lundi 29 novembre 2010

Publication des bans


Ça se passait le 23 octobre. La preuve : c'est dans le journal...

dimanche 28 novembre 2010

Précieuse vertu de l'héritage ou : la culture hors-sol

« Une des mauvaises nouvelles idéologiques que j'apporte, ou que je rappelle, c'est que, statistiquement (il y a bien sûr toutes les exceptions qu'on veut, mais elles ne sont pas pertinentes statistiquement), il n'y a, en caricaturant à peine, de gens cultivés que les enfants de gens cultivés. Ou bien, pour tourner cela différemment : culturellement, à quinze ans, et peut-être même à douze, voire à dix, tout est joué. On peut, adulte, apprendre le piano, le violon ou la danse, on ne peut pas devenir un grand pianiste, un grand violoniste, un grand danseur. On peut, adulte, se cultiver, on ne peut pas devenir vraiment cultivé (sauf cas de génie ou de talent véritablement exceptionnel, sans importance statistique). Après quinze ou vingt ans on peut apprendre à mieux parler, à pratiquer une langue meilleure, jamais on ne parlera vraiment bien si l'on n'a pas été élevé par des personnes qui n'avaient pas elles-mêmes une bonne maîtrise de la langue. »

Renaud Camus, Kråkmo – Journal 2009, Fayard, p. 213.

Cette désagréable assertion, j'étais pleinement convaincu de sa vérité bien avant d'avoir lu la moindre ligne de l'auteur qui la pose ici. J'ai toujours su (ce toujours n'est évidemment pas à prendre au pied de la lettre) que quoi que je fasse, autant de livres que je puisse lire dans ma vie, ou de musiques écouter, mes efforts ne porteraient pas tous leurs fruits, du fait d'une trop grande faiblesse des racines. Pour filer la métaphore végétale, j'ai une claire conscience de la pauvreté du sol où j'ai poussé ; d'où la faiblesse des rameaux malgré les tonnes d'engrais que je leur alloue depuis quarante ans.

À un moment de ma jeunesse, j'ai cru que l'école pourrait suppléer à l'héritage. Chaque année, dans le mois d'août, lorsque arrivaient à la maison les livres scolaires de l'année qui se profilait, je me précipitais sur le Lagarde & Michard (ou son équivalent) afin de prendre connaissance des auteurs “au programme”. Puis, à la bibliothèque locale, je raflais tout ce que je pouvais de leurs œuvres afin de les avoir lues, et si possible avant le début des cours. Ce n'était pas forcément idiot, bien sûr, mais tout à fait inutile s'il s'agissait – et il s'agissait en effet, dans mon esprit – de pallier le manque initial : la découverte ne remplace pas la familiarité. Camus écrit encore, juste après le passage qu'on vient de lire :

« L'école ne suffit pas. Elle ne suffisait pas même quand elle remplissait son rôle. L'école peut instruire (ou du moins elle le pouvait), elle ne peut pas éduquer (elle ne l'a jamais pu). L'éducation est une entreprise conjointe de l'école et du milieu d'origine. »

(C'est bien pourquoi l'appellation Instruction publique était certainement préférable à notre Éducation nationale.)

Cette sensation de manque – sur lequel la lecture de Renaud Camus m'a au moins permis de poser des mots, ce qui est une manière de le combler mais bien peu satisfaisante et très imparfaitement – a perduré et elle est toujours là aujourd'hui. Si l'on veut bien un moment considérer la culture comme un château, mettons, c'en est un où je suis toléré, parfois même invité, voire apprécié, mais dont je ne posséderai jamais les clés ; et il me semble bien, parfois, qu'on m'y fait entrer par les communs et non en traversant la cour d'honneur.

De ce manque naît le sentiment d'imposture, celui qui fait que je ne trouve jamais agréable, et même son contraire, de m'entendre dire que je suis quelqu'un de cultivé. (Remarque annexe : en réalité, on ne vous dit jamais que vous êtes cultivé, mais plutôt que vous êtes très cultivé. Par quoi il faut entendre quelque chose comme : plus que moi qui le serai toujours bien assez, qui le suis raisonnablement, dans la bonne moyenne. Passons.) Je possède très certainement des bribes de culture, voire des pans si on veut être indulgent avec soi-même, mais ce ne sera jamais qu'une sorte de culture hors-sol, en quelque sorte non fondée. C'est un peu comme faire ses délices d'un couscous, d'un ceviche de poisson ou d'un canard laqué : ce peut être délicieux mais ça restera toujours exotique, importé, greffé.

Renaud Camus, pour revenir à lui, dit souvent qu'il faut trois générations pour faire un homme cultivé (ce qui, bien entendu, ne signifie nullement que cet homme de la troisième génération sera automatiquement cultivé : il y faut ensuite la curiosité et la constance de toute une vie). Je suis, je crois, le représentant de la deuxième de ces générations ; je suis le terreau fertile. Si le hasard ou une conformation différente de mon esprit m'avaient fait avoir des enfants, eux auraient sans doute eu une chance de devenir des hommes ou des femmes cultivés. Dans le sens ancien de l'expression, il va sans dire.

On verra ça dans une existence prochaine.

samedi 27 novembre 2010

L'exemple éclairant du Naziland et du Bamboulistan

Une chose m'étonne toujours un peu, lorsqu'il est question de cette contre-colonisation arabo-africaine que nous connaissons actuellement – et que nous sommes censés, voire sommés de, ne pas remarquer –, une chose m'étonne disais-je, chaque fois que l'un de ces Français administrativement affiliés (comme dirait mon ami XP) se livre à des débordements répréhensibles par la loi, ou par la simple morale publique, c'est que l'on nous enjoint immédiatement de ne pas faire d'amalgame et de reconnaître – que dis-je ? De clamer – que ces quelques brebis galeuses n'affectent en rien le comportement irréprochable de l'immense majorité du troupeau. De là, nous sommes fortement incités à considérer que la diversité reste un bienfait en dépit de ces quelques faux-pas bien compréhensibles.

Soit. Je reconnais bien volontiers que quand une douzaine de cailleras s'en prennent par exemple à une caserne de pompiers ou se mettent à casser du p'tit blanc isolé dans un bus noctambule, l'immense majorité des populations exotiques dont ils sont issus doit certainement les désapprouver – qu'en tout cas il ne leur viendrait pas une seconde à l'idée de se livrer aux mêmes voies de fait. Il n'en demeure pas moins que l'argument me semble tout à fait irrecevable, en tout cas dans les conclusions qu'on veut nous en faire tirer.

Prenons l'exemple imaginaire d'une colonisation “classique”, c'est-à-dire celle d'un pays européen quelconque – le Naziland, mettons – s'avisant d'envahir une terre africaine non moins quelconque – et que nous appellerons Bamboulistan. Et admettons que, par extraordinaire, ces colons se comportent envers les colonisés d'une manière scrupuleusement irréprochable. Les Bamboulistanis ne seraient-ils pas néanmoins tout à fait en droit de se vouloir débarrasser de ces Nazilandais qui ont envahi leur terre ancestrale sans leur demander leur avis ? Personnellement, je pense qu'ils en auraient non seulement le droit, mais en quelque sorte le devoir moral, ne serait-ce que vis-à-vis de leurs ancêtres qui y reposent, sous cette terre. Et, se mêleraient-ils de chasser l'occupant, je suis bien certain qu'ils le feraient sous les applaudissements enthousiastes de Modernœud et de ses affidés gaucholaliques.

Par conséquent, le fait qu'une population exogène, chaque jour plus nombreuse, accepte de se conformer plus ou moins aux lois et mœurs du pays où elle a décidé à peu près unilatéralement de planter sa tente, ne la rend ni moins exogène ni plus désirable. De même qu'un violeur qui prendrait la peine de proposer de la vaseline à sa victime n'en resterait pas moins un violeur. Enfin, il me semble.

vendredi 26 novembre 2010

Petit billet à la Nicolas J.

Pourquoi est-ce que seuls les usagers du métro ou du RER auraient le droit d'emmerder tout le monde de distraire agréablement leurs lecteurs en narrant leurs petites histoires de changements de ligne, d'incidents de parcours, de mouvements de grève sauvages ou de suicidés malencontreux, etc. ? Pour que cesse l'odieuse discrimination dont semblent victimes les travailleurs automobilisés, j'ai décidé de briser le tabou, de rompre l'omerta. Voici donc.

Ce matin, tout avait bien commencé : obligé de délaisser la voie rapide et de rentrer dans Pacy-sur-Eure pour y acheter deux baguettes et un morceau de pain “meunier”, j'ai trouvé une place de stationnement juste en face de la boulangerie. Le miracle s'est prolongé : deux braves dames pour seules clientes, et qui voulaient chacune uniquement leur baguette du jour – rien de pis que les chalands qui ont des envies de petits gâteaux : si vous ajoutez le temps de l'empaquetage à celui du choix, vous ne ressortez pas de là avant une bonne demi-heure. Ensuite, il y avait des baguettes “tradition” bien cuites, ce qui n'arrive pas tous les jours.

Fort épanoui étais-je donc déjà, lorsque j'ai eu la joie sans mélange d'avoir le feu vert à Chaufour : on imagine l'exaltation qui m'a emparé. Une fois sur l'autoroute, j'ai calé Roselyne sur 108 km/h comme je le fais chaque matin : cela permet de ne point se soucier des portions limitées à 110 au lieu de 130 – pensez-y.

