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mardi 16 janvier 2024

La patine des vieux blogs


 Sous l'effet d'une soudaine pulsion, étrange et probablement d'origine démoniaque, je viens de passer plus d'une heure dans les entrailles du blog de Jérôme Vallet — années 2009, 2010 et 2011 —, à parcourir ses innombrables billets, m'arrêtant à plaisir sur les quelques-uns qu'il me consacrait alors, toujours à charge bien entendu, sabre au clair et dents grinçantes. 

Ils m'amusaient à l'époque, ces raids éclairs ; ils le font encore aujourd'hui, mais d'une manière différente : les douze années qui ont passé leur ont donné une coloration nouvelle, une sorte de “poésie” dont ils étaient à l'origine dénués. Un peu, toutes proportions gardées, celles qui embellissent les vieux courts métrages du temps du cinéma muet, lorsqu'on s'attendrit devant ces hommes moustachus et ces femmes en crinoline qui se balancent des tartes à la crème avec des gestes saccadés et des mines outragées semblant tout de commande tant elles sont outrées. 

Tranquillement, sans embêter personne, le blog de Jérôme a pris de la patine, est peu à peu devenu sépia. Et peut-être que lui et moi le sommes devenus également.

vendredi 22 février 2019

Lol et contre-lol : le modernisme fait rage


Rien de plus réjouissant, ces jours derniers, que l'affaire de la “ligue du lol”, dans laquelle on voit s'empêtrer de parfaits jeunes gens modernes, journalistes de gauche, sociétaux à donf, perpétuels aides de camp-du-Bien, qui se sont livrés, voilà quelques années, à des plaisanteries de potache ciblées sur un certain nombre de jeunes femmes, entre autres, et qui se retrouvent aujourd'hui, bien entendu, accusés de “harcèlement”, quand ce n'est pas de torture morale ou de sadisme féminophobique. Il est tout de même du plus haut comique de voir que ces mauvaises blagues émanent toutes de gens qui, par ailleurs, passaient leur temps à donner à la terre entière des leçons de morale progressiste, de féminisme, de vivre-ensemble, etc.  : méchant retour du refoulé. Muray serait aux anges : c'est vraiment, comme il l'avait vu avant tout le monde, “Moderne contre moderne”. Bien entendu, depuis que l'on a découvert les traits grimaçants de la bête immonde derrière le masque de l'ange, c'est la panique dans la basse-cour progressiste, et l'on peut voir tous les specimens de volaille de concours, les Sarkofrance, les Birenbaum et  autres gallinacés de haute blogure, se bousculer pour être le premier à se désolidariser de leurs anciens petits camarades, au besoin en leur renfonçant sous l'eau la tête qu'ils parviennent déjà si peu et si mal à ressortir. Et pendant que les poules éco-responsables et citoyennes s'écharpent du bec dans leur élevage en batterie, les fiers coqs réactionnaires de plein air se contentent, dans leur pré verdoyant, de ricaner avec indulgence.

samedi 27 octobre 2018

Encore un drame de l'inculture contemporaine…


Voici le poulet qui est arrivé cette nuit dans ma boitamel :

Bonjour,

Suite à plusieurs menaces envoyées par l'auteur de GAUCHEDECOMBAT, nous cherchons à l'identifier. Vous aviez écrit le 30 septembre 2016 à 10:29 (!!):

"Je vous trouve bien cruel avec ce pauvre Adolfo Ramirez…
Pas de femme, pas de travail, un appartement lugubre dans une cité sinistre d'une petite ville pourrie : que voudriez-vous qu'il fît, à part la révolution du bout de ses petits doigts musclés ? "

Auriez-vous des informations plus précises? Adolfo Ramirez est-il son vrai nom?

Merci d'avance,

Denis

Mon cher Denis, je vais te répondre deux choses : 

1) Comment se fait-il qu'un grand garçon comme toi ne connaisse pas l'immortel Papy fait de la résistance et, à l'intérieur d'icelui, le savoureux personnage de collaborateur joué par Gérard Jugnot ? Il y a là un défaut de culture tout à fait dommageable, je t'assure.

2) Non, Adolfo Ramirez n'est donc pas le vrai nom du camarade Gauche de Combat. Le sien est beaucoup moins folklorique mais, comme je ne suis pas indicateur de police, ni délateur assermenté, contrairement à lui, je m'abstiendrai de te le communiquer.

Bon courage pour la suite de tes passionnantes recherches.

P.S. : En revanche, je dois te préciser que Didier Goux, lui, n'est pas un personnage issu de Papy fait de la résistance, mais bel et bien le gars moi-même.

samedi 15 septembre 2018

Ces sujets “tabous” dont on ne cesse de parler


Est-il vraiment nécessaire, absolument vital pour eux, que les gens de droite, ou prétendus tels, coupent dans les âneries qui servent de mantras perpétuels aux glorieuses élites de gauche – “élites” et “de gauche” devant former à leur oreille, imaginé-je, un  parfait pléonasme ? Je lis ce “chapeau”, chez les semi-analphabètes d'Atlantico (et c'est moi qui souligne) : 

Les pratiques sexuelles des Français n'ont pas nécessairement changé, mais la parole s'est libérée, notamment sur les sujets tabous tels que la sexualité des seniors ou le plaisir féminin.

Nous laisserons pour aujourd'hui de côté les orgies du troisième âge, si vous le voulez bien. Le plaisir féminin serait donc un de ces fameux “sujets tabous” qui servent plus ou moins de gargarismes à tous nos progressistes pituiteux ; une chose si énorme, tellement sombre, à ce point explosive, que seule notre courageuse époque aurait trouvé la force de l'aborder, et encore : sur le mode du chuchotis, et avec de fréquents coups d'œil par-dessus l'épaule, des fois que déboulerait la police des mœurs, surgissant des ruelles les plus obscures de la réaction cléricale.

