Comment parler d'un roman dont il est impossible de ressortir, pour la simple raison qu'il n'y a plus rien en dehors de lui ? D'un livre dans lequel le lecteur est pris au même piège que les personnages ? Et, déjà, les mots trahissent l'apprenti critique. Car il n'y a pas de piège dans La route, le roman de Cormac McCarthy. Un piège, ce serait encore trop de chance. Cela signifierait qu'il y a autre chose, une existence possible en dehors du piège, un au-delà du piège. Or, il n'y a rien, et on le sait dès les premières lignes. Il y a un homme et son jeune fils qui marchent vers le sud d'un pays dévasté par une apocalypse dont on ne saura pas les causes mais dont on va devoir supporter tous les effets. À travers des paysages calcinés, noyés sous la cendre (je reviendrai sur cette cendre, si je m'en crois capable), détruits, rouillés, terriblement froids, ils vont vers une mer dont ils ne savent même pas si elle sera encore là lorsqu'ils y parviendront. L'enfant, lui, marche plutôt vers une idée de mer, à travers des rêves de paysages. Car sa mère était enceinte de lui lorsque le cataclysme (humain ou naturel ?) s'est produit, et il n'a jamais rien connu d'autre que ce que ses yeux peuvent voir.
Les règles, d'une certaine manière, sont simples : il y a des jours gris, auxquels succèdent des nuits noires (l'écriture elle-même me semble grise et noire, mais jamais "blanche"). Durant les premiers, on avance, on cherche de quoi se nourrir dans un monde qui ne produit plus rien, sauf des dangers mortels auxquels on essaie d'échapper. La nuit, on se cache, on dort, en tentant de survivre au froid, à la peur. Le lendemain, on recommence.
En dehors du manque de vêtements et de nourriture, le principal ennemi de l'homme et de l'enfant, ce sont les autres hommes et l'absence d'enfant. Parmi les autres hommes, il y a ceux que l'enfant appelle les Gentils, que l'on cherche sans les trouver, et il y a les Méchants, sur qui l'on peut tomber à chaque moutonnement de la route, et qui mangent les enfants. Qui les mangent vraiment. C'est pour cela qu'il n'y a pas d'enfant dans le monde qui nous attend, qui nous précède de très peu. Si, il y en a un tout de même. Mais il n'est pas sûr que ce ne soit pas un simple rêve de l'enfant réel. Un désir un instant matérialisé. D'ailleurs, l'homme ne l'a pas vu. Trop affairé à trouver de la nourriture, de l'eau, une bâche pour s'abriter, des outils pour réparer le caddie de supermarché qu'il pousse devant lui, sur la route, jour après jour, et qu'il ne faut surtout pas se faire voler par d'autres ombres errantes. Trop occupé, aussi, à endiguer la peur de l'enfant, en de nombreux et brefs dialogues, dépouillés à l'extrême, comme l'est l'écriture de McCarthy lui-même, en tout cas ici (c'est le premier livre que je découvre de lui).
L'enfant a peur, mais bien davantage, semble-t-il, du passé que de l'avenir. Peut-être parce que tout le monde sait, lecteur compris, qu'il n'y a plus d'avenir : on est déjà dedans et il n'y a pas de plan B. Le passé, en revanche, lui est effrayant. Lorsqu'ils arrivent devant la maison où l'homme a grandi, dans le monde d'avant, l'enfant est terrifié à l'idée d'y pénétrer, même à celle que son père y entre. Et, une fois dedans, il s'emploie à museler les souvenirs de l'homme et à tirer celui-ci au dehors de ce morceau de passé. Un passé qui ne peut absolument rien lui apprendre.
Quand les hommes ne peuvent plus rien apprendre du passé, ils sont condamnés à avoir très peur de lui.
L'avenir n'est pas pour autant le sujet de La route, qui n'est lui-même pas du tout un roman de science-fiction. On est tout entier dans le présent, mais un présent situé légèrement en avant de nous, si peu en avant qu'il ne peut décemment porter le nom d'avenir. Et, au-delà, il n'y a plus rien, que la route. Avec, au bout, peut-être, la mer. La mer, mais pas d'espérance.
Y a-t-il seulement un dieu ? Y a-t-il Dieu, sous la route ? C'est là que l'affaire se complique, semble-t-il. Dans la très bonne critique qu'il en a fait, Ygor Yanka nie la présence divine dans le roman. Juan Asensio, dans la sienne, et en commentaires chez Yanka, l'affirme hautement, dans sa manière propre. Je m'étais gardé de lire l'un et l'autre avant d'avoir terminé le livre (j'ai tout de même craqué, peu avant la fin...), me méfiant de ma propension à adopter trop facilement les points de vue des uns et des autres. Au bout du compte, je pencherais plutôt, sur ce point précis, du côté du Stalker.