Une vague inquiétude m'a saisi lorsque cette même Roselyne m'a annoncé un retard de 4 mn à 16,8 km de Mantes-la-Jolie. « Diantre ! me suis-je exclamé en mon for intérieur, tandis que Léo Ferré se mettait à brailler comme un con que C'est extra, voilà qui risque de mettre à mal ma légendaire ponctualité... » Fort heureusement, le dit bouchon s'est dissoudu avant que je n'arrive à lui – et j'en fus bien aise.

Tout s'est gâté lorsque je me suis engouffré dans le souterrain de la Défense. Tout soudain, voilà que le panneau lumineux m'annonce : A 14 -----> BP : 9 mn, alors que le temps normal est de cinq minutes. « Fichtre ! me suis-je derechef exclamé, dois-je suivre le flot des crétins qui m'entourent et me cernent, ou me faut-il tenter le contournement extérieur de la Défense, au risque de quitter ce Charybde annoncé pour un Sylla inconnu ? » C'est que je n'avais que quelques secondes pour prendre une décision qui pouvait se révéler fort lourde de conséquences pénibles...

Finalement, mâchoires serrées et regard fixe, chantonnant un petit air pour me donner du cœur au ventre, j'ai contourné – et m'en suis fort bien trouvé. Le reste du parcours s'est déroulé sans incident notable, à l'exception d'une grosse dame qui a fait mine de traverser le quai à hauteur de la rue de Villiers – qui, je le rappelle pour nos amis de la province et nos correspondants étrangers, est celle qui sépare Neuilly-sur-Seine de Levallois-Perret – alors que c'était à moi de passer ; je l'ai littéralement fusillée du regard et elle se l'est tenu pour dit.

Une fois à mon bureau, sain et sauf une fois de plus, j'ai constaté que les cailleras du service informatique m'avaient taxé mon ordinateur. On ne peut décidément faire confiance à personne.


Qu'on ne s'étonne pas de la photo choisie : lorsque j'ai demandé à Mme Goux gueule de m'illustrer “autoroute A 13”, elle m'a sorti ça...

jeudi 25 novembre 2010

À la Sainte-Catherine, toute pine est assassine

Peut-on imaginer quelque chose de plus stupide, ou en tout cas de plus inutile, qu'une journée contre le viol ? De quoi s'agit-il ? D'organiser une campagne d'information sur les marchés et à la sortie des bureaux ou des lycées pour les pas-au-courant qui penseraient encore que le viol c'est bien ? Toléré ? Admis ? Encouragé, voire ? Mais tout le monde est contre le viol, à commencer par les violeurs eux-mêmes, si jamais la victime devait être leur femme ou l'une de leurs filles – ou même leur buraliste. En tout cas, personne n'est pour : vous en avez déjà croisé, des activistes pro-viol ? Des associations pour le développement du gang bang non désiré ? Des amicales de la tournante ?

On est là, une fois encore, dans la pure gesticulation, l'effet de manche festif. J'apprenais ce matin, chez Nicolas, que circulait même une pétition contre le viol. Oui, une pétition. Vous voyez la saynette ? « Pardon Monsieur, êtes-vous contre le viol ? – Euh... oui. – Parfait, signez là. » Et puis, quelle redoutable efficacité sur les candidats violeurs ! On les imagine, juste avant de passer à l'acte, consulter sur leur iPhone l'état de la dite pétition : 1239 signatures seulement ? OK, j'peux y aller tranquille ! 358 741 ? Waouh ! J'vais peut-être surseoir, là...

Moi, la prochaine fois qu'un “bouton de fièvre” (comme on disait quand j'étais enfant) me vient aux babines, je lance une pétition contre l'herpès labial. En évitant l'amalgame avec les militants anti-herpès génital, parce que faut pas déconner non plus : il y a cause et cause.

mercredi 24 novembre 2010

Commerce (conjugal) équitable

« Souvent aussi, lorsqu'il était mécontent de son travail ou contrarié par une triste nouvelle qu'on venait de lui rapporter, il sursautait et lui lançait une parole un peu rude... à elle qui n'avait pourtant aucune part à son mécontentement ! Mais elle aimait ces apostrophes, car elle y voyait une preuve de plus de la confusion que Max, dans son esprit, entretenait entre elle et lui. Et jamais on n'exprimait de regret d'une telle rudesse apparente, ni de pardon de l'autre part. À leurs yeux, c'était aussi absurde que de se demander pardon à soi-même, pour s'être frappé le front dans un moment de colère.

« De fait, elle le connaissait au point de savoir exactement quand elle devait être là pour lui offrir un instant de détente... pour savoir exactement quand il avait besoin de ses conseils, et non moins exactement quand elle devait le laisser seul. »

(Multatuli, Max Havelaar, Babel, p. 279.)

lundi 22 novembre 2010

Les fientes de Modernœud et la statue d'Alexandre

Il y a déjà quelques semaines, il fut question ici de la haine de l'art et, plus généralement, du refus de beaucoup d'admettre qu'il puisse exister chez certains hommes une supériorité, sinon mesurable du moins tangible. On devrait bien, d'ailleurs, s'interroger sur les raisons réelles qui fondent un tel refus. Je ne songeais à rien moins, tout à l'heure, lorsque, au milieu de ma somnolence postprandiale, je suis tombé sur ce passage (p. 216-217) de Max Havelaar :

« Lorsque nous nous voyons obligés de reconnaître à quelqu'un des qualités lui donnant droit à l'estime, au respect, à l'admiration, nous sommes bien aises de découvrir à côté de ces mérites un trait qui nous dispense, en tout ou en partie, de lui payer notre tribut. « Qui ne s'inclinerait devant un si grand poète ? Seulement... il bat sa femme ! » Nous usons volontiers, voyez-vous, des bleus de son épouse, comme prétexte à garder la tête haute et, au bout du compte, nous ne sommes pas mécontents de le voir battre la malheureuse, bien qu'en principe ce soit un acte fort répréhensible. Lorsque nous sommes forcés d'admettre que quelqu'un possède des mérites qui le rendent digne d'être placé sur un piédestal, lorsque nous ne pouvons plus décemment lui en dénier le droit sans passer pour ignorant, insensible ou envieux... nous finissons par dire : « Bon, allez, hissez-le sur son socle ! » Mais son installation n'est pas encore achevée, et lui-même nous croit encore sous le charme de son rayonnement, que nous avons déjà fait le nœud au lasso qui, la première occasion venue, nous servira à l'abattre. Plus rapide est la rotation entre les titulaires de piédestaux, plus grande notre chance d'y accéder aussi à notre tour, et c'est si vrai que, par habitude et en guise d'exercice – un peu comme un chasseur qui tire des corneilles et les laisse sur le pré –, nous aimons bien faire tomber aussi les statues dont nous ne gravirons jamais le piédestal. Le père Piquette, qui se nourrit de choucroute et de petite bière, cherche à s'élever au-dessus de sa condition dans cette critique vengeresse : « Alexandre n'était pas un grand homme... il était intempérant » – sans qu'il y ait pour le dit Piquette la moindre chance de rivaliser jamais avec Alexandre dans la conquête du monde. »

Depuis l'époque de Multatuli, le ridicule qu'il met en lumière a encore bien progressé puisque, en nous sommant de remplacer, et plus vite que ça, supériorité par différence, Modernœud entend supprimer jusqu'à l'idée même de piédestal. Ce qui ne l'empêche pas de jouer son rôle de roucoulant citoyen en allant, dès que faire se peut, se percher en foule sur les rares statues restantes afin d'y fienter tout à son aise.

dimanche 21 novembre 2010

Max Havelaar ou le Hollandais naviguant – notes

Un roman dont le personnage éponyme, cent ans plus tard, saute à pieds joints dans le monde réel pour y devenir l'emblème d'une réalité nouvelle et ô combien concrète, ce n'est pas si fréquent – C'est pourtant le sort dévolu à Max Havelaar. Lequel, dans un livre de 380 pages, n'apparaît pas avant la 104e.

Réussir à survivre à un nom de plume aussi pathétique que Multatuli (Multa tuli : j'ai beaucoup souffert...), il y fallait tout le génie d'Eduard Douwes Dekker, écrivain contemporain de Flaubert.

Max Havelaar est écrit d'un bout à l'autre à la première personne, mais ce n'est pas toujours le même narrateur qui parle. Et ce n'est jamais Havelaar lui-même.

Les quatre premiers chapitres sont vus par le courtier en café Droogstoppel, le bourgeois hollandais dans toute l'horrible drôlerie de ses déficiences morales et intellectuelles : étriqué, cupide, papelard, inculte, matois, lâche, pontifiant et bête, il pourrait sortir d'un roman de Dickens. Ses charges contre la poésie et le théâtre, les arguments qu'il produits à leur encontre sont d'une irrésistible bouffonnerie. Il dit aussi (page 58) : « J'en arrivais à la conclusion de plus en nette qu'il faut être courtier en café pour savoir avec exactitude ce qui se passe dans le monde. » Bref, Droogstoppel a un grain.

L'art de la digression à la fois saugrenue et docte vient de Sterne. D'ailleurs, le jeune Allemand à qui Droogstoppel demande d'écrire son livre à sa place (par prudence...), livre qui doit se baser sur le récit à venir des tribulations indonésiennes d'Havelaar, ce “nègre” s'appelle Stern.

Il y a dans ce roman de la hargne et de la grandeur, de la cocasserie et du romantisme, un éclatement des styles et une unité profonde.

Je laisse de côté pour le moment le ressort principal, la dénonciation rageuse de l'oppression hollandaise sur les Javanais, car j'aborde tout juste cette partie “exotique” de l'œuvre.