Dans la mythologie grecque, qui remonte comme chacun sait à la plus haute Antiquité, Tirésias est un mage qui, pour avoir dérangé un couple de serpents en pleine copulation, se retrouva brusquement changé en femme. Quelques années plus tard (six ou sept, je ne sais plus trop), rejouant les perturbateurs de coït avec le même couple, il redevint finalement homme. Et c'est à ce titre que Zeus et Héra (Jupiter et Junon, pour les latinistes exclusifs) le prirent pour arbitre dans l'une de leurs olympiennes querelles de ménage. Chaque membre du binôme divin prétendait en effet que, lors de l'acte charnel, c'est l'autre sexe qui accaparait l'essentiel du plaisir. Fort de sa double expérience, Tirésias trancha sans ambiguïté en faveur de Zeus : c'étaient bien les femmes qui étaient gagnantes dans le déduit. Il précisa même que, si le plaisir global était divisé en dix morceaux, la femme en aurait neuf et l'homme un seul. Ce qu'il advint ensuite de Tirésias ne nous intéresse pas pour l'heure.

Voilà donc un “tabou” dont on s'entretient – et en haut lieu encore ! – depuis plusieurs millénaires sans désemparer. Beaucoup plus près de nous, dans le premier tome de son Histoire de la sexualité, au titre explicite (La Volonté de savoir), Michel Foucault a bien mis en lumière que, loin d'enfouir les questions sexuelles sous le boisseau, l'Occident n'avait cessé de produire des discours à leur sujet. Et il ne me faudrait pas grand temps pour montrer que, au travers de la littérature notamment, et du roman en particulier, le plaisir féminin a presque toujours eu droit de cité et d'expression.

Mais c'est l'infantilisme particulier de notre temps : lorsque les armées du Progrès décident d'enfoncer une porte depuis longtemps battante, voire tout à fait dégondée, il leur semble nécessaire de faire croire, de se faire croire, qu'il s'agit en réalité d'un pont-levis médiéval, implacablement fortifié et farouchement défendu : c'est à cela que sert ce petit mot, tabou, qui n'abuse plus qu'eux-mêmes, et encore de moins en moins. Ainsi, donc, que quelques âmes errantes et timidement droitières, qui croient encore au magistère moral de cette gauche qu'ils contemplent toujours avec les yeux de Chimène, alors même que Rodrigue n'est plus qu'un vieillard égrotant dans son fauteuil de tétraplégique. Mais ça ne fait rien : l'important est de continuer à monter au combat, afin que ne rouillent pas les estocs en plastique ni les heaumes de carton.

mercredi 30 avril 2014

Le volatile et sa basse-cour


J'aimerais tout de même comprendre ce qui peut se passer (ne pas se passer serait peut-être plus exact, maintenant que j'y songe) dans la cervelle de ces jeunes gens qui s'obstinent à me présenter comme un écrivain raté, moi qui ai dit souvent et clairement que je ne me considérais nullement comme un écrivain. Je vois bien que leur but est de me blesser, de ces fleurets épointés, mais enfin ils devraient de temps en temps se demander comment on pourrait être un écrivain raté sans être écrivain.

Bon, je me suis bien amusé tout de même, non à cause du billet, qui ne me concernait nullement et se trouvait être assez pesant, mais grâce aux commentaires dont j'ai eu les honneurs. Entre Rosaelle, en pleine rechute de palestinolâtrie, qui compare subtilement Finkielkraut à Céline, jusqu'au petit clown Bibi qui ne se remet pas de l'articulet qu'il m'a consacré voilà bien deux ans, et qui le replace à la moindre occasion, en passant par le gars DuSchmoll – les pseudonymes de tous ces gens sont un parfait révélateur de la manière dont ils se conçoivent vraiment – qui, donc, me ressert la tambouille réchauffée de l'écrivain raté, la basse-cour du camarade Cui Cui était particulièrement bien achalandée aujourd'hui.

Cui Cui lui-même est un cas intéressant, avec ses grandes protestations de modestie qui ne camouflent que très partiellement l'envie et l'aigreur qui le possèdent. Je me demande si son grand drame, au fond, c'est de ne jamais parvenir, malgré des efforts méritoires, à se rendre antipathique. Cui Cui est gentil, il le sait, et ça le rend furieux. Mais comme il est gentil, sa fureur fait long feu et ses balles à blanc vont se perdre dans le feuillage, loin au-dessus des têtes de son placide gibier.

mardi 25 mars 2014

Pas par les affaires, ou ma mère va gueuler !


La semaine dernière encore, dans le marigot de la blogauche, on nous affirmait, avec cette mâle assurance qu'ont les gens qui ne cessent de se tromper, que Nicolas Sarkozy était fini, que la multitude d'affaires lui tombant dessus ne pouvait que carboniser son avenir politique, et qu'il fallait être bien naïf ou stupide pour ne pas s'en apercevoir ou refuser d'en convenir. Trois jours plus tard, en la petite cité balnéaire et médiévale de Levallois-Perret, M. Patrick Balkany était triomphalement réélu maire dès le premier tour de scrutin.

Mais c'est pas grave, on continue à mouliner nos billets, à écouler nos petites coupures.

jeudi 16 janvier 2014

Les klaxons aphones de Karachi


S'il est une évocation qui, durant des mois et des années, a suffi à congestionner les pénis des journalistes et blogueurs de gauche, plus généralement de tous les antisarkozystes pathologiques, c'est bien celle de Julie Gayet l'affaire Karachi. On allait voir ce qu'on allait voir : les juges capes au vent et juchés sur Tornado allaient promptement enfermer l'ex-président dans un sac en toile goudronnée et le précipiter sous les acclamations du e-peuple du haut de la roche tarpéienne ; laquelle, nul Toulousain ne l'ignore, se situe à deux stations de métro du Capitole. Je ne reviendrai pas sur ce mic-mac exotique lui-même : ne m'y étant jamais intéressé une seconde, je serais incapable de dire de quoi il peut bien retourner.