J'ai eu, tout au long de ce cheminement (ce mot même, n'est-ce pas...) la sensation d'une présence, muette c'est vrai, mais presque toujours là. Celle d'un dieu qui "fait le mort" mais qui observe. Un dieu qui n'a peut-être plus la volonté ou le pouvoir d'être psychopompe mais n'aurait pas tout fait renoncé à être psychostase. Et je me suis demandé, en commentaire chez Ygor Yanka, si Dieu, plutôt que de se situer au bout de la route, n'était pas la route elle-même ; ce sur quoi il est encore possible d'appuyer ses pieds pour avancer, quand tout le reste disparaît sous la cendre.
Je comprends la forte réticence d'Ygor Yanka, dans la mesure où il s'agit toujours de Dieu invisible, inactif, de Dieu muet ; de Dieu sans Bach, si l'on veut. Néanmoins, McCarthy a introduit dans son roman quelques figures dont il me paraît difficile de ne pas discerner les aspects christiques. Tel ce vieillard presque centenaire, qui chemine lui aussi, avec sur le dos un sac vide. Lorsque l'homme lui demande comment il parvient à se nourrir, le vieillard lui répond que les gens "lui donnent des trucs". Or, dans cet après-monde, dans ce déjà-futur, aucun homme ne nourrit un autre homme. Donc... Et la scène se poursuit par ce dialogue :
Les gens qui vous ont donné à manger. Où sont-ils ?
Il n'y a personne. J'ai inventé ça.
Qu'est-ce que vous avez inventé d'autre ?
Je suis sur la route, tout simplement. Exactement comme vous.
C'est votre vrai nom Élie ?
Non.
Mais vous ne voulez pas dire votre nom ?
Je ne veux pas le dire.
Pourquoi ?
Je ne pourrais pas vous le confier. Vous pourriez vous en servir. Je ne veux pas qu'on parle de moi. Qu'on dise où j'étais ou ce que j'ai dit quand j'étais à cet endroit-là. Vous voyez, vous pourriez peut-être parler de moi. Mais personne ne pourrait dire que c'était moi. Je pourrais être n'importe qui. Je crois que par les temps qui courent moins on en dit mieux ça vaut. S'il était arrivé quelque chose et qu'on soit des survivants et qu'on se soit croisés sur la route alors il y aurait quelque chose à dire. Mais ce n'est pas le cas. Alors il n'y a rien à dire.
Le prénom d'Élie peut-il être là par hasard ? Choisi d'un doigt pointé dans l'annuaire ? Et ce personnage qui ne veut pas dire son véritable nom, qui se cache derrière le masque d'Élie, et qui dit à l'homme qu'ils auraient pu se croiser mais que rien, en réalité, n'est arrivé, est-ce qu'il ne ressemble pas à un dieu, mais un dieu qui aurait sinon "jeté l'éponge", en tout cas renoncé à se révéler à l'homme, à l'homme ancien ? Un dieu qui ne veut plus que l'on puisse utiliser ses paroles ou son nom, ni même se les rappeler. Il est vrai que, juste après le fragment de dialogue que j'ai retranscrit, lorsque l'homme émet l'hypothèse que son fils est peut-être un dieu, le vieillard annonce :
Là où les hommes ne peuvent pas vivre les dieux ne s'en tirent pas mieux. Vous verrez. Il vaut mieux être seul. Alors j'espère que ce n'est pas vrai ce que vous venez de dire parce que se trouver sur la route avec le dernier dieu serait quelque chose de terrible, alors j'espère que ce n'est pas vrai. Les choses iront mieux lorsqu'il n'y aura plus personne.
Il me semble que les allusions à la divinité se multiplient à mesure que le roman avance vers sa fin, que les oscillations de la figure christique se font de plus en plus rapides, entre l'homme et l'enfant. Mais je préfère ne pas trop parler de la fin. Donc, laissons Dieu sur le bord de la route, au moins pour l'instant.
Il nous reste le monde et les hommes. Et la cendre. La cendre qui noie les contours, efface les couleurs, abolit les différences. On va bien sûr ricaner que je suis obsédé, monomaniaque, mais comment ne pas voir là une sorte de prophétie girardienne ? L'enfer sera nôtre lorsque nous serons devenus tous rigoureusement semblables, lorsqu'il n'y aurait plus d'autre. Il semble qu'on travaille activement et avec enthousiasme à ce "prochain présent", de nos jours. Alors, la guerre de tous contre tous pourra se répandre librement. De fait, dans le roman de McCarthy, à cause de la cendre omniprésente justement, tous les hommes portent sur le visage un masque, qui les rend parfaitement interchangeables. De là le meurtre et, "crise alimentaire" oblige, la résurgence de l'anthropophagie. Il est tout de même à noter que si McCarthy montre à plusieurs reprises l'homme ajustant son masque sur son visage, il ne le fait jamais pour l'enfant. L'enfant, né dans le "déjà futur", ne porte pas de masque.
Je disais, en commençant ce texte sans plan ni structure ni queue ni tête, que l'on ne pouvait pas ressortir de La route, parce qu'il n'y avait rien en dehors d'elle, de même qu'il n'y a rien en dehors du monde sous la cendre, de ce futur dans lequel nous avons déjà mis un pied. Cormac McCarthy semble être là pour nous avertir que cela ne nous portera pas bonheur.