Multatuli est un satiriste éblouissant doublé d'un moraliste soupe-au lait.

samedi 20 novembre 2010

De la gauche, de la droite et de Marie-Thérèse...

Au cas où il vous aurait échappé, je vous signale l'excellent billet publié hier par Marie-Thérèse Bouchard – dont le patronyme dévoilé est infiniment plus séduisant et “engendreur de rêves” que celui de son avatar...

vendredi 19 novembre 2010

Le boulet de ce canon n'est pas passé loin

À André, qui comprendra...

On ne se méfie jamais assez de Jean-Paul Lancelot. Notamment l'Irremplaçable et moi qui, si l'on vivait encore sous l'autorité de ses Institutiones iuris canonici, publiés à Venise en 1563, n'aurions pu nous marier religieusement – comme nous l'avons fait le 23 octobre dernier, je le rappelle pour les distraits, ainsi que pour M. Fredi Maque qui n'est jamais au courant de rien.

En effet, lorsque Jean-Jacques, le premier mari de Catherine (qui l'était toujours aux yeux de l'Église), a défunté, elle et moi vivions déjà ensemble ; elle était donc en état d'adultère. Or, ce bon Lancellotti (rendons-lui son nom de Ritalalacon) est formel : devenue veuve, Catherine pouvait en effet se remarier, mais en aucun cas avec moi. Notre professeur des deux droits à l'Université de Pérouse examine pourtant trois possibilités.

1) Catherine aurait pu m'épouser, si elle et moi n'avions rien tenté pour nous débarrasser de Jean-Jacques (ce qui est le cas, je le jure solennellement) et si nous n'avions échangé aucun consentement : c'est là que le bât blesse, puisque, mariés civilement, consentements il y avait bien eu.

2) Nous aurions également pu nous marier par échange de consentements, à condition de ne pas consommer le dit mariage avant la mort du titulaire : caramba, encore raté...

3) Si Catherine avait essayé de (et réussi à) me prendre pour un con en me cachant l'existence de mon prédécesseur afin de se faire épouser, ce mariage serait devenu valable après la disparition du premier impétrant. Manque de chance, j'étais au courant.

Comme on peut voir, le XVIe siècle, c'était pas dimanche tous les jours.

Tristesse méridienne dans les immensités sonores

Certains n'ont peut-être pas suivi, ou bien se sont empressés d'oublier – donc, rappel : le digne hebdomadaire qui me permet de survivre a déménagé, passant du petit immeuble nommé Oméga, et sis rue Thierry-Le Luron, au vaisseau amiral du groupe Lagardère, appelé Europa et campant à l'embouchure de la rue Anatole-France, ce qui est déjà un progrès (je parle des rues). Le déplacement est d'environ quatre-vingts mètres, au jugé.

Seulement, il y a des dégâts collatéraux, comme j'ai pu m'en rendre compte hier en allant prendre ma place de lecteur méridien dans les canapés de cet immeuble-ci. Rien à dire sur les sièges eux-mêmes, qui sont confortables et présentent en outre l'avantage d'être situés en léger retrait par rapport au flot des bipèdes. Malheureusement, l'immeuble Europa est doté d'une sorte de hall “cathédrale” qui, s'il a été conçu comme caisse de résonance, est une magnifique réussite. Il ne faut donc plus songer à pouvoir accompagner mes lectures de telle ou telle musique iPodienne : hier, même Bruckner et Mahler ont jeté l'éponge – laquelle ne leur servait de toute façon à rien. Ma lecture s'en est trouvée gravement perturbée, et d'autant plus que fourmillaient dans ce nouveau biotope de nombreuses femelles inconnues de moi ; lesquelles, forcément, s'en trouvaient dotées d'un pouvoir de distraction presque irrésistible.

Il va donc, je le crains, falloir renoncer à l'environnement sonore de cette heure de lecture – dont je n'imagine pas comment me passer. Mais, alors, vont parvenir à mes oreilles toutes les conversations des gens qui passeront à proximité de mon salon d'exposition, ce qui n'est guère envisageable sans risque d'attaque nerveuse à plus ou moins brève échéance. Que faire ? Quelle solution ?

En réalité, il n'y en a qu'une, idéale mais posant toute une série de problèmes, annexes certes mais irritants : la retraite anticipée.

jeudi 18 novembre 2010

Le blanc, le noir, la baleine, la race et le gentil dauphin

Contrairement à certaines rues, la plupart des mots n'a jamais eu un sens unique, en tout cas cela ne devrait pas être. C'est pourtant bien une tendance qui me semble à l'œuvre en notre époque, principalement sous l'influence non de la science elle-même mais du pouvoir qu'elle a pris sur les cerveaux chancelants. Chaque énoncé plus ou moins scientifique dans son allure prend aussitôt la force d'un diktat, et de cette puissance les mots sont victimes comme le reste, devenant univoques et monocolores quand qu'ils étaient chatoyants et multiples. Dès qu'un mot entre dans le champ magnétique de la science, le sens qu'il y prend tend à éliminer tous les autres, à les frapper officiellement d'obsolescence ; même si, en fait, souterrainement pour ainsi dire, ses autres significations, anciennes et éprouvées, restent en vigueur, mais contraintes de se faire discrètes, de marcher sur les bas-côtés du progrès. Prenons trois exemples.

1) À l'époque de Jonas, la baleine était un poisson – c'était même le plus gros d'entre eux, capable de se bouloter un petit prophète en un seul morceau –, le gentil dauphin aussi. Rien de plus logique, puisqu'ils naissaient, vivaient, se nourrissaient, se reproduisaient et mouraient à l'intérieur des océans. Puis les savants sont venus et, le poumon faisant preuve, ont décrété que ces poissons devenaient des mammifères. Depuis, si vous avez le malheur de dire “poisson” en évoquant le dauphin, vous vous faites foutre de votre gueule par tous les demi-connaissants alentour. Or, si la baleine et le dauphin sont indubitablement des mammifères au sens des naturalistes, ils n'en restent pas moins des poissons dans l'ordre de l'imaginaire, lequel à autant droit de cité que l'autre, pourrait même faire valoir son ancienneté et sa plus profonde imprégnation. Faites l'expérience, réunissez cent personnes et demandez-leur de penser à un mammifère. Si leurs pensées pouvaient être projetées sur écran, on verrait apparaître divers animaux à poils, nantis de quatre pattes, gentiment assis au pied d'un arbre à l'orée d'une forêt, ou à la rigueur couchés dans la niche de la cour, mais je prends les paris que pas un dauphin ni pas une baleine.

2) Amusez-vous à parler de la couleur blanche ou de la couleur noire : c'est le plus sûr moyen de faire naître quelques sourires supérieurs entendus : tout le monde sait bien depuis Newton que le blanc n'est que la réunion de toutes les couleurs du spectre, et le noir une simple absence de couleur, voyons ! Sauf que non, pas tout le monde. Et même presque personne. Juste les physiciens et les desservants de leur culte. Pour tous les autres (à commencer par les peintres : allez donc dire à Soulages qu'il a consacré sa vie à une absence de couleur...), le noir a toujours été une couleur à part entière, le blanc également. Et ils le demeurent. Ce qui n'empêche pas, bien sûr, que le blanc soit aussi la réunion des couleurs du spectre : sainte Polysémie, ne laissez pas nos sens et nos esprits s'appauvrir. Du reste, petite parenthèse, ce ne sont pas les découvertes de Newton qui ont, un temps, affaibli les positions du noir et du blanc en tant que couleurs, mais l'invention de l'imprimerie : le noir et le blanc étant les deux seules teintes qui pouvaient être reproduites dans un livre imprimé, leur statut de couleurs s'en est trouvé amoindri, ils devenaient des sortes de couleurs par défaut ; impression prolongée quelques siècles plus tard par la photographie puis le cinéma. Mais sans jamais perdre leurs charges symboliques de couleurs.

3) Le troisième exemple est le plus délicat à manier : la race. Au XXe siècle, des gens qui n'avaient jamais eu la moindre existence dans les millénaires précédents, les généticiens, ont décidé que ce mot était dorénavant dépouillé de tous ses sens, de toutes ses épaisseurs de sens, pour ne plus concerner que le strict domaine qu'ils venaient de se créer, celui des chromosomes et des gènes. Modernœud s'est engouffré comme un seul zombi scientiste dans cette brèche, ne se contentant pas de prescrire ce sens désormais unique, mais rayant tous les autres et flétrissant ceux qui s'obstineraient, par une sorte de fidélité langagière, de nostalgie d'un vocabulaire ondoyant et divers, à les employer encore. Moyennant quoi, tout le monde continue de se rendre compte, à l'œil nu, que les races s'obstinent à exister au sein de l'espèce humaine, à se foutre qu'il ne s'agisse pas de races pures, et même à trouver tout à fait normal que ce mot serve aussi à nommer des choses n'ayant rien à voir avec la race des scientifiques. Ainsi Bernanos lorsqu'il parle des enfants de sa race pour désigner les petits écoliers de l'Artois, ou Brassens qui, dans une chanson évoque La race des chauvins, des porteurs de cocarde : l'un comme l'autre, il me semble, doivent bien se douter qu'un gamin d'Arras ou un nationaliste va-t'en-guerre ont le même patrimoine génétique qu'un collégien de Toulouse ou qu'un “citoyen du monde”. Et quel Parisien n'a pas un jour pensé, après vingt minutes de poireautage nocturne sous la pluie, que les chauffeurs de taxi étaient vraiment une sale race ?

