : j'ai, hier soir, oublié mon carnet de notes sur la table de la terrasse, et il a plu toute la nuit dessus. Il s'est donc considérablement imbibé. Il n'est pas impossible que je fasse la même chose.

mercredi 6 août 2008

D'où reviennent-elles ?

Hier matin, les yeux à peine ouverts, je me suis trouvé à fredonner une chanson de Julos Beaucarne, pas écoutée depuis des années. Je crois me souvenir, mais je n'en suis pas certain, qu'il s'agit de la mise en notes d'un poème de Max Elskamp, poète aussi belge que le chanteur :

Mon Dieu voici que l'heure sonne
Et puis qu'une autre après viendra...

Ce matin, les deux pieds pas encore sur la descente de lit, je me suis mis à chantonner La Polka du roi, de Trenet :

Voulez-vous dansez Marquise ?
Voulez-vous danser le menuet ?
Vous serez vite conquise
Donnez-moi la main s'il vous plaît !

Bien sûr, je sais n'être pas le seul à qui ce genre de choses arrive. Ce qui est plus étonnant, dans mon cas, c'est que l'Irremplaçable ni moi n'écoutons jamais la radio. Dans ce cas, d'où reviennent-ils, ces airs aimés (car il convient d'aimer ces airs...) ? Par quels méandres ces chansons remontent-elles des fonds de cale de la mémoire, pour venir, un instant, bouillonner à la surface ? Et pourquoi celle-ci plutôt que telle autre ? Mystère...

L'amusant est que, tandis que je parlais de cela, ce matin, avec Catherine, Trenet s'est illico vu chasser par Beaucarne, opérant un retour inattendu mais irrésistible. Mais, au moins, cette heure qui sonne, qui ne m'a pas lâché depuis, je sais pourquoi elle est là : elle est juste revenue d'hier...

mardi 5 août 2008

État des lieux

C'est curieux, mais le fait d'avoir fermé ce blog à presque tout le monde, et en particulier à la cohorte sans visage des anonymes (mais comment je parle, moi ?), me donne envie d'y écrire davantage, alors que j'aurais cru l'inverse. Ce n'est pas pour autant, ce serait un peu trop beau, que j'ai plus de choses intelligentes à raconter. Cela doit venir d'un vague sentiment de libération et, pour le coup, je comprends mieux les raisons qui, voilà quelques mois, ont poussé l'Irremplaçable à fermer son blog principal pour n'en laisser ouvertes que les annexes, à savoir la cuisine et la chambre noire.

Pour ce qui est de ce blog-ci, voici un petit état des lieux provisoire. Pour le moment, vous êtes dix-huit lecteurs et j'ai encore le même nombre d'invitations en attente. Ce qui, en mettant les choses au mieux (ou au pire), compte tenu de quelques éventuels oubliés, nous conduira à une assemblée de quarante personnes maximum. Autant dire que l'on peut s'ébattre en toute liberté, qu'il y aura à manger et à boire pour tout le monde - et que ceux parmi vous qui habitent trop loin pourront même rester dormir. Mais les mains au-dessus des draps : la maison a décidé de devenir puritaine, sur ces vieux jours.

lundi 4 août 2008

Le camp des saints

Lisant le roman de Jean Raspail, j'ai pensé souvent à la blogosphère, notamment à certains éléments de celle-ci, particulièrement atteints, et surtout à cette femme, qui semble avoir été littéralement créée par l'auteur du Camp des Saints, voilà plus de 35 ans, pour les besoins de sa démonstration. Parfois, la lisant, j'ai l'impression qu'elle le fait exprès, juste pour ma jouissance (ou mon accablement : c'est suivant humeur). Un blog à savourer (à petites doses, tout de même, à moins d'être sévèrement mithridatisé).

Benoîtement dit

Soleil chiche mais bien présent, du vent juste ce qu'il faut pour sécher le linge pendu par l'Irremplaçable, un emploi du temps à petite vitesse : quelques menues et superficielles recherches googleliennes à faire, concernant les mythologies indienne, germano-scandinave, égyptienne et aztèque, écrire peut-être un ou deux milliers de signes pour Paludes, terminer Le Camp des Saints, de Jean Raspail, dont il me reste une petite centaine de pages à lire.

Roman un peu décevant, que ce Camp, d'ailleurs. Si l'on reste frappé par sa force projective (le livre date de 1973), on s'agace (moi en tout cas) de ce que, trop souvent, le romanesque se retire pour céder la place à un ton que l'on pourrait qualifier de prophético-pamphlétaire, qui affaiblit l'ensemble. Et il ne me semble pas que l'écriture de Raspail flamboie autant qu'elle l'aurait pu, ou le devrait. Mais cela reste un roman étonnant, à ne pas mettre entre des mains trop progressistes, de peur de voir celles-ci se couvrir d'eczéma.

Est amusant le fait que, ayant besoin d'inventer un successeur à Paul VI - le Souverain Pontife en titre au moment de la rédaction de son livre -, Jean Raspail ait choisi de l'appeler Benoît XVI. Coïncidence (prescience ?) qui, lors de la dernière réédition (celle que j'ai sous les yeux, donc), l'a contraint à préciser que "son" pape n'avait rien à voir avec le vrai Benoît XVI. Ce dont on se serait un peu douté.

dimanche 3 août 2008

Congés annuels

Après tout, puisque tout le monde semble partir en vacances, ces temps derniers, je ne vois pas pourquoi ce blog ne ferait pas la même chose. Donc, il le fait. Depuis ce matin, plus personne n'y a accès, hormis les quelques personnes auxquelles j'ai lancé une «invitation». Pour le moment vous êtes cinq ou six, il y en aura quelques autres, à condition que je possède leur adresse mail, ou qu'elles se manifestent par courrier privé. Par exemple, si l'un ou l'autre d'entre vous possédait le mail de Geneviève ou celui de Suzanne, il m'obligerait en me le communiquant.

Dans un premier temps, ce matin, j'ai commencé par simplement fermer les commentaires, comme je l'ai déjà fait une fois ou deux, lorsque certains esprits en vinrent à s'échauffer un peu trop et à cogner à l'aveuglette sur toute personne ayant le malheur de dire le moindre mot. Et puis, l'envie m'est venue, peu après, de faire l'expérience de ce même blog, ne s'adressant qu'à quelques happy few (happy... happy... faut voir...) dûment répertoriés, en tout cas identifiés ; une envie de retrait, sinon de retraite. Voilà pourquoi la maison est officiellement fermée, même si l'on continue de faire tripot clandestin dans l'arrière-salle, celle dont les flics de la pensance ne peuvent pas voir les loupiotes, de la rue où ils patrouillent. Pour le coup, j'ai rétabli les commentaires, puisqu'aussi bien...

Je vais expédier sur l'heure un deuxième train d'invitations, notamment au petit noyau de mes premiers lecteurs qui, pour la plupart, sont aussi ceux de Renaud Camus (dont j'espère tout de même qu'il en a plus que moi...).

Et puis, cette nouvelle organisation va sans doute me faire gagner beaucoup de temps. Or, il faut que j'écrive Paludes...

samedi 2 août 2008

Promenades en Lomagne

Je suis tombé un peu par hasard sur une émission datant de 1995, construite autour de Renaud Camus (entretiens avec l'auteur, lecture en voix "off" de ses Onze sites mineurs pour des promenades d'arrière-saison en Lomagne. Il s'agit, à mes yeux d'un magnifique exemple de ce que la télévision ne sait plus ou ne veut plus faire. Cela dure 53 minutes et c'est ici.