Les règles, d'une certaine manière, sont simples : il y a des jours gris, auxquels succèdent des nuits noires (l'écriture elle-même me semble grise et noire, mais jamais "blanche"). Durant les premiers, on avance, on cherche de quoi se nourrir dans un monde qui ne produit plus rien, sauf des dangers mortels auxquels on essaie d'échapper. La nuit, on se cache, on dort, en tentant de survivre au froid, à la peur. Le lendemain, on recommence.
En dehors du manque de vêtements et de nourriture, le principal ennemi de l'homme et de l'enfant, ce sont les autres hommes et l'absence d'enfant. Parmi les autres hommes, il y a ceux que l'enfant appelle les Gentils, que l'on cherche sans les trouver, et il y a les Méchants, sur qui l'on peut tomber à chaque moutonnement de la route, et qui mangent les enfants. Qui les mangent vraiment. C'est pour cela qu'il n'y a pas d'enfant dans le monde qui nous attend, qui nous précède de très peu. Si, il y en a un tout de même. Mais il n'est pas sûr que ce ne soit pas un simple rêve de l'enfant réel. Un désir un instant matérialisé. D'ailleurs, l'homme ne l'a pas vu. Trop affairé à trouver de la nourriture, de l'eau, une bâche pour s'abriter, des outils pour réparer le caddie de supermarché qu'il pousse devant lui, sur la route, jour après jour, et qu'il ne faut surtout pas se faire voler par d'autres ombres errantes. Trop occupé, aussi, à endiguer la peur de l'enfant, en de nombreux et brefs dialogues, dépouillés à l'extrême, comme l'est l'écriture de McCarthy lui-même, en tout cas ici (c'est le premier livre que je découvre de lui).
L'enfant a peur, mais bien davantage, semble-t-il, du passé que de l'avenir. Peut-être parce que tout le monde sait, lecteur compris, qu'il n'y a plus d'avenir : on est déjà dedans et il n'y a pas de plan B. Le passé, en revanche, lui est effrayant. Lorsqu'ils arrivent devant la maison où l'homme a grandi, dans le monde d'avant, l'enfant est terrifié à l'idée d'y pénétrer, même à celle que son père y entre. Et, une fois dedans, il s'emploie à museler les souvenirs de l'homme et à tirer celui-ci au dehors de ce morceau de passé. Un passé qui ne peut absolument rien lui apprendre.
Quand les hommes ne peuvent plus rien apprendre du passé, ils sont condamnés à avoir très peur de lui.
L'avenir n'est pas pour autant le sujet de La route, qui n'est lui-même pas du tout un roman de science-fiction. On est tout entier dans le présent, mais un présent situé légèrement en avant de nous, si peu en avant qu'il ne peut décemment porter le nom d'avenir. Et, au-delà, il n'y a plus rien, que la route. Avec, au bout, peut-être, la mer. La mer, mais pas d'espérance.
Y a-t-il seulement un dieu ? Y a-t-il Dieu, sous la route ? C'est là que l'affaire se complique, semble-t-il. Dans la très bonne critique qu'il en a fait, Ygor Yanka nie la présence divine dans le roman. Juan Asensio, dans la sienne, et en commentaires chez Yanka, l'affirme hautement, dans sa manière propre. Je m'étais gardé de lire l'un et l'autre avant d'avoir terminé le livre (j'ai tout de même craqué, peu avant la fin...), me méfiant de ma propension à adopter trop facilement les points de vue des uns et des autres. Au bout du compte, je pencherais plutôt, sur ce point précis, du côté du Stalker.
J'ai eu, tout au long de ce cheminement (ce mot même, n'est-ce pas...) la sensation d'une présence, muette c'est vrai, mais presque toujours là. Celle d'un dieu qui "fait le mort" mais qui observe. Un dieu qui n'a peut-être plus la volonté ou le pouvoir d'être psychopompe mais n'aurait pas tout fait renoncé à être psychostase. Et je me suis demandé, en commentaire chez Ygor Yanka, si Dieu, plutôt que de se situer au bout de la route, n'était pas la route elle-même ; ce sur quoi il est encore possible d'appuyer ses pieds pour avancer, quand tout le reste disparaît sous la cendre.
Je comprends la forte réticence d'Ygor Yanka, dans la mesure où il s'agit toujours de Dieu invisible, inactif, de Dieu muet ; de Dieu sans Bach, si l'on veut. Néanmoins, McCarthy a introduit dans son roman quelques figures dont il me paraît difficile de ne pas discerner les aspects christiques. Tel ce vieillard presque centenaire, qui chemine lui aussi, avec sur le dos un sac vide. Lorsque l'homme lui demande comment il parvient à se nourrir, le vieillard lui répond que les gens "lui donnent des trucs". Or, dans cet après-monde, dans ce déjà-futur, aucun homme ne nourrit un autre homme. Donc... Et la scène se poursuit par ce dialogue :
Les gens qui vous ont donné à manger. Où sont-ils ?