On devrait pouvoir facilement trouver d'autres exemples, mais je ne veux pas lasser l'auditoire : les lecteurs de blogs ne sont pas une race patiente.

mercredi 17 novembre 2010

L'incroyable toupet de ces mots ricaneurs

Grosso modo, les mots peuvent être classées en trois catégoriques, dont les deux premières au moins seront je pense admises par tout le monde. Il y a d'abord les mots dont on comprend immédiatement ce qu'ils signifient – même si on serait souvent bien en peine d'en donner une définition claire et simple –, parce qu'on les voit régulièrement repasser devant nos yeux ou nos oreilles, qu'on les utilise soi-même, etc. Viennent ensuite les mots dont on ignore totalement la signification, soit parce qu'ils sont très compliqués, soit parce qu'on ne les a encore jamais vus et qu'ils ne se laissent pas déduire du contexte dans lequel ils viennent d'apparaître, soit un peu de ces deux causes. Enfin arrivent, en tout cas pour moi, les mots ricaneurs, qui vous ont déjà valu le superbe alexandrin avec césure à l'hémistiche du titre de ce billet.

Les irritants vocables que j'ai baptisés de cette manière sont ceux qui refusent de s'imprimer dans la mémoire ; qui, chaque fois qu'ils apparaissent au détour d'un paragraphe (le mot ricaneur est essentiellement un mot lu), semblent vous regarder droit dans les yeux avec un petit sourire d'une féroce ironie, voire sauter hors de la page pour un magistral pied-de-nez. Ils vous obligent alors à vous lever et à empoigner le dictionnaire afin d'aller pour la dixième ou trentième fois vous enquérir de leur définition – sachant que, à la prochaine occurrence, la onzième ou la trente-et-unième, il vous faudra recommencer à subir le même ricanement et un nouveau déplacement vers l'étagère à dictionnaires.

Ces mots ricaneurs, en ce qui me concerne, doivent représenter quelques dizaines, à première et grossière évaluation, mais il ne m'en revient pour le moment qu'une petite poignée, que je vous livre telle quelle :

Idiosyncrasie, subsumer, inchoatif, heuristique, et même cette bonne vieille philologie dont je ne suis jamais capable de me rappeler ce qu'elle peut bien avoir comme champ d'étude. C'est parfois dur, la vie de bulot.

L'Afrique noire est-elle maudite ?

Un article paru dans Le Monde, signé par Philippe Bernard :

Pourquoi l'Afrique reste-t-elle la lanterne rouge du monde ? Peut-elle s'en sortir ? Parmi les ouvrages publiés à l'occasion du cinquantenaire des indépendances, celui de l'écrivain malien Moussa Konaté livre la profession de foi limpide, profonde et courageuse d'un Africain amoureux de son continent, loin des essais et romans exploitant la peur suscitée dans les pays riches par les catastrophes africaines.

S'il a délaissé les polars dont il régale régulièrement ses lecteurs, c'est qu'il y a urgence à parer au "désastre annoncé". Il s'agit non seulement de déconstruire les clichés occidentaux, mais surtout de porter la plume dans la plaie, en pointant la part africaine des responsabilités. La force du constat, dénué de toute haine de soi, est fracassante : l'Afrique est malade d'une culture qui dévoie l'idée de solidarité pour en faire un terrible moyen d'asservissement et un puissant facteur d'inertie.

En Afrique, tout repose sur "un pacte entre l'individu et la société basé sur la soumission à la famille auquel tout est subordonné, même l'amour", constate-t-il. Les conséquences en sont désastreuses. Derrière l'apparente convivialité, la soumission au groupe favorise le parasitisme, la corruption et la tyrannie, au détriment du travail.

Le poids de la famille engendre une difficulté à s'isoler qui freine la lecture et l'étude, favorise la médiocrité intellectuelle. L'obligation de verser ses revenus, même maigres, dans le "tonneau sans fond de la solidarité" entrave l'épargne, l'initiative et donc le développement. Les frontières de caste perpétuent les privilèges.

Moussa Konaté se montre percutant dans son analyse des rapports entre hommes et femmes africains. La famille polygame ? Un "lieu de confiscation" de la parole et de la pensée de l'individu, une "torture psychologique infligée non seulement à la femme mais à l'enfant". L'excision ? Une "ablation du désir", un "viol de la personnalité" perpétuant la toute-puissance masculine et le confinement de la femme dans un rôle de gardienne des traditions.

Le réquisitoire est d'autant plus implacable qu'il n'assène pas des slogans destinés à réconforter des Occidentaux en proie à la culpabilité postcoloniale, mais procède d'analyses minutieuses.

Si les Africains sont ainsi enfermés dans un mode de vie qui est "une prison pour l'esprit", explique Moussa Konaté, c'est qu'ils se sont défendus de l'agression de la colonisation en se repliant sur des cultures traditionnelles magnifiées, tout en admirant le savoir des Blancs. D'où un complexe d'infériorité et une amertume persistante.

"Renouveau humaniste"

Pour sortir de cette schizophrénie, les Africains doivent "reconnaître leurs torts", à commencer par le rôle de certains de leurs chefs dans le commerce des esclaves. Sans se renier, ils doivent "réformer d'urgence leur modèle de société". Libérer l'individu, interdire la polygamie et les mutilations sexuelles, instaurer l'école obligatoire et la transparence des revenus des dirigeants...

L'ambition est immense et à contre-courant des forces dominantes - notamment religieuses et politiques - à l'oeuvre sur le continent. Moussa Konaté montre néanmoins la voie du "renouveau humaniste" dont les Africains pourraient donner l'exemple au monde en prouvant "que l'homme n'est pas condamné à choisir entre le développement et la solidarité".


L'AFRIQUE NOIRE EST-ELLE MAUDITE ? de Moussa Konaté. Fayard, 240 p., 16,50 €.

mardi 16 novembre 2010

Didier Goux, unique au monde


Voyez comment sont les gens : hier, je me fendais d'un petit billet sans texte, juste pour établir un lien vers l'étable de mes bêtes à cornes d'élection, dans le seul but humaniste de leur apporter un peu de cette audience à laquelle ils aspirent tant et qui leur fait souvent défaut. C'est mon côté écologiste : je suis pour la sauvegarde des espèces en voie d'obsolescence et la conservation des vieilles idées ossifiées datant (le carbone 14 est formel sur ce point) au minimum des années vingt de l'autre siècle – donc, j'y participe à mon humble niveau, en diffusant autant que faire se peut.

J'en fus bien récompensé : loin de se montrer reconnaissante, la bétaillère s'est agitée jusques au soir, chacun et chacune ayant à cœur de me décocher de ces petites flèches-ventouses, ces débouche-chiottes miniatures qu'ils semblent tout particulièrement affectionner – j'en avais encore une collé au front ce matin en m'éveillant, c'est dire. Ce n'est pas que je l'avais oubliée, c'est plutôt que je l'ai conservée précieusement. Car, hier, ne sachant plus dans quelle direction meugler, l'un d'eux (ou l'une d'elles, je ne sais plus) a trouvé un angle d'attaque inédit et réjouissant : catho intégriste, voilà ce que je suis soudain devenu (après avoir été, comme presque tout le monde, facho, nazi, homophobe, islamo-la même chose, etc. : la routine). Qu'on juge de ma surprise ravie : la minute précédente, j'étais encore un quinquagénaire tout ce qu'il a de plus ordinaire, presque sans visage et gris muraille, et voilà que je devenais un exemplaire d'humanité absolument unique au monde : LE catholique intégriste non croyant. Ne cherchez pas, il n'y en a pas d'autres. Juste moi.

Une promotion tout de même extraordinaire et fulgurante, d'autant plus extraordinaire si l'on veut bien songer qu'elle fut obtenue par un simple billet dans lequel je ne disais strictement rien. Qui fera mieux ?

Ça, un trou noir ? Mon œil !


Discussion s'est amorcée et quelque peu développée, hier, entre Duga, Antoine et moi – moi un peu moins car j'avais école (du crime) –, à propos de Dieu, de la science, du Big Bang et autres menus petits détails constituant la vie quotidienne de l'humanité souffrante. Le tout à la suite de mon billet écrit à partir du livre de Paul Veyne, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?. Une fois de plus la religion s'est trouvée opposée à la science, en des termes qui m'ont paru un peu trop simplistes et radicaux ; radicaux parce que simplistes ou peut-être l'inverse. J'ajoute une nouvelle pièce au dossier, tirée du même ouvrage de Veyne (Points-essais, p. 125) :

« Si l'on y réfléchit un instant, l'idée que la vérité n'existe pas n'est pas plus paradoxale ou paralysante que celle d'une vérité scientifique qui est perpétuellement provisoire et sera falsifiée demain. Le mythe de la science nous impressionne ; la science ne retrouve pas des vérités, mathématisables ou formalisables, elle découvre des faits inconnus que l'on peut gloser de mille manières ; découvrir une particule subatomique, une recette technique qui réussit ou la molécule de l'ADN, cela n'a rien de plus sublime que de découvrir les infusoires, le cap de Bonne-Espérance, le Nouveau Monde ou l'anatomie d'un organe. Ou la civilisation sumérienne. Les sciences ne sont pas plus sérieuses que les lettres et, puisqu'en histoire les faits ne sont pas séparables d'une interprétation et qu'on peut imaginer toutes les interprétations que l'on veut, il doit en être de même dans les sciences exactes. »

lundi 15 novembre 2010

Remaniement chez mes voisins et mise au jour d'une stigmatisation

Ça déménage au Plessis-Hébert. Après la vieille dame de droite (notion toute topographique), ce sont les voisins de gauche qui nous quittent, ceux dont le verger vient mourir contre notre haie. L'Irremplaçable a déjà mené son enquête : on va récupérer un couple, dont la femme est professeur "de ch'sais pas quoi” (dixit Irrempe) et dont le plus jeune des enfants a trois ans (mais le nombre total d'héritiers reste pour le moment inconnu – la tension et le suspense sont à leur comble). Mais ce n'est pas du tout ce que je voulais dire.