En revanche, ce qui m'a fait dresser une oreille curieuse, hier et avant-hier, c'est l'annonce que ces mêmes juges, que l'on avait appelés sans relâche à la plus grande sévérité, venaient de blanchir totalement Nicolas Sarkozy dans cet imbroglio karachien. Je courbais déjà les épaules, pressentant une déferlante tsunamique de billets chez mes amis progresseux… et puis non, rien ; pas un mot, pas un bruit, on se serait cru dans la bulle de Suzanne : un silence comme seule la blogosphère est capable d'en produire un, lorsque le réel la froisse et qu'elle décide tout uniment d'aller s'indigner plus loin. Un silence que seuls troublaient un peu, si l'on tendait bien le pavillon, les chuchotis d'un micro-président, accroché à sa tribunette, et qu'on aurait dit enfoncé jusqu'aux rotules dans la moquette élyséenne. 

Dans les atlas, autour des globes et sur les mappemondes, Karachi et ses klaxons aphones venaient de disparaître.

jeudi 7 novembre 2013

Les antiracistes malades de la rage


Je suis presque sûr que, dans la vie réelle, il s'agit d'une jeune femme toute discrète, toute timide, toute gentille. Informez-la que trois imbéciles ont assimilé un ministre femelle à un primate tout aussi femelle, puis installez-la devant un clavier et connectez-la : vous allez aussitôt la voir se muer en une harpie éructante et violâtre, réclamant des procès, exigeant des châtiments, se roulant au sol avec des soubresauts de convulsionnaire parce que les juges tardent à sortir verges, fers et brodequins des armoires à sévices, les bourreaux à s'en servir – c'est très curieux à observer. Elle vous appellera avec des trémolos indignés à partir sur les voies et les chemins pour aller évangéliser vos amis et familles, les contraindre sous les foudres de votre verbe à ployer l'échine devant le nouveau dieu de notre temps d'apocalypse doucereuse. Ce qui est un peu décevant – je le lui ai dit en commentaire, mais il n'est pas sûr qu'elle le publie, ma gentille imprécatrice –, c'est qu'elle ne nous appelle pas à la dénonciation des oncles rétifs, des grands-pères récalcitrants, des cousines goguenardes : cette faiblesse pourrait bien lui être comptée à charge. Il ne faut pas trop lui en vouloir de cette distraction : perdue dans son grand rêve pénal, portée aux nues par le grand souffle des cours d'assise et des tribunaux d'exception, elle s'est laissé distraire par le cliquetis des chaînes qu'elle espère et invoque jusqu'à en oublier ce formidable levier de progressisme que l'on nomme délation. Mais elle va se ressaisir, je le sens ; il suffira de glisser un euro dans la tirelire vide qui lui sert de boîte crânienne : aussitôt, les petits rouages dentus de l'automate antiraciste se remettront à cliqueter et la bête immonde n'aura qu'à bien se tenir.


dimanche 19 mai 2013

Le ressenti, mon petit vieux, il n'y a que ça de vrai !


Lorsque l'indignation psittaciste s'allie à une faible capacité d'argumentation, on obtient parfois des résultats curieux. Le blogueur nommé Bembelly, Lyonnais d'origine africaine (je le précise car cela joue son rôle dans la bonne compréhension de ce qui va suivre), me fait l'honneur d'un très court billet, sur le mode “plus jamais ça”. L'objet de son vertueux courroux : un échange de commentaires chez Nicolas, entre le dit Nicolas et moi. À propos de l'adoption du mariage guignol, Nicolas avait écrit :

Dans 10, 20 ans…les jeunes homos n'auront plus honte de se balader main dans la main.

Trouvant son envolée plaisamment bisounoursienne, je lui réponds ceci :

C'est sûr ! D'ailleurs c'est déjà largement le cas dans toutes ces riantes cités qui entourent Paris ou bordent Marseille.

À quoi Nicolas ajoute :

Si votre dernier combat est de mettre l'homophobie sur le compte de l'immigration, je ne peux rien. J'ai bistro.

Il n'en faut pas plus pour enflammer notre bon Bembelly, qui rédige un court billet intitulé Homophobie : Riante pensée et dérapage de Didier Goux. Homophobie, dérapage : parfait, on sait que l'on vient de pénétrer dans la xylolangue (j'ai d'abord voulu tenter quelque chose avec xylophone, mais ça prêtait à confusion).  Voici le texte :

Décidément, la bêtise humaine prend des proportions obscènes. Homophobie, racisme ambiant, la récréation verbale continue... Dans le billet de Nicolas "MPT et bravo aux CC" sur la Validation du Mariage pour tous par le Conseil Constitutionnel, cette sortie de route de DidierGoux…

Là vient se placer la capture d'écran de mon court échange avec Nicolas, puis la conclusion de l'Indigné :

Bonne remarque de Jegoun car, par "riantes cités qui entourent Paris ou bordent Marseille", il faut lire "les banlieues".
Riantes cités?
Cette riante pensée de Didier Goux est à inscrire sur le mur des cons.

Pour commencer, je suis d'accord avec la punition : je préfère me retrouver sur le mur des cons que d'être affilié au syndicat de la magistrature. Sinon, je ne me serais même pas avisé de ce coup de papatte un peu balourd si Nicolas n'avait attiré mon attention sur lui. Lorsque j'arrive, les commentaires ont commencé. Bembelly, notamment, a ajouté ceci :

Ce que j’épingle (comme toi dans ton commentaire), c’est le trait facile entre banlieue et homophobie. S’ il n’a pas le courage de dénoncer les cathos et autres "casseurs de pédés", alors qu’on fiche la paix à ces riantes cités de banlieue.