Il n'y a personne. J'ai inventé ça.
Qu'est-ce que vous avez inventé d'autre ?
Je suis sur la route, tout simplement. Exactement comme vous.
C'est votre vrai nom Élie ?
Non.
Mais vous ne voulez pas dire votre nom ?
Je ne veux pas le dire.
Pourquoi ?
Je ne pourrais pas vous le confier. Vous pourriez vous en servir. Je ne veux pas qu'on parle de moi. Qu'on dise où j'étais ou ce que j'ai dit quand j'étais à cet endroit-là. Vous voyez, vous pourriez peut-être parler de moi. Mais personne ne pourrait dire que c'était moi. Je pourrais être n'importe qui. Je crois que par les temps qui courent moins on en dit mieux ça vaut. S'il était arrivé quelque chose et qu'on soit des survivants et qu'on se soit croisés sur la route alors il y aurait quelque chose à dire. Mais ce n'est pas le cas. Alors il n'y a rien à dire.
Le prénom d'Élie peut-il être là par hasard ? Choisi d'un doigt pointé dans l'annuaire ? Et ce personnage qui ne veut pas dire son véritable nom, qui se cache derrière le masque d'Élie, et qui dit à l'homme qu'ils auraient pu se croiser mais que rien, en réalité, n'est arrivé, est-ce qu'il ne ressemble pas à un dieu, mais un dieu qui aurait sinon "jeté l'éponge", en tout cas renoncé à se révéler à l'homme, à l'homme ancien ? Un dieu qui ne veut plus que l'on puisse utiliser ses paroles ou son nom, ni même se les rappeler. Il est vrai que, juste après le fragment de dialogue que j'ai retranscrit, lorsque l'homme émet l'hypothèse que son fils est peut-être un dieu, le vieillard annonce :
Là où les hommes ne peuvent pas vivre les dieux ne s'en tirent pas mieux. Vous verrez. Il vaut mieux être seul. Alors j'espère que ce n'est pas vrai ce que vous venez de dire parce que se trouver sur la route avec le dernier dieu serait quelque chose de terrible, alors j'espère que ce n'est pas vrai. Les choses iront mieux lorsqu'il n'y aura plus personne.
Il me semble que les allusions à la divinité se multiplient à mesure que le roman avance vers sa fin, que les oscillations de la figure christique se font de plus en plus rapides, entre l'homme et l'enfant. Mais je préfère ne pas trop parler de la fin. Donc, laissons Dieu sur le bord de la route, au moins pour l'instant.
Il nous reste le monde et les hommes. Et la cendre. La cendre qui noie les contours, efface les couleurs, abolit les différences. On va bien sûr ricaner que je suis obsédé, monomaniaque, mais comment ne pas voir là une sorte de prophétie girardienne ? L'enfer sera nôtre lorsque nous serons devenus tous rigoureusement semblables, lorsqu'il n'y aurait plus d'autre. Il semble qu'on travaille activement et avec enthousiasme à ce "prochain présent", de nos jours. Alors, la guerre de tous contre tous pourra se répandre librement. De fait, dans le roman de McCarthy, à cause de la cendre omniprésente justement, tous les hommes portent sur le visage un masque, qui les rend parfaitement interchangeables. De là le meurtre et, "crise alimentaire" oblige, la résurgence de l'anthropophagie. Il est tout de même à noter que si McCarthy montre à plusieurs reprises l'homme ajustant son masque sur son visage, il ne le fait jamais pour l'enfant. L'enfant, né dans le "déjà futur", ne porte pas de masque.
Je disais, en commençant ce texte sans plan ni structure ni queue ni tête, que l'on ne pouvait pas ressortir de La route, parce qu'il n'y avait rien en dehors d'elle, de même qu'il n'y a rien en dehors du monde sous la cendre, de ce futur dans lequel nous avons déjà mis un pied. Cormac McCarthy semble être là pour nous avertir que cela ne nous portera pas bonheur.
Ca l'air assez gore votre truc ! Hier soir j'ai vu un film de loup-garou avec des morts-vivants, un machin dans ce genre quoi, une production de série B ... amusant par moments ! on courait les uns après les autres comme dans une touze ...
RépondreSupprimeriPidiblue l'homme est un carnassier comme les autres
Encore une fois, je ne nie rien, sinon que ce soit un roman religieux, ou pire (Asensio), l'ébauche d'un nouveau christianisme. C'est absurde tout simplement. Il y a des relents de Dieu, des silences assourdissants de Dieu, des guenilles de Dieu, rien d'autre. Que reste-t-il sur terre ? Que des hommes, soit la créature la plus maligne, retournée qui pis est à la barbarie la plus horrible. Dieu est assurément mort (un accident de la route ?), mais son cadavre empeste encore et c'est lui que vous sentez.
RépondreSupprimerRoman "religieux" et "nouveau christianisme" sont en effet exagéré. Je trouve néanmoins qu'il y a "plus de Dieu", si j'ose l'expression, que vous n'en voyez.