Ce matin – et c'est comme ça que nous avons su –, un énorme camion s'est donc présenté par le siège devant le portail des voisins en question. Et, aussitôt, quatre ou cinq hommes vêtus de rouge se sont mis en action. Je dis bien quatre ou cinq hommes. Car, soudain, je me suis avisé que de ma vie, pourtant fertile en déménagements de toute espèce, je n'avais encore jamais vu une déménageuse – ou déménageure, en français jospino-modernœud. Mais le plus étrange est que je n'ai jamais non plus entendu aucune officine féministe se scandaliser de ce manquement flagrant à notre sainte parité. Comme si, mais je ne peux me résoudre à y croire, nos passionarias citoyennes avaient renoncé à prendre d'assaut cet ultime bastion de pue-la-sueur à gros bras, ce qui serait d'une grande tristesse.

À moins qu'elles n'aient pas encore perçu toute la joie, le bonheur, le potentiel de réalisation de soi qu'il y a à monter et descendre des escaliers du matin au soir, avec des armoires normandes sur le dos. Mes sœurs-en-lutte, il serait temps d'ouvrir vos jolis yeux et de partir à l'assaut de cette Bastille-là. Je compte sur vous.

Les bisounours du Hamas sont à l'honneur


Très mignon et très méritoire exercice de propagande antijuive et pro-Hamas, ici.

(Comme d'habitude, ne manquez pas les commentaires, qui s'annoncent grandioses.)

dimanche 14 novembre 2010

Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?

Le petit livre de Paul Veyne portant ce titre est en tous points passionnant. J'aurais également eu tendance à le qualifier de dérangeant si ce mot n'avait été à ce point et aussi bassement prostitué par Modernœud et sa troupe de cirque.

Parvenu à la moitié de l'ouvrage, le lecteur comprend déjà que la réponse à la question posée sera in fine quelque chose comme : oui et non. Ou bien encore : oui, mais pas comme nous l'entendrions. En tout cas, il sent bien que ce ne sera ni un oui massif ni un non univoque.

Car ce qui excite dès l'abord les papilles cérébrales, dans ce livre, c'est le problème des vérités concurrentielles et de leur faculté de cohabiter dans un même espace physique, historique et mental : on peut croire aux mythes ET savoir qu'ils relèvent du merveilleux, en tout cas pour partie. On peut tenir pour avérée l'existence d'Ulysse ET savoir qu'aucun humain, jamais, n'a rencontré de cyclopes. Veyne donne en exemple cette peuplade de l'Éthiopie (dont le nom m'échappe, et je manque de courage pour tourner les pages à rebours) qui tenait pour assuré que le léopard était un vrai chrétien et que, à ce titre, il respectait les jours de jeûne prescrits par l'église copte, soit les mardis et vendredis ; cela n'empêchait nullement les gardiens, ces mêmes jours, de protéger et surveiller leurs troupeaux exactement comme durant le reste de la semaine. Parce qu'ils savaient que le léopard était chrétien, mais il savaient aussi, en même temps et sur un autre plan, qu'il pouvait néanmoins décider de se tortorer un agneau.

La cohabitation pacifique (mais pas toujours...) de ces vérités “concurrentes” est difficile à concevoir pour un entendement formaté au modernisme. Pourtant, il ne me semble pas que nous soyons totalement détachés de ce mode de pensée. Après tout, un chrétien tenant pour assurées l'existence de Dieu, la vie éternelle, la résurrection des corps, n'en aura pas moins, face à l'idée de sa propre mort, de celles de ses parents, enfants, amis, etc., une attitude très semblable à celle de l'athée en acier trempé : les deux vérités coexistent, celle de la vie éternelle et celle de la disparition irrémédiable.

J'entends mon athée qui commence à ricaner, lui qui, tout dégoulinant d'esprit scientiste, se croit indemne de ces momeries. Pour lui, pas de Dieu, pas de création du monde, pas de repos le septième jour, etc. Mais il croit dur comme fer qu'un jour, il y a quinze milliards d'années, un point d'une énergie et d'une densité infinies a explosé, donnant naissance au temps, à l'espace, à l'univers. D'un côté : un univers créé ; de l'autre : une absence de créateur – les deux vérités cohabitent sans problème.

Restons un instant sur ce fameux Big Bang, d'ailleurs. Qu'est-ce donc que ce noyau initial d'où tout est sorti ? Que signifie une énergie et une densité infinies ? Et ce noyau, où était-il puisqu'il n'y avait rien ? On voit bien que la théorie du Big Bang est totalement absurde (je n'ai pas dit fausse, j'ai dit absurde...) et que, logiquement, personne n'aurait dû y accorder le moindre crédit, hormis deux ou trois paysans attardés s'il restaient des paysans attardés au milieu de tous nos exploitants agricoles. Or, tout le monde y croit très facilement, sans la moindre preuve bien entendu, uniquement parce que la théorie a été proférée par nos producteurs de vérité les moins discutables : les scientifiques. À partir du moment où la source ne saurait être remise en cause, tout ce qu'elle charrie devient vérité, mais une vérité qui ne chasse pas les anciennes, qui prend place parmi elles. C'est ainsi que Modernœud peut révérer le Big Bang tout en continuant de dauber sur Dieu et sa création, sans percevoir là la moindre contradiction.

Alors que, tout de même, ce point d'énergie infinie qui, en explosant, en se révélant, crée à la fois l'espace, la matière et le temps...

Nous nous sommes un peu éloignés de Paul Veyne, de ses Grecs et de leurs mythes, pour le coup – mais c'est que l'univers est bien vaste et le temps incertain. On tâchera d'y revenir, une fois la lecture achevée, si on a l'impression d'y avoir compris quelque chose.

samedi 13 novembre 2010

Sont-ce vraiment les violents qui l'emportent ?

C'était donc aujourd'hui la Journée de la gentillesse. Évidemment que c'est stupide, ne vous attendez pas à ce que je prétende le contraire – mais pas davantage que la journée de la femme, celle contre le racisme, cette autre contre l'homophobie, les slips en cuir, etc. : le choix est large.

Ce qui m'étonne davantage, c'est de voir flétrir à longueur de blogs, aujourd'hui, la gentillesse elle-même. Qui est, de façon toute blogo-pavlovienne, assimilée à la niaiserie, souvent par des garçons et des filles qui, d'ordinaire, dès qu'ils traitent de sujets “sérieux”, sont ravagés de part en part, littéralement possédés par la plus guimauvesque des bisounourseries (également appelée : bisou-nursery).

Je tiens, moi, la gentillesse pour l'une des plus hautes qualités dont nous puissions faire preuve envers nos semblables, nos prochains. Accordée à sa sœur plus policée, la politesse, je suis presque certain qu'elle devrait être suffisante pour rendre supportable la vie en société, l'inévitable contact avec les autres hommes.

Je viens de passer l'essentiel de la journée au milieu d'une dizaine de personnes, certaines déjà connues de moi et d'autres non ; je vous assure que tout le monde s'est montré parfaitement gentil d'un bout à l'autre de ce temps commun, sans que l'esprit le plus chagrin puisse déceler dans cette assemblée le moindre commencement de niaiserie ( je sais : on ne peut jamais être tout à fait sûr...).

Et il me semble enfin que la gentillesse (mais sans doute pas à elle seule) pourrait être un très efficace vaccin pour combattre la maladie qui ravage Modernœud, ce mélange hautement anihilant de haine de soi et de satisfaction béate de son image.

Mais une journée, fût-elle officielle, n'y suffira pas.

vendredi 12 novembre 2010

Les envoûtants secrets de ma shadow blogroll


Car j'en ai une, comme à peu près tout le monde, supposé-je. D'un côté, il y a les blogs que l'on affiche, où l'on n'a pas peur de se montrer et que l'on peut même recommander chaudement au chaland qui traîne : c'est la blogroll. Et puis, il y a les autres : la mère qui n'dit rien ou bien n'importe quoi... Pardon, un instant de faiblesse. Les autres, donc, ceux dont on conserve l'adresse, que l'on visite, parfois quotidiennement mais qu'on ne tient pas trop à afficher pour des raisons diverses. Ces blogs ressemblent un peu à des charentaises : on est très bien dedans mais pas question de sortir avec (certaines femmes sont également comme cela...) : c'est la shadow blogroll. Qu'y a-t-il dans la mienne et pourquoi ?

D'abord quelques blogs dont le président-fondateur, pour des raisons qui lui appartiennent, m'a fait savoir qu'il ne souhaitait pas voir débarquer n'importe qui chez lui et qu'il se passait très bien de publicité. Ceux-là, je ne vous dirai pas leurs noms, puisque justement...

Ensuite, il y a les blogs collectifs, ceux sur lesquels les billets arrivent en rafale. Ceux-là, si on les met dans la blogroll classique, ils vont squatter les places de tête, et les petits et les sans grades vont se retrouver noyés en dessous. Or, je suis un garçon strictement égalitaire, moi. Dans cette catégorie sont rangés, chez moi, des sites comme Ilys, Causeur ou encore FDesouche et Rebelles.info.