Comme je suis un garçon sociable (bien qu'homophobe et dérapant), je me fends d'une petite réponse :

Je suis désolé, mais les bandes de cathos casseurs de pédés n’existent que dans vos fantasmes et vos préjugés. Alors que sont nombreux (et assez faciles à trouver si on le veut) les témoignages – évidemment anonymes – de jeunes Arabes ou noirs des banlieues, qui expliquent que, homosexuels, ils sont obligé [sic !] de quitter non seulement leur cité mais aussi la ville où elles se trouvent [re-sic !] pour pouvoir avoir des aventures amoureuses ou sexuelles. ils disent aussi vivre dans la terreur constante que leurs copains viennent à apprendre leur "différence".
Mais continuez à traquer l’homophobie chez les catholiques : c’est beaucoup plus satisfaisant pour l’esxprit [re-re-sic !] et c’est absolument sans risque.

C'est alors que je m'attire cette réponse, censée je suppose me clore le bec et que je trouve irrésistible de drôlerie involontaire :

Mes parents sont dans une riante cité de la région parisienne…
Et ne sont pas homophobes.

Donc, désormais, les jeunes habitants de ces cités pourront se promener main dans la main, et même se rouler des pelles devant le Lidl, en toute quiétude : les parents de M. Bembelly n'étant pas homophobes, ils n'ont absolument plus rien à craindre.

L'affaire ne s'arrête pas là car, un peu plus bas, un autre commentateur, David Burlot, pourtant estampillé gauchiste grand teint, se mêle de me donner plus ou moins raison, quant à l'empathie éprouvée par les jeunes-à-guillemets des banlieues vis-à-vis de l'homosexualité. Ce qui achève d'énerver notre fiston d'homophiles, dont le ton se fait abrupt :

Ce qui m’importe c’est ce que JE ressens.

Eh bien, voilà, il fallait commencer par là ! Peu importe la réalité, donc, peu importe que les catholiques n'organisent plus de ratonnades anti-homos depuis magnifique lurette, peu importe que ces mêmes homos soient en revanche traqués dans les banlieues allogènes, ainsi qu'ils le disent eux-mêmes. Ce qui compte, et qui compte seul, c'est le ressenti de M. Bembelly. Et aussi le fait que ses parents ne soient pas homophobes. Avec ça, on a bien progressé, la vérité ne devrait pas tarder à émerger du puits.

Ce que je trouve le plus amusant, c'est cette façon tout à fait décomplexée, ou plus probablement inconsciente, de faire avec un parfait naturel ce qu'on interdit à ses adversaires supposés de pratiquer eux-mêmes ; à savoir, ici, la fameuse généralisation, le très-honni amalgame.

Si, demain, une bande de quatre ou cinq jeunes-à-guillemets envoie un homosexuel – avéré ou simplement soupçonné – à l'hôpital, il faudra surtout bien se garder de la moindre allusion à une possible homophobie de ces “banlieue-là” et considérer ce déchaînement de violence haineuse comme un fait divers rigoureusement isolé et non susceptible de se reproduire, sauf par pure et très peu probable coïncidence.

Mais, de son côté, cela ne gêne absolument pas M. Bembelly de s'appuyer sur l'homophilie supposée de deux personnes (à savoir son père et sa mère) pour en conclure que les banlieues ne sont pas du tout homophobes et que dire qu'elles le sont constitue un grave “dérapage”.

On pourrait aussi bien se demander au nom de quelle mystérieuse solidarité (de classe ? Ethnique ? Géographique ? Autre ?), M. Bembelly se présente comme personnellement outragé – non seulement lui, mais ses parents, qu'il a la grossière habileté de mettre en avant, sans doute pour m'inciter au silence plus facilement – lorsque l'on fait, devant lui, une remarque critique, une allusion ironique à ce qui se passe dans les cités en question. Est-ce que, vivant dans un village normand, je monte sur mes grands chevaux (de labour) si l'on dit devant moi que les gens de la campagne sont des bouseux déculturés ? Ou que les journalistes sont des lopettes bien pensantes ? Ou que les gros ont tendance à bander mou ? Pourquoi, toujours ou presque, cette inébranlable obstination à “faire front”, quitte à défendre pour cela l'indéfendable ? 

jeudi 18 avril 2013

L'œil qui jouait au billard et l'autre qui comptait les points

Manifestation anti-mariage guignol : 1,4 million selon les organisateurs, 300 000 selon la préfecture, 553 d'après les blogueurs de gauche, pas de manifestation selon la télévision soviéto-française.

Climat étrange, et finalement assez plaisant, que celui qui règne actuellement en France. Si j'étais un “résident de l'étranger”, comme on cause désormais, je crois que j'aurais le plus grand mal à me faire une idée de ce qui se passe réellement dans mon pays. Je commencerais sans doute ma journée par aller traîner sur les blogs, et principalement du côté des progressistes, qui ont toujours eu ma coupable et honteuse préférence. J'y découvrirais une terre à feu et à sang, vivant dans la terreur (même Nicolas dit qu'il a vachement peur, c'est vous dire…) des hordes fascistes qui en quadrillent désormais les voies et les chemins ; je m'épouvanterais de ces braves militants à plume dans le fion sauvagement pendus aux réverbères par des suppôts du Grand Hitler (comme il y a un Grand Satan) aux crânes rasés ; je m'indignerais de ces ministres qui se font impitoyablement tabasser dès qu'ils franchissent le seuil de leurs palais nationaux ; je m'insurgerais contre ces harpies en tailleur qui lancent à pleine puissance leurs poussettes dans les tibias des compagnies républicaines de sécurité.

Pour confirmation de ma désespérance, je suppose que, le soir venu, je regarderais les journaux télévisés des grandes chaînes inféodées nationales. Et, là, quel soulagement, ma doué ! Rien ! Pas l'ombre d'un petit rassemblement de phobes, pas la plus petite revendication publiquement exprimée, aucune action délictueuse ni même simplement bruyante ; et les bataillons néo-nazis tout simplement évanouis dans l'air de ce printemps clair, la douceur de cet avril léger. Qui a raison, Suzon ? Qui a tort, Hector ?  Sommes-nous dans l'Allemagne des années trente ou au pays des Schtroumpfs ? Les salopes à chignon veulent-elles abattre la République ou prient-elle chaque soir pour le plein succès de notre courageux président ?