RépondreSupprimerEn réalité, m'intéresse davantage la piste de l'indifférenciation girardienne, la violence aveugle engendrée par le "toujours plus de même" qui nous pend au nez au sein du village mondialisé qui se met en place (le gris répandu sur toute chose et tout être).
Le thème du masque, dans cette optique, m'a frappé : renoncer à soi-même pour complaire à l'autre qui, de son côté, vous imite automatiquement, chacun cherchant en fin de compte à faire disparaître l'Autre en se l'appropriant ---> anthropophagie.
Et je n'ai pas prononcé le mot de "métissage", afin d'éviter que les antiracistes de profession ne me tombent une fois de plus sur le râble. Mais il y avait là, aussi, liée au masque, une voie à explorer, il me semble.
merci pour cette évocation, qui donne envie d'aller lire ce livre (ce n'est pas la première fois qu'on me le recommande, alors plus d'hésitation !)
RépondreSupprimerà bientôt !
Lomig : faites quand même attention en traversant...
RépondreSupprimerJe suis l'un des rares à n'avoir pas apprécié ce roman que je trouve ennuyeux, répétitif et sentencieux. Une sorte d'exercice pour étudiant en première année de métaphysique (on pourrait faire d'ailleurs le rapprochement avec un texte comme La Peste de Camus). De la littérature pour boy-scout désespéré. Cette rencontre entre Mad Max et la Bible est quand même le fond commun à tout un genre de la SF américaine.
RépondreSupprimerCe que je repproche au livre (la dernière page est tout même assez belle) c'est paradoxalement sa trop grande lisibilité. Aucun mystère la-dedans puisque toutes les réponses sont valables. Le récit ne secrète aucune discontinuité par lesquelles le lecteur peut s'échapper (sauf les deux courts passages à propos de la pêche aux saumons, ou aux truites où passe un frémissement. Disons pour reprendre une formule de Gracq que cela manque d'un "tremblement d'avenir", "d'une élation de l'éventuel."
Ce qui fait la beauté des grands romans c'est justement la possibilité offerte de quitter la route.
Pascal : belle aubaine que cet avis "discordant" ! Une unanimité parfaite n'est jamais très bon signe. Je trouve votre comparaison avec La Peste assez cruelle, mais il est vrai que je n'ai pas lu le roman de Camus depuis plus d'un quart de siècle (et pas très envie de le reprendre, je dois dire).
RépondreSupprimerNéanmoins, je note que vous trouvez de la Bible là-dedans, si je puis dire.
Intéressant aussi que vous sauviez la dernière page, quand c'est elle qu'Ygor Yanka rejette explicitement. Je serai, ici, franchement de votre avis : je trouve qu'elle évite à la fois la trop attendue "fin ouverte" d'un côté, et, de l'autre, le prêchi-prêcha que l'on aurait pu craindre (Mad Max redécouvrant la Bible, en gros).
Bon, c'est pas le tout : Boris Corentin me requiert...
Je ne suis pas trop amateur de clochards célestes ...
RépondreSupprimeriPidiblue en haillons littéraires
Boris Corentin le héros des Mondaines Brigades ! Il avance ce poulet ? Faites attention quand il traversera la route avec Cormac qu'il ne se fasse pas écraser malencontreusement ...
RépondreSupprimeriPidiblue poule d'essai
Il n'avance pas, il se traîne ! Pour l'heure, il vient de sonner à la grille d'une grande propriété située du côté des Andelys, juste en face de Château-Gaillard.
RépondreSupprimerC'est vous dire...
Château-Gaillard c'est bien choisi ! Méfiez-vous quand même l'abus de sexe peut nuire gravement à la santé, l'abstinence aussi ..
RépondreSupprimeriPidiblue hygiéniste au petit poil
Pour ma part, vous me donnez très envie de le lire.
RépondreSupprimerAussi, cet après-midi en flânant dans les rayons d'un libraire du crû, je suis allée du côté de la littérature étrangère pour repérer l'objet du délit.
Cependant, j'attendrai qu'il paraisse en livre de poche, sans doute en janvier prochain
Cette fin pour le moins surprenante chez un McCarthy est un happy-end affligeant. Je ne suis pas catastrophiste, ni pour qu'on se débarrasse des héros à la fin d'un roman, mais il fallait conclure peut-être avec la mort du père et laisser entendre que l'enfant poursuivait seul, comme un disciple bien formé, à la mort de son maitre. Et soudain tombe du ciel une famille de gentils qui recueille l'enfant alors que le cadavre du père n'est pas encore froid ! Non, non ! Je sais bien que le livre est dédicacé au propre fils de McCarthy et que cette fin est pour lui un message d'espoir, mais si on écrit un roman pour son dédicataire, eh bien on ne le publie pas. Si j'écris un roman dont j'oriente le dénouement pour plaire à ma femme, je bâcle mon travail.
RépondreSupprimerDe Dieu, dans « La route », il ne reste que son échec. Lamentable, cuisant échec. Et après ça on voudrait le relancer dans la course, comme un quelconque et médiocrissime Premier ministre belge riche de trois échecs déjà, sous prétexte qu'on ne peut se passer de lui ? Adieu, mon vieux !