Encore ensuite, on trouve les véritables forums : dans leur cas, la blogroll ordinaire est inadaptée car incapable de signaler les divers intervenants sur les nombreux “fils” ouverts simultanément. Il y en a deux dans ma shadow blogroll : le forum de la SLRC et celui de l'In-nocence.

Enfin, depuis que j'ai détruit mon petit asile d'aliénés, j'ai quand même récupéré en mode shadow les plus rigolos de mes ex-pensionnaires : Céleste évidemment, CSP, Mademoiselle et ses intestins, ainsi bien sûr que mes chers Ruminants.

L'avantage de la shadow blogroll est qu'on peut s'y livrer en toute impunité aux plus consternantes des gamineries. Ainsi, moi, chaque matin, lorsque j'y débarque, je souris de voir sagement rangés côte à côte FDesouche et les Ruminants. Ça me fait du bien.

Le onzième commandement de Modernœud

Hier, dans son billet du jour, l'excellent Amalrik disait que, dans nos consciences célestines, l'amour du prochain avait été perverti en amour du lointain. Il a, je crois, parfaitement raison. C'est pourquoi, à sa suite, je me permets d'enrichir un peu la formule en proposant à Modernœud le onzième commandement suivant :

Aime ton lointain comme tu te détestes toi-même.

Et n'oublie pas de passer au Super U en rentrant du boulot.

jeudi 11 novembre 2010

Le temps léger s'enfuit sans m'en apercevoir


Un an tout à l'heure a passé...



Nous sommes allés chercher Elstir le 11 novembre 2009
Il allait avoir deux mois.

Notes éparses et anecdotiques à propos de Flannery O'Connor

Plus que celle du Bien et du Mal en tant que tels, c'est la question du Mal se parant des oripeaux du Bien qui traverse toute l'œuvre de Flannery O'Connor, la sous-tend. C'est-à-dire que le démoniaque y est à l'ouvrage, que la tentation est là, toujours présente, ne relâchant que très rarement son emprise. Satan est presque tout entier contenu dans ce masque que les damnés prennent pour leur visage même. Et on comprend, du coup, pourquoi Flannery O'Connor fut une lectrice passionnée et assidue de Bernanos. Ce phénomène du Mal agitant une caricature de Bien comme un montreur le fait d'une marionnette est particulièrement intense et effrayant dans la nouvelle intitulée Les Boiteux entreront les premiers, où le personnage du père ne cesse de clamer son goût du dévouement, sa passion d'aider autrui, de soulager les misères. Or, pendant que ses lèvres remuent et produisent des sons, ce qu'on voit à l'œuvre c'est sa profonde sécheresse de cœur et d'esprit, lesquels sont le plus grand obstacle à une grâce éventuelle, par la satisfaction qu'ils exposent d'eux-mêmes. Cette sécheresse brutale s'exprime clairement une fois, lorsque le père reproche à son fils de pleurer à l'évocation de sa mère, morte depuis une année à peine. "Tu as tout de même onze ans!", lui dit-il, ce ce ton de componction raisonneuse et mielleuse dont il ne parviendra jamais – sur le temps de la nouvelle – à se départir. Et l'on se doute qu'après le suicide de son fils, parti rejoindre sa maman au ciel après avoir découvert le ciel physique – et seulement lui – au travers d'un téléscope, et à moins d'une grâce dont Flannery O'Connor ne refuse jamais la possibilité, y compris pour ses “damnés”, le père continuera de se dévouer aux autres tout en restant aussi éloigné que possible de la charité.

Il faudrait bien sûr parler du troisième personnage de cette nouvelle, dont le nom m'échappe (je suis dans la Case et le livre est resté à la maison...), ce semi-voyou (délinquant, caillera...) très intelligent, que le père force à venir s'installer sous le toit familial afin qu'il le conforte dans la vision merveilleuse qu'il a de lui-même ; ce garçon toujours soumis à une tension presque inhumaine et qui, dès l'entrée du récit, proclame qu'il est damné et ira rôtir en enfer. De fait, il ressemble puissamment au diable, au Père du mensonge, au Prince de la tentation, et encore plus lorsqu'il brandit la Bible pour mieux détruire le fils. C'est lui qui va lui faire découvrir le ciel, par le téléscope, mais un ciel vide qui ne peut susciter rien d'autre que des hallucinations. De fait, l'enfant croira y découvrir sa mère et se pendra pour la rejoindre.

Dans ce Sud où nous plonge Flannery O'Connor, la religion est omniprésente. Mais, le plus souvent, privée de la charité et de la grâce, elle ne fait que se résoudre en émanations malsaines qui rendent les hommes fous, assassins, alcooliques ou prêcheurs – parfois tout ensemble.

Les nègres sont en toile de fond, aussi fous et haineux que les blancs (pas de rédemption bon marché chez Flannery O'Connor), toujours présents, circulant dans les consciences comme les termites dans une maison de bois, un remords à bas bruit, un exutoire à la violence qui ne résout jamais rien, une vision matérielle, mais niée avec rage et rancœur, du monde dévalant vers le Jugement dernier.

Les prêcheurs ne sont fous que parce qu'ils invoquent un dieu auquel ils tournent le dos ; leurs disgrâces physiques plaident contre eux, en même temps qu'elles pourraient être une occasion de rachat.

Le soleil change de forme, de couleur, de taille et de nature selon qu'on le supporte ou le contemple. Mais il est toujours là, pour qui veut bien s'en aviser : Tout ce qui s'élève converge.

Si peu d'amour au fond. Et lorsqu'il survient, il se gauchit, s'exacerbe et se dénature. Pas davantage de sexe ou à peine : l'élan vital fait défaut.

Chaque personnage, par la profondeur du regard et la puissance du verbe, est retourné comme une peau d'animal écorché et contraint de montrer son vrai visage ; lequel peut être soit brûlé soit illuminé.

mercredi 10 novembre 2010

Si on m'avait dit qu'un jour j'éprouverais de la sympathie pour M. Pagny...

Comme quoi tout peut et finit par arriver. Je ne sais s'il est très bête ou très machiavélique, mais enfin, s'il voulait faire parler de lui au moment où, si j'ai bien compris, il sort un nouveau disque, on peut dire que Florent Pagny a bien réussi son coup. Il est vrai que mettre Modernœud en grand émoi d'indignation devient d'une facilité si déconcertante que c'est désormais à la portée d'un chanteur de variété - c'est assez dire.

Pour faire se dresser l'ombre portée des chambres à gaz, désormais, il suffit donc de déclarer qu'on n'a pas très envie de voir ses enfants se mettre à parler en arabe à table, après deux ou trois trimestres passés à la moulinette de l'éduc' nat' (je ne mets plus de majuscules). Aussitôt, le tollé attendu se déclenche, le psittacisme reprend du service, la gaucholalie mouline sur toutes les fréquences.

C'est pourtant pour des raisons similaires que les chantres nantis de la mixité culturelle, du pot-au-feu social et autres bouillabaisses ethniques, prennent bien soin d'inscrire leurs propres rejetons à face pâle dans des établissements où le passage inopiné au rebeu n'est que très modérément à craindre. Du reste, M. Pagny se serait-il contenté de le faire sans le dire, il n'aurait encouru que quelques clins d'œil de connivence. Mais non, il a fallu qu'il l'ouvre, son dévidoir à chansonnettes, prenant ainsi le risque d'attirer fâcheusement l'attention des pauvres et des semi-pauvres sur le fait qu'eux n'ont absolument aucune possibilité de contourner les cloaques de l'éduc' nat', ni donc d'éviter que ça se mette à jargonner arabe autour de la soupe familiale.

Enfin, le mal n'est pas irréparable, heureusement. Sommé par toutes les officines au service de l'Ordre nouveau, on va vite entendre les piteuses excuses du pousseur de goualantes se répandre sur les ondes et s'étaler dans les colonnes. Ensuite, il suffira aux diverses propagandastaffel qui vigilent à fond les manettes de resservir deux ou trois louches de leur brouet compensatoire. Et on finira bien, dans les HLM et les pavillons, par se persuader qu'un peu d'arabe à la maison n'a jamais fait de tort à personne. Du coup, quand le Florent viendra en pousser une à la télé, on changera de chaîne. Pour bien lui montrer qui on est.

lundi 8 novembre 2010

Je fuis de partout (devise gauchiste)

Ce que j'aime, chez certains blogueurs d'extrême-truc, c'est leur gaucholalie surannée, leurs indignations sépia, leurs envolées en crinoline. On a l'impression de lire la presse de droite des années trente voire de l'Occupation. Mon ami CSP en est le plus flamboyant exemple. Il évoque assez nettement un Léon Daudet d'après méningite, un Rebatet réduit à l'état de Décombres (un Rebatet rebattu, n'aurait pas manqué d'écrire finement notre si san-antoniesque Clarky...). Ou encore un Léon Bloy rétrogradé en Léontine Vierzon. Mais on doit reconnaître qu'il plane encore dans les hautes sphères de l'esprit sitôt qu'on le compare avec ses commentateurs dévoués – de toute façon il n'en a plus d'autres depuis qu'il verrouille les commentaires façon Loubianka. Pour vous détendre, je vous propose celui-ci, anonyme comme il se doit :

On ne peut, décidément, qu'applaudir.(j'ai aussi comme une vision de troupe qui est prête a charger ces gros cons :] pas de prisonniers)

Et ouai, décidément, quand on voit sa gueule dans la video, ouai, t'as raison, il porte vraiment ce qu'il est sur sa tronche.
Les gens de droite ont vraiment ca, ils sont très marqué, vraiment.

Pas de prisonniers disais-je?
Je le re dis alors, pas de prisonniers.