Impossible de se faire une idée claire. C'est un peu comme dans votre hypermarché ou le mien : on y trouve toujours ce que l'on est venu y chercher, à condition d'arpenter le bon rayon. La différence, dans le cas de la France, c'est qu'on sait bien qui tient le rôle de la tête de gondole.

vendredi 12 avril 2013

Parfois, le mariage pour tous rend con…


Con, mais sur le mode lyrico-pompier – ce qui est assez de circonstance. Voyez la belle envolée produite par l'ensemble cérébro-spinal d'un nouveau venu dans la blogoliste de Nicolas, à propos de la probable adoption (!) du mariage guignol par le Sénat :

Le monde nous regarde, le monde attendait de la France qu’elle mette sa loi en accord avec les valeurs que l’on trouve sur les frontons de nos bâtiments officiels et de nos écoles.

À propos de fronton, M. Hugo Baillet affiche fièrement à celui de son blog ce slogan : Oui pour l'égalité. Dans la France d'avant, la France moisie, la France sans plumes dans le cul ni oreilles de lapin sur les crânes rasés, on avait tendance à dire “oui à…”. Dans la France pré-cadavéreuse de M. Baillet, celle des léchouilles de l'arrière-scrotum, on préfère dire “oui pour…” : si ces gens-là pensent comme ils parlent, on comprend qu'on en soit arrivé où on en est.

mercredi 27 mars 2013

Permanence du fleuve



La question revient régulièrement parmi les blogueurs “politiques” : doit-on s'aventurer en territoire ennemi, c'est-à-dire aller lire les blogs de la rive d'en face, voire pactiser avec le riverain en prenant langue avec lui ? Au contraire, est-il préférable de n'en rien faire et d'ignorer totalement l'adversaire, ou au moins lui faire croire qu'on l'ignore afin de le mortifier un peu ?

Bien que faisant indubitablement partie de la première catégorie, il me semble que les deux attitudes reviennent au même, sont également négatives en termes de résultats, dans la mesure où elles auront également pour effet une radicalisation du blogueur considéré.

C'est évidemment plus immédiatement compréhensible dans le second cas : il a été établi plus ou moins scientifiquement – mais je n'ai pas le courage ni le temps de rechercher par qui – qu'à ne fréquenter que des gens partageant la même vision du monde que soi, la même idéologie, les mêmes craintes, frustrations, etc., les idées avaient mécaniquement tendance à s'extrémiser, sans même que celui qui les porte ait la possibilité de s'en aviser.

À rebours, il serait tentant de croire que fréquenter ceux qui pensent différemment (on part du principe que les blogueurs pensent : ceci n'est pas un billet réaliste, comme on voit) va permettre de relativiser ses propres pulsions idéologiques, de les tenir plus ou moins en lisière de soi. Or, il me semble qu'il n'en est rien, et même au contraire. L'exaspération que peut faire naître la lecture de théories ou de raisonnements que l'on estime ridicules voire abominables conduit souvent à vouloir rendre colère pour colère et, dans ce but, à adopter des positions qui n'étaient pas forcément les nôtres au départ mais dont on sait qu'elles seront lues “en face” et provoqueront le résultat souhaité, à savoir l'énervement, la fureur, le dégoût, etc. Bref, quoi qu'on fasse, on ne peut que s'embêtir chaque jour davantage.

La solution serait sans doute de tourner le dos à ce fleuve boueux, s'éloigner de son flux (RSS) et aller se claquemurer dans sa case pour y relire saint Augustin et Marc-Aurèle. Mais c'est peut-être, pour endiguer l'extrémisme, adopter une position extrême.

mardi 19 février 2013

Eloooody reçoit sa Légion d'honneur !


Des commentaires comme celui-ci, on a tous rêvé d'en avoir au moins un, une fois dans sa carrière blogueuse. Hélas, ce n'est pas donné à tout le monde, et je trouve que la jeune Élodie a bien de la chance que cette distinction lui soit échue. Tenez, le voici dans sa presque intégralité (j'ai supprimé ce qui est inintelligible pour qui n'a pas suivi la pantalonnade depuis son origine) :


« J'en ai assez d'être agressée chez toi par tes ce-que-tu-veux, peu importe, en tout cas puisque tu te permets de renvoyer agresseur/euses et agressé.e.s dos à dos discute avec tes agresseur/euses chéries en tête à tête comme tu fais d'habitude et ciao.

« Suzanne, Didier et Jegou ton "patron" clouent régulièrement des gens au pilori mais tu as décidé que c'était des personnes fréquentables, et joue les étonnées devant tou.te.s celleux qui désavouent cette clique nauséabonde comme si c'était les seuls et la toute première fois.

« Tu te moques de qui ?

« AUCUNE féministe à part moi ne vient honorer ton blog d'un com'. Sans doute, n'ont-elles pas envie de lire de saloperies comme celle que je te demande gentiment de retirer et que tu ne retires pas sans doute exprès.
« Tschok s'est senti autorisé d'en rajouter une couche parce qu'il l'est, AUTORISÉ !

« Par toi même en personne.

« Je ne reviendrais plus commenter mais tu n'as même pas le minimum d'estime envers moi pour accéder à ma demande.

« Méprisable. »

Il est beau, non ? C'est au pavillon de Breteuil qu'il devrait être conservé, proposé à l'admiration des foules, et non sur mon humble blog, m'est avis. Comme on n'a pas toute la journée, on glissera rapidement sur le réjouissant ridicule de l'écriture “féministo-dégenrée” du premier paragraphe. En revanche, dans le même, je trouve fort divertissant qu'une blogueuse enjoigne à une autre blogueuse – qui se trouve être la maîtresse de maison – de parler avec ses commentateurs uniquement en privé, afin de ne pas la déranger, elle.

Deuxième paragraphe sans grand attrait : Dame Euterpe ne supporte ni la moquerie ni l'humour et elle tient à ce que ça se sache : qu'elle se rassure, ça se sait.