Je préfère effectivement le style plus riche de « Méridien de sang », mais il y a dans « La route » de beaux « arrêts sur cauchemars », tels ceux que j'ai signalés (l'impossibilité d'une vache, l'immobilité définitive des trains...). Le style de « La route » n'est pas pauvre, mais épuré. Les dialogues (?) sont plutôt exaspérants de monotonie, mais c'est la situation des protagonistes qui veut ça, et le fait que le père et son fils ne s'entendent que sur un langage minimal, comme deux étrangers (un Italien et un Allemand qui baragouineraient en « basic English » pour discuter de la pluie et du beau temps et de deux ou trois urgences, sans pouvoir échanger sur le fond).
Circé : lisez donc ceci...
RépondreSupprimerYgor : je compte lire les autres McCarthy (au moins quelques-uns). Pour le reste, je prends acte des divergences et désaccords entre vous, moi, Pascal, Asensio, etc. Et n'arrive (comme souvent) plus trop à savoir si je suis d'accord avec vous, moi, Pascal, Asensio, etc.
RépondreSupprimerC'est énervant, les livres...
J'essaie au moins à m'en tenir à ce qui est écrit, sans faire dire à l'auteur ce qu'il aurait écrit sinon, me semble-t-il. Je suis aussi romancier et je vois souvent là où il y a une interprétation possible, dont je ne veux pas forcément (mais qui reste une possibilité, sans être une piste avec ses codes secrets). Quand c'est écrit aussi clairement que « La route », pourquoi interpréter encore ? Pourquoi gratter le motif d'une toile pour mettre à jour la trame ? Est-ce la trame le sujet ? D'accord, il y a une veine religieuse dans « La route », mais ce n'est pas le thème et cette veine n'est pas la face cachée du roman, donc censément la plus importante : c'est une de ses composantes, pas obligatoirement secrète, ni surtout dominante. Ce que fait Asensio, c'est comme si, d'une toile multicolore, il retirait le bleu et l'exhibait à la face du monde pour s'exclamer ensuite, triomphalement, que c'est une toile bleue, la preuve ! Ce qui m'énerve chez les herméneutes, c'est qu'ils arrivent toujours avec des airs mystérieux pour nous dire que ce qui compte n'est pas ce qui est dit ou écrit, mais sous-entendu ou tu, comme si la vérité des choses et des êtres était toujours et partout voilée. La vérité d'un être ne réside pas à tous les coups dans son linge intime, souillé ou non. Ce qu'on ne dit pas, on ne le cache pas forcément, on ne le tait pas non plus : simplement on ne l'exprime pas, pour toutes sortes de raisons, sans qu'il y ait une volonté d'obscurité là-dessous.
RépondreSupprimer(La seule question que je me pose, à propos de Cormac McCarthy, c'est : qu'est-ce qu'on attend pour lui attribuer le prix Nobel ?)
RépondreSupprimerJe suis assez d'accord avec ce que dit Yanka ci-dessus.Ecrire, comme filmer ou peindre, c'est choisir.
McCarthy comme Hugo Claus ? Quand il sera mort on regrettera de ne pas lui avoir donné le Nobel, chaque année annoncé pourtant (pour Claus). Et puis, bon, hein, le Nobel, tous ces bazars prestigieux...
RépondreSupprimerD'accord avec Yanka pour préférer Méridien de sang. Il y a là une pulsation qui est malheureusement absente de La route.
RépondreSupprimer(le grand roman de l'année c'est 2066 de Bolano)
J'aimerais bien que Didier, Yanka, (et Pascal, et autres lecteurs intelligents croisés ci et là) aient un blog ou un forum commun, juste pour les livres. Je lis vos critiques et notes de lecture avec beaucoup de plaisir et d'attention.
RépondreSupprimerPascal et Ygor : OK, je vais le lire, votre $ù`@€ de Méridien !
RépondreSupprimerMifa : pourquoi voulez-vous humilier ce pauvre McCarthy en lui collant le Nobel ?
Suzanne : je ne suis pas critique littéraire ! Je me risque de temps en temps à dire deux ou trois choses sur un livre lu, mais rien de plus. En tout cas, je ne me mesurerais certainement ni à Pascal ni à Ygor, je ne suis pas maso...
La route est davantage un mythe qu'un roman, un conte ou une histoire. Sa lecture nous ramène à d'autres mythes exploités par Platon tels que celui de la caverne, celui d'Er, celui de Sisyphe, ou encore celui du bateau de Thésée.
RépondreSupprimerLa route nous provoque et nous amène à réfléchir sur le sens profond de notre existence et sur notre rapport à la spiritualité.
Votre critique, Ygor, est trop rationnelle et assez hermétique : je n'ai vu aucun sentimentalisme américain dans les dernières pages du livre, mais plutôt l'expression de sentiments paternels d'un auteur américain. Quelle justesse dans l'écriture de ce passage si riche d'émotions !