Il est temps que ces sous merdes récolent ce qu'ils ont temps semer.

La rage du peuple, et elle sera implacable.


Il y a des soirs où notre malheureux Drago/Drogo de banlieue doit se sentir bien seul, à attendre comme ça la révolution mondiale...

dimanche 7 novembre 2010

Un écrivain entre à l'hôpital


À mon entrée, quand j'ai donné tous les renseignements me concernant au service d'admission, une femme aux cheveux carotte et aux lunettes assorties m'a demandé qui était mon employeur. « Je suis mon propre patron, lui ai-je dit. – Et c'est quoi au juste votre entreprise ? s'est-elle inquiétée. – Je suis écrivain », ai-je avoué. Elle s'est arrêtée de taper à la machine et, au bout d'une seconde, elle m'a lancé : « Vous êtes quoi ? – Écrivain », ai-je répété. Pendant un bon moment, elle m'a dévisagée, puis elle a dit : « Comment écrivez-vous ça ? »

(Flannery O'Connor, lettre à Maryat Lee, 22 décembre 1960.)

En prison, Dame Flannery !

Il y a quelques temps, ici même, s'amorçait un débat (Dieu, quelle horreur ! Un débat... chez moi...) sur les mérites comparés de l'inhumation et de la crémation pour les morts – car pour les vivants, c'est un autre sujet, un peu plus gore. Il apparaissait que de plus en plus de gens, et particulièrement chez les modernœuds, penchaient en faveur de la seconde option. Je ne voudrais pas refroidir leurs ardeurs pour le feu ultime, mais je me sens tenu de verser cette nouvelle pièce au dossier :

« Savez-vous ce que les entrepreneurs de pompes funèbres font des cendres des gens incinérés ? Ils les envoient aux cannibales qui n'ont qu'à ajouter de l'eau pour consommer une sorte d'“humanité instantanée”, comme le café soluble. Ma mère nous a rapporté cette histoire l'autre jour. Elle la raconte sans cesse avec un plaisir constant. »

(Flannery O'Connor, lettre à Sally et Robert Fitzgerald, 1er décembre 1957.)

Dame O'Connor ne semble pas bien se rendre compte qu'une fine plaisanterie de ce type lâchée sur les ondes de nos jours suffirait sans doute à la conduire en correctionnelle. D'un autre côté, je trouve l'idée séduisante : quelle plus belle façon de réintégrer l'Afrique, ce berceau de toute humanité, à ce qu'on nous dit ? Et en sachant en plus qu'on va lutter post mortem contre la faim dans le monde ?

C'est la fin contre la faim : belle eschatologie culinaire.

samedi 6 novembre 2010

Et ce sont les crétins qui l'emportent

Je ne peux résister au plaisir de partager avec vous ce grand moment de démence ordinaire (enfin, ordinaire...) que j'ai trouvé à la suite de ce billet, sur un blog qui semble par ailleurs attirer les tarés de toutes obédiences. Il est signé d'un certain Ali. Ou d'une certaine Ali : chez Mademoiselle S on n'est jamais sûr de rien. Voilà la chose, à laquelle je n'ai évidemment pas touché – je ne suis pas suicidaire :

Plume, si j'ai bien compris ton message car je ne connais pas exactement la loi.

Pour moi (mais est-ce que cette vision est partagée par tou-te-s les pro-choix ?), ce qui justifie la liberté d'avorter, c'est que la "potentielle mère" (je ne sais jamais quel mot employer) est toujours la mieux placée pour savoir si elle doit ou non mener à terme un grossesse, toute intervention contraire à son jugement à elle est un atteinte aux "Droits de l'Homme", avant une potentielle naissance, un embryon appartient au corps qui l'a conçu, donc aussi à la raison qui habite ce corps etc... etc...

En partant de cette idée, qu'il y ai un délai légal est une atteinte au droit fondamental de celle qui porte l'embryon. Est-ce que ce délai est "justifié" par la morale ou par des arguments médicaux ? Je l'ignore, mais pour moi ce droit devrai être exister jusqu'au terme de la grossesse, la "potentielle mère" devrait, jusqu'à la naissance, avoir le droit de décider si oui ou non, ce qu'elle porte doit entrer définitivement ou non dans le monde des humains.

Bon, mon opinion ne dépasse sans doute pas le niveau du comptoir, il y a surement des argument philosophiques un peu plus consistants, à propos de ce que l'on sait aujourd'hui sur l'individualité d'un foetus à partir d'un certain stade de développement (ce que ne savaient pas les populations primitives, l'échographie n'existant pas, ils allaient perdre les enfants malvenus dans la forêt).

L'auto-avortement est dépénalisé, c'est logique.

Mais j'ai du mal à concevoir que l'interdiction de pratiquer un avortement pour une tierce personne qui n'est pas médecin, soit une atteinte au droit des femmes. Est-ce qu'il n'y à pas un danger médical à pratiquer un avortement avec un geste technique inadéquate ?

Qu'on ne soit pas d'accord que l'Etat interdise des pratiques médicales compliquées à des non médecins est un autre problème que celui du droit des femmes, il me semble.

Pour ce qui est de la loi qui protège la vie dès le stade de l'embryon, je ne suis pas sur aussi que ce soit directement une atteinte à la liberté de choix... mais c'est un peu compliqué pour moi...


Un peu compliqué, en effet mon grand. On aura remarqué, à la fin du quatrième paragraphe, que notre brave Ali confond nos aïeux avec les parents du Petit Poucet, ce qui est ma foi très rafraîchissant, très fun.

Les grands épistoliers ne courent pas les rues

Au Père B., qui saura pourquoi...


Publiée en France sous le titre L'Habitude d'être, la correspondance de Flannery O'Connor s'annonce comme un pur régal, un chatoiement d'intelligence, d'acuité, de douleur et d'humour. Humour sans cesse présent, tour à tour ironique, saugrenu, moqueur – parfois tendre, toujours lucide. En voici deux brefs exemples, tirés de la même lettre adressée au début de 1952 (elle n'est pas datée) à ses amis Sally et Robert Fitzgerald :

« Je m'amuse beaucoup en lisant La Réforme en Angleterre de Philip Hugues. On s'y croirait. J'ai montré le livre à la bibliothécaire de l'Université pour lui conseiller de l'acheter. Parfois il arrive, par erreur, qu'un étudiant choisisse un bon livre ; mais, d'après elle, c'est plutôt rare. Ils font très attention. »


« J'ai dû aller me faire photographier comme m'en priait mon éditeur. Toutes les photos sont mauvaises. Sur celle que j'ai envoyée, on dirait que je viens de mordre ma grand-mère et que c'est un des rares plaisirs qui me restent au monde. Mais toutes les autres sont encore pires. »

À propos de ce dernier extrait, il faut se souvenir qu'à cette époque, Flannery O'Connor souffrait déjà du lupus érythémateux qui allait la tuer à 39 ans, que cette maladie lui faisait perdre ses cheveux par plaques et boursouflait son visage de manière irrégulière et imprévisible.

vendredi 5 novembre 2010

Conspuez les pères Ubu !

Réjouissant spectacle que celui offert depuis deux jours par toutes les vieilles raclures maolâtres que compte encore ce pauvre pays, qui s'égosillent d'indignation parce que Nicolas “pirkitler” Sarkozy a osé recevoir le président Hu en visite officielle. Il y a encore vingt-cinq ou trente ans, les mêmes nous vouaient mentalement au camp de rééducation par le travail quand on osait laisser sous-entendre que, peut-être, la Chine communiste n'était pas tout à fait le paradis sur terre qu'ils essayaient de nous fourguer.

Et maintenant, ces pères Ubu à bedaines barbelées, au chapeau en forme de mirador, que font-ils ? Ils vont piaillant : droit-de-l'homme ! droits-de-l'homme !, avec la mine effrayée mais gourmande d'une communiante tâtant de sa première bite. Ça ne vous fait pas rire ? Moi si.

Cela dit, nos sépulcres blanchis ont au moins le mérite de la cohérence, dans leur arthrose morale et intellectuelle : ils n'en avaient rien à foutre des Chinois lorsque ceux-ci étaient embastillés et crevaient par millions pour le simple caprice de leur idole psychopathe, ils n'en sont pas davantage préoccupés aujourd'hui. En un sens ils ont raison : moi aussi, je m'en fous, du peuple chinois. Seulement, eux, ils manquent diablement de suite dans les idées. Car qui a braillé de République à Nation et retour pendant des décennies, en invoquant “le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes” ? Eh bien, ils disposent d'eux-mêmes, nos camarades chinois ! Ils ont un régime et ils ont l'air de s'en accommoder (sinon, ils s'en débarrasseraient, non ?). En plus, c'est un régime communiste ! Alors ? De quoi elles se plaignent, nos momies pékinophiles rescapées des temps héroïques ? Non, vraiment, je ne les comprends pas.

Certains jours, j'en arrive à me demander si nos amis maos, ex, présents ou à venir (et ne comptez pas sur moi pour donner des noms ou faire des liens...), ne seraient pas tout simplement de consternants imbéciles.

jeudi 4 novembre 2010

Qu'est-ce que la gaucholalie ?

On le devinera aisément je pense, en lisant la définition petit-robertienne d'un mot très voisin du nôtre, la glossolalie : Langage personnel de certains malades mentaux constitué de néologismes organisés selon une syntaxe rudimentaire.

Je fais dès à présent tomber gaucholalie dans le domaine public : qui le trouve à son goût s'en saisisse...