Dame Euterpe, cependant, ne doit pas trop se sentir assurée d'elle-même, puisque, dans sa giclée suivante, elle se croit tenue de convoquer le ban et l'arrière-ban de l'armada féministe à son secours – armada dont elle s'institue tout naturellement le porte-parole et l'historienne. On ne devrait jamais contrarier les vocations de cheftaine de meute : en vieillissant, elles s'exacerbent.

La vérité profonde, le reproche majeur, la torture véritable finissent par jaillir dans le dernier paragraphe, comme c'est souvent le cas dans ce genre de prose éjaculatoire : Tu n'as pas d'estime envers moi. Ce qui est la traduction post-moderne du très old fashion et finalement attendrissant : Je veux qu'on m'aime ! Et, bien entendu, pour terminer, celle qui mendie l'estime ne peut plus que cracher un mépris qui n'atteint heureusement personne.

Ma chère Élodie, nous ne sommes en effet pas amis, mais vous venez de faire un envieux…

mardi 7 août 2012

Les gamineries de Piggy Rosaelle


Dimanche dernier, la doyenne du cabanon nous a pondu un petit billet fort amusant, par lequel elle se lançait dans un parallèle hasardeux entre Marylin Monroe et l'abbé Pierre. Elle faisait tellement mal semblant de connaître quelque chose à propos de l'actrice que j'ai eu pitié d'elle et lui ai fait remarquer que Marylin s'appelait en fait Marilyn. Il s'agissait de lui éviter au moins les plus grosses ornières du ridicule, n'est-ce pas. Naturellement, comme je suis un “fascisant voire presque nazi”, cette brave gardienne de troupeaux progressistes s'est empressée de jeter mon commentaire d'une ligne à la poubelle : que, surtout, ses chéris lecteurs ne soient pas contraints de lire de telles abominations.

Mais, quand même, en douce, peut-être en priant pour que personne d'autre que moi n'ait eu le temps de remarquer son inculture, elle est vite allée corriger ses Marylin en Marilyn.

mardi 31 juillet 2012

Ras l'occiput, des léons !


Le vrai, les faux, les bios, les industriels, les élevés sous la mère, les finis au pipi, les durs de la comprenette ou les mous du glands : j'en ai marre des léons. Par conséquent, je leur demande de se retirer, de se soumettre ou de se démettre, de s'esbigner en loucedé – bref : de ne plus encombrer ma boitamel de leurs incessants et souvent pénibles commentaires. Lesquels, s'ils persistent à apparaître, seront systématiquement supprimés.

Quant à Jean Reno, ce n'est pas la peine qu'il se pointe non plus.

mardi 7 février 2012

Le choc des civilisations ? Remettez-nous ça, patron !


Claude Guéant a perdu une bonne occasion de se taire. Non parce qu'il aurait dit une bêtise, ou soufflé son haleine fétide aux délicats naseaux de Modernœud, ou nausé-abondé dans le mauvais sens – mais simplement parce qu'il n'est pas, à ma connaissance, payé sur les deniers de l'État pour proférer des évidences. 

Que certaines civilisations soient plus riches, plus fécondes, plus intenses que d'autres – et, donc, en un mot fort vilain, qu'elles soient supérieures à d'autres –, c'est l'évidence même, et ce ne sont pas les piaulements de la basse-cour progressiste qui changeront quoi que ce soit à cet état de fait. Énoncer cela sur un ton pontifiant et ministériel, c'est nier l'existence du ridicule, ça ne mérite pas qu'on s'y arrête une nanoseconde.

Ce qui est amusant, en revanche, ce sont les arguments utilisés pour attacher ce malheureux Guéant à sa roue : en proférant ce truisme, il aurait cherché à draguer les électeurs du front national. Je reconnais que c'est très laid, de chercher à attirer des électeurs en période électorale ; c'est une chose que les socialistes ne s'autoriseront jamais, par exemple. En dehors de cela, je trouve l'argument parfaitement saugrenu. 

On sait à peu près, je crois, quelles franges de la population fournissent ses gros bataillons de votants au parti de Marine Le Pen : plutôt Mimile et sa casquette que M. le marquis dans sa tenue de chasse à courre, pour le dire rapidement. Donc, je m'interroge, je tergiverse, je dubitative : nos petits camarades de la gauche vertueuse aux idées qui sentent bon croient-ils réellement que, le soir, au comptoir de toutes les Comète de France, on tient des meetings passionnés sur les mérites comparés des civilisations grecque et eskimaude ? Qu'on lance des débats de fond à propos des réalisations et des apports de la Chine et du Monomotapa ? Que l'on s'interroge gravement de savoir si le relativisme culturel est naturel à tous les peuples de la Terre ou bien s'il est une originalité de la civilisation dite occidentale ? Et le midi, à la cantine de l'entreprise, on reprend sur le formica des tables de huit la conversation amorcée la veille au zinc ? Ils croient sérieusement ça, nos amis ?

À mon avis, ils gagneraient à fréquenter davantage les bistrots, ça leur éviterait de proférer de telles âneries. Enfin, non, ce n'est même pas sûr.

mardi 20 décembre 2011

La cantinière et les pyjamas rayés – journée portes ouvertes à l'asile

Policiers français en pleine procédure administrative, après le contrôle d'un sans-papier

Le billet débute comme suit :

Ce qui est fascinant, si l'on jette un regard en arrière, c'est que nous venons de passer 10 ans sous le régime de la terreur.

D'emblée, on sent que le tableau va être réaliste et tout en nuances. Et en effet, la suite donne dans le pastel le plus délicat :

Cela fait maintenant 10 ans que nous sommes plongés en permanence dans une sorte d'ambiance de fin du monde, dans une crise de panique sans fin dont la principale conséquence, et non des moindres, est d'oblitérer chez nous toute capacité cognitive un tant soit peu rationnelle.