Le Dieu de MacCarthy n'est ni invisible, ni muet, ni inactif, il reste le simple sens que l'on donne à sa vie : "Oui, tel est le jugement rendu par les Dieux qui possèdent l'Olympe, ô toi, garçon ou jeune homme qui t'imagines les Dieux se désintéressant de ta conduite : celui qui est devenu pire suit la route qui le mène vers les hommes pires, tandis que c'est vers des hommes meilleurs que va celui qui est devenu meilleur ; aussi bien dans sa vie que dans ses morts successives, il subit ce que, par l'action de ceux qui y ressemblent, il convient de faire subir à ceux qui leur ressemblent." Platon, Les lois, X-904.
Me suis régalé à tout lire, billet et commentaires.
RépondreSupprimerLe fait que "rien ne puisse ressortir de la route" est effectivement saisissant, dès les premières pages, une tension incroyable pèse sur ce récit dont on imagine mal la moindre fin positive. Comment peut-on en sortir ? Effectivement, ces questions m'ont traversé l'esprit : qu'est-ce qu'un Dieu dans ce monde achevé ?
Pour le happy end que Yank n'aime pas, je suis partagé. Il y a effectivement un aspect "conte", je crois que l'enfant laissé seul aurait produit une fin si asphyxiante que le roman en serait sorti affaibli.
D'autre part, je ne trouve pas que la fin soit si positive, il y a quand même ambiguité avec cette perte, la séparation entre le fils et le père. L'arrivée parmi les "gentils" me fait l'effet d'une nuance. Un néant total aurait été un peu trop grand-guignolesque, un peu balourd, je trouve.
Merci en tout cas pour ce bon "moment" de blog.
Balmeyer : je pense comprendre que vous avez lu ce roman. Bon, j'allais développer, mais je suis au boulot, et il se trouve qu'on me requiert (bêtement)...
RépondreSupprimerA plus tard...
L'idée soulevée d'un blog commun pour regrouper les bonnes critiques est excellente, sauf que ça revient à faire une revue. Et qui dit revue dit ligne éditoriale, discussions, responsabilités, coups de gueule et compagnie. Je vois l'utilité, mais aussi le déplaisir (choix de l'hébergement, design, graphisme, etc., choses non essentielles, mais à mes yeux importantes). Du reste, les blogueurs tiennent assez à rester maitres chez eux, et nos blogs respectifs sont assez bien exposés je crois.
RépondreSupprimer« La route nous provoque et nous amène à réfléchir sur le sens profond de notre existence et sur notre rapport à la spiritualité. »
Je n'ai pas attendu McCarthy pour réfléchir à ces choses, personnellement. J'ai parlé (commentaire sur mon blog) de téléologie (pendant laïc et philosophique de l'eschatologie, en quelque sorte), et c'est en quoi « La route » m'intéresse (ce qu'il reste après la catastrophe, que devient la pelure après qu'on a mangé la banane, comment se dégrade-t-elle ?).
Je m'intéresse, comme on le sait (le titre d'une de mes catégories), aux banalités phénoménales, et parmi celles-ci figure la nostalgie, dans tous les sens du terme. Ici nous avons une nostalgie du monde d'avant, mais tout à fait stérile, incommunicable, donc monstrueuse ( « L'identité, c'est la mémoire ; être, c'est se souvenir », écrit Matzneff quelque part). Est-ce que cet enfant vierge de souvenirs mérite encore le nom d'être, au sens de l'âme ? N'est-il pas en dehors de l'humanité ou en train d'en sortir ? Ce qui expliquerait que son sort m'importe peu.
Ce gamin est une sorte d'ange. Émouvant, donc ridicule. N'importe quel parent regarde son enfant comme un ange (même les parents d'un certain Adolf ont été comme ça), et puis l'ange, quand c'est un mâle, voit ses roubignoles grossir et ça devient une terreur, un puits de sottises et une tête à claques. Quand c'est une femelle, ça devient quelque chose entre une petite pute et une caissière de supermarché. Relire « Gel » de Thomas Bernhard qui n'a jamais de mots assez durs pour dénoncer dans l'enfant la crapule qu'il deviendra. Alors ces questions d'angélisme enfantin, pardon ! Rien ne me débecte plus que les simagrées autour du supposé angélisme des enfants, cette innocence à laquelle je ne crois tout simplement pas, alors que je crois mon chat innocent, et même la hyène.
Pour moi, le secret du livre, s'il y en a un et si c'en est un, réside dans le fait que McCarthy a écrit « La route » pour répondre à une question de son fils alors âgé de 5 ou 6 ans, un fils qu'il sait qu'il ne verra sans doute pas vieillir, sauf s'il vit très vieux (McCarthy a 73 ans). En ce sens, d'accord, « La route » est un conte, destiné à Francis McCarthy. McCarthy, qui préfère les sciences à la littérature, me semble assez pessimiste sur l'avenir de l'humanité. S'adressant à son propre fils, il n'a pas voulu lui délivrer un message trop désespérant, et c'est donc une motivation psychologique dans laquelle Dieu n'a que faire, même s'il traine dans le secteur avec ses godillots percés, sa barbe de mille siècles et son air désolé.