L'Énigme Amphitryon 38


Ce matin – certes encore mal éveillé –, à la scène 1 de l'acte III d'Amphitryon 38, je tombe sur cette réplique du trompette (rôle qui, par parenthèse, fut créé en 1929 par Michel Simon) s'adressant à Ecclissé, nourrice d'Alcmène :

Madame, des rumeurs assez fâcheuses circulent dans Thèbes sur votre maîtresse et sur vous. On dit que par enfantillage ou par coquetterie, Alcmène affecte de ne pas apprécier la faveur de Jupiter, et qu'elle ne songe à rien moins qu'à empêcher le libérateur de venir au monde.

La construction de la phrase telle que je l'ai soulignée semble indiquer qu'Alcmène ne tient pas du tout à empêcher le libérateur de venir au monde (qui est, soit dit en passant, Hercule, mais ce n'est pas notre sujet). Or, c'est précisément le contraire de ce que le trompette – et donc l'auteur – entend nous dire.

Il me paraît presque impossible que Giraudoux ait commis une telle bévue de langage, un contresens aussi grossier, digne d'un blogueur de base. Pourtant, la bourde est bel et bien là. S'agirait-il d'une faute de l'édition que j'ai (Livre de poche) ? Car il n'y manque qu'un petit “de” pour que le sens véritable soit rétabli : « ... ne songe à rien de moins qu'à empêcher » serait parfaitement conforme à ce que veut dire le trompette.

Si quelqu'un, d'aventure, possède une autre édition de la pièce, il serait bien aimable d'aller y vérifier le passage litigieux et de me communiquer le fruit de sa recherche...

mercredi 3 novembre 2010

Modernœud moi-même, eh !

Il y a quelques minutes, déposant une nouvelle perle – et de la plus belle eau – dans le berceau de mon dernier-né, je me disais que cette taverne fraîchement ouverte atteindrait à la consécration suprême le jour où l'un de mes lecteurs me ferait parvenir par mail une phrase particulièrement grotesque, qu'il aurait tirée de mon propre blog. Autarcie parfaite.

mardi 2 novembre 2010

Modernœud et le péché originel

Parmi tous les récits, préceptes, lois et interdits dont foisonne la Bible, il en est un qui a le don d'exaspérer les fureurs de Modernœud, et c'est bien sûr le péché originel. Comment ? Parce qu'Adam et Ève, nos hypothétiques ancêtres communs, ont commis un péché majeur, et ont été condamnés à mort pour cela, nous devrions tous être marqués de la même tache de naissance et subir une peine identique ? Inacceptable ! Inique ! Et Modernœud d'en tirer une implacable et fière condamnation de la religion dans son ensemble.

Là-dessus, il se détourne du texte sacré, dont il pense s'être affranchi une bonne fois, et vaque à ses occupations. Lesquelles consistent à s'en aller à genoux jusqu'à Ouagadougou pour implorer qu'on veuille bien lui pardonner l'imprescriptible crime d'esclavage dont l'Occident s'est rendu coupable envers l'Afrique. Par là, acceptant comme une fatalité d'endosser les crimes de ses pères, il réactive la notion de péché originel, malgré qu'il en ait.

Car que prétend-il, Modernœud, ce faisant ? Que le drame de la faute commise par les esclavagistes est devenu pour leurs descendants un état, une condition : le crime était si grave qu'il a engendré une dégradation de nature, laquelle ne peut ensuite que se transmettre par la génération. Or, saint Augustin ne dit pas autre chose à propos du péché originel, allant jusqu'à parler de “nature séminale”.

Modernœud, dans son élan, ne s'arrête pas là. Du même mouvement, en exonérant systématiquement les Africains de toute faute, ou du moins de toute responsabilité dans leurs fautes, il ajoute au péché originel une nouvelle notion que l'on pourrait appeler innocence originelle, laquelle aurait sans doute beaucoup surpris saint Augustin.

D'où une nouvelle contradiction, que Modernœud préfère ignorer – après tout, il n'en est pas à une ignorance près : comment concilier ces nouveaux péché et innocence originels avec son propre dogme intangible qui veut que l'homme, l'individu, soit l'alpha et l'oméga de toute humanité, et que chacun soit de ce fait rigoureusement équivalent à son voisin (on ne dit plus : à son prochain, c'est mal...). Pour y parvenir, pour tenter d'y parvenir, il devrait de nouveau faire appel à saint Augustin, pour qui la nature humaine est bonne (puisque créée par Dieu), mais qu'elle est viciée par la volonté humaine, laquelle est mauvaise. Ainsi pourrait-il ranger l'homme blanc du côté de la volonté, et tous les autres de celui de la nature : le tour serait joué.

En bref, revivifier le péché originel en s'appuyant sur saint Augustin et ses discriminations, c'est en gros ce que Modernœud fait, mais il vaut mieux ne pas le lui dire trop nettement : ce serait prendre le risque de désespérer Disneyland.

Nos z'amis les zombis


Avant toute chose, faisons taire les langues vipérines : la photo ci-dessus n'a pas été prise à la sortie de l'église de Pacy-sur-Eure le 23 octobre dernier.

Depuis vingt ans que nous vivons ensemble, j'ai fait découvrir plusieurs choses à l'Irremplaçable, et la réciproque est vraie aussi. Mais ce dont je suis et resterai le plus fier est peut-être de l'avoir fait entrer dans la grande famille des morts-vivants, à laquelle, jusqu'à une date assez récente, elle répugnait quelque peu à se frotter. Pour ce qui me regarde, j'ai toujours eu une grande tendresse pour les zombis, les trouvant attendrissants, propres à susciter ce type de compassion qui résulte d'un grand élan de pitié. Car la vie de nos frères zombis est tout sauf une partie de plaisir, sans même parler des calomnies et de l'ostracisme dont ils sont l'objet, des regards chargés de rejet et de haine qu'ils doivent subir chaque jour de leur pauvre vie de morts.

Mais avant de poursuivre, une précision qui a son importance : je n'accorde qu'un intérêt vague et tout juste poli à ces zombis modernes, anglais le plus souvent, qui courent comme des lapins et vous prennent d'impeccables virages de coins de rues sur les chapeaux de semelle. Non, je reste de l'école Romero, celle de ces gros balourds un peu risibles avec leurs déhanchements de marionnettes maniées par un parkinsonien sous acide – et qui ne pressent le pas sous aucun prétexte : on sent bien que le temps travaille pour eux.

Néanmoins, leur non-existence n'est que fort peu enviable, ainsi que je l'énonçais plus haut. Oh, certes, les débuts sont plutôt festifs, lorsque les premiers exemplaires sortent tout juste de leurs sépulcres ou de leurs tiroirs de morgue : il y a des vivants bien replets à tous les étages, c'est carousse, liesse et bombance, on se croirait à une rupture de ramadan. Mais rapidement, avec la multiplication des convives et la raréfaction des denrées, la disette s'installe. Vous savez ce que sont les tortures de la faim ? Les zombis le savent, eux. Et croyez-moi, devoir courir après son dîner quand on marche sur les chevilles, ce n'est pas un parcours de santé.

Quand enfin ils parviennent à mettre le moignon sur une proie, rien n'est encore gagné. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé d'entamer à dents nues un mollet de cadre commercial ou de désosser une épaule de ménagère de moins de cinquante ans, avec bien souvent les molaires qui branlent dans la gencive, mais c'est autre chose que d'engloutir un sandwich Quick, même hallal.

Avec cela que, dans notre monde qui ne supporte pas la diversité, les zombis souffrent d'une très mauvaise image, probablement du fait de leur culture gastronomique différente ; et leur seul avenir, bien souvent, s'ils s'approchent trop de la caméra, est de se prendre une balle dum-dum dans leur absence de cerveau. Vous avouerez que, pour un trépassé ayant réussi à revenir à un semblant de vie, se retrouver mort une deuxième fois doit avoir quelque chose d'un peu déprimant : le sentiment d'un sort contraire qui s'acharne, quelque chose de cet ordre. Tout cela parce que ces salauds de vivants profitent cyniquement de ce que le zombi est un grand garçon tout simple. Pas un chichiteux, un peine-à-mourir comme le vampire, à qui il faut des crucifix, des caveaux, des gousses d'ail et des pieux dans le cœur ; ou encore ce snob prétentieux de loup-garou qui ne consent pas à mourir à moins d'une balle d'argent.

Et puis alors, pour ce qui est de la vie sexuelle, bernique. Ce ne serait d'ailleurs pas prudent. C'est que les zombis ont tendance à voir leurs différents appendices se décrocher à la moindre secousse, telle une abeille son dard. Vous imaginez ces pauvres filles, qui ont déjà toutes les peines du monde à se déplacer d'ordinaire, obligées de le faire avec la moniche encore encombrée des attributs de leur dernier partenaire ? Non, mieux vaut n'y pas songer.

C'est pour toutes ces raisons que je suis heureux d'avoir pu apprendre à Catherine à les aimer, ces zombis qui ont tant à nous apporter et qui ne demandent qu'à se nourrir en paix au milieu de nous. On ne peut même pas prétendre qu'ils nous volent notre pain : ils n'en mangent pas. Alors ? Il y a quand même bien du préjugé de notre part ! Il serait tellement plus beau, tellement plus sain, tellement plus humain, au lieu de tourner le dos à l'Autre et de se mettre à courir en poussant des cris stupides, d'aller au devant de lui, à sa rencontre.

D'autant que, à l'heure des repas, ça leur ferait gagner un temps fou.

lundi 1 novembre 2010

Ah ! Quand refleuriront les roses de septembre ?


À mon humble avis, pas avant une dizaine de mois.
En attendant, voici de septembre le journal.