On parlera ensuite de notre “joug de peur”, moins tendre que la joue de bœuf mais conduisant tout aussi sûrement à la boucherie, présume-t-on. Parvenu au bout du deuxième paragraphe de cette prose pâteuse, grisâtre, très “Europe de l'Est” dans sa conception d'ensemble, on se demande déjà quel genre de carotte poursuit notre âne gauchiste, lorsque l'on débouche tout à trac sur l'esplanade des tours jumelles, un certain 11 septembre. Mais si, vous savez bien : ce fameux fait divers dont on ne saura probablement jamais qui l'a commandité (on ne nous dit pas tout…), qui a permis aux forces de la réaction et du grand capital de transformer la moitié du monde – au moins – en un gigantesque camp de concentration, avec exécutions sommaires, désignation puis extermination de gentils boucs émissaires innocents et barbus, barbelés électrifiés, petits enfants grecs et espagnols mourant de faim sous leurs préaux, etc. Tout cela au nom d'un danger “qu'on ne voit pas” (encore que, à mon modeste avis, les dizaines de personnes qui se sont jetées du haut des tours en flammes l'ont tout de même entr'aperçu, le danger en question).

Personnellement, j'ai la chance de n'être pas de gauche et de n'avoir que de très faibles accointances avec le progressisme de cabanon tel qu'il se déploie ici. Mais si je l'étais, de gauche, il me semble que je déprimerais quelque peu à l'idée d'avoir de semblables alliés. 

Toute obnubilée par la terreur, la panique, la tremblote du mouton et le joug de peur qui lui enserrent les tréfonds, la Dame laisse pourtant échapper ceci, entre deux sulfatages de financiers ventrus et cyniques :

L'état de sidération des peuples est tel que nous avons même perdu la capacité de rire du ridicule le plus achevé.

Qu'elle se rassure : cette “capacité de rire du ridicule le plus achevé”, nous venons tout juste de la retrouver, grâce à elle.

jeudi 30 juin 2011

La touchante modestie des blogueurs de gauche

Les primaires du PS, c'est pis que les aoûtats : mes petits amis blogueurs de gauche ont commencé à se gratter, et on sent bien à la fureur qu'ils y mettent qu'ils ne s'arrêteront même pas au premier sang. De là à conclure que les blogueurs de gauche, c'est rien qu'une bande d'ongulés, il y a un pas que je me garderai de franchir.

Non, ce qui m'amuse, dans ce grand marché citoyen où chacun a à cœur d'exhiber le contenu de son petit panier, c'est le vocabulaire en cours. Faites un peu le tour du poulailler (pour cela, une seule adresse : la blogoliste de Nicolas) et vous verrez : impossible de trouver l'un de ces modestes pour dire qu'il va voter pour Hollande ou pour Aubry ou pour… Non, non : quand un blogueur s'engage, c'est pour soutenir son candidat – lequel, n'en doutons pas une seconde, s'effondrerait sans cela, tel un palais vénitien brusquement privé de ses piliers de soutènement. À lui tout seul, le blogueur, avec ses petits bras musclés et rien d'autre, si ce n'est sa résolution de progrès et son enthousiasme durable, il hisse bien haut le pavois sur lequel il a juché son idole. Laquelle en sanglote de reconnaissance, forcément.

Imaginez la scène : François Hollande (on peut changer le nom si on veut…) rentre ce soir chez lui, un magnum de roteux dans une main et quatre tranches de saumon d'Écosse dans l'autre, la tronche barrée d'un sourire extatique : « Ma chérie, tu ne sais pas ce qui m'arrive ? C'est merveilleux : tout à l'heure, j'ai reçu le soutien de révolutioniste.net ! Avec ça, il ne peut plus rien m'arriver, j'irai au bout quoi qu'il advienne ! D'autant que, vu son influence, il pourrait bien entraîner le ralliement de gauchissime.blogspot.fr ! C'est dans la fouille, que je te dis, cette primaire ! Allez, on fait péter le flacon… »

Et si, quarante-huit heures plus tard, révolutioniste.net change d'avis et décide de voter pour un candidat rival du premier, il le soutiendra tout pareil et avec la même satisfaction tranquille : en langage de mineur, c'est ce qu'on appelle un soutènement marchant.

Remarquez, si je me moque des blogueurs de gauche, c'est pour être à la hauteur de ma réputation. En réalité, je pense que, le moment venu, les blogueurs de droite feront preuve de la même touchante modestie.

mardi 24 mai 2011

Sénilité révolutionnaire à la mode ibérique, voire iberbère


Donc, voilà, il n'y en a plus, chez nos gauchistes séniles, que pour ces fiers Espagnols qui défient les puissants et se dressent face au libéralisme inique… en votant massivement à droite. Et vas-y que je te touille les bâches de la Puerta del Sol avec les gourbis tunisiens pour faire bonne mesure – le tout en ânonnant les piteux préceptes du gâteux en chef, j'ai nommé Sa Très Haute Suffisance Hessel. Et il est bien difficile de voir la réalité autrement qu'au travers les élucubrations de ces tarés ou les lunettes roses des plumitifs appointés. Heureusement, nous avons la chance (nous, blog de Didier Goux, taulier et lecteurs…) d'avoir parmi nos fidèles deux vaillants expatriés en terres ultra-pyrénéennes – l'un que je connais et l'autre non (du moins je crois…). Ils ont des yeux pour voir et un cerveau en embuscade derrière. Tout d'abord Cherea, puis Les Efflorescences :


Habitant Madrid, j'ai fait un tour à la Puerta del Sol et voilà ce que j'ai observé :

il y a un premier cercle assez sérieux, de jeunes engagés ou "dégagés" des partis, qui ne fait pas confiance à la classe politique et syndicale, bref aux institutions. Ceux-là sont assez conscients de la situation économique et expriment leur ras-le-bol en espérant obtenir deux ou trois choses pour leur génération. Ils sont bien organisés, ont rationalisé la distribution de nourriture et d'eau… ont même construit une cabane réservée aux cartes de presse afin de faire passer leur message. Certains de ceux-là feront carrière comme ceux de la génération 68.