Dieu, dans « La route », c'est l'homme foudroyé qui titube et s'effondre soudain. Après, il n'est plus là, et on n'a d'ailleurs plus très envie de le revoir.
« Votre critique, Ygor, est trop rationnelle et assez hermétique : je n'ai vu aucun sentimentalisme américain dans les dernières pages du livre, mais plutôt l'expression de sentiments paternels d'un auteur américain. Quelle justesse dans l'écriture de ce passage si riche d'émotions ! »
L'expression des sentiments paternels de qui que ce soit, je m'en soucie comme d'une guigne. C'est plat en chien, sans intérêt, car commun. Facile d'attraper les gens par le cœur, de faire appel à la fibre paternelle ou maternelle. C'est le ressort de la plupart des navets américains et je pense que si Muray croisait encore dans les parages, il nous en dirait de belles à ce propos, avec un joli sourire en coin et un air plutôt goguenard.
Ce qui m'a touché, moi, dans ce livre, c'est la terrible solitude du père et l'idée atroce qu'on puisse un jour prochain se souvenir d'un monde complètement disparu, où il n'y aurait plus ni vache, ni veau, ni couvée, ni « odeur d'invisibles et persistants lilas » (Proust), un monde voué désormais aux cendres et à la pire survie qui puisse se concevoir.
Avec ça, je peux me tromper. Toujours est-il que je n'ai pas lu « La route » pour y chercher quelque chose censé prouver ceci ou cela.
Igor,
RépondreSupprimerJe n'ai pas attendu non plus McCarthy pour m'intéresser aux finalités de l'humanité.
Votre point de vue sur l'enfant me surprend. Il n'est pas vierge de souvenirs, sa mémoire fonctionne très bien. Ce n'est pas un ange non plus, c'est un garçon, petit, "un peu dérangé" peut-être, et pour le père, "tout ce qu'il y avait entre lui et la mort". Ce n'est pas l'enfance qui est innocente : c'est cet enfant particulier parce que né dans un contexte particulier, qui est sensible. Ce regard toujours nouveau qu'il pose sur son environnement suscite le questionnement permanent, questionnement qui agace l'adulte (que vous êtes, Igor) parce qu'il s'est perdu dans cet amoncellement de choses dont on se souvient et qu'il faudrait oublier.
Concernant, l'homme foudroyé, j'y ai vu un rappel au mythe de Sisyphe.
Quant à évoquer Muray pour consolider votre position sur la fin du livre me paraît douteux.
Didier : le Nobel, parce qu'on l'a donné à d'autres qui méritaient cette reconnaissance (Toni Morrison) et que C.McCarthy la mérite aussi. Je ne me joindrai pas à votre boutade, elle est à vous.
RépondreSupprimerJe viens de finir ce livre que je n'avais encore lu et j'avoue que les exégèses m'ennuient en général, mais votre compte-rendu m'amène à me poser des questions sur le sens auxquelles je n'aurais pas pensé autrement.
Mon sentiment (ah ! les femmes...)est de saluer encore une fois l'un de mes deux auteurs favoris - mais si je devais résumer je dirais qu'il décrit un monde mort pour mieux y faire apparaître la place de l'Homme - qui "porte le feu" - et son sens (?): "... le souffle de Dieu était encore le souffle de son père bien qu'il passe d'une créature à une autre au fil des temps éternels."
J'y vois d'autres choses aussi, mais,tenez, je dois dire des sottises, car je m'ennuie moi-même !
Lisez "l'obscurité du dehors", c'est encore plus...
Et, venant de lire les critiques que vous signalez, j'ajoute que c'est votre texte qui emporte mon adhésion car il a le bon sens de n'être pas ridicule. Et de ne pas enfoncer des portes ouvertes.
RépondreSupprimerLisez les autres livres de C. McCarthy. Même un écrivain en batiment (que vous dites !) saura ne pas passer à côté.
A ceux que je cite implicitement, mes excuses : j'avais bien prévenu de mon peu de goût pour l'exégèse.
Merci pour votre réponse, Yanka. Je suis allée lire votre blog que j'ai trouvé très intéressant. C'est de la bonne critique pour moi car elle n'est pas dédiée à un lectorat de spécialistes. (le genre de texte où il y a dans chaque phrase une tournure, un clin d'oeil qu'on ne peut pas comprendre si l'on n'a pas vécu en fac de Lettres.)Et si je vous le dis ici, c'est que c'est moins intimidant. Vos articles m'incitent à la réflexion, mais pas au commentaire. (Je pense moins loin et moins profond que vous et ça n'apporterait rien à vos articles qui sont "finis")
RépondreSupprimerCette discussion sur La route, elle est quand même vachement bien. Didier évoquait, je ne sais plus où, L'aveuglement de Saramago, un livre un peu de la même famille. J'aurais bien aimé que ce livre sorte là, juste maintenant, pour lire ce que vous écririez à son sujet.