À ce premier groupe structuré, s'ajoutent divers cercles qui viennent grossir le noyau tout en lui faisant du tort. Drogués, militants des causes palestinienne et des sans-papiers, complotistes de tout bord, des pancartes sur le 11 septembre décrit comme un Inside Job, complot sioniste, punk à chiens de 40-45 ans… ces groupes nuisent au premier cercle décrit plus haut et je ne serais pas étonné que des tensions internes au camp naissent assez rapidement ; tout cela combiné à la fatigue, à l'exaspération, à la chaleur… Enfin, le phénomène est assez inédit, les Espagnols protestent peu, mais le regroupement est assez monté en épingle. Quelques centaines de personnes tout au plus dorment sur place et peut-être 10 à 15 mille viennent faire la claque à la fin de la journée de travail. Il n'y a pas de leader, pas de réclamations claires. C'est l'expression d'un ras-le-bol, un mouvement spontané qui à mon avis disparaîtra aussi vite qu'il est apparu.

Enfin, toute la symbolique d'extrême gauche est présente : livres marqués, portraits de Che Guevara et, nouveauté, une flopée d'exemplaires de ¡ Indignaos !, les quelques feuillets de Stéphane Hessel, qui d'ailleurs figure en tête de classement des livres de No Ficción (tout ce qui n'est pas roman) avec celui du Docteur Dukan. Étrange coïncidence que le succès concomitant de ces deux livres, l'un servant le prêt-à-manger, l'autre le prêt-à-penser.

Voilà.


(…) Bon, et puisque je suis sorti de mon silence habituel, je voulais confirmer les observations de Cherea. Je vis au Pays basque espagnol, qui est plutôt épargné par la crise, et je suis allé faire un tour sur le Boulevard, à Saint-Sébastien, histoire de voir à quoi ressemblaient ces indignés.

Samedi, ils étaient quelques centaines à s'être réunis pour ce qu'ils appellent une "Assemblée citoyenne". En fait, les badauds étaient plus nombreux.

Ceux qui ont l'air d'y croire, et qui semblent avoir trouvé là une raison d'exister, sont en général des étudiants. Leur discours est plutôt puéril et ultra-stéréotypé. Nourris à la télé-réalité, le fascicule de Stéphane Hessel, un succès ici en librairie, est sans doute le premier livre qu'ils ont lu depuis des années : une lecture facile qui leur permet, à peu de frais, de se draper dans la posture de l'indigné – contre les banques, contre le capitalisme, contre Israël, contre le racisme, contre la droite. Il faut les voir, leur iPhone en main, s'élever contre la société de consommation !
Ensuite, il y a les perroflautas : des punks à chien cradingues et abrutis par le shit qui ont choisi de vivre en marge de ce système qu'ils détestent tant. Ils essaient de profiter du mouvement pour vendre aux sales bourgeois des tee-shirts sur lesquels ils ont écrit des slogans débiles au feutre. Il y a des joueurs de djembé, aussi, qui donnent un vague air festif au truc.

Bref, une fois de plus, les journalistes en font des tonnes. Contrairement à ce qu'ils veulent nous faire croire, on est loin des "révolutions arabes"… C'est juste un petite transpiration de l'Hessel.


Deux témoignages – dont je remercie les auteurs – qui n'empêcheront évidemment pas nos braves Ruminants et autres gauchistes à cornes de faire sous eux d'enthousiasme en croyant voir la révolution embraser la Sierra Morena et le Grand Soir se déchaîner dès le matin…

lundi 23 mai 2011

La gauche qui fait où on lui dit de faire : nouveau concept

Il y a des jours où la nostalgie me poigne. Des moments où le regret de n'être plus de gauche me saisit tout vif. C'est tellement reposant, tellement cool ! Je m'en souviens bien, vous savez ! Un militant de gauche, c'est une sorte de chat qui retombe toujours sur ses pattes – avec au bout des moustaches un restant du lait de la tendresse humaine qu'il lappe du matin au soir, ostensiblement et à grand bruit.

Des émeutes en Tunisie ? Victoire ! gloire aux camarades-de-gauche qui ont décidé de se débarrasser d'une dictature-de-droite ! On duplique en Libye ? Même réaction : so-li-da-ri-té ! Ça passe le détroit de Gibraltar pour se propager en Espagne ? On troque vite fait le camarade contre un compañero ou un hermano et on reprend la vieille antienne.

À ce moment, le chaland qui passe – et qui est sans nul doute un gros réac cynique vendu aux banques et à Sarkozy – fait observer à voix mesurée que ces Espagnols qui campent sur la Puerta del Sol, et qui ont en effet toutes les apparences de la colère, manifestent contre un gouvernement socialiste et non contre un mini-Hitler enturbanné ou un roi nègre quelconques. Naïf par essence, le chaland pense qu'il va sacrément ennuyer ses amis de gauche, avec la contradiction XXL qu'il leur brandit juste sous la banderole ; les réduire au silence. Penses-tu ! En deux coups de cuiller à pot dialectique, et avec ce petit sourire de pitié condescendante qui caractérise Modernœud lorsqu'il se rassemble en troupeau, on lui explique qu'il y a eu erreur d'étiquetage en sortie d'usine : même si le señor Zapatero est persuadé d'être socialiste, il se trompe : en réalité, c'est un fantoche de droite, un valet des puissances invisibles, un bousilleur d'avenir radieux. Par conséquent, pas besoin de raturer les slogans ni de remiser les ballons : tout est comme d'habitude. La devise de nos révolutionnaires machinaux pourrait être la même que celle de Sertorius : Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis. La gauche n'est plus au PS, ni d'ailleurs au PC, ni dans aucun parti ou syndicat, elle est où mes vieux yeux myopes de militant cacochyme croient la distinguer.

L'œil de Modernœud, c'est l'équivalent de la Sainte Ampoule : le regard qui en dégouline crée la divine révolution, transforme n'importe quel jeune énervé en un rebelle thaumaturge capable de guérir les écrouelles nauséabondes. Et même pas besoin de faire le voyage à Reims.